Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[norbert]

Lors de la dernière rentrée littéraire, Belfond Noir nous a offert une belle pépite parmi le flot de nouveautés polars qui étaient publiées.
Il s'agit de Les Disparues de Juárez, le premier roman coup de poing de l'américain Sam Hawken.
Particulièrement bien reçu autant par la critique que par les lecteurs dès sa parution aux Etats-Unis, ce pur thriller noir et violent, typiquement hard-boiled, a fait sensation, notamment de par le sujet délicat et scandaleux qu'il aborde et le fait qu'il s'inspire de faits - malheureusement - réels.
Presque immédiatement sélectionné pour le Crime Writers Association New Blood Dagger Award et par le Spinetingler Magazine pour sa catégorie “Best Writer: New Voice”, Les Disparues de Juárez de Sam Hawken a également été très remarqué lors de sa sortie en Europe, particulièrement en Allemagne et... en France, où de nombreux papiers élogieux sont parus dans la presse et où il semble en train de se tailler progressivement mais sûrement un beau petit succès - au moins d'estime - auprès des lecteurs hexagonaux.
J'essaierai d'ailleurs prochainement de dresser une petite "revue de presse" (et de blogs de lecteurs !) sur ce topic.




Comment survivre dans une des villes les plus dangereuses du monde, Ciudad Juárez ?
Dans les bas-fonds mafieux de la capitale du narco-trafic, un polar atmosphérique ultra-violent, sur les traces de ceux qui, depuis une dizaine d'années, se livrent aux pires atrocités sur les femmes et les pauvres.
Ultra-violent, solidement documenté et tristement inspiré de faits réels, un polar choc sur la ville la plus dangereuse du monde...

Ciudad Juárez. Petite cité suintante de chaleur à la frontière américaine. On y échoue quand on n'a plus rien à perdre. Comme Kelly Courter, boxeur minable qui survit tout juste entre combats truqués et petit trafic de marijuana. Seule lueur dans sa morne existence : Paloma, la soeur de son meilleur ami, pasionaria de la cause des femmes disparues.

Ciudad Juárez. On y reste par désespoir, comme Rafael Sevilla, vieux flic alcoolique et veuf, jamais remis de la disparition inexpliquée de sa fille.

Or voici que Paloma se volatilise à son tour. Accusé d'assassinat, Kelly est envoyé croupir dans les geôles policières, dont on ressort rarement vivant.
L'occasion du rachat pour Rafael qui se lance dans une enquête de tous les dangers au coeur des bas-fonds mafieux mais aussi auprès de ces nantis pour qui les femmes ne valent guère mieux que du bétail...

Traduit de l'américain par Mireille Vignol.

L'auteur :

Né au Texas, très marqué par l'histoire de ces milliers de femmes disparues dans l'Etat de Chihuahua, Sam Hawken s'est longuement documenté pour écrire son premier roman, Les Disparues de Juárez.
Il vit à Washington avec son épouse et leur fils.

# Le site de l'auteur : www.samhawken.com






« Un roman superbe, plein de compassion et de réalisme, aussi féroce que dérangeant. Un polar qui vous hantera longtemps sur la dignité des mères de toutes ces femmes disparues. »
Kem Nunn, auteur de Tijuana Straights

« Sam Hawken allie avec maestria le réalisme le plus glaçant à un sens aigu du désenchantement pour nous livrer un roman envoûtant qui n'est pas sans rappeler Le Bout du rouleau de Richard Ford. »
Crime beat

« Sam Hawken restitue à merveille l'atmosphère désespérée de Juárez. Un roman tendu, haletant qui est aussi un vibrant appel à la justice et qui mérite d'être lu, pour ces deux raisons. »
The Sunday Times

« Juárez, ville mexicaine tristement célèbre pour les assassinats perpétrés par les cartels, mais aussi pour les enlèvements et meurtres de plusieurs milliers de jeunes femmes. De ce décor désolé, Sam Hawken a tiré un polar – son premier – d'une force inhabituelle... Une histoire originale au coeur de la tristesse et du mal. »
The Times

« La poussière, le délabrement et l'entêtant parfum de mort flottant sur Juárez... Un polar inoubliable qui vous laisse un sentiment persistant de malaise à la découverte de ces vies brisées. »
Metro London

« [Un] premier roman crépusculaire, version XXIè siècle de "Moisson rouge". »
Natalie Beunat, CLES 01/11/2012

« Un fulgurant roman noir, d'une ténébreuse tristesse et d'une infinie humanité. Superbe! »
Philippe Blanchet, Rolling Stones 01/10/2012

« [Une] affolante plongée dans une capitale du narcotrafic aux allures de cul-de-basse-fosse, une impression de malaise difficile à dissiper une fois le livre refermé. Un crochet au foie. »
Philippe Blanchet, Le Figaro Magazine 21/09/2012

« Des bas-fonds mafieux à la misère des bidonvilles et aux prisons du non-droit, l'enquête vire au règlement de comptes dans une poudrière de narcotrafiquants qui laisse les flics impotents et les femmes sans voix, quand ce n'est pas sans vie. »
Julie Malaure, Le Point 25/10/2012

« Un roman qui nous laisse K.O.. »
Michel Primault, Femme Actuelle 29/10/2012

« Narco-polar... Polar hardboiled coup de poing et violent sur le monde de Juarez, on parle ici de fin d'humanité mais aussi de rédemption. la brutalité d'un monde qui colle les grands etats unis. un nouvel auteur au panthéon des maitres du roman noir. »
Coup de coeur Fnac.com

[Fredo]

Je vous invite à lire cet excellente bd, Juarez, signée Corentin Rouge (illustrateur) et Nathalie Sergeef (scénariste) qui s'inspire des mêmes faits :

Spoiler:

[Fab]

le Hawken est dans ma pal
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À chaque décision que nous prenons, nous créons un nouvel avenir. Et, ce faisant, nous détruisons tous ceux que nous aurions pu avoir à la place.
Lou Berney November Road

[norbert]

Sur le même thème, il y a aussi l'excellent mais très dur Orphelins de sang de Patrick Bard.

