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La Pension de la via Saffi - Valerio Varesi (Agullo)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 8:29 am    Sujet du message: La Pension de la via Saffi - Valerio Varesi (Agullo) Répondre en citant

Après le succès du Fleuve des brumes (en poche le 4 mai chez Points), on retrouve le commissaire Soneri dans La Pension de la via Saffi, le nouveau roman de Valerio Varesi qui vient de paraître chez Agullo Editions, traduit par Florence Rigollet.






Le livre :

« Les villes sont comme les enfants, elles changent d'année en année et si tu restes un moment sans les voir, tu ne les reconnais plus. Mais au fond, ce sont toujours les mêmes. »

À quelques jours de Noël, alors que la morsure du froid envahit Parme, Ghitta Tagliavini, la vieille propriétaire d'une pension du centre-ville est retrouvée assassinée dans son appartement.
L'enquête est confiée au commissaire Soneri mais cette affaire fait ressurgir un drame enfoui : c'est dans cette pension pour étudiants de la via Saffi qu'il rencontra jadis sa femme, Ada, tragiquement disparue peu après leur mariage.

En s'enfonçant dans le brouillard épais comme on traverserait un miroir, Soneri va découvrir un univers bien plus sordide que ses souvenirs.
L'aimable logeuse se révèle être une femme sans scrupules, enrichie par la pratique d'avortements clandestins et derrière la modeste pension, se cache en réalité un monde vivant de haine et de chantage, frayant avec le cynisme de cercles politiques corrompus.

Pour trouver l'assassin, le commissaire devra se confronter à l'épreuve du temps et à la vérité sur la vie et la mort d'Ada.
Car qui est cet homme qui pose à côté d'elle sur cette photographie jaunie ?

Une nouvelle enquête du commissaire Soneri très attendue après le succès du premier tome, Le Fleuve des brumes.



« Un fantastique écrivain, dont la poésie, la finesse et la truculence tout italienne rivalisent avec un art de l'intrigue habilement emballée. » Le Figaro Magazine

« Il y a là-dedans un charme fou : on tourne les pages à l'abandon, on se laisse embarquer dans ces paysages détrempés, on dérive au fil des phrases. On adore ! » L'Obs





>> Le site de l'auteur : http://www.valeriovaresi.net/

>> Sa page Facebook : https://www.facebook.com/Valerio-Varesi-176977982384701/





L'auteur :

Valerio Varesi est né à Turin le 8 août 1959 de parents parmesans.
Diplômé en philosophie de l'Université de Bologne, il devient journaliste en 1985 notamment à La Stampa et La Repubblica.
Il est l'auteur de onze romans au héros récurrent, dont Le Fleuve des brumes (Agullo Editions, 2016), nominé aux prestigieux prix italien Strega et au Gold Dagger Award en Grande Bretagne.
Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues.
On retrouve Soneri pour sa deuxième enquête dans La Pension de la via Saffi.





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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 8:56 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:

La Pension de la via Saffi, de Valerio Varesi



« Cet appartement le troublait, superposant un passé plein d’espoir et un présent de mort. Il avait du mal à croire que le même décor puisse renfermer des scénarios aussi différents. Mais toutes ces années avaient modifié ce qui, au début, paraissait intact. Et aujourd’hui, son métier le ramenait sur un lieu de sa jeunesse. Il savait qu’il ne fallait jamais revenir là où l’on avait été heureux. »


