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Les romans de Dror Mishani

 
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Le Juge Wargrave
Ishigami le Dharma


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Nov 22, 2015 6:28 pm    Sujet du message: Les romans de Dror Mishani Répondre en citant

Dror Mishani est un auteur israélien mais aussi traducteur et spécialiste du roman policier.

Deux de ses titres ont pour l'instant été traduits en France :



Résumé :

Citation:
Ofer Sharabi n’est pas rentré de l’école. Le commandant Avraham Avraham, alerté par la mère d’Ofer, n’est pas plus inquiet que ça : les adolescents fuguent volontiers.
Quelques jours plus tard, après l’enquête de routine et une battue infructueuse dans le quartier de Holon où vit la famille Sharabi, il faut se rendre à l’évidence : il s’agit bien d’une « disparition inquiétante ». Le policier, rongé par ses problèmes existentiels, est loin d’aborder l’affaire avec sérénité et lucidité. Il n’a même pas repéré le comportement étrange de Zeev, le voisin prof d’anglais qui donnait des cours particuliers à Ofer.
Dans cette banlieue modeste de Tel-Aviv, chacun a quelque chose à cacher. Et Avraham se révèle être un enquêteur des plus atypiques. Il faut dire qu’en Israël, selon lui, les tueurs en série, les enlèvements sordides ou autres crimes spectaculaires, ça n’existe pas.


et



Résumé :

Citation:
Encore traumatisé par son affaire précédente (Une disparition inquiétante), Avraham enquête sur la présence d’une valise contenant une fausse bombe près d’une crèche de Holon, banlieue de Tel-Aviv.
Un suspect est vite appréhendé, mais il a un alibi en béton.
Avraham repère alors Haïm, modeste traiteur qui livre chaque matin ses sandwichs faits maison avant d’accompagner ses fils, le cadet à la crèche, l’aîné à l’école. Haïm a eu une altercation avec la directrice de la crèche, et son comportement est bizarre. Pourquoi s’occupe-t-il seul de ses enfants ? Où est donc passée son épouse philippine ? En visite chez les siens, comme il le prétend ?
Au moment où l’on craint qu’Avraham se trompe de nouveau, le policier, cramponné à son intuition contre l’avis de sa hiérarchie, va faire preuve d’audace pour démêler une intrigue tout en fausses pistes, dans une atmosphère crispée et déroutante.


Ce sont deux enquêtes du commandant Avraham Avraham, un policier atypique.

Je suis en train de finir Une disparition inquiétante et je dois dire que j'ai beaucoup aimé passer quelques heures de lecture en compagnie de ce policier et suivre cette enquête dont la lenteur n'est pas sans rappeler les polars scandinaves. J'ai aussi pensé aux romans de Keigo Higashino, sans pouvoir l'expliquer.
Par ailleurs, je pensais que l'auteur aborderait le conflit israélo-palestinien, ce n'est pas le cas car ce n'est pas le propos de l'auteur.
Je poursuivrai donc avec la 2e enquête traduite en France lorsque celle-ci rejoindra ma PAL.
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 6:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

En auteur israélien qui aborde le conflit israélo-palestinien, il y a Yishaï Sarid, qui avait remporté le Grand Prix de Littérature policière en 2011 avec Le Poète de Gaza, et dont un nouveau roman vient de paraître ce mois-ci, Une proie trop facile :









Sinon, autre auteur israélien, Liad Shoham avec 3 romans parus :







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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 9:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

norbert a écrit:


Je suis dedans.
Procédural de bonne qualité pour le moment.
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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 10:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Hoel a écrit:
norbert a écrit:


Je suis dedans.
Procédural de bonne qualité pour le moment.



Parallèlement à Puerto Apache, alors ?



En tout cas, pour en revenir à Dror Mishani, les chroniques sur ses romans sont excellentes, y compris sur des blogs très exigeants comme Le Vent sombre.
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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 10:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, parallèlement à Puerto Apache. J'ai bien avancé dans les deux.
J'avais repéré les Dror Mishani aussi. Peut-être à l'occasion...
Quant au Poète de Gaza, j'en garde un bon souvenir. Mi roman noir mi espionnage de qualité. Je n'ai pas lu le second.
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Le Juge Wargrave
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Mer Nov 25, 2015 10:28 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis sur



Citation:
J'ai beaucoup aimé passer quelques heures de lecture en compagnie de ce policier assez atypique et suivre cette enquête dont la lenteur n'est pas sans rappeler les polars scandinaves. Assez atypique parce que Avraham Avraham est d'une naïveté confondante (en plus d'être un poil dépressif mais ça c'est assez courant chez les flics des polars), entre autres.
Pour bien apprécier la lecture de ce roman, je conseille de ne pas le lire par à-coups pour bien s'imprégner de l'ambiance et être attentif aux indices laissés çà et là par l'auteur. Il faut aussi savoir que Dror Mishani n'aborde pas le conflit israélo-palestinien (pour cela il faut plutôt lire Yishaï Sarid) mais nous informe quand même sur la société israélienne. L'histoire fait un détour par la Belgique, un passage que j'ai bien aimé et qui nous permet d'en connaître davantage sur le commandant Avraham.
La 2e enquête traduite en France ne devrait pas tarder à rejoindre ma PAL...

