Posté le: Sam Fév 06, 2016 4:39 am Sujet du message: Plateau - Franck Bouysse (La Manufacture de Livres)
Après Grossir le ciel (Prix Calibre 47 et Prix Polar Michel Lebrun 2015), Plateau, le nouveau roman de Franck Bouysse, est paru le mois dernier dans la collection Territori de La Manufacture de Livres.
Le livre :
Plateau, c'est un hameau en Haute-Corrèze où réside un couple de vieux paysans, Virgile et Judith.
Judith est maintenant atteinte d'Alzheimer, elle oublie tout sauf une chose : elle a mal vécu l'absence d'enfant dans le foyer.
Le couple a élevé Georges, ce neveu dont les parents sont morts d'un accident de voiture alors qu'il avait cinq ans.
Maintenant Georges vit dans une caravane face à la maison de Virgile et Judith.
Alors lorsqu'une jeune femme rencontrée sur internet, emménage chez Georges, lorsqu'un ancien boxeur, Karl, tiraillé entre ses pulsions sexuelles et sa croyance en Dieu vient s'installer dans une maison du hameau et qu'un mystérieux chasseur sans visage rôde alentour, Plateau prend des allures de village où toutes les passions se déchaînent.
« Quel talent ! Quelle langue bon dieu ! On pense aux romans durs de l'immense Simenon. »
Bernard Poirette - C’est à lire, RTL
L'auteur :
Franck Bouysse, né en 1967, vit à Limoges.
Après L'entomologiste, la trilogie H et Noire porcelaine, il a publié Vagabond et Pur sang aux éditions Écorce.
Grossir le ciel l'a révélé au grand public et a été récompensé en 2015 par le Prix Calibre 47, le Prix Polar Michel Lebrun et le Prix des lecteurs du Festival Villeneuve Lez Avignon.
Plateau, son neuvième roman, paraît dans la collection Territori à La Manufacture de livres.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Sam Fév 06, 2016 11:15 am Sujet du message:
Mon avis:
Citation:
Sans ambages et sans emprunter des sentes non balisées cet écrit m’a enthousiasmé ! Tant par son style que par ses thématiques, l’auteur a su tisser un canevas juste et tout simplement littéraire.
Posté le: Mer Avr 06, 2016 8:24 am Sujet du message:
Moissonné aux Quais du Polar ce week-end, je suis partie me promener hier soir sur le Plateau, où l'aridité des paysages camoufle secrets et tempéraments, où la vie n'en peut plus de faire émerger des lueurs dans le quotidien, où le vol des grues claque comme un rendez-vous dans le ciel.
Tendre et douce écriture, personnages dentelés, quel grand plaisir de retrouver cet auteur, ses exigences et ses affinités avec le monde sauvage et brut. La balade devrait se terminer ce soir ...
Posté le: Mer Avr 06, 2016 10:44 am Sujet du message:
Comme tu en parles bien, Clémence (et ce n'est pas la première fois), ça donne envie !... _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Jeu Avr 07, 2016 4:00 pm Sujet du message:
Ce Plateau sauvage est un territoire à partager.
J'ai ouvert ce livre et avancé dans cette étendue comme une randonneuse aux yeux grands ouverts. De spectatrice, je me suis vite retrouvée actrice fondue dans ce décor ravissant tous les sens. A percevoir le bruissement des ailes et les cris des grues (à entendre et voir dans sa vie ...), à sentir la poussière de ces maisons aux volets fermés, à toucher le linge humide, qui sèche entre les arbres au dessus d'un tapis d'herbes folles, à partager le pain dans une caravane, à regarder les pierres, le cairn, l’âpreté visuelle de l'espace rocailleux où se glisse le hameau des Cabanes qui sert de décor à l'histoire, aux histoires.
Il y a une tendresse infinie dans la présence de ces personnes de la campagne, aux existences simples et rythmées, tourmentées et représentatives de ce que nous pouvons tous vivre, empêtrés dans des destinées, la maladie, les choix, le quotidien qui finit par se prendre les pieds dans le tapis et qui révèle les secrets cachés dessous. J'ai aussi aimé les détails sauvages, le lit de carex, les fougères dans le vent, le vocabulaire choisi dans la bouche de ceux qui se taisent, la pluie qui dégringole, la douceur des agneaux, le chat-huant, les écrevisses et tous ces êtres qui sont là, proches, discrets, attentifs. Trésors.