C’est en effet d’abord à son propre passé que va se confronter le commissaire Soneri en enquêtant sur le meurtre de Ghitta, vieille propriétaire d’une pension qui, des décennies durant, a accueilli des générations d’étudiants et d’étudiantes avant de devenir peu à peu un rendez-vous pour couples adultères.
En cette période précédant Noël, alors que le brouillard dissimule autant le commissaire à ceux qu’il épie qu’il l’empêche de voir tout ce qui se passe et que la ville semble stagner dans ces limbes chargées de menaces et d’un passé enfoui qui ne demande qu’à ressurgir, Soneri apparaît lui-même comme un spectre.
S’il se soustrait aux regards des suspects pour mieux faire la lumière sur les circonstances et surtout les raisons du meurtre d’une Ghitta qui apparaît vite comme un personnage bien moins innocent qu’il pouvait le penser, le policier ne peut échapper, en revenant ainsi sur les lieux où il a rencontré sa femme, Ada, morte quelques années plus tard, de se confronter à son propre passé, à la façon dont sa mémoire l’a poli et embelli et dont la réalité se révèle aujourd’hui plus dérangeante.


Le Fleuve des brumes, qui mettait pour la première fois en France Soneri en scène, était aussi à sa manière un voyage dans le passé.
Et si Soneri y apparaissait comme un personnage complexe aux réactions et aux déductions étonnantes parfois, c’est bien avec La Pension de la via Saffi que le personnage se révèle réellement.
Le volume précédent était axé autour d’une intrigue plutôt linéaire qui laissait peu de place au développement du portrait du commissaire, tandis que Valerio Varesi trouve ici le moyen, en déployant la toile au milieu de laquelle vivait Ghitta, de mettre en relation un certain nombre de trajectoires toutes reliées à la vieille femme parmi lesquelles Soneri est partie-prenante.


Jouant à merveille des brumes qui investissent la ville et dissimulent sa corruption sans pouvoir en voiler totalement l’odeur, Varesi joue à nouveau avec le passé, du fascisme aux années de plomb, dit combien le temps qui passe ne soigne pas forcément les vieilles blessures et dresse un portrait cruel d’une petite société gangrenée par ses vieilles rancunes et ses sales petits secrets qui ne cessent de se rappeler aux souvenirs des vivants.


Cela donne un roman d’une grande sensibilité, souvent émouvant, mais aussi cruel à sa façon et captivant dans la manière dont il est mené en prenant le temps de poser les faits et les personnages, de les creuser et d’en extraire l’essence.
Là où Le Fleuve des brumes apparaissait comme un roman policier assez classique et indolent, La Pension de la via Saffi révèle un auteur autrement plus complexe tout en conservant cette capacité à faire sentir et ressentir ce qu’il décrit, des sentiments les plus intimes à l’odeur de l’erbazzone, en passant par le délitement d’une ville trop tournée vers son passé pour pouvoir aller de l’avant.



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Polarbear
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MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 12:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le fleuve des brumes bientôt dans ma PAL, ça m'a l'air très prometteur tout ça!
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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Mar 29, 2017 11:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Christophe Laurent sur The Killer Inside Me :

Citation:

La Pension de la via Saffi : qu'avons-nous fait de nos convictions ?



L'édition française a bien besoin de ces nouveaux trublions du genre, les Manufacture du livre, Mirobole, Asphalte, Super 8, Sonatine et, ici, Agullo.
Cette dernière, depuis un an, publie peu, mais avec un soin qui confine quasiment à l'artisanat, avec papier gaufré, un bandeau contenant une mappemonde, une recette du livre, sans oublier un marque page aux couleurs du roman...
Voilà qui donne une certaine identité.
L'ADN est toutefois dans le choix des romans, heureusement.
Du noir, teinté d'énormes réflexions (évidemment diront certains) et soutenu par de grands stylistes.
Agullo a sorti Joe Meno cette année, Rui Zink, Teodorescu, S.G. Browne l'an passé, et voici le retour de Valerio Varesi, un an après Le Fleuve des brumes, pour La Pension de la via Saffi.


