Posté le: Ven Nov 21, 2008 3:21 pm Sujet du message: Le Club des policiers yiddish de Michael Chabon
Le Club des policiers yiddish de Michael Chabon
Pavillons
Editions Robert Laffont
Parution : 8 janvier 2009
Format : 135x215 mm, 486 pages,
ISBN : 978-2-221-10879-6
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Delord-Philippe
Le district de Sitka, en Alaska, est le nouvel Israël. Y vivent deux millions de Juifs parlant le yiddish. L’inspecteur Meyer Landsman, de la brigade des homicides, est chargé de faire régner la paix dans cette communauté désobéissante et encline aux mystères. Ainsi, dans un hôtel minable, Landsman découvre un junkie assassiné qui s’avère être le fils du plus puissant rabbin de Sitka, le chef des verbovers, des Juifs ultra-orthodoxes. Des ordres venant de l’étranger exigent la clôture de l’enquête mais Landsman s’obstine : ce mort lui plaît et il refuse de laisser son assassinat impuni… Le rabbin aurait-il commandité le meurtre de son fils ? Dans quel but ? Et quels liens entretient la communauté verbover avec d’étranges commandos parlant hébreu ? Dans une tradition typiquement américaine, Michael Chabon emprunte à tous les genres avec allégresse : légendes des émigrés juifs d’Europe de l’Est, roman noir, roman d’anticipation, critique politique de l’après - 11 Septembre et réflexion morale sur les dérives religieuses. Hommage à Chandler et à Charyn, Le Club des policiers yiddish, lauréat du prix Hugo 2008, a reçu un accueil enthousiaste aux États-Unis et va être adapté au cinéma par les frères Coen (The Big Lebowski, Fargo, No Country for Old Men...).
Biographie
Michael Chabon vit en Californie, avec sa femme Ayelet Waldman, écrivain elle aussi, et leurs quatre enfants. Il est l’auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles. Les Mystères de Pittsburg (paru aux Éditions Fixot en 1988, puis en 2009 aux Éditions Robert Laffont dans la collection Pavillons Poche) ; Avenue de l’Océan (Nouvelles, Fixot, 1991) ; Des garçons épatants (Nouvelles, Robert Laffont, 1995 et 2001) ; Les Loups-garous dans leur jeunesse (Robert Laffont, 1999). Son talent a été consacré par le prix Pulitzer pour Les Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay (Robert Laffont, 2004).
Un extrait :
Spoiler:
Landsman pose la main sur l’épaule de Tenenboym, et tous deux descendent pour faire le point sur le défunt, serrés dans l’unique ascenseur ou elevatoro, ainsi qu’il est indiqué sur la petite plaque de cuivre au-dessus de la porte. Au moment de la construction du Zamenhof, cinquante ans plus tôt, la totalité des flèches de signalisation, informations, consignes et avis de l’hôtel étaient gravés en espéranto sur des plaques de cuivre. La plupart d’entre elles ont disparu depuis longtemps, victimes de négligences, du vandalisme ou du règlement de la lutte contre l’incendie.
La porte et le chambranle du 208 ne montrent aucune trace d’effraction. Landsman enveloppe la poignée de porte de son mouchoir, puis pousse le battant du bout de son mocassin.
- J’ai eu un étrange pressentiment, lance Tenenboym en entrant dans la pièce derrière lui. La première fois que j’ai vu ce mec. Vous connaissez l’expression « un homme brisé » ?
Landsman admet que ces mots lui disent quelque chose.
- La majorité de ceux auxquels elle s’applique ne la méritent pas vraiment, poursuit Tenenboym. Les trois quarts, d’abord, n’ont rien à briser. Mais ce Lasker, il était comme un de ces bâtons qui s’allument quand on les brise. Vous voyez ? Pendant quelques heures. Et puis on entend un bruit de verre cassé à l’intérieur. Je ne sais pas, laissez tomber. C’était juste un étrange pressentiment.
- Tout le monde a d’étranges pressentiments de nos jours, dit Landsman, consignant dans son petit carnet noir quelques notes sur l’état des lieux, même si lesdites notes sont superflues, car il oublie rarement un détail d’un signalement.
Il s’est entendu répéter, par la même vague conjuration de médecins, de psychologues et de son ex-femme, que l’alcool détruirait sa mémoire exceptionnelle, mais jusqu’ici, à son grand regret, cette affirmation s’est révélée fausse. Sa vision du passé demeure intacte.
- On a dû ouvrir une ligne téléphonique séparée rien que pour recevoir les appels, reprend-il.
- Drôle de temps pour être juif, approuve Tenenboym. Il n’y a pas de doute.
