Posté le: Lun Nov 10, 2014 8:35 am Sujet du message: Nouvelle collection : le MERCURE NOIR
Une nouvelle collection de polars, le Mercure Noir, inaugurée par la parution de deux titres début octobre, vient de voir le jour chez l'une des plus anciennes et prestigieuses maisons d'édition françaises : Mercure de France.
La collection Mercure Noir est dirigé par Marie-Pierre Gracedieu, ancienne directrice chez Stock de La Cosmopolite Noire, et également éditrice en littérature étrangère chez Gallimard.
Racheté en 1958 par Gallimard, le Mercure de France est dirigé depuis 1995 par Isabelle Gallimard qui, entourée de plusieurs directeurs littéraires et éditoriaux à la tête des différentes collections, a su préserver l'esprit de rigueur et d'exigence littéraire qui ont toujours fait la renommée de la maison.
Le MERCURE NOIR est une collection de polars littéraires, traduits du monde entier.
Ils ont en commun, le temps d’une intrigue redoutable, de plonger le lecteur dans un univers riche et singulier, qu’il s’agisse d’une côte isolée de Finlande, de la société de Melbourne ou de la rudesse des campagnes du Pays basque espagnol.
Des territoires âpres, fantasmagoriques, se prêtant parfaitement aux règles du genre, arpentés par des personnages peu conventionnels, dont on se souviendra longtemps après la résolution de l’enquête…
Les deux romans parus début octobre au Mercure Noir :
Adolescente, Jana Marton ne faisait pas partie du petit cercle de Minnie Backlund, jeune fille de bonne famille de cette côte de Finlande aux paysages aussi séduisants qu’effrayants. Aussi est-elle surprise de se voir invitée au dîner de retrouvailles qu’organise celle-ci en 2011.
Dix-sept ans plus tôt, Jana a quitté précipitamment cette petite ville portuaire de Flätnas, suite à plusieurs drames, dont l’assassinat du jeune Flemming Petterson retrouvé mort dans un fossé, le crâne défoncé. Les circonstances du crime sont restées mystérieuses. Une chose est sûre : Flemming ne comptait pas que des amis. Grand séducteur, le jeune homme dealait et il avait des dettes. Mais d’autres personnages troubles ont joué un rôle dans cette histoire. La jeune Anita, notamment, qui vit clouée sur un fauteuil roulant au premier étage du Moulin, et dirige de là-haut une armée d’enfants – les Oiseaux Squelettes – qui sont toujours en mission secrète pour elle… Mais Anita a une obsession : retrouver Lola, sa poupée de chiffon qui répète « Je m’appelle Lola à l’envers » quand on appuie sur son ventre. Lola passe en effet de main en main dans le roman, d’un lieu à l’autre. Jusqu’à ce qu’une nuit, on la retrouve pendue par le cou à une branche d’arbre, la nuit de l’incendie du Moulin…
Monika Fagerholm est une figure majeure du paysage littéraire nordique. Auteur de Femmes merveilleuse au bord de l’eau et de La fille américaine, notamment, son œuvre est traversée par différents thèmes obsédants : l’adolescence et ses tourments, la folie qui rôle, les personnages enchaînés les uns aux autres par des liens complexes.
Lola à l’envers est son premier polar. On y retrouve la musique singulière de l’auteur, interprétée avec une énergie exceptionnelle, joueuse, rageuse, et la magie langagière et visuelle qui a fait sa réputation.
Traduit de l’anglais (Australie) par Bernard Turle
John Dorn est détective privé. Nonchalant et cynique, il mène ses enquêtes à Melbourne, dans les quartiers huppés comme dans les bas-fonds. Au cours des dix enquêtes de ce recueil, on croise des membres peu recommandables de la haute société, une star de cinéma, des petites frappes plus ou moins futées, des adolescents tortionnaires, un propriétaire de sex-shop ou encore une grand-mère qui cache bien son jeu… Des sphères dirigeantes aux réseaux criminels, en passant par les communautés grecques et turques ou le milieu judiciaire, personne n’est épargné, et les innocents ne sont jamais ceux que l’on croit.