Après sa première enquête sur les bords du Pô (chronologiquement la quatrième), le commissaire Soneri oeuvre dans sa ville de Parme.
Et plus précisément dans le quartier de sa jeunesse, le Parma vecchia.
C'est là, dans une pension, que l'on a trouvé le corps de la proprio, Ghitta Tagliavini, assassinée avec un instrument de charcutier.
Soneri va soulever plusieurs pierres pour comprendre pourquoi cette femme, qu'il a connu, qu'il a fréquenté et qui hébergeait à l'époque des étudiants, a suscité un tel geste.
Il va découvrir que Ghitta, détestée dans son village d'origine, avait des talents de guérisseuse, de faiseuse d'anges mais aussi que, désormais, elle louait ses chambres aux notables de la cité.
Notables, autrefois engagés dans la révolution prolétarienne et, au XXIe siècle, s'accommodant du système, à coups de pots de vin, de marchés immobiliers truqués...


Arpenteur inlassable de Parme et toujours gastronome (ah ces tortelli au potiron et ces bouteilles de Bonarda !), Soneri, en duffle coat Montgomery et toscano au coin des lèvres, est un personnage pétri d'humanismes, avec un S.
Blessé quand il apprend que sa femme décédée a eu une liaison, avant lui, avec un révolutionnaire bolchévique, vexé quand son patron oublie de le mentionner dans les journaux, opiniâtre quand il faut suivre un suspect à l'aube, nostalgique quand il repense aux grandes luttes politiques des années 70.
C'est d'ailleurs, outre la ville-même, le sujet central de La Pension de la via Saffi : les convictions et ce qu'elles deviennent, ce que chacun en fait.
Entre Corneri, patron du BTP communiste jusqu'à un certain point, Fornari, révolutionnaire de pacotille et Fadiga, qui a préféré vivre dans la rue plutôt que sacrifier ses idées, la palette est large mais jamais joyeuse.
Les combats politiques, menés parfois sur les cadavres de certains militants, ont-ils encore une histoire, une réalité, quand la ville rechigne à reconnaître un monument célébrant ces luttes ?
Valerio Varesi nous le dit simplement : le libéralisme a gagné, dans les faits et dans les esprits.

« - Je ne reconnais plus ce quartier, admit Soneri. Où sont passés les gens qui habitaient ici ? - Beaucoup sont morts parce que les pauvres meurent jeunes. Les autres se sont enrichis et se sont fait construire un pavillon à l'extérieur de la ville. Ils ne reviennent plus ici parce que ça leur rappelle quand ils se baladaient le cul tout rapiécé. Ils détestent tous leur passé, ils croient qu'ils sont devenus des gens respectables, alors ils votent à droite. Et ils méprisent les pauvres pour la même raison parce que ça leur rappelle qui ils étaient. »


Une narration lente, au rythme des pas de Soneri, empreinte de gravité, sans bons sentiments mais avec un réalisme touchant.



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scarabe
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MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 3:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

N'oublie pas de voter, Norbert.
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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Dim Avr 02, 2017 9:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Cédric Segapelli sur Mon Roman ? Noir et bien serré ! :

Citation:

VALERIO VARESI : LA PENSION DE LA VIA SAFFI.

AU BOUT DES EXTRÊMES.




Bien plus épaisse que son manteau Montgomery, la brume semble suivre les pas du commissaire Soneri en se cramponnant aux rives mystérieuses du Pô dans Le Fleuve Des Brumes, puis en s’insinuant dans les rues tortueuses de cette ville provinciale de Parme où l’on rencontre, pour la seconde fois, ce policier solitaire chargé de l’enquête du meurtre de la tenancière de La Pension De La Via Saffi.
L’occasion de faire plus ample connaissance avec un personnage familier que l’on prend plaisir à retrouver et dont on va découvrir les affres d’un passé tourmenté.
Ainsi, en l’espace de deux volumes, Valerio Varesi parvient à entraîner le lecteur francophone dans la jubilation de la découverte d’une nouvelle série aussi dense que prometteuse.