Une petite pile de livres de poche occupe le dessus de la table de toilette en stratifié. Sur la table de chevet, Lasker gardait un échiquier. Il avait une partie en cours, semble-t-il, un milieu de partie compliqué : le roi noir attaqué au centre, et les blancs avec un avantage de deux pièces. C’est un jeu bon marché. Un carré de carton qui se plie par le milieu pour plateau, des pièces creuses en plastique extrudé.
- On dirait que j’ai connu un tas de Yids amateurs d’échecs qui prenaient de la poudre, commente Tenenboym.
- Même topo, acquiesce Landsman, contemplant le défunt, s’apercevant qu’il l’a déjà vu dans les parages du Zamenhof.
Quelque chose de l’oisillon, l’œil brillant, le pif retroussé. Légère rougeur sur les joues et à la gorge, possible couperose. Pas un dur à cuire, ni une ordure, ni tout à fait une âme perdue. Un Yid pas très différent de Landsman en somme, à part son choix de la drogue. Ongles propres. Toujours en chapeau cravate. Lisait un livre plein de notes de bas de page autrefois. À présent Lasker repose à plat ventre sur le lit pliant, face au mur, vêtu seulement d’un caleçon blanc ordinaire. Des cheveux roux, des taches de son, une barbe dorée de trois jours. Une esquisse de double menton, que Landsman impute à une
vie antérieure de petit garçon obèse. Yeux bleuâtres dans leurs orbites noires de sang. À la nuque, un petit trou, une perle de sang. Aucune trace de lutte. Rien qui indique que Lasker l’ait vu venir, ou même ait été conscient à l’instant où c’était arrivé. Sur le lit, remarque Landsman, manque l’oreiller.
- Si j’avais su, je lui aurais peut-être proposé une partie ou deux.
- J’ignorais que vous aimiez les échecs.
- Je ne suis pas bon, réplique Landsman.
Devant le placard, sur le tapis pelucheux du vert jaunâtre médicamenteux d’une pastille pour la gorge, il repère une minuscule plume blanche. Il ouvre brusquement la porte du placard ; là, par terre, se trouve l’oreiller, transpercé afin d’étouffer la détonation des gaz enflammés d’une cartouche.
- Je ne suis pas doué pour le milieu de partie.
- D’après mon expérience, inspecteur, objecte Tenenboym, tout est milieu de partie.
- Comme si je ne le savais pas, dit Landsman.
Landsman appelle le coordinateur pour s’instituer inspecteur officiel dans l’affaire Lasker. Un nouvel homicide de merde ne va pas spécialement nuire à son taux d’élucidation personnel. Non que ça ait une quelconque importance. Le 1er janvier, la souveraineté de l’ensemble du district fédéral de Sitka, parenthèse torturée de littoral rocheux courant le long des côtes occidentales des îles Baranof et Chichagof, reviendra à l’État d’Alaska. La police du district, à laquelle Landsman voue sa peau, sa tête et son âme depuis vingt ans, sera dissoute. Il est loin d’être clair que Landsman ou Berko Shemets, ou n’importe qui d’autre, conservera son job ou non. Rien n’est clair dans cette rétrocession imminente. Voilà pourquoi c’est un drôle de temps pour être juif.
Michael Chabon
Yiddish Police
À propos de Yiddish Police…
Petit aperçu d’une presse abondante et élogieuse
« Une réussite ! Comme si Raymond Chandler et Philip K. Dick avaient fumé un joint en compagnie d’Isaac Bashevis Singer… et ça marche si bien qu’on voudrait que ça ne s’arrête jamais. »
New York Review of Books
« Un polar palpitant et une des plus séduisantes figures de détective depuis Sam Spade ou Philip Marlowe. »
New York Times
« La portée, la musique et la force de l’imagination de Michael Chabon sont extraordinaires… Stupéfiant ! »
Washington Post Book World
« Un roman riche, incroyablement drôle et triste à la fois, sur la souffrance de l’exil personnel autant que spirituel. »
San Francisco Chronicle Book Review
« Michael Chabon est un funambule littéraire qui exécute un numéro où la beauté le dispute à la complexité… Un cousin de l’auteur du Complot contre l’Amérique, Philip Roth, un cousin digne de lui.»
Miami Herald
« Une petite merveille… Un excellent roman policier, bourré de culture et novateur du genre, qui mérite amplement sa réputation de futur best-seller ! »
New York Magazine
« Délirant… Drôle… grave. »
O, The Oprah Magazine
« Partie Bellow, partie Chandler, partie Marx (Groucho, bien sûr), ce livre joue avec les clichés pour donner au final quelque chose d’une originalité débordante, délirante. »
Atlanta Journal Constitution
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Sam Nov 22, 2008 10:23 am Sujet du message:
Quel est le titre français officiel de ce livre ?
L'éditeur annonce "Le Club des policiers yiddish" sur la couv' et sur son site.
