Posté le: Sam Oct 07, 2017 6:59 am Sujet du message: Héros secondaires - S. G. Browne (Agullo Editions)
Après Heureux veinard (en Série Noire), son diptyque culte Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour et Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël paru chez Mirobole (en poche chez Folio SF), et l'an dernier le succès de librairie La Destinée, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort, Prix Libr'à Nous Imaginaire 2017, l'Américain S. G. Browne est de retour avec Héros secondaires, qui vient de paraître chez Agullo Editions, traduit par Morgane Saysana.
Le livre :
« Je suis un cobaye professionnel. Je prends des antidouleurs génériques, des pilules pour le coeur, des antidépresseurs et d'autres traitements expérimentaux qui sont en cours de développement et testés sur des sujets humains. »
Convulsions. Nausées. Migraines. Gain de poids soudain.
Pour les fantassins de l’industrie pharmaceutique présents sur la ligne de front de la science médicale – un petit groupe de volontaires qui testent des molécules expérimentales contre rémunération – ces effets secondaires courants sont un petit prix à payer pour défendre leur droit à la vie, à la liberté et à la recherche des antidépresseurs.
Lloyd Prescott, trente ans, gentil loser qui gagne sa vie en enchaînant les essais cliniques quand il ne pratique pas une forme de mendicité créative, est le premier du groupe à remarquer les conséquences très étranges (voire paranormales...) de l’exposition pendant des années à des molécules pas tout à fait certifiées.
Ses lèvres s’engourdissent, il est balayé par une vague d’épuisement, et à l’instant même, un inconnu s’écroule devant lui dans la rue, victime d’une narcolepsie foudroyante...
Ses potes cobayes et lui se découvrent ainsi de drôles de superpouvoirs, soudain capables de projeter sur autrui toute une panoplie d’effets secondaires handicapants !
Au cœur de la nuit, un nouveau comité de justiciers fait régner la terreur chez les pseudos caïds – ceux qui visent toujours les plus faibles – à coup de convulsions, de vomissements, d’eczéma fulgurant...
Les mendiants de New York ont trouvé leurs défenseurs.
Mais les superpouvoirs (et les capes colorées) suffisent-ils à faire des superhéros ?
Et quand la menace devient sérieuse, Lloyd et ses amis héros malgré eux seront-ils à la hauteur ?
Héros secondaires est une satire sociale sur les super-héros et l'industrie pharmaceutique ; une comédie noire à prescrire d'urgence pour nos sociétés sur-médicamentées.
« S. G. Browne est un des meilleurs romanciers satiriques américains. » Kirkus reviews
S. G. Browne vit à San Francisco.
Avant de se consacrer à l'écriture, il a travaillé durant quelques années à Hollywood.
Considéré comme l'un des meilleurs romanciers satiriques américains et comparé à Neil Gaiman, Christopher Moore ou Chuck Palahniuk, il a déjà fait paraître plusieurs romans noirs humoristiques, dont Heureux veinard à la Série Noire en 2012 et le diptyque Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour (2013) et Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël (2014) aux éditions Mirobole.
La Destinée, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort (Agullo Editions, 2016) a été récompensé en France par le Prix Libr'à Nous 2017 du meilleur roman catégorie Imaginaire, décerné par plus de 200 libraires francophones.
Héros secondaires est son deuxième roman publié chez Agullo Editions.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Lun Oct 09, 2017 6:00 pm Sujet du message:
>> S. G. Browne présente son nouveau roman, Héros secondaires :
>> À propos de son précédent roman, La Destinée, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort (Prix Libr'à Nous 2017 du Meilleur Roman catégorie Imaginaire) :
« C'est drôle, immortellement drôle même ! » Le Canard enchaîné
« Un roman cynique et irrévérencieux. » Le Monde
« Le roman le plus loufoque de l'année. » Néon
« Avec un humour décapant, SG Browne confirme son immense talent. » Le Divan, Paris
« C’est burlesque, abracadabrant, farfelu, drôle et complètement barré ! » Hall du Livre, Nancy
« Une oeuvre drôle, impertinente et magnifiquement construite. » Librairie Les Saisons, La Rochelle
« Une pépite. » Librairie Mollat, Bordeaux
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Posté le: Mer Oct 11, 2017 5:26 pm Sujet du message:
>> La chronique de Alaric pour le webzine EMaginarock :
Citation:
Héros secondaires – S.G. Browne
« En un sens nous sommes un peu devenus des smartphones humains, sauf qu’en lieu et place d’applications, nous téléchargeons des ordonnances. »
Lloyd, qui vit avec son amie à New York, a bien du mal à joindre les deux bouts.