A quelques jours de Noël, Ghitta Tavgliavini, la vieille tenancière de la pension de la via Saffi, ne répond plus. Et pour cause, on retrouve son corps sans vie, étendu dans la cuisine de son appartement. En charge de l’enquête, le commissaire Soneri parcourt les rues de la ville en mettant à jour, au fil de ses pérégrinations, tout un réseau de corruption dont les connections transitent par la pension. Mais au-delà des accointances et des compromissions, le commissaire Soneri se replonge dans les dédales troubles des souvenirs douloureux de sa jeunesse. Car c’est à la pension de la via Saffi qu’il a rencontré sa femme Ada, décédée en accouchant d’un enfant mort-né. Le brouillard trouble la mémoire mais n’atténue pas la douleur et le désir de vengeance.


C’est sur une succession des portraits dressés dans l’atmosphère déliquescente d’une ville embrumée, troublée par le passé de combats idéologiques d’autrefois et dont les réminiscences n’ont de cesse de vouloir s’inviter dans un présent idéalisé que le commissaire Soneri va se charger de résoudre l’énigme que représente ce meurtre, oscillant entre les mobiles crapuleux d’une constellation d’édiles corrompus ou le désir de vengeance d’hommes et de femmes en proie aux regrets lancinants et destructeurs d’une insupportable compromission.


En se confrontant au passé d’une épouse disparue tragiquement, idéalisée par la somme d’un chagrin aveugle qu’il porte en lui, le commissaire Soneri va devoir remettre en question ses certitudes et s’impliquer plus qu’il ne le voudrait dans les tréfonds sordides des secrets que détenait la vieille Ghitta Tavgliavini.
Montagnarde honnie par les habitants de son village d’origine, cette redoutable rebouteuse n’a eu de cesse, toute sa vie durant, de mettre en place un réseau tentaculaire, constitué de secrets d’alcôve et de biens immobiliers dont la fortune devient l’unique source de respectabilité.
Une quête aussi vaine qu’inassouvie puisque la vieille dame ne fait qu’attiser rancœur et haine qui causeront sa perte.
Une succession de portraits peu flatteurs mais foncièrement humains hantent ainsi les rues de cette cité rongée par la brume incarnant la nostalgie, les faux-fuyants et les regrets qui assèchent les cœurs de ses habitants.
Dans un jeu de filatures nocturnes, le commissaire Soneri arpente les rues d’une ville animée par les rencontres occultes de protagonistes sournois dont les idéaux paraissent avoir été relégué aux oubliettes.
L’enquête devient incertaine, presque trouble et vaporeuse au point tel que le policier semble parfois vouloir s’en détacher complètement.
Pour ne pas perdre pied, le commissaire Soreni pourra compter sur Angela qui s’extirpe du rôle volage qu’elle endossait dans Le Fleuve des Brumes pour incarner une femme bien plus consistante et bien plus ensorcelante que dans l’opus précédent.


La ville de Parme prend également une place importante dans le cœur du récit, en alimentant les thématiques liées aux idéologies d’un passé qui ne restitue désormais plus qu’une succession de monuments à la gloire des rouges et des noirs alors que les convictions d’autrefois se sont délitées dans la convoitise d’un pouvoir qui a laissé place à la compromission.
Elle permet également d’appréhender ces quartiers populaires du centre-ville qui se sont désertifiés avant que les vagues d’immigrés prennent possession des lieux pour être délogés à leur tour par la convoitise des promoteurs immobiliers.
Un lieu incertain où ne subsistent plus que quelques vagues souvenirs et que quelques petits commerçants qui entretiennent le mythe à l’exemple du barbier Bettati.
D’autres personnages originaux vont agrémenter ce récit qui prend quelques consonances chaleureuses par le biais des plats mitonnés par Alceste, le restaurateur du Milord où le commissaire Soneri a ses habitudes, en dégustant les recettes typiques d’une région qu’il affectionne et qu’il arrose avec quelques bonnes bouteilles de vin.


