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Le Blues de La Harpie - Joe Meno (Agullo)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Fév 18, 2017 3:36 am    Sujet du message: Le Blues de La Harpie - Joe Meno (Agullo) Répondre en citant

Salué par la critique et des auteurs américains majeurs comme Hubert Selby Jr (auteur notamment du cultissime Le Démon), Le Blues de La Harpie de l'Américain Joe Meno vient de paraître chez Agullo Editions, traduit par Morgane Saysana.






Le livre :

« Tout ce qui s'ensuivrait germerait dans cette seule seconde désespérée, dans toute la cruauté sans âme de l'espace et du temps. »

Alors qu'il vient de voler la caisse d'un débit de boisson dans l'espoir de s'enfuir avec sa petite amie, Luce Lemay perd le contrôle de sa voiture et renverse un bébé dans une poussette, le tuant sur le coup.

Trois ans plus tard, il sort de prison en liberté conditionnelle et revient dans sa ville natale de La Harpie, Illinois.
Un boulot à la station-service l'y attend, où un ami ex-taulard, Junior Breen, homme-enfant géant tourmenté et poète à ses heures, condamné pour avoir tué une fillette alors qu'il avait 15 ans, travaille déjà et l'a recommandé.
Tous deux tentent de rester sur le droit chemin de la réinsertion, mais les choses se compliquent quand Luce tombe amoureux de la belle Charlene.
Ni les parents de Charlene, ni son ex-fiancé, Earl Pete, ne voient d'un très bon œil la romance naissante entre la jeune femme et le repris de justice.
Earl jure de chasser Luce de La Harpie et rallie à sa cause une bonne partie de la ville qui a bien du mal à tirer un trait sur le passé.

Peu à peu, le climat devient irrespirable et dangereux pour Luce et Junior.
Les deux amis parviendront-ils à échapper à la violence qui semble les poursuivre quoi qu'ils fassent ?
La rédemption viendra peut-être de l'amour, seule force lumineuse capable de balayer l'obscurantisme.

Portrait saisissant d'une petite ville du Midwest où le dialogue passe plus souvent par les poings que par la parole, ce roman noir et poétique offre une âpre réflexion sur la violence d'un pays qui croit encore à la peine de mort et à l'idée de se faire « justice » soi-même.




« Un tour de force merveilleux. La puissance est dans l'écriture. Monsieur Meno est un orfèvre flamboyant. »
Hubert Selby Jr

« Meno capture avec une sensibilité de poète les détails d'une petite ville, de la vie en prison, et des épreuves auxquelles doit faire face un repris de justice. C'est un conteur hors pair avec un vrai talent pour créer des personnages inoubliables. »
Publishers Weekly




>> Le site de l'auteur : http://www.joemeno.com/

>> Sa page Facebook : https://www.facebook.com/Joe-Meno-26845914804/





L'auteur :

Joe Meno est né en 1974, et a publié son premier roman à l’âge de 24 ans.
Il est l’auteur de sept romans et plusieurs recueils de nouvelles, et a reçu notamment le prestigieux prix Nelson Algren.
Il écrit régulièrement pour le magazine underground Punk Planet, ainsi que pour le New York Times et Chicago Magazine.
Il vit aujourd’hui à Chicago.
Le Blues de La Harpie est son premier roman publié en France.



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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Fév 18, 2017 3:49 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:

Le Blues de La Harpie, de Joe Meno


Luce Lemay sort de prison où il a purgé une peine de trois ans.
Après avoir braqué la caisse du magasin dans lequel il travaillait alors, il a percuté en voiture le landau d’une femme qui traversait la rue, tuant son bébé sur le coup.
Aux yeux de la loi, Luce a payé la majorité de sa dette à la société et n’a plus maintenant qu’à respecter les termes de sa libération conditionnelle.
À ses propres yeux, même si un sentiment de culpabilité ne le quitte pas, il en va de même.
Au point d’ailleurs qu’il décide de revenir dans sa petite ville natale, La Harpie, sur les lieux du drame, pour refaire sa vie.
Il y rejoint Junior Breen, libéré quelques semaines avant lui après une peine bien plus longue pour le meurtre d’une jeune fille, et qui l’attend dans la pension de la vieille Lady Saint-François.
Un ancien taulard, propriétaire d’une station-service a par ailleurs accepté d’embaucher Luce et Junior.


