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Jesse le héros - Lawrence Millman (Sonatine)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Jeu Mar 15, 2018 5:14 am    Sujet du message: Jesse le héros - Lawrence Millman (Sonatine) Répondre en citant

Pépite noire finaliste du PEN/Hemingway Award lors de sa publication en 1982 aux Etats-Unis, et finalement dénichée pour la France par Patrick Raynal, Jesse le héros de Lawrence Millman paraît aujourd'hui chez Sonatine, dans une traduction de Claro.






Le livre :

Un roman exceptionnel, mystérieusement resté inédit en France depuis sa parution en 1982.

1968, Hollinsford, New Hampshire.
Élevé par son père, Jesse a toujours été un outsider au comportement inquiétant, rejeté par les autres enfants du village.
Avec l’adolescence, les choses ne s’arrangent pas.
On l’accuse aujourd’hui d’avoir violé une jeune fille, on le menace d’un placement en institution spécialisée.
Mais tout ce qui préoccupe Jesse, ce sont les images du Vietnam, qu’il suit obsessionnellement à la télévision, celles de cette guerre où est parti son frère Jeff, qu’il idolâtre.
Lorsque celui-ci, démobilisé, revient au pays, rien ne se passe comme Jesse l’espérait.
Et c’est pour notre héros le début d’une escalade meurtrière à la noirceur extrême.

Entre le Holden Caulfield de L’Attrape-cœur et le Patrick Bateman d’American Psycho, Jesse est difficile à situer. Est-il la victime d’un handicap mental, d’un contexte familial perturbé, d’une société où fleurissent les images violentes, ou bien un tueur en série sans empathie, capable d’éliminer ses contemporains aussi facilement que ces rats sur lesquels il aime tirer ? Lawrence Millman nous abandonne entre ces hypothèses perturbantes, jusqu’aux dernières pages du livre et leur étonnante conclusion.
Un chef-d’œuvre du noir enfin extirpé de l’oubli.




« Jesse le héros est un livre extraordinaire, Lawrence Millman un artiste exceptionnel. Il faut le remercier pour avoir créé un bijou aussi parfait. »
HUBERT SELBY Jr.

« Portrait d'une bête aux abois, incapable de faire autre chose que mordre la vie, le roman de Lawrence Millman est un choc dans tous les sens du terme. »
CLARO





>> Le site de l'auteur : http://lawrencemillman.com/




L'auteur :

Né en 1948 à Kansas City, Lawrence Millman est romancier et auteur de récits de voyage.
Resté inédit en France depuis sa parution en 1982 aux Etats-Unis, Jesse le héros (Sonatine, 2018), finaliste du PEN/Hemingway Award, est un chef-d’œuvre du noir enfin extirpé de l’oubli.



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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy


Dernière édition par norbert le Sam Mar 24, 2018 12:51 pm; édité 1 fois
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norbert
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MessagePosté le: Sam Mar 17, 2018 11:47 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Stelphique sur Mon féerique blog littéraire :

Citation:

Jesse le Héros, Lawrence Millman



Pourquoi je l’ai choisi :

Forcément le synopsis attire.
L’irrésistible envie de trouver des trésors passés et la curiosité de voir comment vieillit une oeuvre littéraire.
Celle-ci garde bel et bien toute sa force et son intensité, une trentaine d’années plus tard.



Ce que j’ai ressenti :

Un trouble noir



Jesse est un adolescent attardé, mi-enfant mi-adulte, mais surtout il est mi-ange mi-démon : un innocent confronté à trop de violences, trop de mensonges, trop d’images perturbantes que son cerveau n’est pas en mesure de synthétiser, un être doué de pulsions et de mal-être que sa conscience n’intellectualise pas.
Jesse le Héros est un anti-héros terrifiant que Lawrence Millman met brillamment en scène dans une quête vaine et trouble de fuite au soleil...


« Il se dit que, vu l’heure, les gens étaient sûrement couchés. Seul un fantôme ou un monstre nocturne seraient debout à cette heure-ci. »


Cette lecture est dérangeante, perturbante, mais Lawrence Millman a su tellement bien travailler son personnage principal que j’ai lu son livre sans pouvoir arrêter de suivre cette longue virée en enfer.
En étant à l’intérieur du corps et de l’esprit de Jesse, on est plus à même de comprendre ses actes effroyables, mais surtout toutes les influences néfastes de son entourage.
Il ne peut pas bien se construire malgré l’amour d’un père et le modèle du frère, parce que l’environnement social tend vers une crise où la violence est le maître mot.
Entre l’ombre de la guerre du Vietnam et le manque cruel d’aide à la personne face à toutes les maladies mentales, Jesse n’a pas les armes pour se défendre, mais il les prend quand même, héros de son inconscient, parce que son intuition instinctive lui dicte que le Mal est bien là, et qu’il faut l’éliminer.
Et dans ses rêves, la vengeance fait rage alors que le carnage, lui, sera bien réel...