Souvent comparé à l’illustre commissaire Maigret, Soneri présente davantage de similitudes avec Duca Lamberti le personnage emblématique du romancier Giorgio Scerbanenco.
En effet, ce sont des événements personnels dramatiques qui donnent cette stature si particulière à ces deux enquêteurs qui sortent résolument de l’ordinaire.
Néanmoins, les récits de Valerio Varesi empruntent quelques tonalités poétiques pour mettre en scène une vision nostalgique et désenchantée d’un pays embrumé par les remords et les regrets à l’instar des locataires de La Pension De la Via Saffi.
Envoûtante et maîtrisée, la série mettant en scène le commissaire Soneri se révèle être l’un des très belles découvertes de la maison d’édition Agullo.



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norbert
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MessagePosté le: Ven Avr 07, 2017 6:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :

Citation:

Soneri de Parme



On a découvert le commissaire Soneri de l’italien Valerio Varesi l’année dernière grâce à la toute jeune maison d’édition Agullo.
Il revient dans La Pension de la via Saffi, pour notre plus grand plaisir.


En cette veille de Noël la Questure tourne au ralenti, à Parme comme ailleurs.
Quand on lui dit qu’une vieille dame le demande pour signaler que sa voisine ne donne plus signe de vie, le commissaire Soneri se défausse sur son adjoint.
Mais en entendant ce dont elle parle, il change d’avis.
Trop tard elle est partie.
Il tente de la suivre, mais elle disparaît dans le brouillard.
Il ne reste plus à Soneri qu’à aller taper à la porte de la voisine.
Une porte qu’il connaît bien : dans cette pension vivait celle qui allait devenir sa femme, morte ensuite en accouchant quelques temps après leur mariage.

Quand il rentre dans l’appartement, il découvre la vieille Ghitta Tagliavini assassinée.
L’enquête qui va suivre, dans une ville envahie par le froid et le brouillard, va faire remonter les souvenirs des années passées.
Des années de lutte, de convictions, les années d’une Parme populaire, ouvrière et révoltée.
Une ville dissoute aujourd’hui dans le brouillard, la corruption et l’affairisme.
Une enquête qui ne va pas améliorer l’humeur généralement mélancolique de Soneri.


Avec ce nouveau roman (nouveau chez nous, Valerio Varesi et le commissaire Soneri étant des stars en Italie), l’auteur confirme son talent.
On peut désormais les classer, lui et son personnage, parmi ces enquêteurs dont les aventures rythment notre année polar.
Et ils confirment l’excellente santé du polar italien, aux côtés des Camilleri, Gangemmi, Manzini pour les créateurs de personnages récurrents, en plus de De Cataldo, Carlotto ou Lucarelli, pour ne citer qu’eux.


Avec cette aventure lente et mélancolique dans une ville noyée dans le brouillard, Valerio Varesi se rapproche, pour moi, d’un auteur méditerranéen mythique : Francisco Gonzalez Ledesma.
Si Soneri n’est pas Mendez – il est plus reconnu comme enquêteur et prend moins de libertés avec la loi – comme lui il est ici la mémoire d’une ville et d’une population en train de disparaître.


Soneri se rappelle de la ville des pensions d’étudiants, des luttes politiques, des quartiers populaires, des échoppes de barbiers.
Et il déplore la perte de la mémoire, et la perte d’intérêt pour cette mémoire.
Il déplore la place croissante de l’argent, la rentabilité à tout prix, l’abandon des idéaux, des valeurs et des convictions face à la toute-puissance du profit.


Comme Mendez, Soneri ne recherche pas la gloire et laisse d’autres tirer du feu les marrons qu’il y a mis.
Comme Mendez, et pour d’autres raisons, il vit en partie dans un passé parfois idéalisé, et embelli, et déambule seul dans les rues, la nuit, dans la brume.


