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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11643 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Sam Mar 19, 2016 9:30 am Sujet du message: Fais-moi danser, Beau gosse - Tim Gautreaux (Seuil) |
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Après les superbes Le Dernier Arbre et Nos Disparus, Fais-moi danser, Beau gosse (The Next Step in the Dance), le tout premier roman de Tim Gautreaux, vient enfin de paraître aux Editions du Seuil dans une traduction de Marc Amfreville.
Le livre :
À la fin des années 1970, la crise du pétrole dans le golfe du Mexique s'apprête à ravager la Louisiane.
Paul, dit Beau Gosse, mécano génial, aime surtout la bagarre et danser le jitterbug - trop souvent avec d'autres femmes que la sienne, Colette, la plus jolie fille de Tiger Island ; la plus maligne, aussi.
Lasse des frasques de son mari autant que de son job de caissière à la banque, Colette part tenter sa chance en Californie.
Jaloux, Paul la suit.
Ils reviendront vite fait, ayant découvert là-bas, elle, le harcèlement sexuel, lui, les pratiques malhonnêtes de la côte Ouest.
À leur retour au pays, la crise se résume à deux mots : chômage généralisé.
Tandis que Paul tente tout pour reconquérir sa belle, celle-ci retrousse ses manches et se lance dans diverses aventures pour assurer la survie de sa famille : chasse au ragondin et pêche à la crevette en haute mer.
Colette, un des personnages de femme les plus charpentés rencontré depuis longtemps, mérite un Oscar !
Sur fond de misère conjoncturelle et d'exploitation des travailleurs - Paul manque perdre la vie dans l'explosion d'une chaudière mal entretenue -, Tim Gautreaux déroule un récit porté par les valeurs traditionnelles, généreux et chatoyant au fil de séquences héroïques dans les eaux du golfe (les fameuses tempêtes ne chôment pas, elles...).
La vaillance des protagonistes dans un contexte plus qu'hostile entretient un suspense constant, et la poésie des bayous apporte une pointe de charme indéniable à ce premier roman salué dès sa parution aux Etats-Unis par une critique unanime.
« Tim Gautreaux, le Faulkner du XXIe siècle. » Christine Ferniot, LiRE
L'auteur :
Né en 1947 à Morgan City, Louisiane, et fils d'un capitaine de remorqueur, Tim Gautreaux est professeur émérite d'anglais à la Southern Louisiana University.
Il est l'auteur de trois romans : Fais-moi danser, Beau gosse, Le Dernier Arbre (Seuil, 2013), Nos Disparus (Seuil, 2014) et d'un recueil de nouvelles.
Qualifié par ses pairs de « Conrad des bayous », il met son art de conteur au service de la culture cajun.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11643 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Juil 06, 2016 2:02 pm Sujet du message: |
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>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :
Citation: |
Fais-moi danser, Beau Gosse, de Tim Gautreaux
Premier des trois romans (à ce jour) de Tim Gautreaux, Fais-moi danser, Beau Gosse est aujourd’hui édité en France après Le Dernier Arbre et Nos Disparus.
S’il diffère de ses deux autres romans par son contexte historique, Fais-moi danser, Beau Gosse porte déjà néanmoins une bonne part des thèmes chers à Gautreaux : l’attachement à un monde qui ne finit pas de disparaître, les difficiles arrangements entre la rectitude morale que l’on voudrait avoir et la nécessité de trouver de quoi vivre, les relations entre les hommes et les femmes et, toujours, la manière dont l’ambition, quelle qu’elle soit – de partir pour s’élever ou de rester simplement pour vivre une vie sans surprises, bonnes ou mauvaises – se heurte à la réalité.
Nous sommes à Tiger Island entre la fin des années 1970 et le début des années 1980.
Paul Thibodeaux, dit Beau Gosse, mécano surdoué et fin connaisseur de toutes les machines anciennes encore utilisées dans les chantiers navals ou l’industrie pétrolière, est aussi un excellent danseur de jitterburg qui aime à finir les samedi soir par une bonne bagarre.
Pas de quoi satisfaire sa femme, Colette, la plus belle fille de Tiger Island, mais aussi la plus ambitieuse.
Caissière dans la banque locale, Colette est désespérée par le manque d’ambition de son époux et se sent écrasée par le poids d’une communauté isolée qui n’aspire à rien d’autre que de perpétuer un mode de vie ancestral sans se soucier du reste du monde.
