anais Témoin
Age: 60 Inscrit le: 16 Juil 2007 Messages: 38 Localisation: lille
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Posté le: Lun Juil 30, 2007 4:52 pm Sujet du message: la reine du sud d'Arturo PEREZ REVERTE |
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Présentation de l'éditeur
Nom : Mendoza. Prénom : Teresa. Nationalité : Mexicaine. Veuve de Raimundo Davila Parra, pilote d'avion à la solde du cartel de Juarez, mort assassiné. S'installe en Espagne. Soupçonnée de trafic de stupéfiants en association avec Santiago Lopez Fisterra. Arrêtée et condamnée à plusieurs mois de prison. Liée à Patricia O'Farrell, délinquante notoire. Détient des actions dans Transer Naga, société de transports maritimes et dans de nombreuses sociétés écrans supposées blanchir de l'argent. Probablement à la tête de la plus grosse entreprise de transport de cocaïne et de haschisch en Méditerranée pour le compte du cartel de Medellin ,des mafias russe et italienne. Femme d'affaires redoutable et dangereuse, multimillionnaire, mène une vie discrète, aime le rêve et la solitude en mer à bord de son yacht. Aucune preuve n'a pu être retenue contre elle
La reine du sud
par Vanessa Postec
critique de Lire, juin 2003
«J'avais toujours cru que les corridos mexicains de la drogue - les narcocorridos - n'étaient que des chansons et que Le comte de Monte-Cristo n'était qu'un roman»... avant de croiser la Reine du Sud, aurait pu ajouter le narrateur. Car la vie de Teresa Mendoza, Edmond Dantès au féminin, suffirait à alimenter quantité de ces chants populaires. Elle n'a qu'une vingtaine d'années lorsque son compagnon, pilote d'avion pour le compte de trafiquants de drogue mexicains, se fait assassiner par ses employeurs. Les «règles» étant ce qu'elles sont au Sinaloa, même innocente, elle sera condamnée. Exilée près de Gibraltar, elle rencontre le pilote d'une vedette qui fait passer des cargaisons de haschich du Maroc en Espagne. Et n'aura que le temps de lui apprendre les rudiments du métier, avant d'être tué à son tour. Incarcérée pour quelques mois, elle se liera avec le «lieutenant», une jeune femme de bonne famille, qui, après lui avoir donné le goût des livres, lui donnera celui des affaires en lui proposant de partager un «trésor». Oscillant sans cesse entre hommage à Alexandre Dumas et reportage quasijournalistique sur le monde des narco-trafiquants, le dernier roman d'Arturo Pérez-Reverte est - avant tout - une fresque mêlant amour, vengeance et soif de vivre. Dans la veine de Gabriel García Márquez, la sobriété en plus.
Arthuro Pérez Reverte est un admirateur d' Alexandre Dumas . Pour la reine du sud il s'est inspiré du comte de Monte Christo .L'héroine Térésa est une paysanne sans avenir née au Mexique . Comme Edmond Dantés elle va etre injustement condamnée , se transformer , conquérir la fortune et le pouvoir et enfin se venger .
elle se débattra dans un monde d'hommes celui des narco trafiquants entre le Mexique , le Maroc et l'Espagne et n'écoutera que son instinct de survie ; pour ça elle deviendra impitoyable , calculatrice
je me suis attachée à Térésa malgré tout cela , malgré les morts ( titre di chapitre 11 : je ne sais pas tuer , mais j'apprendrai ), le trafic de drogue ;elle n'est animée que de la volonté de s'en sortir
le livre est construit autour de 2 axes alternés : un journaliste qui traque Térésa pour écrire sa biographie et des passages romancés de la vie de Térésa
la fin du livre laisse imaginer son avenir possible
voici un extrait , chapitre 7 :
Chapitre 7: Ils m'ont marqué du Sept..