Son boulot principal : cobaye pour les laboratoires pharmaceutiques.
Mais comme, par contrat, il doit s’arrêter régulièrement pour permettre à son organisme de se purger des produits testés, il est également mendiant à temps partiel.
Mais non sans humour, et avec des cartons originaux, façon « Mes parents ont sniffé ma bourse d’études. »
Son amie a également deux sources de revenus – vendeuse dans un magasin bio et artiste de rue – et tous deux vivent une vie un peu désargentée mais paisible.
Tout va donc à peu près bien.
« Je pense qu’à force de prendre part à des essais cliniques sur des produits pharmaceutiques depuis environ cinq ans, on a fini par contracter des sortes d’effets secondaires en versions mutantes, et qu’on est capables de les projeter sur les autres. »
Outre son amie, Lloyd fréquente un petit groupe d’individus qui, suite à des tracas divers, sont également devenus des cobayes réguliers pour l’industrie pharmaceutique : Randy, séducteur impénitent, Charlie, un peu obèse et un peu idiot, Vic, un ancien prof de maths, Isaac, jeune acteur prometteur hélas devenu bègue, et Frank, plus âgé, le seul peut-être à prendre vraiment son rôle de cobaye au sérieux.
Ils passent du bon temps ensemble mais, peu à peu, notent des phénomènes bizarres : s’ils échappent aux effets indésirables des produits qu’ils testent, il semble bien qu’ils soient capables de les projeter sur les autres.
Faire subitement vomir son voisin, plonger un passant dans la torpeur grâce à un « sortilège narcotico-féérique », susciter une éruption et un prurit foudroyants chez son vis-à-vis, voilà qui n’a rien de banal.
« Je ne sais pas si c’est l’œuvre de la destinée, de Dieu ou d’un hasard ultrabizarroïde, mais je commence à me dire qu’on est censés accomplir un truc de plus grande envergure. »
Des pouvoirs inexplicables, donc, qui ne sont pas vraiment les super-pouvoirs dont ils ont tous un jour ou l’autre rêvé.
Mais dont ils pourraient tout de même tirer bénéfice.
Ou dont ils pourraient faire bénéficier les faibles, les pauvres, les opprimés.
Comme le dit un des personnages : « Nous sommes des mutant génétiques new-yorkais. Nous n’avons d’autre choix que de devenir des super-héros. »
Les voilà donc en route, et en bande, pour améliorer le monde – ou à tout le moins New-York.
On s’amuse beaucoup à ce récit de super losers transformés en super héros trash, ou plus exactement en hypo héros (saluons l’astuce de la traductrice qui a trouvé le très joli titre de Héros secondaires, calqué sur les effets secondaires des médicaments) à la fois attachants et pathétiques.
Vu le thème, ce petit groupe d’adultes jeunes est animé par un esprit encore un peu adolescent, mais, si l’humour n’est pas toujours très fin, il est beaucoup moins lourd que celui pratiqué par les personnages du précédent roman de l’auteur, La Destinée, la Mort et moi, comment j’ai conjuré le sort (dont on voit apparaître dans Héros secondaires quelques-uns des protagonistes).
Le récit est donc plus léger, plus enlevé, et va dérouler ses trois cent cinquante pages sans jamais perdre en rythme.
« Il n’y a pas de héros, Lloyd. Il n’y a que des méchants et des menteurs. Et si tu veux mon avis, les menteurs sont encore pires. Les méchants, eux, au moins, ont la décence d’assumer leur vrai nature. »
L’auteur a compris la leçon du célèbre « Incassable » de M. Night Shyamalan : il n’y a pas de super-héros sans super-méchants.