« C’est tout ? Je veux dire, t’es mort et c’est tout. Rien que de la cervelle et du sang, on est rien d’autre. »


C’est un roman noir, très sombre, qui m’a bouleversée.
Un panorama de l’Amérique qui fait froid dans le dos, parce qu’il s’abreuve d’intolérance, de chaos et d’alcool, et fatalement des monstres se lèvent et frappent, presque malgré eux.
Psychologiquement, j’ai pris un bel uppercut, mais je suis restée fascinée par tant de maîtrise de ces lignes floues entre bien et mal, entre cet environnement malsain aussi perturbé que l’esprit de ce jeune homme et les culpabilités qui rongent ces hommes.
Une lecture intense, pleine de noirceur et de malaise saisissant, qui n’a pu me laisser indifférente.



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norbert
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MessagePosté le: Sam Mar 24, 2018 1:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> L'avis du traducteur Claro sur le site Lisez ! :

Citation:

Le mot du traducteur : « Jesse le héros » par Claro


Après Snuff de Chuck Palahniuk, les éditions Sonatine font de nouveau appel à Claro pour présenter au public français une véritable révélation des lettres américaines... qui date de 1982.
Jesse le héros est un grand roman, et son traducteur vous dit pourquoi.




Un seul livre de Lawrence Millman avait été traduit à ce jour, Coins perdus (Actes Sud, 1995), laissant de lui l’image d’un écrivain-voyageur épris de paysages grandioses et de peuplades reculées.
Avec Jesse le héros, le lecteur français va découvrir une tout autre facette de cet écrivain américain né en 1948 dans le Missouri et se retrouver brutalement dans la tête d’un jeune garçon attardé, encroûté dans son New Hampshire natal, cet État du Nord-Est dont la devise – “Vivre libre ou mourir” – résonnera très vite avec une cruelle ironie.
Le jeune Jesse vit seul avec son père qui ne sait plus comment contenir les débordements de son fils, un fils que le corps des filles fascine, à proportion égale avec la guerre du Vietnam qu’il scrute sans cesse à la télévision, dans l’espoir d’apercevoir à l’écran la silhouette de son frère Jeff, un frère qu’il admire et attend chaque jour.
Mais quand le soldat rentre, les retrouvailles ne sont pas à la hauteur de ses attentes.
Jeff flanque à Jesse une raclée mémorable, non sans raison : le jeune Jesse a encore fait des siennes, il s’est livré à des attouchements sur une gamine du coin.
Son père décide alors avec l’accord de Jeff d’envoyer le jeune Jesse dans un institut spécialisé à Concord, la capitale, ce qui est loin, on s’en doute, d’emballer l’enfant terrible.
Tout va très vite basculer.
N’écoutant que ses pulsions, immédiates et sommaires, Jesse, habité par des visions constantes de guerre et de massacres, découvre un soir qu’il est capable de tuer autre chose que des rats ou des lamproies…
Commence alors une fuite en avant, vouée à l’errance et à la violence.


Paru huit ans après la fin de la guerre du Vietnam, Jesse le héros offre un portrait désespéré d’une Amérique figée dans le dénuement et le repli sur soi, couvant sans s’en rendre compte des monstres plus inquiétants que l’ennemi lointain qu’elle s’acharne à traquer dans la jungle.
Dans le roman de Millman, le mal ne s’incarne pas dans un tueur froid, mais dans le corps d’un adolescent attardé qui n’écoute que ses propres pulsions, et en qui semblent s’être concentrées tellement de frustrations et de rage qu’il s’imagine lui-même en guerre contre le monde.
Quelque part entre le Benjy du Bruit et la Fureur et le Rambo de David Morrell, Jesse est bien sûr tout sauf un héros, si ce n’est dans ses rêves, qui à l’épreuve de la réalité se transforment en cauchemars.


