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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Mer Fév 04, 2009 10:20 am Sujet du message: L'oeuvre de Tom Franklin |
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Séance de rattrapage pour ceux qui ont loupé "la culasse de l'enfer" du même auteur
La trame
En 1911, le sud-ouest de l’Alabama est peuplé de juges corrompus, de tueurs, de putains, de fanatiques religieux, de sorcières, de veuves et de zombies... Mais le plus redoutable de tous, c’est E.O. Smonk. Syphilitique, goutteux, goitreux, tricheur, jouant de la Winchester, des explosifs et du poignard, il sème la destruction, roue les hommes de coups et viole les femmes.
A travers un pays dévasté par la rage et la sécheresse, une cohorte de défenseurs de l’ordre se lance à la poursuite d’Evavangeline, prostituée de quinze ans, prompte à jouer de la gâchette et du bouchon de gnôle. Elle finit par arriver à Old Texas où son sort, celui de Smonk et des habitants de la ville semblent irrésistiblement liés. Hilarant, violent, paillard, ce roman écrit dans une langue d’une virtuosité étonnante n’est pas sans évoquer une vie de Jesse James revue par Tarantino.
« Tom Franklin écrit comme un archange embarqué dans une bringue loufoque. »
Dennis Lehane, auteur de Mystic River
_________________ lisez ce vous voulez . . .
http://unwalkers.com |
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Baruch Témoin
Inscrit le: 01 Juin 2008 Messages: 34 Localisation: UN peu partout où il fait sombre...
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Posté le: Lun Fév 23, 2009 9:41 pm Sujet du message: |
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Ca faisait quand même quelques mois que je ne m'étais pas marré comme ça en lisant un bouquin. Sans doute pas depuis Fan Man de Kotzwinkle. Alors bien sûr, il faut aimer les romans complètement déjantés qui partent dans tous les sens, mais pour ceux qui aimeraient Tarantino, les frères Cohen (dans la veine O'Brother ou Big Lebowski) et Hunter S. Thomson, vous allez être servis !
De plus, la construction en cercles concentriques (les personnages, séparés géographiquement, se rapprochent peu à peu d'une fin explosive et magistrale) est extrêmement bien menée ce qui permet la mise en place un suspense haletant et donne au récit un souffle particulièrement vivifiant.
Bref, c'est le renouveau du western !!! _________________ Deus sive Natura sive Pouy |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Jeu Fév 26, 2009 12:46 pm Sujet du message: |
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yeahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
toujours dans ma pal
bientot dans mes mains
pour les retardataires a lire
son precédent "la culasse de l'enfer" _________________ lisez ce vous voulez . . .
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Mer Juil 22, 2009 10:27 am Sujet du message: |
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Je viens de le récupérer à la bibli. Ça m'avait l'air vraiment sympa.
A lire dans les prochaines semaines donc. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Mer Juil 22, 2009 10:34 am Sujet du message: |
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je l'ai en souhait sur pm
le mot sympa est peut êtr epas le mot plus juste _________________ lisez ce vous voulez . . .
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Mar Sep 25, 2012 6:46 pm Sujet du message: |
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Dans le Mississippi des années 70, tout aurait dû séparer Larry Ott et Silas Jones : la classe sociale et la couleur de peau. Les deux adolescents sont pourtant devenus amis, jusqu'à ce que la disparition d'une jeune fille vienne bouleverser leurs existences. Vingt ans plus tard, Silas Jones revient sur les lieux de son enfance. Alors qu'il n'a aucune raison de reprendre contact avec Larry, une nouvelle tragédie les oblige à se confronter, ensemble, à un passé douloureux.
A travers le portrait croisé de ces deux hommes, Tom Franklin nous offre une fresque inoubliable du Sud, cette région mythique des États-Unis où la question de l'identité, le poids de la ségrégation et la violence sont encore présents aujourd'hui.
Mon avis sur ce roman est paru sur Polars Pourpres. Coup de
Citation: | Deux hommes et le Mississippi
Silas Jones, orphelin de père, vit avec sa mère dans des conditions difficiles. Il aime à passer du temps dans les bois et à s'entraîner au base-ball. Il aurait bien envie de jouer avec Larry Ott, qui a l'air bien sympa, mais Larry est blanc, et pour l'enfant noir qu'il est, dans le Mississippi des années 1970, un tel rapprochement n'est pas permis.
