Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[norbert]

J'ai finalement renoncé à le lire après de trop nombreux commentaires faisant état de sa lenteur et ne comprenant pas qu'il ait remporté tant de prix. Comme le contexte ne m'attirait déjà à la base que moyennement, je n'ai pas voulu me forcer.
_________________
« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[clémence]

Quand même, il se lit mieux que d'autres. Tout est question de point de vue, je vous raconterai la fin si j'y arrive !

Cela dit j'ai une question d'ordre grammatical : chaman (le nom) est utilisé comme adjectif, or il me semble que l'adjectif y afférent soit chamanique ?

Ca ne gene pas la lecture, mais bon, soyons exact, quoi.

[clémence]

Norbert, Frédo, libre à vous de passer à côté de ce roman, heureusement que tous les goûts sont dans la nature. Mais l'histoire de ce Dernier Lapon est une construction qui se met en place progressivement et qui puise dans le jour qui progresse dans le mois de janvier à mesure son rythme, sa lumière et son intensité.

Frédo, toi qui a aimé Julius Winsome et Une femme simple et honnête, tu me surprends d'avoir calé. J'ai trouvé dans ce roman d'Olivier Truc plusieurs similitudes dans le déroulé et la forme, le style employés. Pour le thème et la construction, j'y ai trouvé aussi un peu de Guillaume Lebeau et son Troisième Pôle.

Mais la force de ce bouquin, c'est bien évidemment le décor lapon comme le disait Hoel et surtout les personnages.

Les situations croquantes et typiques nordiques, comme la tente de Klemet dans son jardin, la police des rennes elle-même, les joïks, les dessins samis, les détails richement documentés sur la vie et l'ethnologie de la population samie et lapone (la description de la hierarchie est fabuleuse), les explorations dans les paysages chatoyants, le froid "acceptable, il ne faisait que moins 17", la réverbération intense du soleil sur la neige, font que les pages se savourent plus qu'elles ne se tournent façon page-turner.

Les personnages, bon sang, les personnages : principaux comme Klemet, Nina, les membres de la police, etc. Ceux-là sont centraux, mais ils semblent surtout mis en perspective et illuminés par la densité des personnages secondaires : l'oncle Nils et sa Changounette à l'aise, Eva, directrice du centre des archives, qui fume sur les caisses de carottes géologiques, la mystérieuse femme d'Aslak, Aslak en lui-même, énigmatique lapon au caractère aussi hostile que son environnement, Racagnal et ses cupides acolytes, Berit aux premières loges du vol du tambour, etc.

On trouve à tout moment des passages mettant en scène les personnages de toute beauté, décrivant avec force des situations poignantes

Spoiler:

la rencontre entre Aslak et Nina lorsqu'il lui donne le bijou

, comme des choses bien moins jolies mais toujours décrites noblement

Spoiler:

par exemple Racagnal qui passe son doigt sur la lèvre d'Ulrika ...

.

Alors, en effet, le temps passe lentement. A l'image de la vie qui s'y déroule là haut. Lorsque Nina et Klemet rencontrent pour la première fois Eva au centre des archives géologiques, se déroule une conversation entrecoupée des cigarettes fumées par la directrice du centre. Entre deux répliques, elle fume une, parfois deux cigarettes. On imagine donc que la situation qu'on lit en 1 minute ou moins se déroule en réalité en une heure, probablement...

Toutefois, l'attention (plus que la tension) s'installe petit à petit. On a hâte de savoir, même si, pour être honnête, l'intrigue n'est pas si exceptionnelle que ça à mon sens.

Spoiler:

Et forcément, le final qui évoque les Larmes d'Aral ne surprend pas réellement, on le sent venir depuis 150 pages au moins

En tout cas, voilà un roman qui fait la part belle à l'intensité nordique écrit avec douceur et tendresse par un homme assurément amoureux et passionné de ce territoire.
"Jamais les montagnes alanguies de Laponie n'avaient été aussi belles. Les vagues infinies de bruyère avec leurs tons de feu, de sang et de terre, étincelaient et crépitaient de vie sous les rayons du soleil."
ou encore
" La seule douceur qu'Aslak avait connue avait été celle des peaux de rennes sur le traîneau, comme maintenant. C'était une bonne douceur. Elle donnait chaud quand il fallait. elle pouvait vous sauver la vie. [...] . Une peau de renne ne montrait pas de tendresse. Et la tendresse ne vous sauvait pas la vie. Une peau de renne sauvait la vie. "


Je craignais un peu de commencer ce roman, après avoir terminé l'excellent 22/11/63. Il a cependant opéré une transition idéale, tant fond, forme, ambiance sont radicalement opposés. Seuls plaisir de lecture et qualité des écrits sont communs.