Jesse le héros est un roman sans concession et sans jugement, mettant en scène un être inachevé et dévasté de l’intérieur, abandonné de tous, en quête d’amour mais irrémédiablement perdu au-delà du bien et du mal.
En adoptant son point de vue, l’auteur entraîne le lecteur dans les méandres obscurs d’un esprit à la fois simple et brutal, le plongeant dans l’acide de son écriture dépouillée, qui s’attache à sa proie avec une efficacité fascinante, faisant de Jesse un de ces démons ordinaires dont il nous est permis, même brièvement, d’éprouver l’indicible solitude.
Portrait d’une bête aux abois, incapable de faire autre chose que mordre la vie, le roman de Lawrence Millman est un choc dans tous les sens du terme.
Une sorte d’Attrape-cœurs en négatif, non moins digne de figurer au panthéon des livres cultes.

Claro



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MessagePosté le: Mer Mar 28, 2018 4:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Laurence sur Evadez-moi :

Citation:

Jesse le Héros de Lawrence Millman



Il est assez difficile de rendre un avis sur ce roman, au risque d’en révéler un peu trop.


Tout repose sur le personnage de Jesse, qui reste ambigu tout au long du roman.
Dès le départ et jusqu’à la fin, on ne connait pas son âge.
Le narrateur dit « l’enfant » mais certains passages du roman tendent à nous aiguiller sur un adolescent plus que sur un enfant.
Jesse est un gamin avec un retard mental indéniable, il ne sait pas lire, ni faire ses lacets.
Il vit dans son monde à lui.
Un monde qui se transforme souvent en champ de guerre au Vietnam, où il s’imagine combattre avec son frère et où il devient « Jesse le héros ».


Jesse est aussi un gamin violent, incontrôlable.
Certains de ses actes peuvent paraître monstrueux mais, finalement, on aura tendance à s’attacher à ce garçon.
L’auteur arrive à créer en son lecteur un sentiment d’empathie pour lui.


Le roman se déroule en pleine guerre du Vietnam et, comme souvent, on ressent ce sentiment de patriotisme poussé à l’outrance dans les productions, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques, dès lors qu’elles abordent ce thème des soldats héros américains partis sauver le monde.
C’est aussi une violence exacerbée pour les gamins restés car trop jeunes, et qui rêvent d’accomplir des exploits héroïques pour leur pays.
C’est cela qui pousse Jesse à tant aimer les armes et tant détester tout ce qui peut s’apparenter à un ennemi pour lui : des personnes quelconques déformées par sa vision tronquée du monde.


L’auteur fait vaciller son personnage entre déficient mental et psychopathe en devenir, peut-être pour nous amener à penser que l’un ne va pas sans l’autre, malgré toutes les théories selon lesquelles les tueurs en série sont des êtres très intelligents…


Avec une écriture qui colle parfaitement aux personnages, que ce soit pour le père qui a depuis longtemps baissé les bras mais qui est torturé entre son devoir d’aider son fils et son amour pour lui qui le force à le garder avec lui, ou pour Jeff le grand frère, plus lucide et plus aguerri, ou encore pour Jesse lui-même, Lawrence Millman dresse un portrait de cette violence à laquelle sont confrontés les enfants.
Ils naissent avec, grandissent avec, et finalement ne connaissent rien d’autre.


Quand on voit les derniers évènements liés aux trop nombreuses armes en circulation, aux Etats-Unis ou ailleurs, ce texte raisonne plus encore comme un signal d’alarme sur la dangerosité de ces armes dans des mains qui ne seront pas responsables de leurs actes, ou jugées comme telles.


« Sur le moment, l’enfant se posa peu de questions sur Concord. Il savait que c’était pour les gens malades et il ne pensait pas qu’il y mettrait un jour les pieds, vu qu’il n’attrapait jamais froid. Mais en revenant de chez les Orem, on lui expliqua que c’était pas pour ce genre de maladies. On lui dit qu’il allait peut-être devoir aller à Concord. Allons, allons, pleure pas, petit, dit doucement son père. Si tu te comportes comme il faut, t’auras pas besoin d’aller là-bas. Et Jesse se demanda ce qu’il fallait faire pour se comporter comme il faut. Il trouvait toujours qu’il se comportait bien. Entre deux sanglots, il maudit les Orem. Il espérait que la tronçonneuse de Fred lui échapperait des mains et lui trancherait un bras et il espérait que la cigogne percerait d’un coup de bec le ventre de Penny. »


Jesse le héros est un superbe roman, doublé d'une analyse comportementale magistrale.
Une histoire dure et violente qui déclenche une foule de sentiments chez le lecteur.
Un petit bijou du Noir.