Frustrée, Colette s’étiole et, bien vite, en veut au monde entier de sa vie banale dans cette petite ville du bayou et en particulier à Paul, incapable de l’en sortir faute d’en avoir lui-même envie.
Le divorce sera pour elle la solution.
Et la fuite vers Los Angeles et ses lumières, la suite logique de cette décision.
Mais la vie californienne rêvée ne tardera pas à apparaître pour ce qu’elle est vraiment, un miroir aux alouettes, et le retour au pays avec un Paul opiniâtre bien décidé à reconquérir sa femme sera bien difficile.
En plein choc pétrolier, dans une Tiger Island ravagée par le chômage, il va falloir trouver d’autres moyens de subsistance et revenir aux pratiques traditionnelles, abandonner ses prétentions, ravaler sa fierté, et chasser le ragondin ou pêcher la crevette.
D’une histoire on ne peut plus simple et d’une situation de départ sans grande originalité, Tim Gautreaux tire un roman d’une grande force, qui devient même dans sa seconde partie une véritable geste épique mettant en scène un peuple du bayou relevant la tête face à l’adversité et opposant au rouleau-compresseur de la crise économique et du libéralisme le plus odieux, représenté ici par un salopard texan particulièrement bien campé, la solidarité de gens de peu.
Il y a surtout, déjà, dans ce premier roman de Gautreaux, de magnifiques portraits tout en nuances.
Une formidable femme forte d’abord.
Colette, par bien des égards antipathique dès le début révèle peu à peu sa fragilité face à un monde qu’elle a sans doute trop idéalisé et auquel elle se heurte et sa capacité à se reprendre en mains et à aller de l’avant sans se ménager.
Paul ensuite, brave gars que l’on perçoit quelque peu falot face à sa femme, grand enfant incapable de saisir véritablement la frustration de son épouse et de comprendre le carcan que représente pour elle la communauté étriquée de Tiger Island, mais bien décidé à la reconquérir et à faire pour cela tous les sacrifices.
Et puis il y a tous ceux qui tournent autour d’eux, les parents de l’un et de l’autre, les amis plus ou moins recommandables que Gautreaux peint avec la même précision et complexité.
Certes, Tiger Island est un carcan, mais c’est aussi un cocon, un lieu où l’on s’entraide face à l’adversité du monde.
Belle histoire d’amour, aventure parsemée de beaux moments de bravoure – un concours de tir digne d’un western, des confrontations avec des mocassins d’eau ou des alligators, une tempête biblique et des bagarres débridées –, portrait vif d’une communauté et d’un mode de vie en train de basculer dans une modernité pas toujours engageante, Fais-moi danser, Beau Gosse est un formidable roman que vient sublimer l’écriture précise et poétique de Tim Gautreaux.
« Il découvrit les plantes aux feuilles rigides qui poussaient à même le roc desséché et se demanda à quoi elles pouvaient bien servir. Il contempla les montagnes cuivrées et comprit que, sur ces vastes étendues de pierre cuite et recuite au soleil, personne n’aurait réussi à cultiver la moindre canne à sucre. Que pouvait bien chercher Colette dans ces villes séparées par plus de soixante kilomètres, sans aucun lien avec le reste du monde, hormis le train qui se faufilait entre elles telle une arrière-pensée dans la cervelle d’un lézard ? »
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Ironheart Annie Wilkes
Age: 50 Inscrit le: 25 Juil 2007 Messages: 5027 Localisation: Le Gard
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Posté le: Mer Juil 06, 2016 4:09 pm Sujet du message: |
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Le titre français n'est vraiment pas top ! |
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Alice Serial Killer : Patrick Bateman
Age: 44 Inscrit le: 19 Mai 2011 Messages: 550
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Posté le: Jeu Juil 07, 2016 9:32 am Sujet du message: |
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Ironheart a écrit: | Le titre français n'est vraiment pas top ! |
Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai, avec ce titre on peut vraiment se méprendre sur le genre du livre... ça fait un peu glamour démodé... c'est vrai quoi... plus personne n'utilise l'expression "beau gosse" !
néanmoins, je l'ai réservé à la médiathèque car ils viennent de l'acheter et ce... malgré ce titre |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11643 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Jeu Juil 07, 2016 10:08 am Sujet du message: |
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Alice a écrit: | Ironheart a écrit: | Le titre français n'est vraiment pas top ! |
Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai, avec ce titre on peut vraiment se méprendre sur le genre du livre... ça fait un peu glamour démodé... c'est vrai quoi... plus personne n'utilise l'expression "beau gosse" !
néanmoins, je l'ai réservé à la médiathèque car ils viennent de l'acheter et ce... malgré ce titre |
C'est vrai que ce titre n'est pas très heureux, mais bon le contenu est visiblement excellent (comme toujours avec cet auteur), la couverture magnifique.