Combattre le crime, certes, voilà qui est honorable, mais combattre des super-méchants (dont un qui cite Baudelaire), voilà qui est plus excitant.
Car, il fallait s’y attendre, d’autres cobayes ont décidé d’utiliser la projection d’autres effets indésirables pour devenir les maîtres du monde.
Ainsi notre brigade mutante affronte-t-elle des affreux dotés de pouvoirs supérieurs, qui se moquent bien de cette petite bande de « super-blaireaux ».
« Je vais donc combattre le crime tout seul quelques soirs par semaine, mais sans les autres, ce n’est pas pareil. Pour tout ce qui est du super-héroïsme, je travaille mieux en équipe. »
Que l’on ne s’y trompe pas : comme beaucoup d’œuvres du genre, Héros secondaires n’emprunte le masque de l’amusement et de la distraction que pour mieux pratiquer la satire, la critique sociale, la dénonciation de travers bien trop répandus.
Avec un humour grinçant et désabusé qui fait mouche, S.G. Browne dénonce l’obsession du monde médical, et plus particulièrement de la psychiatrie, à transformer tout comportement quel qu’il soit en maladie et à le médicamenter, mais aussi, en miroir, l’appétence des populations qui en demandent et en redemandent sans cesse et surconsomment pour maigrir, mieux dormir, mieux ceci, mieux cela, en une spirale de dépendances et d’interactions sans cesse croissantes.
Mais le constat social est également là : les pauvres et les laissés-pour-compte servent à essuyer les plâtres et à tester les molécules qui seront mises au point pour les plus riches.
Humoristique et effrayant à la fois, Héros secondaires apprend aux lecteurs que ce sont deux pays « éclairés » qui sont les seuls au monde à autoriser les firmes pharmaceutiques à faire de la publicité pour leurs produits (la Nouvelle-Zélande et…. Les Etats-Unis !).
L’auteur passe également à la moulinette toute une série de thématiques de société comme les intérêts fugaces (« On vit au royaume du déficit de l’attention. Et tu n’es ni plus ni moins que la dernière distraction en date. Demain, tout le monde sera passé à autre chose, et toi, tu seras complètement has been »), les modes alimentaires, les régimes ridicules, la malbouffe, et bien d’autres encore.
Bien d’autres thématiques, donc, que le lecteur découvrira les unes après les autres dans ce roman à la fois amusant et effrayant, sensible et grinçant, dramatique et plein de drôlerie, et en définitive plus mûr qu’il n’y paraît.
Mêler super-héros et effets indésirables des médicaments, non pas en suivant les schémas classiques de l’imaginaire mais plutôt en les redessinant à rebours, il fallait y penser : une variante originale qui méritait le détour.
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Lloyd Prescott, la trentaine, se cherche encore.
Sans boulot régulier ni vraiment envie d’en trouver un, il fait la manche à Central Park et, surtout, se vend comme cobaye aux laboratoires pharmaceutiques dont les produits arrivent à la phase de test sur les humains.
Non seulement ça peut rapporter un peu d’argent, mais en plus, à force de courir les essais de traitements médicaux, Lloyd a fini par se faire une petite bande d’amis, eux aussi cobayes réguliers.
Les choses ne vont pas basculer soudainement mais, peu à peu, Lloyd et ses condisciples vont s’apercevoir que des choses clochent.
Une agression dans le métro durant laquelle un des agresseurs s’effondre victime d’une terrible crise d’urticaire, un skateur malpoli qui, après que Lloyd a éprouvé une irrépressible envie de bailler, s’endort soudainement…
Il faut rapidement se rendre à l’évidence : les essais pharmaceutiques peuvent avoir des effets secondaires, et le fait d’être doté de pouvoirs extraordinaires, certes, mais un peu nazes – donner de l’eczéma, endormir, faire vomir, provoquer une érection involontaire – en fait partie.
Et la question se pose alors pour le groupe d’amis : que faire ?
Faut-il former une sorte de nouvelle ligue Marvel à la petite semaine ?
D’autant plus qu’il semblerait que d’autres, moins sympas, aient aussi acquis certains pouvoirs et en profitent pour semer le trouble à New York.