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MessagePosté le: Sam Mar 31, 2018 10:06 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Lilian Massoulier sur Onlalu :

Citation:

Nuit blanche

La gloire de l’andouille




Exceptionnel. Parfait.
Sur le bandeau jaune qui ceint le roman de Lawrence Millman, tout est dit ou presque, par Hubert Selby Jr.


L’histoire de Jesse, idiot du village, simple d’esprit, fêlé, andouille.
L’andouille.
Le garçon dont on voit surtout la différence, les quelques cases en moins, mal remplies, pas remplies du tout, qui le laisse assouvir ses pulsions, brutalement, sans retenue, instinctivement.
Son père s’en occupe, tant qu’il peut, mais il vieillit, « chauve comme une vieille balle de golf. Petit. petit pour un père. Lui grandissait tandis que son daron rapetissait. Le garçon appelait ça la croissance. »
Son frère est au Vietnam.
Jesse n’a d’autre envie que le rejoindre, pour lui aussi tuer, tirer sur l’ennemi, devenir un héros.


En attendant il s’invente une vie, quelques guerres, une geste héroïque qui le grandisse, un peu plus, et sa vie avec.
Mais Jesse faute, agresse une jeune fille, que faire de lui, ses errements, ses excès, ses dérapages violents et au delà de la loi ?


Le père n’en peut mais, le frère, de retour, le rosse.
Jesse ne comprend pas.
Ne comprend pas qu’on ne le comprenne pas.
Ce qui est évident pour lui est inadmissible ou compliqué pour les autres.
Alors, partir. Fuir.
Jusqu’au Vietnam.
Mais pas tout seul.
L’imbécile qui affronte la conjuration, parce qu’on ne peut pas ne pas penser au roman de John Kennedy Toole, à son personnage énorme Ignatus J. Reilly.


Il n’y a pas 200 pages dans le roman de Millman, mais tout y est.
La littérature surtout, bien sûr.
Ce qu’il faut de mots, et pas plus, pour dire une vie, complexe et dure, mais pas que.


Au bout du compte, on reste interloqué qu’un tel ouvrage a dû attendre 36 ans sa traduction en français.
Claro est passé par là, les éditions Sonatine aussi, pour nous donner enfin à découvrir ce roman parfait, oui.
Exceptionnel et parfait.



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MessagePosté le: Jeu Avr 12, 2018 8:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:

Jesse le héros, de Lawrence Millman



De drôles de livres émergent parfois du flux éditorial actuel.
Parfois même, comme ce Jesse le héros, on les exhume.
Publié aux États-Unis en 1982, le roman de Lawrence Millman, mycologue et auteur connu essentiellement pour ses récits de voyages, qu’édite aujourd’hui Sonatine est l’un de ces OVNI passés jusqu’à présent sous les radars.
On est bien loin, dans Jesse le héros, des dernières productions de l’auteur américain, à savoir Giant Polypores and Stoned Reindeer ou encore Fascinating Fungi of New England.


Parlons donc de notre héros.
« Son anniversaire tombait le jour de la marmotte, son étoile était Vénus, et bien qu’on lui donnât pas mal de noms qui n’étaient pas le sien, il ne répondait qu’au nom de Jesse. Vous l’appeliez Jesse et il arrivait en courant. Les gosses devaient avoir envie qu’il se barre le plus loin possible d’eux. Ils l’appelaient le Fêlé, Tête de chou ou juste l’Andouille. »
En cet hiver de 1968 à Hollinsford, New Hampshire, Jesse suit avec attention les informations sur la guerre du Vietnam d’où son frère Jeff doit justement revenir, et découvre concomitamment et avec plaisir les joies de la puberté.
Plaisir qui n’est partagé ni par ceux qui ont l’occasion de le voir se masturber en public en imaginant qu’il incendie des villages vietnamiens, ni par les filles du coin et leurs parents, en particulier celle qu’il a violée au bord la rivière trois jours plus tôt.
Si les choses s’arrangent toujours au sein de la petite communauté d’Hollinsford où l’on est un peu réticent à faire intervenir la police, on presse tout de même de plus en plus le père de Jesse à faire admettre son fils à l’hôpital psychiatrique le plus proche.
Ce sont les jours qui suivent le retour de Jeff que raconte Lawrence Millman à la troisième personne mais en adoptant toutefois le point de vue d’un Jesse qui, obsédé par l’envie de rejoindre le Vietnam pour devenir un héros de guerre et taraudé par ses hormones, s’engage dans une fuite en avant meurtrière, semant les cadavres sur son passage.


