Posté le: Dim Jan 19, 2020 12:25 pm Sujet du message: Je suis le fleuve - T.E. Grau (Sonatine)
Au départ je n'étais pas spécialement emballé par ce roman, mais les louanges du dernier Cercle Polar et de Jean-Marc Laherrère ont fini par attirer mon attention...
Publié par Sonatine sur les conseils de Claro, Je suis le fleuve de T.E. Grau est traduit par Nicolas Richard.
Le livre :
Subir. Survivre.
Depuis la fin de la guerre du Vietnam, Israel Broussard survit tant bien que mal à Bangkok. Cinq ans plus tôt, il a participé à la mystérieuse opération Algernon, au cœur de la jungle laotienne. Ce qui s’est passé là-bas ? Il ne s’en souvient plus, il ne veut plus s’en souvenir.
Et pourtant, l’heure est venue de s’expliquer...
L’intensité et la crudité dérangeante de sa prose font de Je suis le fleuve une expérience de lecture à nulle autre pareille. Ce voyage halluciné et sans retour à travers les méandres d’une psyché dévastée évoque irrésistiblement Apocalypse Now.
« Du champ de bataille vietnamien aux allées hantées de Bangkok, la prose poétique de T. E. Grau et son évocation remarquable des lieux et des temporalités mêlent en un rêve enfiévré effusions de sang et zones grises. »
Publishers Weekly
« L’intensité du roman de T. E. Grau nous immerge dans l’enfer des derniers jours de la guerre du Vietnam, dont le flot furieux nous charrie jusqu’à notre propre fin. Je suis le fleuve est un tour de force hallucinant. »
Paul Tremblay, auteur de Possession
Auteur de plusieurs textes d’horreur remarqués, déjà traduit en cinq langues, T.E. Grau vit à Los Angeles avec sa femme et sa fille. Je suis le fleuve est son premier roman publié en France.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Dim Jan 19, 2020 12:40 pm Sujet du message:
La chronique de Christine Ferniot et Michel Abescat dans Cercle Polar (à partir de 17' 14") :
Et la chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :
Citation:
Je suis le fleuve
Je l’attendais, voilà la première claque de 2020, je me la suis prise avec Je suis le fleuve, polar hypnotique de l’américain T. E. Grau.
Israel Broussard survit à Bangkok, grâce à la drogue et l’alcool qu’il peut s’acheter en échange d’on ne sait quels services. Il survit difficilement, poursuivi en permanence par les fantômes de ce qu’il a fait cinq ans auparavant, détaché au Laos auprès du mystérieux commandant, Chapel, pour la non moins mystérieuse opération Algernon sensée mettre fin à la guerre du Vietnam.
Mais la guerre ne s’est pas arrêtée, et Broussard se retrouve, cinq ans plus tard, poursuivi par ses cauchemars, au bord de la folie. C’est le contact avec un agent de la CIA qui va peut-être lui permettre de comprendre ce qu’il lui arrive.
Une belle claque donc.
Un roman qui demande un peu de patience, tant il peut être déroutant au démarrage. Mais si vous acceptez de vous laisser emporter par le délire de Broussard dans les premiers chapitres sans trop comprendre ce qui lui (et ce qui vous) arrive, vous serez mille fois récompensés.
Parce que la suite est logique, cohérente et hallucinante. Aussi hallucinante qu’Apocalypse Now, aussi hallucinante que le délire de Martin Sheen sur fond de musique de Doors, aussi hallucinante que l’attaque des hélicos sur fond de Walkyries, aussi hallucinante que le final, de nouveau sur fond des Doors, avec l’image mythique de Brando.
C’est la même impression de puissance, de folie qui vous emporte comme un fleuve en furie, de cruauté, et en même temps d’une terrible humanité. Toute l’horreur, l’absurdité et la folie de la guerre. J’ai refermé le roman en état de sidération. Et je ne suis pas certain de m’en être encore vraiment remis. Une expérience indispensable, si on n’a pas peur d’être très secoué.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Nous sommes en 1974 et Israël Broussard, ancien soldat, erre dans Bangkok, poursuivi par des fantômes qui ne lui accordent plus aucun repos. Cinq ans plus tôt, ce jeune cajun, après avoir échappé à la cour martiale pour ne pas avoir voulu tuer sur le champ de bataille, s’est retrouvé affecté avec d’autres hommes près d’être expulsés de l’armée, au cœur de la jungle laotienne. Là, sous les ordres du mystérieux Augie Chapel, ils ont participé à une opération secrète dont Broussard ne s’est jamais remis et dont il a presque tout oublié.
En écho à son titre, le récit de T. E. Grau est avant tout un courant qui entraîne le lecteur vers une destination inconnue. Fait d’allers-retours entre 1974 et 1969, entre un Broussard qui ne connaît plus le répit et celui qui pensait encore d’une certaine manière se racheter sous les ordres de Chapel, Je suis le fleuve est traversé par des courants furieux dans lequel l’auteur nous plonge la tête dès le début. Il ne faut alors pas craindre de se laisser immerger dans ces premiers chapitres déstabilisants dans lesquels, avec Broussard, on peut craindre de s’égarer.
C’est qu’une fois que l’on a pris le parti de se laisser porter, c’est tout un monde qui s’ouvre à nous. Celui de l’esprit torturé de Broussard, bien entendu, qui semble de prime abord irrationnel avant de peu à peu prendre tout son sens quand bien même le roman de T. E. Grau apparaît comme le récit de la folie, de la manière dont elle peut susciter l’aveuglement, l’illusion de la toute puissance qui précède la chute, mais aussi, de comment elle révèle les hommes à eux-mêmes. Entraîné dans une guerre qui n’est de toute évidence pas la sienne et dans la folie d’un autre homme, ce Chapel déterminé à porter un coup fatal à l’ennemi, Broussard fera un voyage initiatique d’abord, en quête de rédemption ensuite.
Tout cela pourrait sembler bien obscur, propre à égarer le lecteur à la suite du personnage principal. Pourtant, grâce à un formidable travail d’écriture et de construction qui lui permet de baliser discrètement le terrain et de laisser énormément de place aux sensations, Grau arrive à ne perdre personne en route. Il n’en demeure pas moins que la descente du fleuve aux côtés de Broussard est éprouvante et ne laisse pas de secouer celui ou celle qui s’y engage avec lui. Voilà donc un roman résolument en dehors des sentiers battus, troublant et, surtout, fascinant. Une expérience de lecture des plus originales.
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Posté le: Lun Mar 02, 2020 4:22 pm Sujet du message:
Une expérience de lecture, un roman qui n’est pas conventionnel
Citation:
« Je suis le fleuve », ambigu non ? Est-il le fleuve ou suit-il le fleuve ? Un titre révélateur sur le contenu du livre car le texte est complexe, le personnage qui l'anime ambivalent.
Le début de ce récit n'est pas simple à cerner, parachuté dans l'esprit malade de Broussard, cet ancien combattant de la guerre du Vietnam, le lecteur se débat pour comprendre ce qui relève du délire, de la réalité, des troubles de la conscience, des hallucinations ... Si nous disposons des notions de lieu, de temps, nous perdons tout de même souvent le nord aux côtés de cet être traumatisé. Est ce qu'au fil des pages on s'habitue ? Oui et pour ma part, plus j'avançais plus j'appréciais, il me fallait savoir ce qui avait provoqué tous ces troubles à cet homme. La plume implacable de T.E. Grau y est aussi pour quelque chose, acerbe et poétique à la fois.
Un livre saisissant.
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