Quelques décennies plus tard, une adolescente disparaît et les deux hommes vont de nouveau être amenés à se croiser. Silas est devenu constable, tandis que Larry, accusé de la disparition d'une jeune fille mais non condamné – faute de preuves suffisantes – essaie tant bien que mal de rester debout face au harcèlement permanent d'une partie des habitants, qui font de lui le coupable tout désigné de cette nouvelle affaire du fait de son passé obscur.
Tom Franklin est un de ces auteurs qui nous prouvent qu'on peut très bien tenir le lecteur en haleine sans recourir systématiquement aux tueurs en série ou aux courses-poursuites de bolides. Qu'on peut décrire des personnages en profondeur, ou des paysages bucoliques, sans que l'on ne s'ennuie un seul instant.
Que ce soit durant leur enfance, dans les années 1970, ou aujourd'hui, les personnages de Silas et Larry – on les suit en alternance – sont décrits avec beaucoup de justesse, y compris dans leur relation, ambiguë, dont on découvre peu à peu de nouveaux aspects. A ces personnages des plus réussis s'ajoute cette immersion dans un patelin rural du Mississippi (Chabot, 500 habitants) qui rappelle par moment l'excellent 1275 âmes de Jim Thompson.
Le retour de Silas Jones – bien plus sage que Smonk, redoutable western foutraque et bourré de testostérone – est un magnifique roman nous prouvant, s'il en était encore besoin, que Tom Franklin est avant tout un excellent raconteur d'histoires. Il se dégage vraiment quelque chose de ce texte, qui fait qu'en refermant la dernière page on se dit qu'on serait bien resté encore un moment au Mississippi avec Silas et Larry.
Voilà un très beau texte qui devrait plaire, en particulier à ceux qui ont apprécié le superbe Julius Winsome de Gerard Donovan, avec qui il partage quelques points communs (poésie des mots, présence de la nature...).
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Un vrai coup de cœur donc !
A découvrir, ça peut plaire à pas mal d'entre vous ici je pense.
Le roman m'a donné envie de poursuivre avec l’œuvre de Tom Franklin. Me reste à lire La culasse de l'enfer et Braconniers (un recueil de nouvelles). Et je me referai bien Smonk aussi tiens (voir plus haut), histoire de le chroniquer ce coup-là (il fait partie des quelques romans qui sont passés entre les mailles du filet). _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Ven Déc 15, 2017 9:05 am Sujet du message: |
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En février 2018 reparaîtra chez Albin Michel le recueil de nouvelles qui a révélé Tom Franklin aux USA, Braconniers (précédemment paru en 2001, il était épuisé depuis longtemps).
Citation: | Rarement des nouvelles d'un jeune auteur américain auront été saluées par tant d'éloges.
Comparé aux plus grands - Faulkner, Hemingway, Carver - Tom Franklin manie une prose d'une simplicité trompeuse, d'une " force d'évocation étonnante", comme l'a souligné Philip Roth.
Il appartient à cette lignée d'écrivains dont la voix singulière est imprégnée de l'atmosphère sombre et violente du Sud profond.
Son Alabama natal est peuplé de chasseurs, pêcheurs, braconniers et pochards, ouvriers d'usine et agriculteurs.
Englués dans des marécages pourrissants ou des rivières polluées, tous braconnent, chacun à leur manière.
Ils réagissent parfois avec violence à la lente agonie d'un monde qui abandonne ses forêts luxuriantes et ses cours d'eau aux usines de pâtes à papier ou aux centrales électriques, et les entraîne inexorablement dans sa propre chute.
Un univers sombre, violent et sans rédemption, hanté par l'image fantasmatique de l'Alaska, lointain symbole d'évasion et de pureté. |
Son dernier roman paru en France, Dans la colère du fleuve, vient de paraître en poche, au Livre de poche.
Citation: | Mississippi, 1927.
Gonflé par les pluies diluviennes, le fleuve menace de détruire les digues qui protègent la région et d’engloutir le petit hameau de Hobnob, où les agents fédéraux Ted Ingersoll et Ham Johnson enquêtent sur la disparition de deux collègues venus arrêter un trafiquant d’alcool.
Au cœur de ce paysage d’apocalypse, ils découvrent un bébé abandonné, qu’Ingersoll – lui-même orphelin – confie par hasard à Dixie Clay Holliver.
