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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Jeu Déc 08, 2011 9:07 pm Sujet du message: |
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Ma chronique vient de paraître sur Polars Pourpres. J'ai lu Les visages écrasés deux fois et comment dire... ben, c'est la deuxième fois que je mets 5 cigognes (après Les derniers jours d'un homme de Pascal Dessaint), c'est dire.
Citation: | Souffrir et mourir au travail
Carole Mathieu est médecin du travail à Valence. Elle s'occupe particulièrement des employés d'une plate-forme téléphonique. Exerçant depuis des années, elle ne peut que constater la dégradation inéluctable de leurs conditions de travail et l'augmentation parallèle de leur mal-être. Face à ces dépressions et autres suicides et surtout, face à l'inertie et au déni des dirigeants, pourtant maintes fois alertés, elle décide d'agir. Vincent Fournier est un employé au bout du rouleau, qui a déjà essayé de mettre fin à ses jours. Lorsque le Dr Mathieu se rend compte que malgré les médicaments et tout ce qu'elle a fait pour le guérir, il va de moins en moins bien, elle décide d'abréger ses souffrances de manière... radicale.
Le personnage principal des Visages écrasés est sans aucun doute le Dr Carole Mathieu, qui en est aussi la narratrice. Il est central, comme l'est son rôle dans l'entreprise, qui lui permet de savoir beaucoup de choses et de côtoyer les dirigeants comme les employés lambda. Pour beaucoup, elle est la seule personne de confiance, celle à qui l'on peut tout raconter. Ce déversement de souffrances, elle l'encaisse depuis longtemps sans broncher. Mais chacun a ses limites, et la larme qui fera déborder son vase, ce sera donc celle de Vincent Fournier. Dès lors, elle est tout autant médecin que malade et doit avaler pilule sur pilule pour tenir debout et finir ce qu'elle a à faire. Elle est complètement perdue, souhaitant à la fois se faire démasquer par le lieutenant Revel et poursuivre son combat, qu'elle sait perdu d'avance.
S'il s'agit bien d'une fiction, tout (ou presque) y est vrai. Le monde de l'entreprise est mis en scène avec un réalisme criant, comme rarement il l'a été dans la littérature. Et pour cause, Marin Ledun a travaillé pendant près de sept ans à France Télécom. On sent le vécu, la connaissance du terrain et, plus que dans tous ses autres romans, on ressent son engagement et sa colère. On peut s'imaginer qu'à la manière d'un Flaubert, le Dr Carole Mathieu, c'est (un peu) lui.
L'identité de l'assassin étant connue dès le départ, on peut penser qu'il n'y aura guère de surprises de ce côté-là. Ce serait mal connaître l'auteur. Les rebondissements produisent leur effet et le suspense est maintenu jusqu'à la toute fin du roman, très réussie d'ailleurs.
Peut-être plus encore que dans ses précédents textes, Marin Ledun met l'écriture totalement au service de son propos. Il va à l'essentiel, préférant l'action aux longues descriptions et privilégiant les phrases courtes, parfois même nominales. Seule exception notable, l'usage de la litanie, à plusieurs reprises, l'auteur listant médicaments ou autres symptômes, oscillant entre inventaire déshumanisé et poésie macabre. Il faut ajouter à cela une bonne trouvaille : l'insertion entre les chapitres de courriers internes à l'entreprise et de rapports médicaux, venant renforcer l'aspect réel de ce que vivent les personnages.
Après tant d'éloges, il faut bien reconnaître quelques faiblesses à ce formidable roman. Certains passages – dans les premiers chapitres surtout – paraissent un peu trop didactiques, voire démonstratifs, comme si l'auteur tenait vraiment à nous montrer qu'il maîtrise totalement son sujet et à nous convaincre. Enfin, bien qu'il ne fasse pas de doute qu'un nombre de plus en plus important de personnes souffrent au travail aujourd'hui, une telle accumulation de mal-être dans le même lieu paraît exagérée (ici, tous les salariés semble concernés) et peinera peut-être à convaincre certains lecteurs attachés à un grand réalisme. Ceci dit, et on s'en convaincra aisément en parcourant Pendant qu'ils comptent les morts (entretien de l'auteur avec une psychiatre spécialiste de la souffrance au travail, aux éditions La Tengo), il y a fort à parier que Marin Ledun n'a malheureusement rien inventé, intrigue criminelle mise à part. Ce n'est pas nouveau dans le roman noir contemporain, et on avait déjà relevé que ce procédé littéraire consistant à accumuler sur un même lieu et en un même temps de nombreux évènements, plus ou moins véridiques et souvent inspirés de faits divers, a ses limites (c'était déjà le cas dans Bien connu des services de police ou L'honorable société).