Electre.com annonce "Yiddish police club"
Et sur Polars Pourpres c'est "Yiddish police" tout court.
Difficile de ne pas en perdre son latin, ou plutôt son yiddish en l'occurrence _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Posté le: Sam Nov 22, 2008 10:28 am Sujet du message:
hoel a écrit:
Quel est le titre français officiel de ce livre ?
L'éditeur annonce "Le Club des policiers yiddish" sur la couv' et sur son site.
Electre.com annonce "Yiddish police club"
Et sur Polars Pourpres c'est "Yiddish police" tout court.
Difficile de ne pas en perdre son latin, ou plutôt son yiddish en l'occurrence
Oui, il y a encore du cafouillage à ce niveau, amigo, d'où l'utilisation de l'option "titre alternatif" que j'ai utilisée pour avoir le lien avec ce que propose Amazon, à savoir "Yiddish Police". Je pencherais tout de même plus pour "Le Club des policiers yiddish" puisque Fredo nous a montrés la couverture officielle.
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
Posté le: Dim Nov 23, 2008 10:50 am Sujet du message:
J'ai les épreuves non corrigées du livre depuis un bon mois, et cet exemplaire porte le titre de "Yiddish Police" (avec une autre couverture). Je pense donc que la couv' et le titre soumis par Fredo dans le premier message seront définitifs, et que "Yiddish Police" était un titre de travail. _________________ "Il faut donc avoir de l'âme pour avoir du goût." (Vauvenargues)
http://cannibaleslecteurs.wordpress.com
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
Posté le: Mar Nov 25, 2008 8:05 am Sujet du message:
Fredo a écrit:
Veinard Dodger ! Tu l'as lu ?
Tu vas me détester mais non, pas encore
J'ai déjà deux ou trois romans de la rentrée de janvier dans ma PAL, mais je les ai volontairement mis de côté, histoire de me consacrer encore quelque temps à tous les bouquins sortis entre septembre et novembre, et que je n'ai pas encore eu le temps de lire.
Maintenant, quand je m'y mettrai, le Club des policiers yiddish sera sûrement l'un des premiers que je choisirai, j'ai hâte de découvrir le nouveau Chabon après avoir adoré La Solution finale l'année dernière. _________________ "Il faut donc avoir de l'âme pour avoir du goût." (Vauvenargues)
http://cannibaleslecteurs.wordpress.com
Age: 47 Inscrit le: 04 Mar 2007 Messages: 1205 Localisation: Paris
Posté le: Jeu Jan 08, 2009 10:35 pm Sujet du message:
Petite piqûre de rappel (notamment pour Fredo, même si pour lui ce n'est pas nécessaire ) : Le Club des policiers Yiddish est sorti aujourd'hui. Il me reste environ un quart du roman à lire, mais c'est une nouvelle claque made in Michael Chabon. Après un pastiche parfait de Sherlock Holmes dans la Solution finale, nous avons ici un roman noir dans la plus pure veine américaine, un roman totalement chandlerien - mais pas seulement, puisqu'on est chez Michael Chabon et que rien n'est jamais aussi simple chez lui.
En tout cas, c'est un bouquin d'une densité incroyable, grouillant de détails, à la fois drôle et très noir, déjanté et désespéré, parcouru de personnages exceptionnels, vivant de dizaines d'anecdotes qui sont autant de digressions faites à l'intrigue principale, celle-ci - bien que captivante et toujours alimentée au bon moment dans le récit - constituant surtout un prétexte à une plus large réflexion sur l'identité (personnelle, culturelle, religieuse), la politique... Bref, plein de choses !
Pas forcément une lecture facile, mais à coup sûr, un roman très brillant et totalement singulier, pour les amateurs de grande littérature américaine contemporaine. _________________ "Il faut donc avoir de l'âme pour avoir du goût." (Vauvenargues)
http://cannibaleslecteurs.wordpress.com
Posté le: Ven Sep 11, 2009 11:19 am Sujet du message:
Je n'accroche pas du tout. Page 80, envie de stopper là. Ces digressions dans l'histoire coupent net l'immersion. Le style est très décousu et hache la compréhension que j'ai de la trame de l'histoire. J'ai bien conscience que c'est aussi un effet voulu mais je ne vois pas grand interet pour l'instant. Dommage, y'a du costaud là apparemment. Sans doute un peu trop pour moi.
On n'est pas dans le traditionnel ça c'est sur, pour les blasés du polar c'est du pain béni. Pour ma part, je m'en vais retourner à mes classiques _________________ "c'est dur à imaginer mais pour les enquêteurs, l'art et la manière, ça ne change pas grand chose. En revanche, si le légiste a raison, pour la victime, l'acide vivant ou mort, la différence a dû compter pas mal"
Pierre Lemaitre-Alex
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