On pense bien entendu, en abordant ce roman de S. G. Browne, aux Mystery Men (et on en profite au passage pour vous conseiller d’éviter l’adaptation cinématographique) et à toute une clique de parodie de comics ou de films de super héros.
Et, de fait, Browne s’en sort plutôt bien dans cet exercice.
Moins d’ailleurs grâce aux actions de ses héros au rabais que par leurs dilemmes divers qui donnent droit à des dialogues particulièrement marrants.
Mais tout cela est surtout l’argument de départ, l’emballage du tout, et un bien bel emballage d’ailleurs.
Car sous cela, le propos de Browne se fait plus grinçant.
Il y a bien entendu une charge violente contre l’industrie pharmaceutique :
« Les États-Unis et la Nouvelle-Zélande sont les seules nations industrialisées au monde qui autorisent les groupes pharmaceutiques à faire la publicité de leurs médicaments auprès des consommateurs. Tous les autres pays occidentaux ont interdit cette pratique. Et tandis que ces entreprises ont le droit de vanter les mérites de substances susceptibles de provoquer des insuffisances cardiaques, des pertes de mémoire, et d’augmenter le risque de décès, les fabricants de compléments alimentaires naturels osant déclarer que leurs produits aident à prévenir telle ou telle maladie ou ont telle ou telle vertu curative s’exposent à des amendes conséquentes, voire à une incarcération potentielle. »
S. G. Browne a potassé le sujet et arrive à le rendre à la fois angoissant et hilarant.
Il y a aussi, à travers la vie des losers qu’il met en scène, un discours à propos de la manière dont il est facile de glisser.
Si Lloyd est avant tout un produit de cette génération qui peine à trouver sa place, à sortir de l’adolescence, ses amis, eux sont représentatifs de ces personnes qu’un événement, un accident – divorce, frais de santé alors que l’on n’est pas assuré – poussent à la marge de la société.
Pour tout cela, Héros secondaires, sous l’ironie, parfois mordante, parfois tendre, est aussi et avant tout un roman social – et pas des plus optimistes.
Et s’il n’est pas dénué de menus défauts, en particulier une fin avec laquelle l’auteur semble avoir un peu de mal à se débrouiller, ce nouveau roman de S. G. Browne mérite amplement que l’on s’y arrête.
Pour rire un moment mais aussi pour penser un peu.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Lloyd est cobaye pour des essais médicamenteux depuis cinq ans.
Il voit régulièrement ses collègues devenus des amis, Vic, Charlie, Franck, Randy, Isaac et Blaine.
Tous ont l'air d'aller bien, gagnent leur vie au gré des essais auxquels ils sont conviés.
Jusqu'au jour ou d'étranges phénomènes apparaissent dans les rues de New-York : des personnes perdent la mémoire et sont victimes de vols et d'autres d'hallucinations.
C'est à ce moment que Lloyd s'aperçoit qu'il soufre de quelques effets secondaires et qu'il parvient à endormir les gens à distance.
Très vite ses amis remarquent eux-aussi leurs nouveaux pouvoirs, pas forcément sexy, mais liés aux médicaments.
Après Les cobayes, je file le thème des essais pharmaceutiques, cette fois-ci aux Etats-Unis, c'est une coïncidence absolue, un effet secondaire des lectures, mais celui-ci n'est pas indésirable, bien au contraire.
Si vous ne connaissez pas S. G. Browne, sachez que c'est le deuxième livre de lui que je lis, après l'excellent coup de cœur La Destiné, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort et qu'encore une fois, il me ravit.
Ce roman débute assez lentement avec un trentenaire un peu désabusé, un peu velléitaire voire un peu fainéant, pas vraiment investi dans sa vie, qui la subit plus qu'il ne la vit ; Lloyd vit avec Sophie depuis cinq ans qui lui demande d'arrêter son job de cobaye pour trouver un boulot plus sérieux et moins risqué, mais sans jamais vraiment s'opposer à elle il persiste à tester des médicaments et à faire la manche pour les à-côtés.
Puis, lorsque les garçons s'aperçoivent qu'ils changent, le roman change également et d'un roman assez réaliste et classique, on passe à de la science fiction, un roman de super héros.