En même temps, Dantès se senti lancé, en effet, dans un vide énorme, traversant les airs comme un oiseau blessé, tombant, tombant toujours avec une épouvante qui lui glaçait le cœur... Teresa Mendoza lut ces lignes et resta pensive un instant, le livre ouvert sur ses genoux, en regar-dant la cour de la prison. C'était encore l'hiver, et le rectangle de lumière qui se déplaçait dans le sens inverse du soleil réchauffait ses os à demi ressoudés sous le plâtre du bras gauche et l'épais chandail de laine que lui avait prêté Patricia O'Farrell. Elle était bien, ici, dans les der-nières heures de la matinée, avant que ne retentisse la sonnerie annonçant le repas. Autour d'elle, une demi-centaine de femmes bavardaient, assises comme elle au soleil, fumaient allongées sur le dos en en profitant pour bronzer un peu, ou se promenaient par petits groupes d'un bout à l'autre de la cour, avec cette façon caractéristique qu'ont les recluses forcées de se déplacer dans les limites de l'enceinte: deux cent trente pas dans une direction, puis demi-tour après être arrivées au mur surmonté d'une guérite et de fils de fer qui les séparait du quartier des hommes, deux cent vingt-huit, deux cent vingt-neuf, deux cent trente exactement vers le panier de basket-ball, de nouveau deux cent trente pour revenir au mur, et ainsi de suite huit ou dix fois par jour.
(...)
- Pati.
- Quoi ?
- Le livre est super.
- Je te l'avais bien dit.
Elle continuait à garder les yeux fermés, la cigarette fumante à la bouche, et le soleil accentuait les petites taches, semblables à des grains de son, qu'elle avait sur le nez. Elle avait été attirante et, d'une certaine manière, elle l'était encore. Ou peut-être plus agréable que vraiment attirante, avec ses cheveux blonds, son mètre soixante-dix-huit, ses yeux vifs qui semblaient rire tout le temps intérieurement quand ils vous regardaient. Une mère qui avait été Miss Espagne en 1950 et des poussières, mariée avec le O'Farrell des vins et des chevaux de Jerez dont on voyait parfois des photos dans les magazines: un vieux tout ridé et élégant sur fond de barriques et de têtes de taureaux, dans une maison pleine de tapis, de tableaux et de meubles couverts de céramiques et de livres. I1 y avait d'autres enfants, mais Patricia était la brebis noire. Une affaire de drogue sur la Costa del Sol, avec mafia russe et trucidés. Son ami qui portait trois ou quatre noms avait été descendu d'une rafale, et elle s'en était tirée de justesse avec deux balles qui l'avaient expédiée pour un mois et demi en réanimation. Teresa avait vu les cicatrices dans les douches et quand Patricia se déshabillait dans leur cellule: deux étoiles marquant la peau dans le dos, près de l'omoplate gauche. La trace de la sortie d'une des deux balles était plus grosse, devant, sous la clavicule. La seconde s'était écrasée contre l'os et avait été extraite sur le billard. Des balles blindées, tel avait été le commentaire de Patricia la première fois que Teresa l'avait contemplée. Si ç'avaient été des dum-dum, je ne te dis pas le désastre. Après quoi elle avait clos l'affaire d'une grimace muette et amusée. Les jours de pluie, cette seconde blessure la faisait souffrir, tout comme Teresa souffrait de la fracture récente de son bras plâtré.
- Qu'est-ce que tu penses d'Edmond Dantès ?
Edmond Dantès c'est moi, répondit Teresa presque sérieusement, et elle vit les rides autour des yeux de Patricia s'accentuer, sa cigarette trembler sous son sourire. Et moi, dit-elle à son tour. Et toutes celles-là, ajouta-t-elle en désignant la cour sans ouvrir les yeux. Nous sommes toutes des vierges innocentes et nous rêvons à un trésor qui nous attend quand nous sortirons d'ici.
- L'abbé Faria est mort, annonça Teresa en regardant les pages ouvertes du livre. Pauvre vieux.
