Posté le: Sam Jan 14, 2017 12:33 pm Sujet du message: Un peu tard dans la saison - Jérôme Leroy (La Table Ronde)
Après notamment Le Bloc, L'Ange gardien et Jugan, et alors que son roman La Minute prescrite pour l'assaut et son recueil de nouvelles Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine viennent d'être réédités en poche dans La Petite Vermillon des éditions La Table Ronde, Jérôme Leroy est donc de retour en ce début d'année avec Un peu tard dans la saison, son nouveau roman qui vient de paraître aux éditions La Table Ronde dans la collection La Vermillon.
Le livre :
C'est aux alentours de 2015 qu'un phénomène inexpliqué et encore tenu caché s'empare de la société et affole le pouvoir.
On l'appelle, faute de mieux, l'Eclipse.
Des milliers de personnes, du ministre à l'infirmière, de la mère de famille au grand patron, décident du jour au lendemain de tout abandonner, de lâcher prise, de laisser tomber, de disparaître.
Guillaume Trimbert, la cinquantaine fatiguée, écrivain en bout de course, est-il lui aussi sans le savoir candidat à l'Eclipse alors que la France et l'Europe, entre terrorisme et révolte sociale, sombrent dans le chaos ?
C'est ce que pense Agnès Delvaux, jeune capitaine des services secrets.
Mais est-ce seulement pour cette raison qu'elle espionne ainsi Trimbert, jusqu'au coeur de son intimité, en désobéissant à ses propres chefs ?
Dix-sept ans plus tard, dans un recoin du Gers où règne une nouvelle civilisation, la Douceur, Agnès observe sa fille Ada et revient sur son histoire avec Trimbert qui a changé sa vie au moment où changeait le monde.
Né le 29 août 1964 à Rouen, Jérôme Leroy a publié son premier roman en 1990, L’orange de Malte, Prix du Quartier Latin 1990.
Il a ensuite publié de nombreux romans et recueils de nouvelles à la limite du roman noir et de l’anticipation sans pour autant se considérer comme un auteur de genre (La minute prescrite pour l’assaut, Minuit 2008).
Il a également écrit un recueil de poèmes : Le déclenchement muet des opérations cannibales (Équateurs 2006), une étude sur Frédéric Fajardie (Rocher, 1994) et des romans pour la jeunesse dont La grande môme (Syros Prix du polar jeunesse 2008) .
Il collabore régulièrement au site Causeur.fr.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Sam Jan 14, 2017 12:48 pm Sujet du message:
>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :
Citation:
Un peu de douceur et de mélancolie
Ceux qui ne connaissent pas encore Jérôme Leroy vont avoir plusieurs occasions de le découvrir en ce début d’année.
Deux rééditions : un roman, La Minute prescrite pour l’assaut, et un recueil de nouvelles, Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine ; et une nouveauté : Un peu tard dans la saison, tout cela aux éditions de La table Ronde.
La fin du monde a bien eu lieu.
Ou au moins, la fin d’un monde.
Depuis sa campagne gersoise, où elle vit avec sa fille Ada, Agnès Delvaux, ancienne capitaine des services secrets se souvient des derniers jours.
C’était en 2015, la France allait sombrer dans un chaos permanent et organisé, attentats, contestation sociale, grèves, état d’urgence, répression policière …
Au point qu’un nouveau phénomène passe dans un premier temps inaperçu : l’Eclipse.
Des gens qui arrêtent tout et partent, du jour au lendemain, sans qu’il y ait de signes avant-coureurs évidents.
Des ouvriers, des profs, des politiques, des médecins…
Ils arrêtent pour disparaitre et lire, pêcher ou servir des bières dans un bistrot paumé.
Pourtant Agnès aurait dû le voir venir, elle qui, pour des raisons personnelles, surveille Guillaume Trimbert, écrivain qui vivote, ancien prof fatigué, qui semble peu à peu lâcher prise.
Un peu tard dans la saison devrait vous permettre de dire si vous aimez, ou pas, l’univers et l’écriture de Jérôme Leroy, parce qu’il est 100% représentatif de bon nombre de ses romans et nouvelles.
Scénario de fin du monde, l’auteur lui-même pris comme personnage (avec un portrait impitoyable sur ses propres « défauts » ou incohérences), des références littéraires, un retour permanent sur la douceur d’un monde terminé, une élégance d’écriture, un ton nostalgique, les plages du nord, le Portugal…
Bref tout son imaginaire, j’allais presque dire tout son bestiaire.
Hasard des lectures et de la saison, je l’ai lu dans un état cotonneux, terrassé par une saloperie hivernale, entre deux grogs, la tête un peu cotonneuse …
J’ai trouvé que ce Leroy là, tout en saudade, va très bien avec le grog et un état grippal !
N’allez quand même pas attraper la crève juste pour être dans de bonnes conditions pour le lire, mais je me sentais dans le même état de faiblesse et de mélancolie que son écrivain.
Ensuite, au plaisir de retrouver ce monde sepia, s’ajoute celui de découvrir, pour une fois, une apocalypse plutôt sympathique, une fin du monde en douceur, sans trop de tripes et de boyaux répandus (même si Jérôme sacrifie un de ses potes dans l’histoire), sans curée, sans grands discours ni violence, juste un renoncement.
C’est peut-être pour ça aussi que mon état vaseux m’a aidé à la lecture, en général je suis plutôt adepte des histoires plus … abruptes, et de personnages plus revendicatifs et plus réactifs.
Mais là un peu de douceur mélancolique m’allait très bien.
Le spleen de Un peu tard dans la saison comme compagnon idéal des fatigues hivernales en quelque sorte.
Un peu de mélancolie, de culture et de douceur, dans un monde brutal et souvent terrifiant de bêtise.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Sam Mar 04, 2017 8:05 am Sujet du message:
Jérôme Leroy présente son roman :
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
La fin du monde commence en 2015.
Pas de déflagration, de guerre finale ou de catastrophe naturelle, non, la fin du monde commence dans un soupir.
Un lâcher-prise, un abandon, un ralliement discret et progressif à la devise de Bartleby : « I would prefer not to ».
À une société déchirée par les conflits sociaux, terrorisée par les attentats, mécanisée par la technique, consommée par le marché, ils sont de plus en plus nombreux à « préférer ne pas ».
Sans déterminant socio-professionnel, financier, politique ou religieux, les gens disparaissent.
Ils abandonnent leurs place dans le système pour s'arrêter, lire, pêcher à la ligne, dormir, ne rien faire.
Les autorités appellent le phénomène l'Eclipse.
Guillaume Trimbert, écrivain quinquagénaire entretenu par une mécène, montre les premiers signes d'une tendance à l'Eclipse.
L'addiction aux réseaux sociaux et aux smartphones le fatigue, son écriture s'épuise.
La nostalgie lui inspire des tentations luddites, tandis qu’il revisite en pensée les moments forts de sa vie, ses amours et ses amis.
Agnès Delvaux, capitaine de la DGSI, devrait être occupée sur le terrain à chasser les islamistes ou à prévenir de futurs attentats.
Son supérieur et amant, le colonel, lui accorde une liberté qu'elle met à profit pour espionner Trimbert.
Certes, les autorités prennent l'Eclipse très au sérieux, mais l'écrivain est toujours là, et la surveillance a commencé longtemps avant que le phénomène ne soit détecté.
Une étrange obsession s'est emparée de la jeune femme, qui la fait s'immiscer de plus en plus loin dans l'intimité de sa cible.
Un peu tard dans la saison est un récit à rebours, écrit par Agnès dans le futur proche de la civilisation qui s'annonce, la Douceur.
L'ancienne espionne veut raconter à sa fille Ada comment le monde a fini avant de recommencer.
Le procédé permet au lecteur de réunir quelques indices sur ce futur imminent, tout en assistant à la progression vers l’Eclipse de Trimbert.
Le dernier opus de Jérôme Leroy, nourri de références autobiographiques et servi par une plume séduisante, associe une critique de la société occidentale à bout de souffle et une ouverture vers une sortie de crise originale.
Selon sa sensibilité politique, le lecteur y verra un texte optimiste ou cauchemardesque.
Si la manière dont le futur s’impose ne fait pas référence à un projet politique, la civilisation de la Douceur est proche du rêve de décroissance des altermondialistes ou de ceux que la presse regroupe sommairement sous le label de « mouvance anarcho-autonome ».
Un mystère réunit tous les éléments du roman et relie Guillaume Trimbert, Agnès Delvaux et sa fille Ada.
Un mystère transgressif et amoral, une condamnation du contrôle social qui célèbre la disparition du monde ancien et prétend fonder le nouveau.