Oui, mais comme c'est SG Browne qui écrit, évidemment, vous n'aurez pas droit à Superman ou Batman voire Spiderman, mais plutôt à des super héros aux talents assez étonnants que je vous laisse découvrir.
C'est à la fois drôle, cynique, ironique et satirique.
A travers ce délire romanesque, l'auteur dénonce notre société de consommation et particulièrement celle des laboratoires pharmaceutiques, des médecins qui prescrivent à tour de bras, et notre rôle à nous patients qui acceptons tout et n'importe quoi pour aller mieux.
Si la France est championne du monde de la consommation d’anxiolytiques, les Etats-Unis doivent suivre de près, et sans doute beaucoup d'autres pays riches, malheureux et envieux que nous sommes malgré toutes nos possessions.
Je ne suis pas très connaisseur de la littérature étas-unienne, ni même amateur d'icelle, mais lorsqu'elle se présente sous cet angle, je prends et en redemande.
SG Browne est direct, il ne ménage pas ses propos, la critique est rude et tellement bien amenée que je ne peux qu'applaudir.
Son thème favori étant celui qu'il a longuement déployé dans l'autre roman chroniqué sur le blog, à savoir, le sort, la destinée, le but de toute existence, la raison d'être, enfin toute la réflexion sur l'utilité de notre passage sur terre, le sens de la vie quoi, il en remet une couche cette fois-ci et Lloyd n'échappera pas à ces questionnements existentiels.
SG Browne pousse parfois le bouchon, mais c'est bien, ça incite à la réflexion et il le fait tellement bien qu'on lui pardonne.
En outre, lorsqu'au détour d'une phrase d'apparence sibylline, il place une banderille utile et réaliste telle que la suivante, que voulez-vous lui reprocher - la situation : une agression a lieu dans la rue, en pleine foule - :
« Un des clients compose le numéro de la police tandis qu'un autre remplit son devoir de citoyen en filmant la scène avec son téléphone portable. » (p.173) ?
Tout est comme cela dans ce roman, pas un mot n'est ratable au risque de passer à côté d'un bon mot ou d'une pirouette à la fois drôle et profonde.
Excellent, excellent, excellent.
Roman traduit, comme le précédent, par Morgane Saysana, et cette couverture d'un rose bonbon qu'on dirait un médicament, au dessin sobre et explicite, avec le bandeau maintenant célèbre des éditions Agullo, qui, contrairement aux autres, sert la couverture, en est une partie importante, pas juste une accroche marketing.
Un très beau travail.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Mar Nov 28, 2017 11:13 am Sujet du message:
Mon vote sur PP
Hé Doc', c'est quoi ce bouquin ?
Je peux provoquer :
- votre esprit à avoir une réflexion sur la destinée
- quelques sourires et voir pire, des fous rires
- une remise en question existentielle
- une hostilité totale envers l'industrie pharmaceutique
- un questionnement sur la place de l'homme dans cette société de consommation ...
Qui suis-je ?!
Héros secondaires !
Avec une bonne dose d'humour S.G. Browne dresse le constat d'un fait actuel, et toujours avec goguenardise, grâce à ses anti-heros, dénonce notre société sur-médicamentée. Si le texte est profond et amène à la réflexion, j'ai trouvé l'intrigue quelque peu légère et classique, certains utilisent leurs "supers-pouvoirs" pour faire le bien et d'autres choisissent le mal ...
Dans l'ensemble c'est réussi, équilibré, j'ai vraiment passé un moment de lecture singulier. _________________ La seule chose que l'on puisse décider est quoi faire du temps qui nous est imparti - JRR Tolkien
Posté le: Mar Nov 28, 2017 2:45 pm Sujet du message:
Content que tu aies apprécié ta lecture, Emil' ! Perso, j'ai son précédent dans ma pile (La Destinée, la Mort et moi, comment j'ai conjuré le sort) et je languis de découvrir cet auteur, je suis sûr que ça va me plaire (et je lorgne sur ces Héros secondaires depuis leur parution de toute façon) !
>> J'en profite pour citer l'avis d'Ottis Toole sur PP :
Citation:
Franchement, les super-héros en collant et slip avec poutre apparente, je m'en tape un peu, voir même beaucoup.
Mais là... ces losers magnifiques.
