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Dodger Serial killer : Leland Beaumont
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Mai 25, 2009 7:34 pm Sujet du message: Julius Winsome, de Gerard Donovan |
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Quelques mots sur un roman sorti en début d'année et qui, sans être un authentique roman noir, pourrait s'apparenter à ce genre (et donc séduire certains adeptes qui zonent dans les Rivières, autant que les amateurs de littérature américaine et que ceux qui recherchent de beaux livres sortant de l'ordinaire ) :
Julius Winsome, de Gerard Donovan
Titre original : Julius Winsome
Editions : Seuil
Date de parution : 5 février 2009
Nombre de pages : 245
C'est un véritable coup de coeur (que je dois à une amie, qu'elle en soit ici publiquement remerciée ), au sujet duquel voici mon avis détaillé :
Attention, découverte ! Julius Winsome, premier roman traduit en France de Gerard Donovan, Irlandais expatrié aux États-Unis, croule sous les éloges et ce n'est que justice. Sous la magnifique couverture choisie par les éditions du Seuil se cache une œuvre forte presque sans en avoir l'air, qui imprime une empreinte durable dans la mémoire.
L'histoire en est simple autant qu'elle fait frémir : Julius Winsome, la cinquantaine taciturne, vit en solitaire, réfugié loin de la société des hommes dans un chalet construit en pleine forêt par son grand-père, un rescapé de la boucherie de la Première Guerre Mondiale qui lui a légué son vieux fusil ainsi que le mépris des armes et de la guerre. Ses seuls compagnons sont les plus de trois mille livres dont il hérité de son père, et son chien Hobbes. Lorsque celui-ci est abattu à bout portant, l'apparente placidité de Julius Winsome vole en éclats ; et lorsqu'il décide de se porter vers ses semblables, c'est armé du Lee-Enfield de son grand-père et d'une volonté furieuse de découvrir qui a tué son chien et pourquoi...
Difficile d'en dire davantage sans égratigner la pureté froide et brutale de ce roman, à la richesse multiple. La plus belle idée de Gerard Donovan est d'avoir choisi la voix de Julius pour raconter cette histoire. On vit ainsi de l'intérieur - et on accepte autant qu'elle nous dérange - une quête absurde et insoluble, celle d'un homme à la fois hypersensible et amoral, cultivé et décalé. Donovan évite tout jugement, ne cède jamais à la facilité psychologique. Il se contente de raconter et le fait merveilleusement bien, dans un style à la fois dépouillé et animé de belles trouvailles (les emprunts aux inventions langagières de Shakespeare sont tout simplement géniaux.) La nature est là également, omniprésente, comme les auteurs d'Amérique savent si bien la rendre vivante, actrice à part entière du récit.
Bref, en un mot comme en cent, un roman singulièrement puissant, qui tient compagnie longtemps après avoir refermé le livre, du genre rare qu'on voudrait ne pas avoir encore lu pour pouvoir le lire à nouveau... |
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Lun Mai 25, 2009 7:51 pm Sujet du message: |
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Je crois que je vais devoir lire ce roman.
En tout cas ce bel avis m'y incite fortement.
Je me demande d'ailleurs s'il ne s'agit pas du livre dont Oliver Gallmeister nous avait parlé lors d'une rencontre et au sujet duquel il avait entendu dire (par des libraires) qu'il s'agissait d'un roman "à la Gallmeister". _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Dodger Serial killer : Leland Beaumont
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Mai 25, 2009 8:41 pm Sujet du message: |
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Hoel a écrit: | Je me demande d'ailleurs s'il ne s'agit pas du livre dont Oliver Gallmeister nous avait parlé lors d'une rencontre et au sujet duquel il avait entendu dire (par des libraires) qu'il s'agissait d'un roman "à la Gallmeister". |
C'est sûrement celui-ci, c'est vrai que certains ont tendance à le "pitcher" de cette manière et qu'il n'aurait pas fait vilain dans la collection de Sir Oliver.