Amateur de polars guillerets, passez votre chemin. Rarement un roman noir n'aura aussi bien porté son nom (au-delà de l'entreprise, la ville elle-même semble être l'antichambre de l'enfer). Mais si vous pensez pouvoir tenir le choc, alors n'hésitez pas. Les visages écrasés est un de ces textes qui remuent les tripes du lecteur et lui reste en mémoire pour longtemps. Marin Ledun signe à ce jour son meilleur roman – qui fera certainement date en matière de fiction sur le monde du travail – et mérite largement son Trophée 813.
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Pour le Prix Polars Pourpres, les deux autres ont intérêt à être bon s'ils veulent avoir une chance, pour ma part en tout cas. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Ven Déc 09, 2011 9:30 am Sujet du message: |
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putain, oups
ca valait le coup que je te le file, bordel de nouilles _________________ lisez ce vous voulez . . .
http://unwalkers.com |
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taylor Serial killer : Leland Beaumont
Age: 46 Inscrit le: 26 Juin 2008 Messages: 1483 Localisation: Haute normandie
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Posté le: Mar Déc 13, 2011 8:53 am Sujet du message: |
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Je l'ai terminé samedi dans le train. Dans ce roman, c'est le contexte qui tient le role principal : les méthodes de travail, les pratiques managériales douteuses, la pression.
Carole se sent démunie face à tout ça tel Don Quichotte devant ses moulins. A mon sens, elle est autant victime que les salariés de cette entreprise.
C'est un roman très noir qui m'a fait penser à Cadres Noirs pour le contexte mais la comparaison s'arrete ici. |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Mar Déc 13, 2011 11:10 am Sujet du message: |
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j'espere bien...
il y en au qui est pas terrible comme thriller, quel gachis d'ailleurs je ne m'en remet toujours pas,
et l'autre sublime comme roman noir _________________ lisez ce vous voulez . . .
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sylio Serial Killer : Patrick Bateman
Age: 59 Inscrit le: 23 Oct 2008 Messages: 578 Localisation: Val d'Oise
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Posté le: Ven Déc 16, 2011 8:26 am Sujet du message: |
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malheureusement je n'ai pas été aussi emballée que certains ! je ferai le même reproche que pour "Modus operandi", c'est trop dans la démesure (je me demande comment les deux héros de ces deux romans font pour tenir encore debout avec tout ce qu'ils avalent entre l'alcool et les médicaments !)et puis j'imagine le plateau sur lequel je travaille avec 95% de dépressifs au bord du suicide c'est carrément délirant. Oui c'est un sujet d'actualité mais quand on lit Marin on a l'impression de n'être entouré que de gens "malades". _________________ "Si l'on vit sa vie en ouvrant son coeur, avec intégrité, si l'on vit vraiment pour l'instant présent, on n'a jamais le temps de regarder en arrière et d'avoir des regrets" R.J. Ellory
http://gillescaillot.forumactif.net/ |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Ven Déc 16, 2011 9:19 am Sujet du message: |
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je pense qu tu as du bol, viens par ici, ou va la bas, quan d à prendre des medocs pour l'avoir fait, je peux te dire que....en fait quand on n'est pas dedanszc'est dur de réaliser, je te comprend, et remercie dieu _________________ lisez ce vous voulez . . .
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sylio Serial Killer : Patrick Bateman
Age: 59 Inscrit le: 23 Oct 2008 Messages: 578 Localisation: Val d'Oise
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Posté le: Ven Déc 16, 2011 9:44 am Sujet du message: |
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holden a écrit: | je pense qu tu as du bol, viens par ici, ou va la bas, quan d à prendre des medocs pour l'avoir fait, je peux te dire que....en fait quand on n'est pas dedanszc'est dur de réaliser, je te comprend, et remercie dieu |
je parle toujours de ce que je connais, et la prise de médoc je connais puisqu'actuellement je suis sous traitement _________________ "Si l'on vit sa vie en ouvrant son coeur, avec intégrité, si l'on vit vraiment pour l'instant présent, on n'a jamais le temps de regarder en arrière et d'avoir des regrets" R.J. Ellory
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Ven Déc 16, 2011 4:38 pm Sujet du message: |
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bah alors, ca tombe bien
moi depuis delongues annes on peut en discuter, et ayant traine avec des cames, je peux te dire que le corps soutient bien , un peu d'entrainement et hop, j'ai fait dresser des cheveux sur la tete à certains toubibs et je ne suis pas le seul...malheuresement _________________ lisez ce vous voulez . . .