Aux prises avec sa destinée capricieuse, John Dorn parvient, entre deux gorgées de whisky, et avec l’aide de son ami Dimitri, un avocat spécialiste des causes perdues, à démêler les faux-semblants et à faire tomber les masques. Il y laisse néanmoins des plumes, et sa situation personnelle se fragilise dangereusement : séparé de sa fiancée, il s’isole et boit de plus en plus, perd son logement et sa licence de détective, frôle insolemment la mort. Au fil de ces dix enquêtes, il se rapproche inexorablement d’une certaine promesse, faite sur les coups de minuit...
L’auteur excelle à déjouer nos attentes. Fausses pistes, retournements de situation, chutes imprévues font les délices du lecteur, dans une langue savoureuse et drolatique.
Zane Lovitt vit à Melbourne. Il réalisait des documentaires pour la télévision et le cinéma avant de publier La promesse de minuit qui a reçu en 2013 le Ned Kelly Award, principale distinction pour le polar australien.
« Luther Grove en avait abattu quatre et cela lui suffisait. Trois avaient reçu une balle entre l’œil et l’oreille et s’étaient effondrés aussitôt ; le quatrième avait décrit une pirouette dans les airs, mort avant de toucher le sol… »
En quittant la ville pour s’installer dans la magnifique maison qu’ils ont fait construire dans les Highlands écossaises, John et Laura Payne espéraient démarrer une nouvelle vie. Si la nature qui les entoure a pu leur sembler un magnifique refuge, elle n’en contient pas moins de nombreux éléments menaçants. De marécages, des bois où il est facile de se perdre, des animaux peu enclins à frayer avec le genre humain…De quoi craindre le pire pour Molly, la petite fille du couple, qui marche depuis peu.
Mais la cohabitation avec leur voisin Luther Grove, acariâtre et solitaire, va rapidement mettre à mal leur désir de sérénité et pousser ce dernier à exhumer un douloureux passé.
Explorant l'intimité d'un couple tourmenté, Barry Gornell décrit la frontière ténue qui sépare la raison et la folie, le cauchemar et la réalité. Comme dans un film d'Hitchcock, le lecteur est pris dans l'engrenage, emporté par la puissance d'évocation de l'écrivain.
Après avoir exercé les métiers de pompier, de chauffeur routier et de libraire, Barry Gornell s’est lancé dans l’écriture de nouvelles et de scénarios pour la télévision. La résurrection de Luther Grove est son premier roman.
> Lien vers le site de l'éditeur : http://www.mercuredefrance.fr/ _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Ven Fév 06, 2015 9:43 am; édité 7 fois
Posté le: Lun Nov 10, 2014 8:44 am Sujet du message:
Une excellente nouvelle que cette nouvelle collection spécialisée dans le polar étranger !
D'autant plus que la ligne éditoriale ressemble exactement à feu La Cosmopolite Noire de Stock [EDIT : c'est normal, puisque c'est la même directrice éditoriale qui vient de fonder le Mercure Noir], abandonnée à la mort de son fondateur et ex-directeur de Stock lorsque son successeur prit la suite...
D'ailleurs, dans la présentation du Mercure Noir, il est fait allusion au Pays basque espagnol, lieu où se déroule la fameuse Trilogie du Baztan de Dolorès Redondo, l'auteur de :
En début d'année, quand la disparition de la Cosmopolite Noire m'avait été confirmée, j'avais appris que Dolorès Redondo avait trouvé un autre éditeur. Mais en voyant le temps passer sans avoir de nouvelles, j'avais fini par ne plus y croire.
Alors même rien n'est certain pour le moment, et que ce n'est qu'une supposition de ma part, toujours est-il que cette collection est à mon avis à suivre de près... _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Sam Fév 07, 2015 6:32 am; édité 1 fois
Posté le: Lun Nov 10, 2014 2:29 pm Sujet du message:
holden a écrit:
yes
Tu les a reçus à Unwalkers, Holden ? _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Mer Nov 12, 2014 2:56 pm Sujet du message:
holden a écrit:
fuck off leur site marche pas
Fais une autre tentative, pour moi il fonctionne !
Je me suis pris Lola à l'envers ce mois-ci, j'ai lu une chronique il y a deux semaines dans les Inrocks qui m'a donné envie.