J'espère que ça vous plaira, les amis ! En tout cas, je suis content de voir que ma bafouille a attiré votre attention
Dernière édition par Dodger le Mar Mai 26, 2009 6:24 pm; édité 1 fois |
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Xave Meurtrier
Age: 50 Inscrit le: 03 Sep 2008 Messages: 379 Localisation: Val d'oise
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Posté le: Mar Mai 26, 2009 9:15 am Sujet du message: |
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C'est malin, c'est exactement le genre de bouquin que je cherche en ce moment _________________ "c'est dur à imaginer mais pour les enquêteurs, l'art et la manière, ça ne change pas grand chose. En revanche, si le légiste a raison, pour la victime, l'acide vivant ou mort, la différence a dû compter pas mal"
Pierre Lemaitre-Alex |
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holden Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 56 Inscrit le: 02 Avr 2007 Messages: 3669 Localisation: restons pragmatique
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Posté le: Mar Mai 26, 2009 9:38 am Sujet du message: |
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PAREIL
je l'ai en souhait depuis sa sortie su pm
je me tâtai....
pffffffffftttttttttttttttttttttttttttttttttt _________________ lisez ce vous voulez . . .
http://unwalkers.com |
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Dodger Serial killer : Leland Beaumont
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
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Posté le: Mar Mai 26, 2009 6:22 pm Sujet du message: |
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Xave a écrit: | C'est malin, c'est exactement le genre de bouquin que je cherche en ce moment |
Arf, pas de chance |
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Xave Meurtrier
Age: 50 Inscrit le: 03 Sep 2008 Messages: 379 Localisation: Val d'oise
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Posté le: Mer Juin 10, 2009 2:45 pm Sujet du message: |
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Acheté hier. J'espère qu'il vaut le coup
même pas rangé au rayon polar d'ailleurs _________________ "c'est dur à imaginer mais pour les enquêteurs, l'art et la manière, ça ne change pas grand chose. En revanche, si le légiste a raison, pour la victime, l'acide vivant ou mort, la différence a dû compter pas mal"
Pierre Lemaitre-Alex |
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Dim Juil 05, 2009 11:36 am Sujet du message: |
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Je le commence tout juste pour ma part.
En tout cas ça commence par un assassinat (d'un chien d'accord mais c'est un crime tout de même). _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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Posté le: Dim Juil 05, 2009 4:43 pm Sujet du message: |
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« Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu’à un certain moment j’ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans. »
L’histoire de Julius Winsome, c’est surtout l’histoire d’un lecteur. Un solitaire qui s’isole dans un coin de nature pour vivre sa vie comme on tourne les pages d’un livre : pages après pages, jours après jours. Une bûche au feu, de l’eau bien chaude pour le thé et le voici qui se plonge dans la lecture d’un des livres de la bibliothèque de son père. Il hume le parfum du papier, l’encre qui a servi pour élaborer les fiches des livres, les sens en éveille.
Julius ne vit pas seul dans ce coin de nature : c’est la nature qui le berce et qui peuple ses journées de mile bruits, saveurs et images. Il ne fait qu’un avec la terre qui l’entoure.
Il ne faut pas tenter de voir dans cette volonté de vivre seul un choix cachant une amertume particulière contre le genre humain. C’est juste une manière de se préserver. Julius dit que son père lui a appris à être fidèle. Alors quand il hérite du chalet à la mort de celui-ci, il applique le précepte paternel. Fidèle à cette terre, il sera.
Julius se contente d’un univers peuplé de fleurs colorées qu’il cultive, d’oiseaux qu’il abreuve et nourri, de livres qu’il chérie et de son chien. Il bricole de ci de là, pour gagner de quoi subsister l’hiver venu. C’est le bonheur vu de l’intérieur. Ce n’est pas un hymne à la solitude, c’est juste qu’il vit comme ça et qu’il le fait bien, sans gêner qui que ce soit. La preuve, quand l’amour pointe son nez, il l’accueille et quand il s’en va, il le laisse partir sans rancœur. Un peu comme quand l’hiver pointe son nez emportant avec lui les vestiges des trois saisons qui ont précédé.