Ces trentenaires paumés qui flippent devant la vie d'adulte et les responsabilités, forcément, ça me parle.
Browne a toujours le chic pour faire rire avec des situations improbables et toujours ce côté cynique.
Ce regard acerbe et totalement négatif de notre monde de merde.
Là, la surconsommation des médicaments.
L'histoire, est drôle, méchante, et toujours aussi touchante !
J'aime ce Lloyd qui ne sait pas qui il est et ce qu'il doit faire de sa vie, de ses "pouvoirs" et se retrouve embarqué dans cette quête perdue d'avance ou presque.
C'est probablement le roman le plus touchant de l'auteur, celui avec le plus de sentimentalisme (sans tombé dans le pathos dégoulinant que j'abhorre. )
C'est chouette, ça met un peu de soleil dans mon coeur, un sourire sur mes lèvres et j'espère que ce livre s'arrachera autant que des boîtes de Doliprane.
Vous pouvez foncer lire ce bouquin, c'est de la bonne, et promis, les effets secondaires ne sont que positifs!
8/10
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Mar Nov 28, 2017 5:32 pm Sujet du message:
La couverture est juste pas possible mais le reste a l'air sympa ! _________________ “Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut".
Cicéron.
Posté le: Mar Nov 28, 2017 6:20 pm Sujet du message:
Ironheart a écrit:
La couverture est juste pas possible mais le reste a l'air sympa !
Figure-toi que j'adore cette couverture rose et son illustration - toujours réalisée par photogramme - (le bandeau masque un peu les pilules qui jaillissent du flacon de médocs). Et je t'assure qu'en "vrai", elle rend vraiment bien ! _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Mar Nov 28, 2017 6:57 pm Sujet du message:
Moi aussi j'aime beaucoup cette couv' rose bonbon et agréable au touché ! Les médocs qui sortent du tube et le billet roulé dedans, très représentatif. _________________ La seule chose que l'on puisse décider est quoi faire du temps qui nous est imparti - JRR Tolkien
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11461 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Mar Nov 28, 2017 7:09 pm Sujet du message:
Chez Agullo, le bandeau "enrichi", c'est chouette, j'aime bien le concept. Et en même temps pas toujours pratique. Dans ma médiathèque, ils le gardent, et vu les infos qui s'y trouvent, ça se tient, mais du coup on ne voit plus la couverture que partiellement, comme ici, vu que le bouquin est couvert (forcément). Et c'est un peu dommage aussi... _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Outre des voyages dans quelques contrées atypiques comme la Roumanie avec Spada de Bogdan Teodorescu (Agullo 2016), l’Allemagne et la Pologne avec 188 Mètres Sous Berlin de Magdalana Parys (Agullo 2017) ou l’Irak avec Bagdad, La Grande Evasion ! de Saad Z. Hossein (Agullo 2017), les éditions Agullo ont toujours eu la particularité de nous offrir des textes originaux remettant en cause le cadre sociétal normé au sein duquel évolue une population.
Une définition au sens large de la politique au milieu de laquelle l’individu doit se positionner en fonction de son rapport avec la cité et des règles qui la régissent.
Quelle que soit la thématique abordée, l’ensemble des auteurs intégrant cette jeune maison d’édition se caractérisent également par leur ton irrévérencieux et leur regard très incisif qu’ils adoptent en nous proposant des récits se déclinant sur un registre résolument décalé.
Ainsi, à propos de la surconsommation de médicaments et des essais cliniques orchestrés par des grands groupes pharmaceutiques, S. G. Browne nous propose, avec Héros Secondaires, une vision grinçante du phénomène, teintée d’un humour à la fois acide et pertinent pour un récit satirique empruntant les bases de la littérature fantastique en mettant en scène une bande de losers se découvrant quelques pouvoirs paranormaux.