Je me suis trouvée sous le charme de l'écriture précise et poétique où parfois surgissent des termes inattendus, incisifs, décalés, purs et imagés.
Plateau, c'est l'histoire de corps, aimés, courbés, caressés, frappés, burinés. Vivants. Fantasmés. Morts. Dissimulés.
Des corps dans une interaction puissante et singulière avec leur milieu. Avec les autres, ça reste à voir. On est pudique quand on vient d'ici.
Personne ne l'a préparé à l'émotion, et encore moins au désir. (...). Une lucidité viscérale l'a toujours préservé de toute forme de bonheur.
Entre ces pages, il y a aussi la passion qui affleure. La promesse que quelque chose (de bien) peut naître au delà de ce qu'on imaginait comme la fatalité de ce territoire reculé. Voilà qui révèle que sur ce plateau, la vie court comme ailleurs. Cory vient s'imposer dans l'espace vital de Georges, pour échapper à sa vie de femme battue. Telle un aiguillon qui piquerait le bétail pour le faire avancer, elle va bouleverser, par sa présence qui s'excuse, l'équilibre apparent de la vie du hameau. Et désormais, il y a cette femme qui fertilise le granit et grandit les couleurs.
En fermant le roman, je comprends un peu mieux la couverture claire obscure du livre où chaque objet détient sa place et sa raison d'être.
Et puisque les termes de tragédie antique apparaissent dans les pages, je me permets de les reprendre, d'y adhérer et d'y ajouter un pan de parenté dramatique. Sur le Plateau, j'ai aussi rencontré Shakespeare, tutoyé les Borgia, le joug familial, la menace d'un Dieu tout puissant, les racines du mal et l'absolue nécessité d'une fin cathartique, une unité de lieu dans un temps suspendu. Steinbeck n'est pas loin, Faulkner hante les pages.
Plateau excelle dans la puissance du silence, les contre-jours, le balancier des tempéraments, le souffle de la vie qui vibre, un peu, beaucoup, passionnément.
J'avais adoré Grossir le Ciel. Avec ce nouveau roman où les mots serpentent entre collines et clair de lune, je trouve que l'auteur révèle une force de frappe débordante de talent. A l'image de l'homme timide qu'il est, ce récit se dévoile au fur et à mesure pour une saveur toute particulière, celle de ce(ux) qu'on devine et qui donne(nt) envie de prolonger l'instant.
Posté le: Jeu Avr 07, 2016 5:52 pm Sujet du message:
Là on est obligé de lire ce roman et je pense de l'aimer moi aussi j'avais adoré "grossir le ciel" en tous les cas félicitations Clémence de nous avoir fait partager ton ressenti avec autant de cœur .
Age: 52 Inscrit le: 14 Mar 2011 Messages: 401 Localisation: alpes de haute provence
Posté le: Mar Juin 28, 2016 11:37 am Sujet du message:
Fredo a écrit:
Tadiiiiiiiiiiiiiiiiiin !
Bravo Fred
t'as bien bossé, congratulation _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Posté le: Mar Juin 28, 2016 6:12 pm Sujet du message:
Merci à Marie Hudelot Verdel d'avoir soufflée l'idée en 2015 à Gérard Collard et Jean-Edgar Casel de faire confiance à deux blogueurs pour venir faire des plateaux. Avec Yvan du blog Emotions, on s'est encore éclaté cette année. _________________ Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Mar Juin 28, 2016 9:08 pm Sujet du message:
Fredo a écrit:
J'ai stressé à mort, j'ai bazooké au début, un peu trop même... Le plateau avec Maud a été plus détendu en ce qui me concerne, hâte de vous montrer ça.
Tu m'étonnes. Ça se voit (niveau "body language"). On a presque le mal de mer au début à te voir gigoter dans ton siège.
Mais ça devait pas être évident et au final tu t'en sors comme un chef, très intéressant tout ça.
Hâte de voir la rencontre avec Maud. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Posté le: Mer Juin 29, 2016 4:37 pm Sujet du message:
Oui, c'est atroce à revoir sur l'écran d'ordi...
Avec Maud, non mais avec Maud, c'était fabuleux. J'espère que ça se verra à l'écran. Je suis fier de cette intervention là, c'est mon modèle à suivre par la suite si je remet ça... _________________ Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok
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