[norbert]

Clémence, tu m'envoûtes avec tes mots et tes phrases... Bon, ben je vais l'acheter.


PS : Tu ne voudrais pas lire Adrian McKinty, Clémence, comme ça tu pourrais revenir en parler ici et convaincre d'autres personnes de se jeter dessus ? S'il te plaîîît !!!
_________________
« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[clémence]

Prends le à la bibliothèque ou fais le toi prêter ! Je ne peux pas t'envoyer l'exemplaire que j'ai lu, ce n'est pas le mien ...

Je ne connais pas (encore ?) ton Adrian McKinty, pour l'instant, je vais plonger dans Point zéro. Je regarderai ça prochainement !

[Memess]

Norbert,

Quitte à être beaucoup plus mesuré que Clémence,

voilà ce que j'avais écrit à l'époque
http://www.polars-addict.com/polars/a-decouvrir-m-z/olivier-truc.html

en une ligne : très intéressant sur cette culture Nordique, quelques facilités et aussi des longueurs.
_________________
Polars Addict : Chroniques des littératures de genre
So many books, so little time...

[norbert]

Ok, merci Memess, je vais aller y jeter un oeil.
À la limite, la culture nordique, je n'en suis pas spécialement fan, ce qui m'intéresse c'est de savoir s'il y a une bonne histoire, avec un "souffle" qui "emporte" le lecteur. (Ouh là, je sens que je n'ai pas fini de les employer ces expressions !... )
_________________
« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[clémence]

Norbert, ne te méprends pas sur mon commentaire, car le souffle nordique de ce roman ne réside pas dans l'intrigue ! Du reste, je rejoins en grande partie Memess sur sa critique "mesurée" (mis à part que je n'ai pas décelé de longueurs plus que ça).

[norbert]

En général, le "souffle romanesque" que j'évoque n'est pas forcément liée à l'intrigue elle-même, plutôt en général à l'écriture de l'auteur, aux personnages qui sonnent tellement justes qu'ils peuvent même parfois porter une intrigue faiblarde sur leurs épaules, par exemple.
Or là, non seulement Truc est journaliste... non attendez, je vais la refaire, ça sonne mal, là.
Or là, non seulement Olivier Truc est journaliste, ce qui n'implique pas forcément une écriture très romanesque, mais en plus des longueurs évoquées, Memess trouve parfois les persos un peu caricaturaux...

Bon, d'un autre côté il n'y a qu'en le lisant que je pourrai vraiment me faire une opinion, j'attendrai sans doute un peu. Cela dit, la couverture des éditions Métailié est magnifique !
_________________
« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[Le Juge Wargrave]

[taylor]

On se retrouve tout de suite plonger dans ce pays assez mystérieux car très peu connu : la Laponie. C'est un pays très vaste où les éleveurs de rennes triment sang et eau pour vivre.

Une police a d'ailleurs été spécialement créée pour régler les problèmes liés à l'élevage : les rennes qui s'enfuient et sans vont sur les territoires des autres éleveurs. Tout change lorsqu'un éleveur est retrouvé mort quelques jours seulement après le vol d'un objet très important pour la culture des Lapons.

Deux policiers de la brigade des rennes vont enquêter. Est-ce que les deux affaires sont liées ? Rien n'est moins sur. Rien n'est aussi simple qu'il n'y parait et l'enquête va les mener très loin géographiquement et peut être bien aussi temporellement.

Ce qui est très surprenant dans ce roman est que l'auteur est français mais aussi et surtout il a su rendre l'ambiance des polars nordiques comme un auteur de cette nationalité. Le travail de recherche est considérable mais le résultat est payant. L'ambiance, le froid, les paysages, les coutumes, tout est parfaitement restitué.

L'intrigue est construite pas à pas à travers le blizzard et la fin montre le bout de son nez petit à petit comme les heures d'ensoleillement qui vont en grandissant.

[Fab]

[norbert]

[Le Juge Wargrave]

[Le Juge Wargrave]

J'ai commencé l'écoute (livre audio) du Dernier Lapon, pour l'instant j'apprécie ce voyage en Laponie (je n'en suis qu'au début cependant).
_________________
La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).