Analgésiques, antidépresseurs et autres substances chimiques, Llyod Prescott croque les médicaments comme des bonbons. C’est son métier : Cobaye humain. Il est rémunéré au gré des essais cliniques qu’on lui propose par l’entremise des petites annonces et du réseau qu’il s’est constitué avec sa bande de potes qui, comme lui, gravite dans les circuits des laboratoires pharmaceutiques et des établissements hospitaliers, à la recherche de tests rémunérateurs. Une équipe de braves loosers sympathiques, vivotant du mieux qu’ils peuvent dans l’anonymat des rues new-yorkaises. Mais à force d’ingérer quelques cocktails médicamenteux il fallait bien que les effets secondaires apparaissent. Llyod est le premier à déceler une capacité hors-norme à endormir les gens lorsqu’il baille. Mais bien vite ses camarades se découvrent, tout comme lui, quelques super-pouvoirs atypiques. On assiste ainsi à l’apparition d’une ligue de justicier qui déferle sur la cité. Ils ont pour nom Dr L’Enfant-Do, Capitaine Vomito, Spasmo Boy, Eczéman et Super Gros-Tas. Tous sont bien décidés à protéger la population des caïds et petites frappes en tout genre. Mais pourront-ils faire face à Mr Black Out et Illusion Man qui utilisent leurs facultés paranormales à des fins peu louables ?
Pour une comédie douce amère saupoudrée de quelques traits d’un humour sarcastique, S. G. Browne ne s’éloigne pourtant jamais de la thématique centrale de son roman en mettant en lumière avec une redoutable acuité tous les excès d’une industrie pharmaceutique peu scrupuleuse agissant avec la complicité des gouvernements pour mettre sur le marché des médicaments dont les effets secondaires se révèlent bien pire que le mal initial dont souffre le patient.
Un processus infernal où la surmédication obéit à une redoutable logique commerciale de rentabilité, comme on peut le constater avec Llyod Prescott qui, pour se remettre de toutes ses aventures, doit absorber toute une série de médicaments censés, avant tout, annihiler leurs effets secondaires respectifs.
Héros Secondaires est donc un récit à charge qui met en exergue toute l’absurdité d’une économie médicale davantage préoccupée par le rendement que par un raisonnement thérapeutique bénéfique et cohérent.
Au travers du roman, on peut également déceler une allégorie sur ce que sera l’homme de demain que l’ont prédit augmenté, voire même immortel, avec ce groupe de losers touchants et attachants que l’auteur décline tout au long d’une intrigue à la fois originale et surprenante qui recèle quelques rebondissements imprévisibles.
Perdus dans l’immensité d’une mégapole comme New York et dotés de pouvoirs extraordinaires, il s’agit donc pour Llyod Prescott et ses congénères de trouver leur place au sein de l’anonymat d’une grande cité et de faire face à leurs responsabilités sans qu’ils ne soient d’ailleurs capables de les appréhender.
Avec ce récit qui emprunte les standards du fantastique propres aux ouvrages de DC Comics ou de Marvel, S. G. Browne évoque également les sujets de la solitude, du rejet et de la frustration notamment par le prisme de ses deux « super-vilains » que sont Illusion Man et Mr Black Out, et dont les motifs méprisables ne font finalement que faire rejaillir leur profonde aversion pour ce monde injuste qui les entoure.
Car dans un contexte économique laborieux, l’ensemble des protagonistes se situent à la marge de la précarité, en révélant ainsi toute la fragilité d’une classe moyenne à la lisière du seuil de pauvreté et dont la situation peut basculer à tout instant.
Ainsi, mêmes nantis de leurs pouvoirs extraordinaires si atypiques, Llyod Prescott et ses camarades n’en demeurent pas moins profondément humains avec leurs failles mais également leurs vertus qu’ils mettent au service des autres, plus particulièrement pour les plus démunis qu’eux. Outre les personnages, c’est cette ville de New-York que l’on découvrira au ras du sol, bien éloignée des visions de la skyline auxquelles nous sommes accoutumés, en arpentant quelques quartiers méconnus de la Grosse Pomme, tout aussi chaleureux que leurs habitants.
Récit enjoué, dynamique, plein de mordant et de générosité, Héros Secondaires aborde le sujet grave des dérives pharmaceutiques sans se prendre au sérieux, tout en instillant dans l’esprit du lecteur une regard plus nuancé et peut-être plus avisé vis à vis des ordonnances médicales et surtout des longues listes d’effets secondaires des médicaments que nous consommons.
Incisif et pertinent.
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