Un beau personnage, des belles descriptions, une mélancolie communicative pour un roman sans baston (ça change de mes précédentes lectures), sans effets spéciaux, sans chocs, mais qui laisse une impression durable de saudade.



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MessagePosté le: Lun Mai 29, 2017 9:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Bruno sur Passion Polar :

Citation:

LA PENSION DE LA VIA SAFFI



Il y a les navets.
Ces bouquins complètement ratés qu’on vous vend souvent comme le livre de l’année, bourré de verbiage inutile, aux ficelles éculées et grossières, au style de sulfateuse qui vous laissent un goût acre dans la bouche, et que vous balancez avec force, mais non sans un certain plaisir rageur, dans la poubelle de vos souvenirs.


Il y a les bons romans.
De ceux qui vous régalent le temps d’une lecture et vous font oublier momentanément les soucis du quotidien, solides et bien construits, parfois originaux.


Et il y a les beaux romans.
Ceux-là sont rares, mais vous marquent pour longtemps.
Ils vous charment, vous séduisent par leur poésie, par la caresse de leurs mots, la musique qu’ils vous susurrent à l’oreille.
Le genre de bouquins dont vous prenez plaisir à relire certains passages justes pour savourer encore un peu cette douce mélodie de l’écriture, née d’une alchimie parfaite entre un magicien des mots et une histoire qui se laisse coucher sur le papier et trace son cours au fil de la plume, comme un fleuve tranquille qui va à la mer.


La Pension de là via Saffi est de ces beaux romans.


Au regard de ses deux premiers livres, il est clair que le passé occupe une place prépondérante dans l’œuvre de Valerio Varesi.
Ici aussi, celui-ci se dissimule dans la brume d’un fleuve et d’une ville qui se fait complice des secrets qu’il veut soustraire au regard du présent.
Et pour le commissaire Soneri que nous retrouvons dans cette nouvelle aventure, c’est avec ses souvenirs et ses blessures passées qu’il lui faudra composer et se confronter pour dénouer cette affaire dont il va devoir prendre la charge.


C’est la mort d’une vieille dame qui va le ramener bien des années en arrière.
Celle de Ghitta Tagliavini, propriétaire d’une maison de pension du centre-ville.
Une pension où à l’époque, étudiant, Soneri y occupait une chambre, comme nombre de jeunes de familles modestes.
Là, qu’il y avait connu Ada, sa future femme, tragiquement disparue depuis en mettant au monde leur premier enfant, qui n’a pas survécu lui non plus.
Une époque marquée alors par le terrorisme politique et les combats idéologiques.


Mais les temps ont bien changé.
De pension de famille pour étudiant désargentés, la maison de Ghitta Tagliavini était devenue un lieu de rendez-vous pour des couples illégitimes venus chercher une alcôve discrète pour se cacher aux yeux du monde.
Dans les rues, les petits commerces qui faisaient le charme du quartier ont presque tous disparu, sauf quelques vieux gardiens du temple, comme le Barbier Bettati, témoin vivant d’une époque à jamais révolue.
Les classes populaires ont déserté, remplacées par les plus pauvres, souvent étrangers.
Les combats idéologiques d’autrefois ont laissé à la place à l’argent et au pouvoir, artifices éphémères qui bouleversent pourtant cette ville intemporelle.


Même l’image que Soneri se faisait de Ghitta Tagliavini s’effrite au fur et à mesure qu’il creuse son histoire et qu’il découvre le parcours d’une femme lancée à cœur perdu dans une quête désespérée de respectabilité.
Une quête qui a engendré plus de rancœurs et de craintes que de compassion et d’admiration, à mesure que s’est étendu le lacis de relations dans lequel elle a peu à peu corseté les habitants de son village d’origine et les édiles de la ville.
Est-ce là que se trouve l’origine de son assassinat ?
Mais bien des mystères entourent cette affaire, et Soneri n’est pas épargné.
A mesure qu’il progresse dans ses investigations, celui-ci remonte également un passé personnel hanté par ses propres fantômes, qui vont altérer ses souvenirs et ses certitudes.