[Hoel]

Orphelins de sang se passe au Guatemala et aux États-Unis. C'est un excellent roman noir ceci dit.
Norbert, je pense que tu confonds avec un autre titre de Patrick Bard, dont l'action se déroule effectivement en grande partie à Ciudad Juarez, La frontière.

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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

http://hanniballelecteur.wordpress.com/

[norbert]

Oups, erreur effectivement...

[norbert]

Je ressors de la lecture de ce livre bouleversé, marqué. Il n'y a pourtant aucun pathos; au contraire c'est direct, brutal et très noir, mais aussi avec une grande humanité.
Une atmosphère de plus en plus lourde qui distille son venin au fur et à mesure que l'on plonge dans ces bas-fonds mexicains, tout en sachant qui tout cela implique avant tout.
Une réalité malheureusement totalement occultée par le trafic des narcotrafiquants, moi-même j'ignorais totalement que ce phénomènes des femmes disparues et mortes de Juárez ait autant d'ampleur, avec des ramifications nombreuses (il y a évidemment les narcos et les mafieux qui trempent dans ce trafic) aussi fortes. Une lecture salutaire. Et Sam Hawken est un vrai nouveau talent du polar noir, il y a du Goodis, du Jim Thompson dans sa plume.

Je vais me précipiter vers son second roman, Guet-apens, qui vient de paraître chez Belfond.

À noter que Les disparues de Juárez a finalement été finaliste du CWA New Blood Dagger Award l'an dernier, et que Guet-apens vient, lui, d'être sélectionné pour le CWA Gold Dagger Award, avec 7 autres romans d'auteurs prestigieux en majorité bien plus connus.



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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[Le Juge Wargrave]

[norbert]

Ah si, bon sang, à chaque fois j'oublie. Merci le Juge.

Par contre, c'est plus du roman noir que du thriller, donc je ne sais pas si tu apprécieras autant. Enfin, je l'espère !
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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy

[Le Juge Wargrave]

[norbert]

[Le Juge Wargrave]

C'est vrai.
Je me demande si je suis vraiment rentré dans ce livre. Le truc c'est qu'il me tarde d'en sortir ; je sens que je suis encore passé à côté de quelque chose... (me reste 100 pages).
Et puis aucune surprise jusqu'ici à part peut-être

Spoiler:

la mort violente de Paloma, je pensais qu'elle avait juste disparu

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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).

[Le Juge Wargrave]

Euh par contre, il faut absolument changer le genre du roman, ce n'est pas du tout un thriller mais bien un roman noir !!!
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).

[Le Juge Wargrave]

Mon commentaire :

[norbert]

Un commentaire très intéressant, le Juge.
Personnellement, je ne pensais pas que le roman se terminerait ainsi, même si au final je suis content que Sam Hawken ait laissé une lueur d'espoir à la fin de son récit. Ne serait-que symboliquement, pour dire que peut-être, un jour, justice sera rendue à toutes ces femmes et toutes ces mères, grâce à des personnages comme Sévilla.

Pour ma part, c'est à contrario la première partie du roman qui m'a plongé immédiatement dans cette histoire. Je trouve la descente aux enfers de Kelly Courter magistrale et pourtant si réaliste, si... humaine. Un boxeur qui échoue dans cette cité mexicaine et qui n'a d'autre choix pour vivre que de servir de chair à pâté pour les combats clandestins d'un petit baron local. Un homme qui a perdu tout espoir de revanche sur la vie mais qui, grâce à son ami Esteban et à Paloma, celle qu'il aime, va finalement reprendre espoir, recommencer à faire des projets constructifs, reprendre l'entraînement loin du réseau d'Ortiz.
À côté, le combat de Paloma apparaît à la fois dérisoire tant les enlèvements et disparitions de femmes sont courants à Juarez, mais malgré tout vital : pour que la mémoire existe, que les gens se souviennent; mais aussi parce que son dynamisme et sa jeunesse font d'elle un porte-voix un peu trop bruyant, un peu trop gênant pour ceux-là mêmes qui viennent surveiller et narguer ces mères jusqu'à la sortie de la messe, le dimanche, avec leurs pick-up noirs.
Et puis, parce que Kelly est trop humain, trop brisé intérieurement, il plongera tête première dans le piège d'Ortiz au moment où il est le plus vulnérable, où la tentation de planer, juste un peu, et quitter cet enfer sur terre, au moins pour quelques heures, refera surface au mauvais moment...
Courter est vrai un personnage très "Goodisien" il me semble (même si je ne suis pas un spécialiste de Goodis), avec ses fêlures, sa quête de rédemption qui paraît impossible et cette position systématiquement au bord du gouffre.
Une erreur qui va déclencher le chaos et qu'il va payer très, très cher.

Sinon, pour finir, il y aussi aussi dans ce roman un bel explemple d'enclosure, ces quartiers résidentiels privatisés et sous haute surveillance dont parle Antoine Chainas dans son dernier roman, Pur, et qu'il détaillait plus précisément dans le Cercle Polar auquel il vient d'être invité sur Telerama.fr.

Ce phénomène s'est évidemment développé au Mexique comme dans l'ensemble de l'Amérique du Sud avec la facilité et le gigantisme qu'on imagine...
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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy