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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Dim Avr 15, 2018 12:10 pm Sujet du message: Jusqu'à la bête – Timothée Demeillers (Asphalte) |
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Jusqu'à la bête est un roman de Timothée Demeillers paru chez Asphalte en août 2017.
Erwan est ouvrier dans un abattoir près d’Angers. Il travaille aux frigos de ressuage, dans un froid mordant, au rythme des carcasses qui s’entrechoquent sur les rails. Une vie à la chaîne parmi tant d’autres, vouées à alimenter la grande distribution en barquettes et brochettes. Répétition des tâches, des gestes et des discussions, cadence qui ne cesse d’accélérer… Pour échapper à son quotidien, Erwan songe à sa jeunesse, passée dans un lotissement en périphérie de la ville, à son histoire d’amour avec Laëtitia, saisonnière à l’abattoir, mais aussi à ses angoisses, ravivées par ses souvenirs. Et qui le conduiront à commettre l’irréparable.
Jusqu’à la bête est le récit d’un basculement, mais également un roman engagé faisant résonner des voix qu’on entend peu en littérature.
Comme toujours chez Asphalte, la playlist concoctée par l'auteur est disponible sur le site de l'éditeur, ici.
_________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Dim Avr 15, 2018 12:12 pm Sujet du message: |
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Mon avis vient de paraître sur Polars Pourpres.
Sur Polars Pourpres, Hoel a écrit: | Jusqu'à l'os
Erwan est ouvrier dans un grand abattoir de la banlieue d'Angers.
Depuis sa cellule, il nous raconte son frigo, où arrive chaque minute une nouvelle carcasse d'animal fraîchement abattu, le travail à la chaîne, celui qui use le corps et tue à petit feu, son amour pour Laëtitia, le cynisme de ses employeurs, les sorties avec les collègues pour oublier un peu l'usine le temps d'une soirée alcoolisée, son frère et les proches de ce dernier, qui comptent beaucoup pour lui, la vacuité de la vie en détention...
Oui, car si Erwan nous raconte tout ça depuis la prison, c'est parce qu'un jour, il a craqué...
Jusqu'à la bête, court roman de cent-soixante pages écrit à l'os, est l'histoire d'une vie qui bascule. Une vie normale. Une vie que rien ne préparait à ça. Ou peut-être tout si l'on y repense.
Sans verser un seul instant dans le pathos, Timothée Demeillers parvient à nous faire ressentir peu à peu l'oppression qui habite Erwan, son décalage par rapport à cette société rouleau-compresseur, qui fait courir toujours plus vite celui qui ne veut pas finir écrasé. L'usine occupe une grande place dans le récit. Les journées interminables passées à accomplir les mêmes gestes répétés à l'infini jusqu'à la retraite. Ou jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus. Le mépris de la direction pour ces ouvriers interchangeables et corvéables à merci. Cette satanée usine qui reste en vous, même après le boulot. Des odeurs indélébiles qui résistent à tout lavage à ce rythme infernal sur lequel le cerveau se règle et que même les émissions télé ineptes, qu'on regarde quand même faute de pouvoir faire autre chose, trop las, ne parviennent pas à faire passer. Mais il faut bien gagner sa vie, remplir son caddie... Alors même épuisé, on met son réveil, et on retourne au turbin, coûte que coûte.
D'une puissance rarement égalée, Jusqu'à la bête est un cri désespéré contre cette société où la vie humaine passe après la course au profit. Un roman qui ne laisse pas indifférent et dont on ressort, sinon abattu, bien groggy.
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_________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11675 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Dim Avr 15, 2018 3:10 pm Sujet du message: |
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J'étais - et d'ailleurs je suis toujours - très tenté par ce roman, mais j'avais lu quelque part qu'il y avait des scènes de maltraitance - voire pire - d'animaux (ce qui est malheureusement assez logique si ça se passe dans un abattoir...), du coup j'ai laissé tomber car c'est vraiment le genre de choses que je ne supporte pas, et c'est vraiment plus fort que moi. Dommage, car je suis sûr que, comme tu le dis, c'est un excellent roman. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11458 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Dim Avr 15, 2018 5:38 pm Sujet du message: |
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Je ne te garantis pas qu'il n'y en a pas (c'est possible) mais ça ne me dit trop rien et si ça ne m'a pas marqué c'est que ça ne devait pas être très "dur" (je suis assez sensible à ça aussi, j'aime pas qu'on blesse/tue un animal, même dans une fiction). Alors oui, il voit des vaches débitées passer devant lui toute la journée, c'est sûr, mais c'est pas trash. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de sordide gratuit. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11675 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Dim Avr 15, 2018 5:43 pm Sujet du message: |
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Je tenterai peut-être alors ; au pire je sauterai quelques paragraphes s'il le faut (parce que même si ce n'est pas gratuit, j'ai du mal) ! Merci pour la précision en tout cas. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Le Juge Wargrave Ishigami le Dharma
Age: 39 Inscrit le: 17 Oct 2012 Messages: 8731 Localisation: Hexagone
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Posté le: Mer Aoû 22, 2018 10:42 pm Sujet du message: |
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Dédicacé depuis Lire à Limoges dernier (fin avril), j'attaque enfin, avec un peu d'appréhension, ce roman de Timothée Demeillers, fort sympathique par ailleurs. _________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003). |
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Le Juge Wargrave Ishigami le Dharma
Age: 39 Inscrit le: 17 Oct 2012 Messages: 8731 Localisation: Hexagone
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Posté le: Mar Aoû 28, 2018 4:11 pm Sujet du message: |
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Mon avis sur ce bon roman :
Citation: | En quelques 150 pages, Thimothée Demeillers nous amène dans un monde que l'on connaît finalement peu, sauf à y travailler et qui pourtant nous sert quotidiennement, sauf à être végétarien/végan etc, celui des abattoirs. Ici, nous sommes dans la banlieue d'Angers. Erwan, ancien employé d'un abattoir près d'Angers, est en prison. On ne sait pas pourquoi, mais l'on pressent qu'il a commis quelque chose de très grave pour écoper d'un peine de 18 ans.
Alors, à travers un récit à la première personne, on retrace avec lui son parcours, enfant de la banlieue pavillonnaire, fils d'un père autoritaire, d'une mère soumise, peu concerné à l'école, il échoue aux abattoirs où, très vite, la violence et la monotonie des gestes comme du lieu vont le transformer en... bête. Chaque heure qui passe affecte les cinq sens : l'odeur de la mort, que l'on ne sent même plus à force d'habitude au bout de quelques semaines, la vue de ce sang noir qui jaillit des bêtes égorgées et des néons qui brûlent les yeux, le bruit incessant des clacs de la chaîne, le goût de fer qui émane du sang et qui peut couper l'appétit, et le toucher, rendu parfois douloureux par le froid omniprésent (Erwan travaille aux frigos).
Très documenté, l'auteur nous immerge dans ce décor sanglant et glacial, où l'on tue par dizaines des bœufs, des vaches et des veaux et ce à chaque heure de la journée, 24h/24. L'aspect répétitif du récit que l'on peut reprocher à l'auteur nous permet cependant de se mettre dans la peau de Erwan et de subir avec lui.
Peu de lumière, sauf cet amour estival, Laétitia, rencontré aux abattoirs lors d'un job d'été, trop vite partie vers d'autres cieux plus cléments, moins rouge sang.
C'est pesant mais juste, et l'auteur nous amène à réfléchir à la fois sur la condition des employés dans ces abattoirs mais aussi le rapport du monde "moderne" à l'animal (attention, ce texte n'est pas non plus un plaidoyer pour le véganisme !).
De par l'originalité du lieu choisi et son traitement, Thimothée Demeillers atteint son but, celui de questionner nos pratiques, nos habitudes et le cadre libéral qui l'englobe. Une réussite. |
_________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003). |
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