C’est à travers les yeux de ce commissaire, emprunt à la fois de nostalgie et de mélancolie, que Valerio Varesi dépeint cette ville à l’apparence immuable et pourtant en pleine déliquescence, où les utopies ne survivent jamais au soleil brûlant de la réalité.


Magnifique roman que signe là Valerio Varesi, gorgé de charme et de poésie, aux personnages pleins de relief, et qui démontre une fois encore que le genre policier peut aussi être de la belle littérature.
La Pension de la via Saffi est (enfin) le premier et grand coup de cœur de cette année 2017 de Passion Polar.



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MessagePosté le: Mer Juin 07, 2017 8:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi, ce sera un 9 !
Une très belle histoire racontée par Valerio Varesi, tout en subtilité et en intelligence. Le commissaire Soneri et ses méthodes particulières. Il arpente avec une certaine classe les quartiers de sa jeunesse à Parme. Il furète, crapahute, interroge et surveille comme un loup aux abois. Un excellent roman qui sort des sentiers battus.
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MessagePosté le: Ven Juin 09, 2017 9:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Valerio Varesi et cette série semblent vraiment prometteurs, depuis le temps il faudra bien que je commence par me plonger dans Le Fleuve des brumes...
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MessagePosté le: Mar Sep 12, 2017 8:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Claude Le Nocher sur Action-Suspense :

Citation:

Valerio Varesi : La pension de la via Saffi (Agullo Éditions, 2017)

[...]


« Il avait décidé de laisser les choses arriver sans intervenir. Il pressentait que tôt ou tard la situation se déchaînerait sans qu’il y ait besoin de provoquer l’explosion. C’est pourquoi, sans faire de bruit, il redescendit dans la rue et se mit en marche pour rentrer chez lui. Dès qu’il arriva, le clocher du palazzo del Governatore sonna les deux heures. Bien à l’abri dans sa tanière, il éprouva un soulagement immédiat. Enfin détendu, il s’alluma un toscano, se fit bouillir un peu d’eau et se prépara une camomille. Il la but et continua d’observer la nuit silencieuse. C’était l’une des choses qu’il préférait. Il en profita alors pour se repasser en boucle les mystères que ce monde brouillardeux préservait : la disparition de Fernanda, l’assassinat de Ghitta, Pitti qui rôdait toute la nuit comme un animal en chasse, cette Elvira cynique à faire peur, la mort de Dallacasa… Au bout du compte, tout confluait naturellement vers cette pension qui avait tout du pivot bien huilé autour duquel tournait un univers entier. »


Le commissaire Soneri est un mélancolique et un contemplatif.
Il aime sillonner les rues de sa ville, redécouvrir chaque "borgo", se remémorant des images du passé.
Le brouillard qui semble coutumier à Parme lui offre une atmosphère qu’il apprécie.
Derrière la fenêtre de la pension, la nuit, il observe les mouvements du quartier.
Chez Ghitta, il espère dénicher d’improbables empreintes de ce que fut la vie de la victime.
Pendant ce temps, c’est son adjoint Juvara qui s’occupe des quelques détails à préciser.
Pour autant, Soneri n’est nullement passif.
Bien au contraire, car il y a quantité d’aspects de la personnalité de Ghitta à explorer.
Le titre italien de ce roman, “La propriétaire”, s’applique idéalement à la défunte.
Le titre français est très évocateur aussi, cette maison étant au centre du sujet.