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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Jeu Avr 13, 2023 6:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On retrouve Avraham dans sa 3e enquête (en poche chez Points) :



Citation:
Une veuve sexagénaire est retrouvée étranglée dans son appartement de Tel-Aviv. Peu après l'heure probable du décès, un voisin a vu un policier descendre l'escalier de l'immeuble.
Avraham, promu chef de la section des homicides, est confronté à sa première enquête de meurtre. Il doute plus que jamais de lui-même, sur le plan personnel autant que professionnel.
Pendant que la police s'active, une jeune mère de famille, Maly, s'inquiète du comportement insolite de son mari : ayant renoncé à trouver un emploi , il la délaisse depuis quelques jours, fréquentant trop assidûment la salle de boxe et refusant de répondre aux questions pressantes qu'elle lui pose.
Jouant avec virtuosité d'une de ces constructions diaboliques dont il a le secret, Mishani piège le lecteur en lui suggérant ce qu'Avraham, lui, ne voit pas encore : l'inéluctable éclosion d'un drame intime. Le plus tragique et le plus poignant de ses trois romans.



Entre-temps a paru un one-shot, récompensé par le Prix Mystère de la Critique 2021 (dispo en poche chez Folio) :



Citation:
Une : Orna Deux : Emilia Trois : Ella.
La première, enseignante, vit très mal son récent divorce. Elle fait une fixation quasi obsessionnelle sur son fils unique de 9 ans, un enfant particulier, mal intégré. On la voit s'apitoyer sur elle-même, fréquenter sans vrai désir Guil, un avocat rencontré sur un site web qui ment avec aplomb sur sa situation conjugale. Elle connaît brutalement un destin tragique.
La deuxième, une réfugiée lettone, travaille comme auxiliaire de vie. Une pauvre fille solitaire, paumée, mystique. Le fils de son précédent employeur - qui vient de mourir -, veut l'aider à trouver du travail. Il s'appelle Guil. Ça ne se termine pas bien non plus. Apparemment, Guil sévit en toute impunité. Quelqu'un devrait enquêter...
Survient la troisième, Ella, une femme mariée qui essaie d'écrire sa thèse dans un café, où elle se lie avec un homme que nous connaissons bien. Mais elle n'est pas celle que nous croyons, et elle a un plan en tête...

> Lire les premières pages



Et début 2023 vient de paraître la 4e enquête d'Avraham :



Citation:
À bientôt quarante-quatre ans, récemment marié et promu commissaire à Holon, Avraham est las d’enquêter sur des crimes domestiques dont la résolution ne rend service à personne. Il rêve de missions plus importantes. Aussi le jour où deux affaires se présentent simultanément délègue-t-il la plus banale — un nouveau-né découvert dans un sac plastique à proximité de l’hôpital — à une collaboratrice. C’est la disparition d’un touriste signalée par le directeur d’un hôtel du front de mer qui retient son attention. L’homme, détenteur d’un passeport suisse, a également un passeport israélien mais aussi d’autres identités. Quand on le retrouve noyé sur la plage, l’implication du Mossad commence à se profiler. Tout porte Avraham à croire qu’il tient enfin sa « grande » enquête. En réalité c’est un terrible cas de conscience qui l’attend.

> Lire les premières pages




L'auteur :

Né à Holon en 1975, Dror Mishani enseigne l'histoire du roman policier et la littérature israélienne à l'université de Tel-Aviv, où il vit. Un temps responsable de la rubrique littéraire du Haaretz ainsi qu'éditeur, il occupe une place de premier plan parmi les auteurs israéliens contemporains. Il a notamment reçu en France le Prix Mystère de la Critique 2021 pour Une deux trois. Un simple enquêteur marque le retour sur la scène policière d'Avraham, personnage traversé par le doute et souvent comparé au commissaire Maigret.
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Avr 14, 2023 4:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant




L'avis de Jean-Marc Laherrère, qui a découvert cette série avec ce roman, sur Actu du Noir :

Citation:

Je n’avais encore jamais lu de roman mettant en scène Avraham, le flic de Dror Mishani. C’est chose faite avec Un simple enquêteur. C’est le premier pour moi, mais certainement pas le dernier.


