Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[clémence]

Livre assurément très poétique, et plutôt déconcertant dans ce qu'il évoque.

Déconcertant, car je ne doute pas un instant de la potentielle véracité des propos. Que des gens profitent de la misère des autres, ça a toujours existé, et voilà bien le plus choquant de ce roman, à mon sens bien plus que le fameux chapitre "c" (très bonne anecdote, Ssarlotte !) . Hell.com de Sénécal m'avait remuée au delà du possible car on y lisait la réalité de ce qui n'est qu'évoqué audit chapitre. Donc pas choquée outre mesure, si ce n'est par la personnalité de l'oncle qui est un méga gros pervers que je n'aimerai pas croiser, même pour 30 000 dollars.

Poétique, car la candeur de Rafaël n'est jamais relatée que par un oeil humain, l'univers de la décharge est évoqué sans pitié mais on ressent réellement l'odeur et le bourdonnement des mouches. L'ensemble des personnages est croqué avec de la bienveillance. Je n'ai pas vu le film et je ne veux pas le voir, mais j'imaginais à la lecture les couleurs des films de Gatlif, les rocambolesques bandes sons, sensées atténuer la dureté du paysage et des faits exposés.

J'ai eu beaucoup de livres en tête en refermant ce roman, notamment Des Souris et Des Hommes pour l'émotion de la vie au quotidien, Carnage et Constellation pour ces personnages décrits de façon crue sans fioritures, leur confinant ainsi une poésie très palpable dans les destinées noires d'âmes qui se damnent pour d'autres.