Sans se douter que la jeune femme est le plus grand bootlegger du comté, et peut-être la dernière aussi à avoir vu les deux agents en vie…
Pendant ce temps, on dérobe une cargaison de dynamite destinée à faire sauter les digues pour protéger à tout prix La Nouvelle-Orléans, quitte à sacrifier une grande partie de l'Etat.
Face à ce drame annoncé, qui va transformer à jamais leur existence, tous devront faire des choix et mettre à l'épreuve leur courage et leur loyauté.
Situé dans le contexte dramatique de la Prohibition et de l'une des plus grandes catastrophes naturelles de l'histoire américaine, ce roman est tout autant le portrait d'une époque que d'un lieu où la beauté côtoie chaque jour le danger. |
Enfin, puisque Holden en parlait en ouverture de ce sujet, La culasse de l'enfer est toujours disponible chez Albin Michel a priori.
Citation: | 1897.
Dans un coin reculé de l'Alabama, un homme est assassiné dans d'étranges circonstances.
Pour le venger, ses proches forment une société secrète, « La culasse de l'enfer », fermement décidée à faire sa propre justice.
S'engage dès lors, entre les métayers blancs et les propriétaires fonciers des villes voisines, une guerre fratricide où il n'y a ni innocents ni coupables, mais du sang et de la douleur... |
C'était l'occase ou jamais (n'est-ce pas Norbert ?) de remettre un petit coup de projecteur sur l'auteur des excellents Smonk et Le retour de Silas Jones.
_________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Ven Déc 15, 2017 2:04 pm Sujet du message: |
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Absolument Hoel (comment on appelle ça, de la télépathie ? ), surtout que sont sortis en poche au Livre de poche fin novembre à la fois Dans la colère du fleuve (paru en 2015 en France, coécrit avec sa femme la poétesse Beth Ann Fennelly) et Le retour de Silas Jones (qui avait raflé en 2011 le Dagger Award du meilleur roman policier remis par la CWA au Royaume-Uni, ainsi qu'aux USA le Los Angeles Times Book Award du meilleur polar), sous de belles couvertures :
En début d'année, sur Facebook j'avais envoyé un MP à la page consacrée à la collection Terres d'Amérique, notamment pour savoir s'ils allaient rééditer les premiers romans de Tom Franklin, et ils m'avaient répondu que c'était bien en projet mais qu'il fallait pour ça qu'ils rachètent les droits auparavant.
Donc la republication en février prochain de Braconniers est une excellente nouvelle !
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Ven Déc 15, 2017 2:19 pm Sujet du message: |
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Le retour de Silas Jones au Livre de poche, c'est marrant, c'est la même image de base que celle du GF mais dézoomée et avec un filtre différent. Curieux. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Ven Déc 15, 2017 2:35 pm Sujet du message: |
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J'aime bien cette image, elle fait vraiment Amérique des 60's/70's dans une petite ville rurale, en plus avec la vieille voiture de flics. Je ne sais pas si c'est dû à un filtre ou autre, mais sur le GF on dirait presque une peinture ultra-réaliste. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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JohnSteed Serial Killer : Patrick Bateman
Inscrit le: 08 Aoû 2016 Messages: 978
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Posté le: Ven Déc 29, 2017 6:04 pm Sujet du message: |
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Le retour de Silas a été un vrai coup de coeur.
Plonger dans la lecture de ce livre c'est plonger dans les oeuvres de Thomas H. Cook avec le côté "le passé ne meurt jamais" de Ron Rash/Donald Ray Pollock et leur plume des plus hypnotiques.
Je voulais continuer la découverte de Tom Franklin avec la lecture de La culasse de l'enfer mais en poche il est épuisé ou son prix est inabordable. J'espère que le Livre de poche va le rééditer très prochainement.
En tous les cas merci à vous pour cette découverte. |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Ven Déc 29, 2017 9:26 pm Sujet du message: |
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Sinon il reste les médiatheques. Certaines l'ont encore... _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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TaiGooBe Serial killer : Leland Beaumont
Age: 63 Inscrit le: 11 Aoû 2009 Messages: 1012 Localisation: The Pink City
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Posté le: Sam Déc 30, 2017 12:00 am Sujet du message: |
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JohnSteed a écrit: |
Je voulais continuer la découverte de Tom Franklin avec la lecture de La culasse de l'enfer mais en poche il est épuisé ou son prix est inabordable. |
On le trouve à partir de 5 euros sur certains sites de vente de livres d'occasion.