Avraham, qui vient de se marier et qui a un nouveau supérieur depuis le décès de sa chef et mentor a des doutes sur son métier. Il a l’impression de ne rien régler et de ne faire qu’ajouter du malheur au malheur, en clair, de ne servir à rien. C’est pourquoi il demande sa mutation à un poste plus important pour le pays.

En attendant il va s’intéresser à la disparition d’un touriste français d’un hôtel de seconde zone. Dans le même temps sa collaboratrice cherche à savoir qui a abandonné un bébé prématuré à la porte d’un hôpital. Deux enquêtes qui, étrangement, vont se croiser.

J’avais raté mon premier rendez-vous avec Dror Mishani. Je n’avais pas du tout accroché à son roman précédent Une deux trois, mais là je suis conquis. Tout ce que j’aime chez mes enquêteurs préférés. Un personnage humain, qui doute, qui parfois a peur, qui n’a pas un courage surhumain mais qui a des valeurs, qui s’accroche. Une histoire bien construite, avec beaucoup d’humanité. Des personnages secondaires inoubliables comme cette mère bigote et possessive (je vous laisse découvrir).

Et au travers d’une histoire et de personnages qui vous emportent, le portrait tout en petites touches et en finesse de la société israélienne actuelle. Un très grand plaisir de lecture. J’espère retrouver très vite Avraham qui est devenu, en un seul roman, un des personnages dont j’attends impatiemment des nouvelles.





L'avis de Julien Védrenne sur K-libre :

Citation:
Quêtes de vérité

Quatrième volet des "Enquêtes du commandant Avraham", Un simple enquêteur permet à Dror Mishani de continuer d'aborder la société israélienne, et notamment la place de la femme. Une obsession littéraire qui a trouvé son point culminant dans Une deux trois, roman unitaire à trois voix féminines, qui pouvait se lire indépendamment de cette série, quoique des liens entre le roman et la série existent qui perdurent jusque dans cette aventure. Sachant que le commandant Avraham est un fils littéraire né d'une rencontre entre Jules Maigret et Kurt Wallander, cet intérêt est d'autant plus agréablement surprenant.

Dans Un simple enquêteur, le commandant Avril Avraham, qui a quarante-quatre ans, soit un âge similaire ou peu s'en faut à celui de Dror Mishani, est en pleine crise professionnelle existentielle. Il souhaite délaisser les crimes ordinaires. Trouver sa place dans un autre service qui pourrait avoir des ramifications avec le Mossad. C'est pourquoi il abandonne la première affaire criminelle – un nouveau-né abandonné devant un hôpital par une femme - à l'une de ses collègues pour mieux se concentrer sur la mort d'un homme (en apparence un suicide par noyade), un touriste suisse vieillissant, qui avait tout fait pour se faire remarquer depuis son arrivée à l'aéroport. L'homme, Chouchani, avait plusieurs passeports et très peu d'identités. Surtout, il avait laissé inscrit d'un doigt sur la fenêtre de sa chambre d'hôtel "Yaacov Ben-Hayat", inscription qui n'aura pas survécu à une équipe de nettoyeurs. Plus tard, la fille de Chouchani apprendra à Avraham que son père disait être agent secret pour le Mossad.
Mais avant cela, pour avoir d'autres renseignements sur l'affaire, le commandant s'associera à l'autre enquête. Car la femme qui a abandonné le nouveau né n'est pas la mère mais la grand-mère de l'enfant. Sa fille à elle, adolescente, avait frayé avec un arabe israélien, et elle a été envoyée en France afin que sa propre mère gère la situation. Et Chouchani avait un appartement à Paris.
Les deux enquêtes ne se recouperont pas malgré ce point de concordance. Elles seront toutes deux différentes même si elles aborderont les relations entre parents et enfants. Des relations ici poussées à leur paroxysme et qui laisseront sur le carreau deux filles incomprises et blessées.

Pour Avraham, la quête de la vérité va se heurter à la réalité du pouvoir et du Mossad. Une rencontre aura lieu entre lui et un autre homme. Rencontre qui laissera un goût d'autant plus amer de trahison que le style de Dror Mishani semble encore plus mélancolique qu'avant. Un simple enquêteur, c'est un roman sur la complexité d'un monde. Et Dror Mishani est un grand romancier.





Et enfin la chronique de Claude Grimal sur le très sérieux et très littéraire En attendant Nadeau (qui parfois chronique des polars dans sa rubrique "Dossier Suspense") :

Citation:
Le bébé et l’agent du Mossad

L’année policière s’est ouverte agréablement : en janvier 2023 a paru un nouveau Dror Mishani, Un simple enquêteur.