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erta Meurtrier
Age: 51 Inscrit le: 09 Mai 2007 Messages: 325 Localisation: BZH
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Posté le: Ven Déc 16, 2011 11:15 pm Sujet du message: |
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sylio a écrit: | malheureusement je n'ai pas été aussi emballée que certains ! je ferai le même reproche que pour "Modus operandi", c'est trop dans la démesure (je me demande comment les deux héros de ces deux romans font pour tenir encore debout avec tout ce qu'ils avalent entre l'alcool et les médicaments !)et puis j'imagine le plateau sur lequel je travaille avec 95% de dépressifs au bord du suicide c'est carrément délirant. Oui c'est un sujet d'actualité mais quand on lit Marin on a l'impression de n'être entouré que de gens "malades". |
Je partage complètement ton point de vue. Je l'avais d'ailleurs évoqué dans les précédentes pages de ce post. _________________
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Xavier Meurtrier
Age: 59 Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 472 Localisation: Paris
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Posté le: Sam Déc 17, 2011 6:17 am Sujet du message: |
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Erta et Sylio, je venais juste d'écouter un discours de Carlo Lucarelli http://www.carlolucarelli.net/ qui expliquait que le noir ne décrivait pas la réalité, sa mission et son espoir sont de faire "changer" la société. Dans cette optique, on peut comprendre pourquoi on ne reste pas avec le banal de tous les jours, mais avec l'extra-ordinaire ou même la démesure, on peut avoir besoin de procédés pour créer un électrochoc. Dans ces deux romans de Marin, cet aspect ne m'avait pas du tout fait tiquer. Peut-être, au contraire, surtout dans "Les Visages écrasés', on peut mieux prendre la mesure du problème. En tout cas, ils sont mes romans préférés de notre auteur, de loin. |
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clémence Serial Killer : Patrick Bateman
Age: 41 Inscrit le: 10 Sep 2009 Messages: 882 Localisation: Ain
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Posté le: Sam Déc 31, 2011 11:23 am Sujet du message: |
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Brrr, ce roman fait froid dans le dos.
Toutefois, je l'ai peut être lu trop d' "une traite", comme conseillé par certains.
Je me suis émue pour ces salariés qui sont loin d'etre des cas isolés (parait-il. j'ai la chance d'évoluer ds un univers professionnel un peu différent, et heureusement!). La précision des termes employés, la solidité du décor, l'impact des images sont parmi les grandes forces de Marin Ledun, que j'ai adoré retrouver... |
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MiKa Meurtrier
Age: 43 Inscrit le: 30 Mar 2008 Messages: 476 Localisation: Bois Guillaume (76)
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Posté le: Mar Jan 17, 2012 3:56 pm Sujet du message: |
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Je rejoins les avis positifs sur ce roman.
J'ai adoré, j'ai eu du mal à le lâcher. Je regrette d'ailleurs qu'il n'ait pas été plus long.
Le personnage de Carole est formidablement bien traité, j'ai vécu son histoire à travers ses yeux, je m'y suis cru ...
J'ai retrouvé pas mal de choses assez proches de ce que j'ai pus vivre quand je travaillais dans une très grosse société française. Notamment sur la manière de communiquer de la part de la direction ... |
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Ironheart Annie Wilkes
Age: 50 Inscrit le: 25 Juil 2007 Messages: 5041 Localisation: Le Gard
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Posté le: Jeu Fév 09, 2012 6:35 pm Sujet du message: |
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Je suis soufflée par l'écriture mais j'ai l'impression de lire un documentaire. Apparemment, je suis la seule à avoir eu cette sensation.
Le personnage de Carole est puissant, ses errances et conflits intérieurs sont parfaitement bien rendus mais je la trouve insupportablement hystérique.
Dernière édition par Ironheart le Ven Fév 10, 2012 6:34 am; édité 1 fois |
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Walter Meurtrier
Inscrit le: 01 Mar 2011 Messages: 270 Localisation: Au Bowling
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Posté le: Jeu Fév 09, 2012 9:34 pm Sujet du message: |
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Ca dépend ce que tu entends par documentaire ? _________________ Mets-toi zéro !! |
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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