Mais je tenterai l'autre le mois prochain, La promesse de minuit. D'ailleurs, je pense que ça pourrait être ta came, celui-là. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Jeu Jan 29, 2015 11:58 am Sujet du message:
Présentation de la collection Mercure Noir par sa directrice Marie-Pierre Gracedieu :
Et confirmation de la sortie en mars du nouveau roman de Dolores Redondo, De chair et d'os, second volet de sa Trilogie du Baztan après Le Gardien invisible (qui vient d'être réédité chez Folio Policier) :
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Jeu Jan 29, 2015 4:22 pm Sujet du message:
A voir ce que ça donne en vrai mais la couv rend pas super je trouve, avec ce R énorme... _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Posté le: Sam Fév 07, 2015 9:15 am Sujet du message:
Une page Facebook vient juste d'être créée pour suivre l'actualité du Mercure Noir.
N'hésitez pas à vous y abonner pour recevoir ses notifications :
>> https://www.facebook.com/mercuredefrancenoir _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
A voir ce que ça donne en vrai mais la couv rend pas super je trouve, avec ce R énorme...
J'ai eu l'excellente surprise de le recevoir aujourd'hui, et le rendu "en vrai" est bien meilleur effectivement, le R majuscule en surimpression sur la couv (signature de la collection) se fond bien parfaitement avec le reste.
En tout cas, c'est un bien beau pavé de 550 pages, et je languis de pouvoir m'y plonger et retrouver l'univers de Dolores Redondo !
À noter d'ailleurs que Dolores Redondo est invitée à Bordeaux à L'Escale du Livre les 11 et 12 avril prochains. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Sam Mai 16, 2015 6:45 am; édité 1 fois
Posté le: Sam Mai 16, 2015 6:32 am Sujet du message:
>> Lors du festival des 48h du Polar qui s'est déroulé à Clermont-Ferrand (Auvergne) les 3, 4 et 5 avril, et où était notamment invité cette année l'Ecossais Barry Gornell pour la publication de son roman La Résurrection de Luther Grove au Mercure Noir, les organisateurs du festival ont souhaité interviewer son éditrice, Marie-Pierre Gracedieu, directrice de la collection Mercure Noir :
Citation:
Rencontre avec l’éditrice Marie-Pierre Gracedieu
En charge de la littérature anglo-saxonne chez Gallimard depuis novembre 2012, l’éditrice Marie-Pierre Gracedieu est également, depuis octobre dernier, à l’origine du lancement d’une nouvelle collection de polars pour le Mercure de France : « Mercure Noir ».
Parmi les premiers titres de son catalogue figure La Résurrection de Luther Grove, dont l’auteur, Barry Gornell, est en résidence à Clermont-Ferrand durant tout le mois de mars, en amont des 48h du polar.
L’équipe du festival a ainsi eu la chance de rencontrer Marie-Pierre Gracedieu pour en apprendre plus sur la genèse de cette collection, sa collaboration avec Barry Gornell, mais aussi son parcours en tant que professionnelle de l’édition.
- Pouvez-vous nous parler un peu de vous, de ce qui vous a amenée à devenir éditrice et directrice de collection ?
On peut dire que je suis une littéraire contrariée, puisque j’ai commencé par passer un Bac scientifique, puis j’ai fait une classe préparatoire à HEC. Je suis venue à Paris pour étudier à l’école de commerce. Très vite, je me suis rendue compte que je voulais bifurquer. J’hésitais entre le journalisme et l’édition. J’ai alors eu la chance de réaliser plusieurs stages, notamment chez Bayard presse, un groupe qui investit beaucoup sur la qualité éditoriale, puis chez Hachette où j’étais au contrôle de gestion. Cela a été très formateur. Cela m’a aussi montré que j’avais davantage envie de travailler sur les textes plutôt que sur l’encadrement des coûts. Mais je continuais à me poser des questions sur mon avenir, et j’avais envie de travailler pour Actes Sud. J’ai obtenu un stage dans l’éditorial chez eux, après lequel j’étais certaine de vouloir continuer dans cette voie. J’ai réalisé un autre stage chez Calmann-Lévy et j’ai terminé Sup de Co. À l’époque, j’avais envie de découvrir New York : je sentais qu’il s’y passait des choses d’un point de vue éditorial. J’ai eu la chance d’être accueillie par l’Institut du Livre Français, une agence littéraire pour les Français aux États-Unis. Il s’agissait d’une petite équipe de quatre personnes et j’étais en charge de la prospection.
- Vous y êtes restée un an et demi et puis vous êtes rentrée en France. Qu’avez-vous fait alors ?