En effet, que se passa-t-il derrière les murs de cet immeuble, une bâtisse fréquentée par beaucoup de monde depuis bien longtemps ?
Outre l’ambiance magnifiquement restituée, Valerio Varesi présente une intrigue de qualité supérieure.
Sur certains points, ce sont des épisodes de l’histoire italienne qu’il retrace, du militantisme politique de naguère jusqu’aux magouilles gangrenant l’économie du pays depuis tant d’années.
Quant au parcours revanchard de Ghitta, il est absolument crédible.
Ce qui suppose qu’aussi forte soit-elle, cette dame s’est fait des ennemis.
Une enquête qui inclut des questions personnelles, pour le commissaire.
Tout est ici maîtrisé avec virtuosité : un roman policier remarquable !



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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Lun Avr 16, 2018 9:05 am    Sujet du message: Répondre en citant




Est sorti en poche chez Points :





Tandis que la 3ème enquête du commissaire Soneri, Les Ombres de Montelupo, vient de paraître chez Agullo Editions (voir ici sur le forum) :



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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Lun Oct 01, 2018 5:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis vient de paraître sur Polars Pourpres, et je retrouverai assurément Soneri par la suite.



Sur Polars Pourpres, Hoel a écrit:
Réminiscences parmesanes

Quelques jours avant Noël, Ghitta Tagliavini, vieille dame propriétaire d'une pension dans le centre historique de Parme, est retrouvée morte dans son appartement. L'acte est semble-t-il criminel et l'enquête est confiée à Soneri.
Seulement, le commissaire connaissait Ghitta, car c'est dans sa pension, alors fréquentée par des jeunes gens et notamment des infirmières, qu'il a rencontré sa femme Ada, des années auparavant. Ada qui est décédée de manière dramatique peu après leur mariage. Forcément, voilà qui fait ressurgir à la surface bien des souvenirs, agréables et tristes à la fois.
Commençant à creuser, Soneri se rend compte que l'affable Ghitta qu'il a connue cachait bien son jeu et qu'elle savait aussi se montrer impitoyable.

Après sa première enquête qui l'avait vu affronter un Pô en crue, l'on retrouve avec plaisir le commissaire Soneri dans ce second opus, similaire à bien des égards bien qu'il soit totalement urbain et que la nature y soit moins présente – l'histoire se déroule essentiellement à Parme. Là encore, on déconseillera sa lecture aux aficionados de page-turners hollywoodiens. Ici, le commissaire avance dans son enquête, mais piano piano, tout en se replongeant dans son passé douloureux. Cet aspect mélancolique et quelque part endeuillé à vie rapproche Soneri d'Erlendur (à ceci près que le personnage d'Arnaldur Indriðason n'a pas perdu sa femme mais son frère). Tout en étant en couple – avec une Angela qui cherche sa place dans la vie du commissaire – il vit encore avec le fantôme de sa femme, ou du souvenir magnifié qu'il s'en est fait.
Comme dans le précédent roman, l'intrigue va amener Soneri à s'interroger sur des évènements passés qui continuent encore à faire des remous aujourd'hui. Les filatures – il y en a – ne se font pas en bolide et à toute allure mais en arpentant à pied les rues du vieux Parme. C'est d'ailleurs un plaisir que de se balader dans le centro storico de la capitale d'Émilie-Romagne avec les personnages de Valerio Varesi, né à Turin mais de parents parmesans, et qui semble bien connaître la ville... et sa gastronomie. Soneri, qui n'y était pas retourné depuis ses années étudiantes, peine à reconnaître certains quartiers, métamorphosés et plus multiethniques qu'alors.
Les rebondissements sont peut-être un peu moins présents que dans Le Fleuve des brumes mais le plaisir de lecture est identique et l'on a déjà hâte de retrouver Soneri dans Les Ombres de Montelupo, paru il y a quelques mois.

Sachant prendre le temps qu'il faut sans jamais ennuyer son lecteur ni perdre de vue l'intrigue principale, Valerio Varesi s'affirme comme une valeur sûre du roman noir à la Simenon. Et son personnage récurrent, le commissaire Soneri, a un côté fragile, loin des héros bodybuildés et surentraînés des thrillers américains, qui achève de le rendre attachant.


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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
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