_________________ "N'oublie pas que l'on écrit avec un dictionnaire et une corbeille à papier, tout le reste est litres et ratures." Antoine Blondin |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Sam Déc 30, 2017 2:49 am Sujet du message: |
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JohnSteed a écrit: |
Je voulais continuer la découverte de Tom Franklin avec la lecture de La culasse de l'enfer mais en poche il est épuisé ou son prix est inabordable. |
En attendant, tu as justement Dans la colère du fleuve qui vient de sortir en poche.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Mai 30, 2018 4:56 pm Sujet du message: |
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>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :
Citation: |
Braconniers, de Tom Franklin
Si la réédition de Braconniers, recueil de dix nouvelles initialement publié en France en 2001, est l’occasion de (re)découvrir celui qui n’était alors pas encore l’auteur de La Culasse de l’Enfer, elle est aussi certainement le signe d’un certain désamour français vis-à-vis des textes courts. Car sinon, ce livre n’aurait-il pas eu droit à une édition de poche ? Celle-ci aurait été d’autant plus méritée que les nouvelles de Franklin sont particulièrement belles et méritent amplement de rencontrer un bien plus large public. Même l’avant-propos de l’auteur, à sa manière, en est une. Peut-être même l’une des meilleures du livre, d’ailleurs, tant ce qu’il y dévoile de lui, de son travail, de son lien avec les lieux dont parlent ses histoires, y est décrit avec justesse et émotion.
Braconniers, donc, ce sont dix histoires ancrées dans l’Alabama de Tom Franklin, quelque part au sud de l’État, entre forêt, bayous et océan. Les neuf premières nouvelles de ce recueil voient s’entrecroiser les destins tristement banals mais toujours marqués par quelque drame que l’on n’a pas vu venir ou d’épiques et fugaces moments de grâce, de ceux qui font que, malgré toutes ses avanies, la vie vaut d’être vécue. Ce sont neufs nouvelles qui se répondent, se font écho, où l’on retrouve les mêmes femmes et les mêmes hommes occupant chacun leur tour le devant de la scène.
Histoires de beuveries qui tournent au ridicule ou à la tragédie, histoires aussi d’un monde qui semble s’enfoncer, entrainant avec lui ceux qui vivent encore là et ne semblent plus rien attendre de lui, si ce n’est de le quitter, chacun à sa manière. L’omniprésence dans les histoires de Franklin de ce kudzu, plante parasite qui étouffe peu à peu l’ensemble de la végétation et recouvre le moindre relief, est certainement la plus saisissante métaphore de cet effacement. Une réaction à cet état de fait, est le braconnage, le refus des règles, omniprésent ici, y compris chez les représentants de la loi… on prend des chemins de traverse pour essayer de fuir, on dérobe quelques instants de satisfaction ou la possibilité de renverser l’ordre établi, ne serait-ce que temporairement, on cherche une arme pour aider un ami… Alcoolisme, frustration sexuelle et rêves de grandeurs se mêlent et se heurtent. On retiendra particulièrement le terrible engrenage de l’ouvrier de la nouvelle « Granulat », payant pour ses errements et pour avoir cru à la possibilité de s’extraire un peu de sa condition en oubliant qu’il abandonnait un maitre pour entrer sous la coupe d’un autre, la très émouvante « Chevaux bleus », la dérangeante « Ballade de Duane Juarez » et le meilleur moyen d’acquérir un rhinocéros empaillé (« Dinosaures »).
Autant d’histoires qui nous mènent jusqu’à la longue nouvelle qui clôt ce recueil et lui donne son titre : une éprouvante chasse à l’homme entre forêt et marais suite au meurtre d’un garde-chasse. On discerne aussi là comme les prémices littéraires de La Culasse de l’Enfer et on retrouve une grande partie des thèmes chers à Franklin : la transmission, la fin d’un monde que l’on peut parfois regretter parce que, tout simplement on y était habitué mais qui n’était pas particulièrement plus beau que ce que le nouveau propose (ce dernier ne suscitant par ailleurs pas forcément l’enthousiasme).
Tout chez Franklin est ainsi ambivalent, bien loin de tout manichéisme et, surtout, toujours d’une grande justesse. Chaque mot est pesé, aucune scène n’est innocente et le diable, toujours, se cache dans les détails. C’est ce qui fait la grande richesse de ce formidable recueil.
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Sam Nov 09, 2024 11:28 am; édité 2 fois |
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