C’était en 2000, j’ai tenté l’aventure Internet avec manuscrit.com, mais il était peut-être trop tôt pour ce projet à l’époque et j’avais envie de travailler sur du papier. J’ai donc rejoint les éditions Alvik, où j’ai mis en place une collection de romans policiers : « Alvik Noir ». Au bout de cinq ans, j’ai été contactée par Jean-Marc Roberts qui cherchait quelqu’un pour redynamiser une collection de littérature étrangère chez Stock, « La Cosmopolite ». C’est à ce moment-là que je suis vraiment devenue directrice de collection, et c’était assez intimidant car le catalogue comprend des auteurs qui ont réellement changé mon rapport à la littérature, comme Virginia Woolf. J’ai fini par mettre en place « La Cosmopolite Noire », qui accueille des romans noirs et des polars étrangers.
- Pourquoi lancer une collection de romans policiers aujourd’hui ?
J’ai toujours été intéressée par le genre policier, mais pas seulement au sens classique du terme, avec la découverte d’un corps, une enquête, un détective et un dénouement. Ce que j’aime particulièrement, c’est l’insolence de ce genre, sa façon de s’emparer de thèmes de société. Je ressens des affinités avec des collections qui existent déjà, et les sujets abordés par mes propres collections ne sont pas forcément uniques en leur genre.
Cependant, « Mercure Noir » ne se concentre pas seulement sur la construction d’une intrigue comme c’est souvent le cas, elle cherche tout autant à faire découvrir des écrivains à part entière, avec des styles qui se distinguent et qui pourraient aller ailleurs que dans le genre policier. En fait, il s’agit d’une collection de polars littéraires. La Promesse de minuit, qui donne la voix à un privé officiant à Melbourne, en est un bon exemple. Zane Lovitt a un talent fou de composition, il est tout autant capable d’émouvoir que de faire sourire son lecteur, avec une écriture qui dégage beaucoup d’énergie.
- Pouvez-vous nous donner quelques détails sur la genèse de « Mercure Noir » ?
À mon arrivée chez Gallimard, j’ai rencontré Isabelle Gallimard qui dirige Le Mercure de France. Elle était très intéressée par le travail que j’avais accompli pour « La Cosmopolite Noire » de Stock. Elle m’a rapidement proposé de me lancer de nouveau dans l’aventure en fondant et en prenant la direction de « Mercure Noir » en plus de mon travail chez Gallimard. C’est le genre de projet qui ne se refuse pas, qui permet de laisser son empreinte avec une collection ouverte à toutes les langues.
- Mais pourquoi cette collection en particulier ? Qu’a-t-elle de différent des autres collections de romans policiers et comment définiriez-vous sa ligne éditoriale ?
« Mercure Noir » n’est pas une collection de romans policiers, c’est une collection de polars et de romans noirs. Mon envie, c’est de créer un espace de liberté dans lequel les auteurs pourront se permettre d’écrire un polar ou un roman noir, avec des enquêtes qui sont toujours bien présentes, même quand elles sont complètement déstructurées par un style qui sort vraiment de l’ordinaire. Il n’y aura pas plus de quatre textes par an, afin de bâtir un catalogue très sélectif. Ce qui m’intéresse pour cette collection, c’est que l’auteur, sous la forme d’une intrigue forte, plonge le lecteur dans une réalité qui lui est plutôt étrangère de façon à ce qu’il découvre un monde différent, ses problématiques.
- Auriez-vous un exemple à nous donner pour illustrer cette orientation éditoriale ?
On retrouve vraiment cet esprit chez l’auteure basque espagnol Dolores Redondo qui va être publiée en mars dans la collection. J’avais commencé ma collaboration avec elle quand je travaillais chez Stock pour « La Cosmopolite Noire ». Sa trilogie du Batzan, qui commence par Le Gardien invisible, est un véritable phénomène en Espagne. Elle a imaginé le destin d’une femme flic originaire de cette région, qui est appelée à résoudre des enquêtes dans un milieu plutôt rural et environné d’une nature magnifique. C’est un décor qui contraste avec les frustrations que vivent certains des personnages, le terreau de superstitions locales qui pèse sur eux, mais aussi le poids des religions voire du fanatisme chrétien qu’ils subissent. Tout le récit est surplombé par une méta-intrigue qui nous raconte l’histoire familiale de l’enquêtrice, et qui est distillée avec talent tout au long de la trilogie.