L’auteur, homme de gauche qui écrit dans « Causeur », veut-il nous dire qu’à « préférer ne pas » vivre dans le monde humain tel qu’il est, on se condamne à rejoindre celui des animaux ?
>> La chronique de Tasha Gennaro sur Tasha's Book :
Citation:
Un peu tard dans la saison de Jérôme Leroy
Nous sommes en février et voilà mon premier « livre de l’année ».
Non, c’est peut-être plus que cela : un livre qui pourrait m’accompagner pour bien plus longtemps, qui m’a chamboulée, bouleversée…
Je pourrais saluer la maîtrise dans la construction de l’intrigue.
On suit avec un intérêt grandissant les deux voix qui composent le roman, qui s’entremêlent de plus en plus.
J’avais du mal à lâcher le livre.
Mais il y a plus.
De Jérôme Leroy je connais deux facettes : le romancier pour ados, avec La grande môme et Norlande, que j’ai aimés ; l’auteur de romans noirs, avec Le Bloc et L’Ange gardien, deux romans forts et terribles sur nos dérives politiques.
Je reconnais cet aspect de son écriture dans Un peu tard dans la saison, qui oscille entre spéculation (à peine…) et fiction noire.
Une fois encore, il livre une photographie pessimiste et juste (à mon sens) de notre société.
La France et le Paris qu’il évoque sont en proie à deux facteurs de chaos qui signent la fin d’un certain état du monde.
Il y a les attentats et la dictature policière et armée qui ne dit pas son nom : le pays sombre dans le chaos, sur fonds de massacres divers et variés (les attentats mais aussi les assassinats d’état) et d’émeutes, de révolte sociale, comme un sursaut avant la fin.
En forme de réponse à cela mais aussi à une sorte de fatigue plus existentielle, l’Eclipse.
Le phénomène touche la population à tous les niveaux, du simple enseignant au ministre en passant par un officier des services secrets : un jour, ils disparaissent, ils lâchent tout, et cela, bien plus que le reste, déstabilise le pays, en le privant de ses forces vives, de ses forces d’appui, au point que l’Etat s’en inquiète…
Pour tout cela, Un peu tard dans la saison est un roman noir, tout en subtilité, d’une puissance folle.
Et puis c’est aussi une manière d’auto-portrait : Guillaume Trimbert, l’écrivain fatigué, ressemble sur bien des points biographiques à Jérôme Leroy.
D’autres figures parcourent le roman et lui donnent des allures de roman à clé.
Je ne connais évidemment pas Jérôme Leroy, mais j’ai aimé ce mélange d’auto-dérision et de tendresse.
Il y a dans Un peu tard dans la saison une nostalgie, mais pas une nostalgie qui sent le rance, non, quelque chose qui est de l’ordre du temps et du souvenir partagés.
Pour tout ce que je viens d’évoquer, ce roman m’a bouleversée, touchée au cœur.
Je finis cette chronique par une notation subjective, pardonnez-moi.
D’abord, quoique n’ayant pas tout à fait l’âge du personnage de Trimbert, je reconnais ce passé dont il parle, une sorte de temps partagé, comme je disais, et il y a aussi un rapport aux lieux qui m’a touchée.
La saudade de Lisbonne, les échappées et les moments qui composent une vie, les rencontres : forcément, on se reconnaît un peu à travers Trimbert, même lorsqu’on est très différent.
En tout cas, je me suis reconnue, dans ce rapport à la littérature, aux voyages, aux moments de bonheur très fugitifs et dont le souvenir serre parfois le cœur.
Ensuite, il y a l’Eclipse : qui n’a pas rêvé d’échapper à sa vie, à la vie, à tous ces pièges qui nous entourent et nous attachent ?
Qui n’a pas eu envie de se détacher de tout ça, de disparaître pour devenir plus léger ?
Pour toutes ces dimensions qui se mêlent et qui composent le roman unique qu’est Un peu tard dans la saison, je sais que je relirai ce qui pourrait devenir un des livres importants de ma vie, comme l’est par exemple Quartier perdu de Modiano.
Je ne regrette pas d’être passée à Page et Plume ce mercredi de février où Jérôme Leroy était en dédicace.
Je n’ai pas encore lu Macha ou l’évasion, acheté au même moment, mais le titre me promet déjà beaucoup…
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
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