Pas besoin de faire un dessin, le roman de Millman est éminemment dérangeant.
Suivre le parcours de Jesse est éprouvant même si le mode de narration, en s’attachant aux pensées d’un Jesse qui vit ses actes comme une geste héroïque ponctuée de quelques incidents permet de prendre un peu de champ et d’éviter l’écœurement.
On peut même, il faut le dire, se prendre à rire – jaune, certes – face à la manière dont l’adolescent raisonne d'une manière décalée, comme hors du monde, totalement tourné vers son obsession :
« Il tourna en rond puis commença à fouiller les placards de la caravane. En quête du genre de trucs qu’il lui faudrait au Vietnam. Il empocha tout un arsenal de fourchettes à viande, de tire-bouchons, d’ouvre-boîtes, de brochettes, et de couteaux de tailles et de formes variées. Il regretta juste que Grace et son père n’utilisent pas de baïonnettes pour manger. »


Si d’aucuns veulent y voir une espèce de métaphore sur la manière dont la guerre du Vietnam a durablement perturbé la société américaine, il me semble que Jesse le héros relève cependant plus de l’exercice de style et du désir de l’auteur de suivre son personnage dans sa folie.
Il y réussit incontestablement et en fait un récit par bien des côtés fascinant, jusqu’à une fin pour le moins effarante.
À ce titre, le roman de Millman est une véritable curiosité, une lecture corrosive qui, pour peu que l’on ait le cœur bien accroché, mérite qu’on la découvre.



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 12:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique d'Antoine sur Bonnes Feuilles et Mauvaise Herbe :

Citation:

Jesse le héros, de Lawrence Millman



Trois raisons m’ont poussé à lire ce livre.
D’abord le bandeau jaune sur lequel Hubert Selby Jr dit à propos du roman : « Jesse le héros est un livre extraordinaire, Lawrence Millman un artiste exceptionnel. Il faut le remercier pour avoir créé un bijou aussi parfait. »
La deuxième est la maison d’édition qui le publie.
Sonatine nous ayant habitué à des textes de qualité.
Enfin, en l’ouvrant, j’ai vu que la traduction était de Claro.
Chacune de ces raisons étant suffisante seule, avoir les trois réunies m’obligeait.
Je ne l’ai évidemment pas regretté.


Une descente aux enfers dans les pas sautillants d’un jeune adolescent simple d’esprit, enfant innocent.
Une innocence que l’auteur déchire à pleines dents.


Lawrence Millman joue avec le décalage entre le regard que porte Jesse, notre « héros », sur ce qui l’entoure, et le réel.
Cette dissemblance entre le premier degré de l’adolescent, cette incapacité à identifier le mal et les nuances du monde apporte beaucoup d’humour à ce texte.


Mais si les fulgurances de Jesse, partant à pied de Hollisford pour rejoindre le Vietnam où la guerre fait rage, peuvent faire rire, il s’agit bien d’un roman noir, très noir.
Et les perceptions absurdes et incongrues de l’adolescent le mènent de plus en plus loin dans la violence.


Une odyssée sanglante, alimentée par les (trop) nombreux reportages sur la guerre que Jesse regarde en boucle.
Alimentée aussi par la puberté et la libido naissante qui s’y rattache.


Le roman commence d’ailleurs alors que le jeune garçon a violé la fille du pasteur, lui démontrant par là, selon lui, tout son amour, tout en ne pensant, pendant l’acte, qu’aux bombardements auxquels il participera une fois qu’il aura rejoins son frère, soldat.
Ce mélange guerre/libido est son seul moteur.
Son sexe est fusil mitrailleur, lance flamme, bombardier.


L’écriture à hauteur de Jesse est directe, dépourvue de ronds-de-jambe et autre effet.
Épurée, elle nous entraîne dans les sinuosités d’un esprit solitaire, au-delà du bien et du mal, absurde et violent.


On ressort de ce livre très noir secoué.
Un roman abrupt et dramatique, corrosif et parfaitement réussi.


Selon la formule consacrée, les âmes sensibles pourront peut-être s’abstenir.



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