L’auteur israélien, qui enseigne à l’université de Tel Aviv (entre autres l’histoire du roman policier), met ici en scène pour la quatrième fois son policier Avraham Avraham, dans un livre qui est sans doute le meilleur de la série tant il combine élégamment le suspense de l’enquête, la tension psychologique et l’évocation politico-sociale de l’Israël contemporain.

Avraham Avraham travaille à Holon, une banlieue sans attrait de Tel Aviv où Mishani lui-même est né et a grandi. Il est à présent marié et commissaire, mais continue de présenter les mêmes caractéristiques d’amabilité et d’indécision dont il faisait preuve dans les précédents romans. Elles font de lui une figure attachante, celle du citoyen recru de neurasthénie et d’impuissance devant les trahisons de son pays vis-à-vis de la démocratie et de la justice.

Avraham Avraham, est-il utile de le dire, a donc moins à voir avec Auguste Dupin ou Sam Spade qu’avec Maigret, Martin Beck ou Kurt Wallander, héros des auteurs préférés de Mishani (Simenon, Maj Sjöwall/Per Walhöö, Henning Mankell). À ces maîtres, dont Mishani partage l’esprit, s’en ajoute ici un autre, l’ironique et tranchant Leonardo Sciascia, dont fort à propos Avraham Avraham se trouve lire et citer le merveilleux Le contexte. Les machinations israéliennes au sommet de l’État, est-il ainsi suggéré, n’ont rien à envier aux siciliennes.

Avraham Avraham va, au cours du roman, mener deux enquêtes. La première concerne l’abandon d’un nouveau-né prématuré. Elle intéresse d’autant moins notre commissaire que la femme qui a déposé le bébé devant un hôpital a été identifiée et déclare être sa mère. Mais elle ment et ne cesse de changer son histoire avec une agressivité et un aplomb déroutants. Avraham laisse cependant le travail d’interrogatoire à l’une de ses adjointes.

L’autre enquête l’intrigue plus car elle tranche avec la banalité des cas traités par son commissariat, habitué aux affaires de vol ou de violence domestique, bref aux délits et crimes typiques des milieux homogènes petit-bourgeois entièrement juifs comme celui d’Holon. Cette fois-ci, l’affaire est plus étrange : un touriste suisse a disparu d’un médiocre hôtel du bord de mer quelques heures après son arrivée. Mais il avait plusieurs identités, deux passeports, et a laissé entre l’aéroport et son lieu d’hébergement le plus grand nombre de traces possible de son passage. Il est retrouvé noyé. De haut lieu viennent opportunément les explications de sa mort : il aurait accepté de passer de la drogue et été exécuté par les commanditaires du trafic.

Avraham est très fermement prié d’adhérer à ce bobard. Sauf que la fille du mort, contactée à Paris, pense que son père (français et non pas suisse) était un agent du Mossad, et qu’il lui avait récemment confié se sentir en danger.

Donc, après de paisibles commencements d’enquête, le commissaire et son adjointe voient s’ouvrir sous leurs pieds des abîmes de manipulation et de mystère. Avraham se rendra à Paris, officiellement pour la première affaire et secrètement pour la seconde. Il élucidera l’affaire du bébé, confrontera en Israël de très hauts dignitaires du renseignement, censés ne pas exister, et refusera pour finir une de ces magnifiques promotions faites pour rendre docile et incurieux.

Les deux intrigues, sans que cela soit dit directement, suggèrent les violences politiques et sociales de l’État hébreu et les types de pathologies qu’elles génèrent. Les personnages apparaissent alors discrètement comme symbolisant les positions dépressives, hystériques ou paranoïaques que font naître les situations de religiosité extrême, de brutalité, de non-droit, de subjugation… Un certain humour préside à cette vision, que ce soit dans la description des personnages (celui d’Avraham Avraham, ou de la terrible mère de famille Liora) ou dans le jeu avec le lecteur (qui en sait plus que le commissaire et son adjointe, sans être plus avancé qu’eux).

Les dysfonctionnements familiaux et ceux de l’État, au cœur des deux enquêtes, se révèlent pour finir ne pas avoir des dynamiques si différentes. Avraham Avraham, qui avait délaissé le cas du bébé abandonné, réévalue en le résolvant l’intérêt des affaires quotidiennes du travail de police. Il ne lâche pas pour autant sa dangereuse enquête sur la mort du pseudo touriste, à ses yeux inaboutie, et jure de la mener jusqu’au bout.

Mais, contrairement à l’inspecteur Rogas, du Contexte de Sciascia, assassiné à la fin du roman par les porte-flingues des puissants qu’il a dérangés, Avraham Avraham, dans les dernières pages du roman, est toujours en vie, et bien décidé à livrer les vrais coupables à la justice. Bonne chance !

Serait-ce la promesse d’une suite ? Le lecteur l’espère, quelle que soit la forme qu’elle prendra.


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