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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Lun Mai 11, 2020 6:35 pm Sujet du message: Jacqui – Peter Loughran (Tusitala) |
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Deuxième roman d'un auteur anglais qui en a écrit trois et dont on ne sait presque rien, Jacqui (1984) est paru en français chez Tusitala dans une traduction de Jean-Paul Gratias en 2018.
Son premier roman, The Train Ride (1966) est devenu un Série Noire fameux traduit par Marcel Duhamel en personne : Londres Express (1967). Il est cité en ces termes par Jean-Bernard Pouy dans sa Brève histoire du roman noir : " Dans le genre de lecture dont on se souvient à jamais, il y a obligatoirement Londres Express. "
On ne sait même pas si Peter Loughran vit encore et si oui sous quel nom, ce qui nous vaut ce rare avertissement en début d'ouvrage : " Malgré les recherches de l'éditeur, ni l'auteur ni ses ayants droits n'ont pu être retrouvés. "
Citation: | « On dit que l'amour est aveugle. Ma foi, je crois bien qu'il est sourd, muet, et débile mental par-dessus le marché. »
Jacqui nous embarque de force dans la tête d’un personnage rebutant, chauffeur de taxi frustré, réactionnaire, râleur, perfide et surtout effroyablement misogyne, qui aime asséner des leçons sentencieuses sur la vie.
Entre macabre et humour noir, on suit le monologue intérieur d’un meurtrier qui raconte comment et pourquoi il s’est débarrassé de sa femme, la fameuse Jacqui, et en profite pour nous raconter le monde, vu à travers son regard désabusé. |
Après une centaine de pages, je suis happé par le monologue de ce type ignoble, macho et plus ou moins misanthrope, mais son parcours de vie et sa rencontre avec l'insupportable Jacqui font qu'on ne peut en même temps s'empêcher d'avoir un peu de pitié pour lui, tout en sachant dès le départ qu'il l'a tuée.
Le premier chapitre est un modèle du genre.
Voici les premières lignes :
« Vous avez déjà tué quelqu’un ? Et puis tenté de vous débarrasser du cadavre ? Le corps humain, c’est un truc incroyablement difficile à faire disparaître. » _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mar Mai 12, 2020 2:44 pm Sujet du message: |
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Je l'ai depuis sa sortie (d'ailleurs il a paru en poche chez Points en octobre dernier), son pitch et les commentaires à son propos m'avaient séduit. Il faudra que je me décide à plonger dedans quand j'aurai repris la lecture.
D'ailleurs son premier roman, Londres Express (toujours dispo en Folio), « ouvrage insaisissable, impossible à cataloguer », comme le décrivait Marcel Duhamel, est considéré comme l’un des livres emblématiques de la Série Noire.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Jeu Mai 21, 2020 5:11 pm Sujet du message: |
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Mon avis vient de paraître sur Polars Pourpres.
Sur Polars Poupres, Hoel a écrit: | Pourquoi j'ai tué Jacqui...
Dès les premières pages, le narrateur nous explique qu’il doit se débarrasser d’un cadavre. On apprend rapidement qu'il s'agit de celui de Jacqui, une femme qu’il a rencontré et qui lui a causé bien des soucis. Petit à petit, on vient à en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussé à commettre ce crime et les circonstances du décès puis de la dissimulation du corps.
On ne sait presque rien de l’Anglais Peter Loughran, auteur de trois romans entre 1966 et 1990. Pour dire le mystère, on ne sait même pas s’il vit encore, ce qui nous vaut ce rare avertissement en début d'ouvrage : « Malgré les recherches de l'éditeur, ni l'auteur ni ses ayants droits n'ont pu être retrouvés. » Son premier roman, The Train Ride (1966) est devenu un Série Noire fameux traduit par Marcel Duhamel en personne : Londres Express. Il est cité en ces termes par Jean-Bernard Pouy dans Une brève histoire du roman noir : « Dans le genre de lecture dont on se souvient à jamais, il y a obligatoirement Londres Express. » Pas étonnant que Tusitala, éditeur de romans atypiques, fort joliment habillés qui plus est, se soit intéressé à ce Jacqui, traduit par Jean-Paul Gratias.
Original, surtout pour l’époque – la première version du texte, intitulée Dearest, est parue en 1983 – Jacqui est un roman à la fois étonnant et sans surprises. Sans surprises – ou très peu – parce qu’on connaît dès le départ le sort funeste de Jacqui et que les raisons ayant poussé la narrateur à commettre l’irréparable ne sont pas d’une originalité folle. Étonnant, car peu de livres, surtout alors, nous ont immergés à ce point dans la psyché d’un homme devenu assassin. Un homme plutôt ordinaire d’ailleurs, malgré une misogynie prononcée et une inclination à la misanthropie. Son témoignage – qui s’approche parfois de la confession – courant sur près de 250 pages, lassera peut-être certains lecteurs. Pendant deux tiers du roman, le narrateur s’épanche sur sa vie, sa rencontre avec Jacqui, leur histoire commune et assure sa défense à force d’arguments plus ou moins discutables. Dans un second temps, il nous explique par le menu comment il a procédé pour cacher sa mort et s’éviter les ennuis. Aucune autre voix ne nous donne des informations sur cette histoire, entièrement racontée par l’assassin à la première personne. Ce qui fait qu’on en vient peu à peu à le comprendre. À lire toutes ces justifications livrées avec aplomb, pour un peu, on l’excuserait presque, ce qui est assez troublant (et sans doute tout à fait voulu). La conclusion est à l’image du récit, originale et non dénuée d’un certain humour noir très british.
S’il n’est pas le seul roman mettant en scène un assassin dans une narration à la première personne, loin de là, Jacqui, dérangeant et habilement amené, est l’un des plus captivants du genre et on comprend pourquoi les éditions Tusitala l’ont sorti de l’oubli.
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_________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
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