Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[weisses fleish]

A Ciudad Juarez, à la frontière entre Mexique et Etats-Unis, les grandes firmes mondiales profitent d’une main-d’oeuvre docile et bon marché pour faire pousser leur filiales comme des champignons et avec elles la misère, la prostitution, la violence et même la mort. Des cadavres de jeunes ouvrières ont été trouvés aux abords de la ville, épouvantablement mutilés, éviscérés, décapités. Est-ce l’oeuvre d’un psychopathe ? la machination d’une secte satanique ? ou un règlement de compte entre narcotrafiquants ? Malgré l’arrestation de plusieurs suspects, ni la police, ni la justice, ni les associations de famille des victimes ne réussissent à endiguer cette vague d’assassinats toujours plus cruels, toujours plus spectaculaires. Envoyé par son journal pour une enquête de quelques jours, Toni Zambudio, en débarquant dans la ville où même le diable aurait peur de vivre, ignore qu’il vient de tirer le fil d’un écheveau sanglant qui le conduira sur la piste d’un ennemi plus terrifiant encore et dont le pouvoir est à la mesure de ce qui se joue du côté mexicain de la frontera.

Il s'agit du premier thriller de Patrick Bard, paru en 2002 qui s'est inspiré pour ce livre d'un des faits divers les plus monstrueux de ces dernières années: les meurtres de femmes de Ciudad Juarez au Mexique (300 environs en 10 ans), devenus un tel scandale que l'ONU elle même a envoyé des enquêteurs sur place.

De fait "La frontière" reprend beaucoup d'éléments véridiques de l'affaire en changeant simplement les noms des personnages et évoque notamment la violence extrême des crimes, le machisme exacerbé qui prévaut au nord du Mexique, l'inefficacité et la corruption de la police mexicaine et au final l'impunité des meurtres de très jeunes ouvrières (souvent mineure) dans un pays "ou tout peut arriver, sauf la justice."

Au final, excellent thriller très fort, très noir qui décrit avec maestria l’ambiance de ces villes frontalières mexicaines dans le désert dont la population a explosé après l’arrivée des usines des multinationales et qui survit dans des bidonvilles misérables en envoyant leurs femmes, « dociles et bon marché » selon les prospectus d’associations patronales américaines, travailler dans ces usines pour des salaires de misères et dans des conditions dangereuses physiquement et dégradantes moralement.
Par contre, à la différence de « L’attrapeur d’ombres », l’intrigue se déroule ici de façon très classique et linéaire, peut être même trop.

Informations sur les meurtres de femmes de Ciudad Juarez :
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/08/GONZALEZ_RODRIGUEZ/10315

associations de victimes de Ciudad Juarez (il existe une version en français) :
http://www.mujeresdejuarez.org/
http://www.cybersolidaires.org/ameriques/juarez.html


Informations sur les crimes sataniques de Matamoros en 1989 :
http://www.crimelibrary.com/serial_killers/weird/constanzo/1.html

http://www.mayhem.net/Crime/matamoros.html

http://www.crimezzz.net/serialkillers/C/CONSTANZO_adolfo_de_jesus.htm


Et merci à El Marco pour m'avoir fait découvrir Patrick Bard

[El Marco]

[weisses fleish]

A noter que les américains sont en train de tourner un film avec Jenifer Lopez et Antonio Banderas qui a exactement le meme sujet que "La frontière"

Il s'agit de "Bordertown" de Gregory Nava
Pitch:
"Aux côtés des ouvrières

J. Lo incarnera Lauren, une journaliste américaine du Chicago Sentinel très impliquée dans son travail. Elle se rendra à Juarez, une ville frontière du Mexique, pour enquêter sur les maltraitances dont sont victimes plusieurs ouvrières. Sur place, elle gagnera la confiance de celles-ci mais se mettra elle-même en danger."

C'est simple on remplace UNE journaliste de CHICAGO par UN journaliste de MADRID et on obtient exactement la meme histoire, au moins au début, que "La fontière".
Cela dit, le meurtres de Ciudad Juarez sont tellement devenus fameux que je n'accuserais pas (du moins pas encore) les producteurs américains d'avoir pompé sur Patrick Bard. Mais je suis quand meme curieux de voir comment ils vont développer l'histoire dans leur film. Wait and see...

[El Marco]

J'ai fini le week-end précéent cet ouvrage, et je me permets donc de poster mon avis.

En fait, je suis très d'accord avec Weisses Fleish. Il s'agit d'un roman très sombre, dense, avec des descriptions parfois très dures. J'ai trouvé le personnage principal - Toni Zambudio - bien réaliste, avec des interactions intelligentes entre son propre passé et son enquête. Je n'y ai pas repéré de temps morts ou de longueurs non plus. A noter tout de même qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit ici d'une interprétation de ce qui s'est passé entre autre à Ciudad Juarez. L'auteur nous donne ici sa version, rien de plus.

J'ai juste une critique à émettre : je trouve au final que ce que Patrick Bard propose comme motif n'a finalement rien d'ultra-original. Je ne veux rien dévoiler, mais pour être franc, j'ai l'impression que tout était devinable dès le début. Mais après tout, ce n'est peut-être pas ce qui compte ici, mais plus la façon dont le héros se désagrège au fur et à mesure de sa traque...

Et là, je me permets au passage de pousser un ch'tite gueulante contre les résumés que proposent les versions poches Points du Seuil dès les premières pages alors que cela n'apparaît pas, à ma connaissance, dans les éditions en grande taille. Très souvent, l'intrigue y est trop dévoilée, ou alors des rebondissements largement suggérés, ce qui tue le suspense si on a eu le tort de les lire.

[weisses fleish]

Merci pour ton post El Marco !!

Personnellement j'ai beaucoup aimé ce thriller. Peut etre que la fin est prévisible mais je crois que ce n'est pas l'essentiel pour Patrick Bard, il a clairement écrit ce livre pour dénoncer la situation des ouvrières du nord mexicain et le crimes affreux dont elles sont victimes.

Quand on se dit que la situation de départ de "La frontière" est réelle, ça fait froid dans le dos...

Après comme tu le dis, l'interprétation qu'en donne Patrick Bard dans son livre est toute personnelle mais il a le mérite de nous faire réflechir.

Enfin bref pour moi "La frontière " n'est pas qu'un simple thriller qui a comme unique objectif de faire peur

[Emil]

Ciudad Juárez, des dizaines de femmes se font assassiner dans d'horribles conditions, malgré l'arrestation de plusieurs suspects la série de meurtres continue, ce qui laisse libre court à l'imagination. Celle de Patrick Bard nous embarque avec habileté dans cette réalité glaçante. Un roman noir solidement documenté, ou se mêlent corruption, violence, pauvreté, intimidation, menace et incompétence. Un documentaire fiction impeccable.

A ce jour il y aurait eu près de 400 victimes, et toutes les thèses circulent encore, effroyable.
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La seule chose que l'on puisse décider est quoi faire du temps qui nous est imparti - JRR Tolkien

[Emil]

[TaiGooBe]

J'ai commencé avec ce roman de Patrick Bard et puis dans la foulée j'ai lu ses autres romans.
Un vrai bonheur à chaque fois avec une préférence pour l'attrapeur d'ombre.
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"N'oublie pas que l'on écrit avec un dictionnaire et une corbeille à papier, tout le reste est litres et ratures." Antoine Blondin