« L’empreinte du Nord disparaît dès que le soleil brille à nouveau, effacée des collines et des arbres du Maine par le chiffon du soleil et par le souffle chaud de l’automne sur le bois. »
Il vie donc de ce qui l’entoure, il est un humain en harmonie avec son environnement, à l’écoute de cette nature qui l’accueille en son sein. Il nourrie ses cinq sens, il philosophe, il se souvient, il entretien sa culture comme il entretient son feu, il est au diapason avec son monde, sans violence, sans heurt.
Et le coup de feu annonciateur de ce premier meurtre est la fausse note qui va perturber la partition de Julius. Son chien a été mortellement atteint d’une balle à bout portant. Assimilant ce qui vient de se passer, Julius ne va pas sombrer dans une rage destructrice. Il va rester le même, sans s’embraser, en continuant à raisonner comme il l’a toujours fait, avec calme et parcimonie. Pour rétablir ce déséquilibre, il va chasser le responsable de cet acte, même si pour cela, il doit éliminer quelques innocents… Il va tuer en étant pleinement conscient de ses actes, froid, comme son environnement, sans passion, sans folie incontrôlée.
C’est intéressant de faire le parallèle entre ce qui arrive à Julius et l’arrivée de l’hiver. Tel la morsure du froid qui va planter ses dents dans la chair des êtres qui oseront s’aventurer dans la forêt sans y être préparer, Julius va incarner ce froid implacable qui va mettre un terme à la vie de ceux qui se croyaient bien « armés » pour l’affronter.
C’est bien sûr emprunt d’une certaine naïveté mais Julius est en accord avec lui-même. Il sait très bien que pour atteindre le coupable, il va devoir atteindre d’autres personnes. Des dommages collatéraux ? Peut être mais Julius ne le fait pas par sadisme ou par cruauté. Il le fait parce que c’est ce qui lui semble la chose à faire. C’est difficile de trouver une excuse à son geste mais c’est aussi facile de comprendre qu’il n’avait pas autre chose à faire, comme si c’était irrémédiable.
Du coup, on serait curieux de voir ce donnerait une évaluation psychiatrique du personnage. Comment les influences de son grand père, de son père et son isolement pourraient tenter d’expliquer son geste. Comment sa déception amoureuse pourrait servir de déclencheur et facilement expliquer les évènements en voulant trouver une justification rationnelle. L’amertume par exemple. Alors que nous savons qu’il n’en est rien. La mort du chien l’a juste rendu triste. Un point c’est tout.
« Lorsqu’un chien lève la tête et aboie tout en vous regardant un peu de biais, cela signifie qu’il est d’humeur joueuse et sait que vous le taquinez. […] Si vous ne comprenez pas son langage, tout ça n’est que du bruit. Ces types qui rodaient dans la forêt ne comprenaient pas mon langage shakespearien, me semble-t-il, même si c’était du pur anglais et que j’articulais avec soin. J’aurais pu tout aussi bien leur aboyer après. Avec le temps on devient tous des chiens. »
Parce que le roman n’est pas une apologie du meurtre. C’est une fable de la nature. Les actes de Julius sont en fait à l’image de cet extrait. Il y a ce que l’on va se contenter de voir et ce que l’on va chercher à comprendre. C’est un peu le nœud du problème : la compréhension de l’autre. Parce que tenter de comprendre l’autre, c’est tenter de mieux se comprendre soi même. C’est aussi notre quotidien de lecteur, non ?
(J'arrête là, sinon, j'en ferai des pages ...) _________________ Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok |
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Fredo Michael Myers
Age: 48 Inscrit le: 10 Avr 2004 Messages: 8982 Localisation: Paris
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Mar Juil 07, 2009 9:06 pm Sujet du message: |
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Je ne l'ai pas encore terminé mais je pense qu'il peut effectivement figurer sur PP.
Le voici donc. Fredo, Dodger, à vos votes !
_________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Kenzune Complice
Age: 32 Inscrit le: 14 Juil 2008 Messages: 187 Localisation: Dans le Haut-Doubs,la ou les vaches broutent tranquillement...
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Posté le: Mer Juil 08, 2009 11:31 am Sujet du message: |
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Pfff... Du lourd! Un auteur a suivre! Merci pour cette decouverte, Dogder! _________________ "Toujours prévoir le pire pour éviter les mauvaises surprises." Le Serment des Limbes |
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