- Tu vois. Parfois, il faut qu'il y en ait qui crèvent pour que d'autres vivent.
(...)
Elle revint au livre. Edmond Dantès venait d'être jeté du haut des rochers, dans un sac, les pieds lestés d'un boulet de canon, par ceux qui croyaient avoir affaire au cadavre du vieil abbé. La mer est le cimetière du château d'If, 1ut-elle avidement. J'espère qu'il va s'en sortir, se dit-elle en passant vite à la page suivante et au chapitre suivant. Dantès, étourdi, presque suffoqué, eut cependant la présence d'esprit de retenir son haleine... Bon Dieu! Pourvu qu’il puisse remonter à la surface et revenir à Marseille récupérer son bateau et se venger des trois salopards de merde, ces enfants de putain qui se disaient ses amis et qui l'ont vendu d'une manière aussi dégueulasse. Teresa n'avait jamais imaginé qu'un livre puisse captiver l’attention du lecteur au point qu'il ne souhaite plus qu’une chose: retrouver un moment de tranquillité pour le reprendre là où il l'a laissé, avec une petite marque pour ne pas perdre la page. Patricia lui avait donné celui-là après lui en avoir beaucoup parlé, tandis que Teresa s'émerveillait de la voir rester si longtemps absorbée par les pages de ses livres; de se mettre tout cela dans la tête et de le préférer aux séries de la télévision - elle, elle aimait passionnément les séries mexicaines, qui lui apportaient l'accent de son pays -, aux films et aux concours que les autres détenues se battaient pour voir dans la salle de la télé. Les livres sont des portes qui t'emmènent à 1’air libre, disait Patricia. Avec eux tu apprends, tu fais ton éducation, tu rêves, tu imagines, tu vis d'autres vies et tu multiplies la tienne par mille. Trouve-moi quelque chose qui t’en donne davantage pour si peu, Mexicaine. Et ils servent aussi à écarter beaucoup de choses pénibles: rêves, solitude, un tas de merdes comme ça. Parfois je me demande comment vous faites pour tenir le coup, vous qui ne lisez pas. Mais elle n'avait jamais dit: tu devrais en lire un, ou regarde donc celui-ci ou celui-là; elle avait attendu que Teresa se décide toute seule, après l'avoir surprise à plusieurs reprises en train de jeter un regard curieux sur les vingt ou trente livres qu'elle renouvelait régulièrement, exemplaires de la bibliothèque de la prison ou envoyés de l'extérieur par un membre de sa famille, un ami, ou encore rapportés, contre finances, par des camarades bénéficiant d'une autorisation de sortie. Enfin, un jour, Teresa avait dit: j'aimerais en lire un, parce que je n'ai jamais fait ça. Elle avait dans les mains celui qui s intitulait Tendre est la nuit, ou quelque chose de semblable, titre qui lui semblait follement romantique, et puis l'illustration de la couverture était jolie, une fille élégante et mince avec un chapeau, très distinguée, style années vingt. Mais Patricia avait hoché la tête, le lui avait repris et dit: attends, chaque chose en son temps, avant tu dois en lire un autre qui te plaira davantage. De sorte que, le lendemain, elles étaient allées ensemble à la bibliothèque de la prison et avaient demandé à Marcela Conejo, la responsable - Conejo était son surnom: c'était de l'eau de Javel de cette marque qu'elle avait mise dans la bouteille de vin destinée à sa belle-mère -, le livre que lisait maintenant Teresa. Il parle d'un prisonnier comme nous, avait expliqué Patricia en la voyant inquiète d'avoir à lire quelque chose d'aussi épais. Et puis regarde: Collection Sepan Cuantos, Éditions Porrua, Mexico. Il vient de là-bas, comme toi. Vous êtes faits l'un pour l'autre. _________________ « Une bibliothèque est une chambre d'amis » -- Tahar Ben Jelloun |
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