Sauf que, et même si l’on est bien décidé à refaire sa vie et même à retrouver l’amour, on n’oublie pas la culpabilité.
Celle que l’on porte et celle que la société – que vous ayez payé votre dette ou pas – estime devoir vous faire encore porter.


C’est là, vraiment, le propos de Joe Meno.
Paie-t-on jamais sa dette ?
Il s’agit d’abord d’une question intime.
Et bien qu’il mette en place toute une somme de stratégies destinées à montrer qu’il est malgré tout un bon citoyen et un homme droit, Luce ne peut oublier une faute qui continue à le hanter et dont il portera indéfiniment le poids.
Quant à Junior, plus encore accablé par la culpabilité malgré les efforts de son ami pour l’aider à retrouver une place dans la société, il semble par bien des aspects chercher l’enfermement – dans un cadre de vie circonscrit à sa chambre et à la station-service, en lui-même.


Là dessus, peu à peu, va s’ajouter le regard que porte la petite société de La Harpie sur les deux repris de justice.
D’abord distant, il va devenir de plus en plus pesant, jusqu’à être ouvertement hostile.


Tout cela, avec pour fil rouge l’histoire d’amour naissante entre Luce et la séduisante Charlene, Joe Meno le montre en faisant lentement monter la pression.
S’il utilise un symbolisme parfois un peu outrancier, il réussit néanmoins à créer l’inconfort par petites touches, au point que tous les moments de bonheurs de Luce et Junior sont obscurcis par une menace latente qui se contente parfois de flotter au-dessus d’eux et qui, à d’autres moments, s’abat de manière brutale.


Ce faisant, Meno nous livre un roman noir psychologiquement violent, que vient supporter une écriture véritablement originale qui s’abandonne parfois à un humour de second degré flirtant avec le nonsense (« Milford ! siffla Mme Dulaire. Tais-toi ! Je t'en prie, Luce, il faut excuser M. Dulaire. Il n'est plus le même depuis qu'on lui a retiré son permis de chasse. »).
Ainsi Le Blues de La Harpie apparaît-il comme un objet noir et poétique qui pose plus de questions – par ailleurs dérangeantes – qu’il n’apporte de réponses dans une démarche salutaire qui consiste à placer le lecteur dans une certaine situation d’inconfort pour le pousser à réfléchir sur la question au cœur du roman : celle de la possibilité ou de l’impossibilité de payer sa dette à la société et de l’acceptation par cette dernière d’une véritable réhabilitation.
Un beau livre, dans le fond comme dans la forme, et un livre utile, donc.



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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Mar 08, 2017 1:29 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Cédric Segapelli sur Mon Roman ? Noir et bien serré ! :

Citation:

Joe Meno : Le Blues De La Harpie

Solder sa dette.




Lorsque deux anciens taulards, en quête de rédemption, entrent en scène, on peut être quasiment certain qu’une référence à Johnny Cash ne sera jamais bien loin à l’instar de Joe Meno qui lui rend hommage dans Le Blues De La Harpie, une des dernières découvertes de la maison d’édition Agullo.
Et puisqu’il s’agit d’une sombre histoire d’amour où la tragédie s’immisce au détour de chacune des rues de cette petite bourgade du Midwest, il conviendra d’écouter I Walk On The Line, une des plus belles déclarations d’amour correspondant parfaitement à l’état d’esprit de ce récit poignant dans lequel on décèle quelques tonalités rappelant les romans de John Steinbeck.


Au volant de sa voiture, Luce Lemay prend la fuite après le minable braquage d’un magasin de spiritueux. Dans le crépuscule, il fonce sur la Harpie Road et ne voit pas cette femme qui traverse la route avec son landau qu’il renverse. Le bébé qui s’y trouvait décède sur le coup. Après trois ans de prison, Luce est de retour à La Harpie où l’attend Junior Breen qui vient de purger une peine de 25 ans. Même si leurs nuits sont peuplées de cauchemars, nos deux compères tentent de jouer profil bas en travaillant dans une station service afin de rester dans le droit chemin. Mais quand Luce tombe éperdument amoureux de la belle Charlène, les passions se déchaînent avec une cohorte de ressentiments exacerbés par la découverte du passé criminel de Junior. Au-delà de l’atrocité du crime, a-t-on droit à une seconde chance ?