- Pourquoi avoir choisi la « marque » Mercure plutôt que Gallimard ?
Il existait déjà la « Série Noire » chez Gallimard. Là, l’idée était vraiment de partir de zéro pour élaborer une collection singulière. La rencontre avec Isabelle Gallimard a été décisive, et « Mercure Noir » est d’abord née de son envie et de notre intérêt partagé pour le genre. Cela a aussi permis de combler un manque dans le catalogue de Mercure de France.
- Comment envisagez-vous l’avenir de la collection ?
Je n’exclus aucune possibilité. En octobre prochain, une auteure danoise rejoindra le catalogue. Elle explore le milieu scientifique au niveau international, avec toutes ses combines assez redoutables. Ce qui me plaît dans ce texte, c’est qu’elle a choisi une enquêtrice qui n’en est pas véritablement une. Il s’agit d’une jeune thésarde en biologie qui se sent investie d’une mission quand son maître de thèse est retrouvé soi-disant suicidé. Elle tisse une relation vraiment intéressante avec un ex-flic qui décide de reprendre du service pour l’aider dans ses investigations. Il y aura aussi un texte américano-vietnamien à plusieurs voix. Son intrigue prend place sur fond de guerre du Vietnam avec la chute de Saïgon. C’est la compagne disparue de l’enquêteur qui est au cœur du récit.
Je crois également beaucoup au polar africain, et j’ai déjà quelques pistes pour mettre en lumière ce domaine particulier de la littérature et les réalités qu’il transmet.
- Vous avez choisi de publier des premiers romans, c’est-à-dire des auteurs qui demandent à être défendus et à se faire connaître des lecteurs. Pourquoi prendre ce risque aujourd’hui ?
En fait, ce n’est pas un critère de sélection pour moi et il n’y a pas que des primo-romanciers dans la collection. Là encore, je ne veux rien m’interdire. Et s’il est vrai qu’un premier roman peut facilement tourner à la catastrophe, le livre le plus compliqué à défendre est plutôt le livre d’après, voire le suivant. Un premier roman a au moins toujours l’attrait de la nouveauté. Mais d’autres questions peuvent se poser, comme le degré de maturité de l’auteur. Pour Barry Gornell par exemple, on sentait tout de suite dans son écriture qu’il avait du vécu, qu’il n’était pas « vert ». Il n’est pas plus risqué de défendre un auteur de premier roman qu’un auteur qui a déjà été publié, les risques reposent simplement sur des facteurs différents.
D’abord pour son écriture, mais aussi son sens du suspense. Il ne plonge pas le lecteur dans une enquête traditionnelle, mais plutôt dans les secrets de ses personnages : un jeune couple et leur fillette qui se retrouvent confrontés au passé trouble de leur nouveau voisin. Quand j’ai lu ce texte pour la première fois, j’ai eu le sentiment d’être embarquée dans un film d’Hitchcock, où la frontière entre réalité et cauchemar est plus que ténue. Barry Gornell a une qualité d’écriture cinématographique. Il a un très bon sens de la dramaturgie et sait exactement comment camper une scène, planter son décor et amener les personnages à se dévoiler. Il parvient à troubler son lecteur qui ne sait pas toujours où se situe la réalité, tout en lui donnant l’impression d’être partie prenante dans la vie de ce couple qui s’installe, constamment épié par Luther Grove, et menacé par son passé.
- Comment décririez-vous son écriture ?
C’est une écriture qui produit des images fortes, qui imprime sa marque dans l’imagination, avec un sens profond du détail et de la mesure. Par exemple, la scène du dépeçage du lapin est à la fois d’une grande banalité et d’une grande violence. L’évocation des Highlands, avec sa nature impressionnante susceptible d’engloutir les hommes, y tient également un rôle essentiel. Ce roman explore les tourments de ses personnages, joue sur la collision de deux univers bien distincts dont les secrets sont les éléments révélateurs les uns des autres.
Barry Gornell, avec la grande puissance d’évocation de son écriture, fait partie de cette catégorie d’auteurs que j’imaginerais aussi très bien dans des genres littéraires autres que le roman noir.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Lun Mai 18, 2015 8:31 am Sujet du message:
Hoel a écrit:
A voir ce que ça donne en vrai mais la couv rend pas super je trouve, avec ce R énorme...
Ça rend effectivement mieux sur le livre. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
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