C’est au travers d’un texte sobre, aux phrases courtes dépouillées de toutes fioritures, que Joe Meno aborde avec efficacité les thèmes de la réinsertion et de la rédemption, en accompagnant le destin de Luce Lemay et de Junior Breen, ce duo d’anciens prisonniers aspirant à une vie normale qui rappelle forcément la paire de trimardeurs que formait Lenny et Georges dans Des Souris et des Hommes.
Paradoxalement, Luce fait preuve de davantage de naïveté que Junior, ce colosse ravagé par la culpabilité d’une crime odieux, en estimant avoir payé sa dette à la société et pouvoir ainsi refaire sa vie dans sa ville natale, lieu de la tragédie qui l’a envoyé en prison.
Il s’enferme ainsi dans cette certitude du bon droit retrouvé, même si le remord le cueille régulièrement au cœur de la nuit où il distille ses cauchemars dans cette sinistre pension de famille tenue par une vieille folle qui n’a pas supporté la perte de son mari qui s’est suicidé après avoir assassiné l’amant de cette épouse volage.
Junior Breen ne souhaite que se plonger dans l’anonymat de cette petite petite ville provinciale, en espérant pouvoir surmonter la douleur d’une faute qu’il ne pourra sans doute jamais oublier.
Tout comme Luce, c’est également durant la nuit que le poids de la faute s’instille dans l’inconscience de ses pensées qui l’empêchent de trouver le sommeil.
Le quotidien de ces deux personnage est fait d’instants joyeux et de phases plus sombres, alors qu’ils travaillent dans une station service tenue par un ancien prisonnier qui les a pris sous son aile.


Outre le remord et la rédemption, il est beaucoup question d’amour dans Le Blues de La Harpie, avec cette relation passionnelle entre Luce Lemay et la belle Charlène, la jeune serveuse du diners de la ville, mais également avec ces petits poèmes sibyllins que Junior affiche sur le panneau de promotion de la station service et qui sont peut-être adressés à la mystérieuse jeune femme sur la photographie qu’il conserve précieusement :

« Méga promo sur tous les pneus d’occasion

clairs et ronds comme des yeux envoutés

où coule l’amour telle la sève. »



On le voit, Joe Meno distille tout au long de ce roman une atmosphère étrange et décalée qui prend parfois des tournures poétiques, quelquefois comiques, mais qui tendent résolument vers un climat inquiétant et sinistre, à l’image de cet enterrement de la tante de Charlène dont le corps exposé sur son lit de mort abrite toute une cohorte de petits animaux qui y ont trouvé refuge.
C’est sur cette configuration originale que l’auteur nous entraîne dans une spirale où la violence devient de plus en plus prégnante pour trouver son paroxysme dans une confrontation presque surréaliste avec les citoyens hostiles d’une ville qui paraît de plus en plus insolite.
Dissimulés derrière les phares des véhicules qui pourchassent Luce et Junior, les silhouettes deviennent presque surnaturelles pour former une entité désincarnée qui semble vouée à leur perte.


Avec des personnage baroques et émouvants, Le Blues de La Harpie est peuplé d’individus dont la fuite en avant éperdue devient presque onirique pour saisir le lecteur à la lisière du désespoir et de la folie.
L’étrangeté poétique d’un roman qui résonne furieusement dans les confins de la noirceur.
A lire sans détour.



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MessagePosté le: Sam Avr 29, 2017 7:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> Le Coup de coeur d'Aline Sirba sur Onlalu.com :

Citation:

Pardonnez-nous nos offenses



Dans ce livre de Joe Meno au titre génial (bravo à la traductrice !) publié en 2001 aux Etats-Unis, il n’est pas question d’une femme acariâtre dépressive, mais d’un jeune taulard qui rentre chez lui, dans sa bonne vieille ville de La Harpie.
On est happé par la narration à la fois réaliste et poétique qui ne se perd pas en bavardages, et par de très beaux personnages en quête de rédemption.
Coup de cœur absolu !


Une seconde chance


Après le piètre braquage d’un soir, Luce Lemay prend la fuite en voiture, percutant accidentellement le landau d’une mère de famille sur une route de l’Illinois.
Il écope de trois ans de prison pour homicide involontaire ; trois ans pour payer sa dette à la société, et toute une vie marquée par la mort d’un bébé.
Par l’entremise de Junior, un codétenu lui aussi en fin de peine, Luce Lemay trouve à sa sortie du pénitencier un boulot dans une station-service de La Harpie, sa ville natale.
Quand il descend du car avec quelques dollars en poche et un grand sac en papier contenant toutes ses affaires, Luce est bien décidé à rentrer dans le rang, même s’il doit commencer par habiter dans un hôtel lugubre tenu par une vieille folle qui se prend pour la fossoyeuse de la faune errante.
Mais nombreux sont les habitants de La Harpie à voir son retour d’un mauvais œil, d’autant que le jeune homme s’éprend d’une de leurs filles.


Impossible rédemption


A l’instar de La Lettre écarlate d’Hawthorne, la communauté intolérante refuse son pardon à celui qui a péché.
La petite ville rurale typique du Midwest est tout entière contenue dans ce roman, avec ses mauvais gars qui cherchent la bagarre au volant de leur bagnole, les pères alcooliques qui cognent leurs fils, et les filles désœuvrées trop maquillées.
Mais c’est de cette violence sourde et butée de l’Amérique des laissés-pour-compte que jaillit la poésie, comme un cri désespéré, celui de brutes au grand cœur et d’écorchés vifs qui ont la naïveté de croire que la vie est un oisillon tombé du nid dont il faut prendre soin.
Avec des dialogues qui sonnent juste, sans moralisme ni caricature, Joe Meno se montre digne de Mark Twain ou de Flannery O’Connor, qui nous rappelait déjà que « Les braves gens ne courent pas les rues ».







>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :

Citation:

Le Blues de Joe Meno



Encore un nouveau venu chez Agullo, américain cette fois : C’est Joe Meno, avec Le Blues de La Harpie.


Luce Lemay sort de prison.
Trois ans auparavant, en fuyant le lieu d’un braquage pathétique il a renversé une femme poussant un landau.
Le bébé est mort.
Il a purgé sa peine et, toujours sous contrôle judiciaire, il revient à La Harpie, sa ville d’origine (oui, La Harpie du titre c’est la ville, pas une femme fatale).

Là il retrouve Junior Breen, un ami sorti de prison avant lui qui travaille dans un garage tenu par un ex taulard qui essaie de leur donner une seconde chance.
Une vie triste et morne, un sommeil ravagé par le remord et les images de l’accident.
Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux de la belle Charlene, à qui il n’est pas indifférent.
Cela va faire remonter la rancœur de toute la ville qui n’est pas prête à pardonner.


Voilà un roman bien singulier.
S’il reprend des thématiques classiques (sortie de prison, remord, rédemption, pardon … et amour), le traitement et l’écriture sont définitivement originaux.


On est à la lisière du rêve ou du cauchemar.
On voit les fantômes qui hantent Luce Lemay et son ami Junior, on suit leurs tentatives pour sauver un oisillon, on entend les voix qui les poursuivent.
En même temps, la violence terre-à-terre et bien matérielle est aussi présente, le poids de la petite communauté, des « bonnes gens » de plus en plus insupportable.
L’écriture épouse ces temps, oniriques ou au ras du sol.


Alors, avec Luce, on espère les rayons de soleil apportés par Charlene ou on plonge dans le désespoir.
Et on se dirige bien évidemment vers une fin tragique, mais pas forcément là et comme on l’attendait.
Vraiment un roman singulier.



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MessagePosté le: Sam Sep 30, 2017 9:30 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Valérie Debieux sur La Cause littéraire :

Citation:

Le Blues de La Harpie, Joe Meno



La Harpie, petite bourgade imaginaire, perdue au fin fond de l’Illinois.


Luce Lemay, natif du lieu, sort de prison.
Son forfait, celui d’un soir, commencé par le braquage du magasin de vins et de spiritueux de son patron, prolongé par sa fuite en voiture et terminé par l’homicide d’un bébé que sa mère promenait dans un landau.


« Il n’y avait pas le temps de freiner. Le volant s’est changé en pierre entre mes mains. Le landau que cette dame poussait a percuté la froide calandre gris acier, fusant droit vers le ciel nocturne et obscur, s’est égaré dans ce lointain attrayant et le scintillement des étoiles d’argent. […] Puis tout fut terminé. Puis tout fut comme plié d’avance. Je suis descendu de voiture tout chancelant et j’ai vomi partout sur mes chaussures noires et ternes, juste avant que la nuit ne transperçât mes yeux et ma bouche irritée, m’assommant, me traînant sur une route pétrie de désespoir, hors de mon corps, hors de ma propre vie sans joie et droit vers Pontiac, où je tirerais trois à cinq ans pour homicide involontaire et conduite dangereuse. […] Cette nuit-là se rejouait en boucle dans mes rêves chaque soir, telle une horrible rengaine échappée d’un jukebox. Chaque fois, je tâchais de tout réparer dans ma tête, de m’arrêter une trentaine de centimètres plus tôt […]. Tout ce qui s’ensuivrait découlerait de cette malheureuse petite seconde diluée dans l’immense cruauté de l’espace-temps […] ».


Trois années, trois longues années se sont écoulées.
Luce Lemay revient au « bercail ».
Il y est attendu par Junior Breen, un ami qu’il s’était fait au pénitencier, sorti de geôle quelques mois avant lui.


« Il s’était rendu à La Harpie, où il avait trouvé un boulot dans une station-service tenue par une connaissance de mon paternel, un type qui avait les taulards à la bonne. Junior m’avait dégoté une chambre dans le vieil hôtel où il logeait. Il avait eu trop peur de retourner dans sa ville natale. Il ne voulait pas se confronter à ses actes reflétés dans les regards fixes et futiles des autres […]. C’était un colosse […], la quarantaine bien tassée. On l’avait écroué pour meurtre au premier degré. À dix-sept ans seulement, il avait étranglé une fille de trois ans sa cadette avant d’abandonner le corps sur une planche de bois qu’il avait laissée dériver au gré de la rivière. Devant les jurés, Junior avait affirmé vouloir rendre service à la jeune fille. Ils l’ont envoyé au trou pour vingt-cinq ans sans aucune possibilité de liberté conditionnelle anticipée. Ils se sont dit que Junior devait avoir une sorte de handicap mental. N’allez pas croire qu’il était attardé, non, pas du tout, mais il était sujet à des accès de léthargie […] Il était conscient d’avoir commis un acte atroce et les remords ardents qui consumaient son cœur au beau milieu de la nuit étaient presque perceptibles à l’oreille [...]. Junior était un sacré colosse. Il pesait presque cent quarante kilos. Grand et baraqué, mais doux comme un agneau. Le genre de type à servir de faire-valoir aux détenus qui cherchaient à prouver leur force ou bravoure ».


La Harpie, un trou où il y a « quelque chose sous la surface », habité par des gens paumés, pour la plupart mal dans leur peau, à l’esprit plutôt simple, parfois égaré, souvent envahi par la poussière des vieilles histoires et des préjugés, la rancune tenace, le jugement facile et le coup de fusil rapide.
Un lieu où la misère sociale frappe les gens d’apathie physique et mentale.
Leurs seules distractions, l’alcool et les prostituées et la violence…
Abyssus abyssum invocat.


L’auteur, Joe Meno, offre un récit poignant, une fresque humaine, celle de deux anciens taulards qui, dévorés par leurs cauchemars, hantés par des événements qu’ils auraient aimé n’avoir jamais vécus, essaient, la démarche alourdie par leur passé, de se frayer un chemin, mus par l’espoir et la volonté de pouvoir mener, dans cette petite ville de La Harpie, une vie simple et anonyme au milieu des autres habitants et d’y trouver un peu d’amour et de réconfort.
À travers Le Blues de La Harpie se dessine une question : au sortir de la prison, un homme est-il encore et toujours enchaîné à son passé ou peut-il espérer une forme de rédemption ?


Un livre magnifique, qui n’est certes pas sans rappeler un autre tandem émouvant, celui de George et Lennie.
Ne pas oublier non plus le très beau travail de traduction de Morgane Saysana qui a su rendre à ce texte toute sa poésie et toute sa densité.
À lire.



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TaiGooBe
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Mar Déc 26, 2017 2:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très beau roman sur la rencontre de coeurs solitaires et d'âmes brisées où la tragédie reste malgré tout toujours tapie dans l'ombre.
Ce roman est possédé par l'ambiance des chansons de Johnny Cash auquel le livre rend hommage.
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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 10:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il faut à tout prix que je le remonte de ma pile, depuis le temps que je veux le lire.

À noter que les éditions Agullo ont fait évoluer leur maquette pour leurs prochaines parutions avec, si j'ai bien tout saisi, notamment la disparition du bandeau.
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 3:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah, j'ai hâte de voir le résultat.
L'idée du bandeau enrichi était sympa pour les particuliers, moins pour les professionnels du livre...
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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

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MessagePosté le: Sam Fév 03, 2018 1:04 am    Sujet du message: Répondre en citant




Vient de sortir au Livre de Poche :



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