Et ici l'expression "Beau gosse" est employée car c'est le surnom du personnage principal masculin. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11643 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Lun Mar 06, 2017 7:46 pm Sujet du message: |
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>> La chronique de Max Lachaud sur Obskure Mag :
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Tim Gautreaux – Fais-moi danser, Beau Gosse
Après les superbes Nos Disparus et Le Dernier Arbre, nous étions curieux de lire ce premier roman dans la carrière d’écrivain de Tim Gautreaux, publié originellement en 1998 et aujourd’hui disponible en français grâce à la traduction de Marc Amfreville.
Le décor reste sensiblement le même que celui des autres récits : le milieu ouvrier dans la partie cajun de la Louisiane, ses traditions, sa musique, sa nature implacable.
Moins noir que ses chefs-d’œuvre à suivre, Fais-moi danser, Beau Gosse conjuguait déjà le réalisme des descriptions à un subtil mélange de comique et de tragique, dans la lignée d’autres grands auteurs du Sud comme Faulkner, Flannery O’Connor ou Cormac McCarthy.
Optant pour un style à la limite du picaresque, cette épopée ou suite de mésaventures se recentre autour de deux personnages, un couple, avec chacun un tempérament très différent, un homme qui se contente de ce qu’il a et de jouir du moment présent et une femme battante qui aspire à toujours mieux que ce que la vie lui offre.
Colette est caissière à la Tiger Island Bank.
Elle est mariée depuis un an et demi à Paul, mais celui-ci ne peut s’empêcher de la tromper et de flirter avec d’autres jolies jeunes filles.
Un soir, elle le surprend dans son pick-up au drive-in Silver Bayou en compagnie d’une conquête piquée dans un bar.
C’en est trop pour elle.
Furieuse, elle fait un raffut de tous les diables devant les durs à cuire de Tonga Bend.
Cet incident la persuade de définitivement quitter ce bled marqué par les ouragans, où les seuls passe-temps sont la bagarre et le jitterbug, une danse pour laquelle elle et Paul excellent.
Elle prend alors la route pour la Californie.
Finies les douze églises et les dix-huit bars pour six mille habitants.
Finies les tromperies.
Réalisant ce qu’il vient de perdre, Paul prend le train pour la rejoindre.
Les deux jeunes gens vont alors être confrontés au monde du travail avant de revenir au bled et s’apercevoir que la crise et le chômage ont tout décimé.
Les champs de pétrole sont abandonnés, les drive-in fermés, leurs parents se retrouvent sans le sou et à charge.
Ils enchaînent alors les petits boulots pour survivre, travaillent dans une usine à déchets, se lancent dans la chasse au ragondin ou encore la pêche à l’écrevisse et au poisson-chat.
Avec une écriture qui absorbe et un sens du détail qui n’appartient qu’à lui (les descriptions de machineries sont comme toujours hallucinantes de précisions), Tim Gautreaux nous fait vivre les différents remous de l’amour à deux, ce cheminement qui mène à l’acceptation de l’autre.
Jamais mièvre et toujours honnête, il nous questionne dans un premier temps.
Comment se sortir de la crise économique et de la crise du couple ?
Quelles étapes encore à affronter pour apprendre le courage ?
Mais le roman ne s’arrête pas là et s’apprécie à différents niveaux.
On peut aimer la qualité de l’auteur à rendre ses protagonistes vivants sur la page.
On peut être plus séduit par sa connaissance de la faune, la flore et la nature hostile de la Louisiane, ses insectes agressifs, serpents venimeux, reptiles carnivores, ses bayous insondables, son climat colérique.
On peut être interpellé par les réflexions qu’il suscite entre l’individualisme de la grande ville et l’entraide du collectif face à l’adversité de la vie campagnarde.
On peut juste se délecter des scènes de danse et mettant en scène des aspects plus folkloriques de la culture cajun.
Si le roman est loin d’être aussi parfait que les œuvres ultérieures (le happy ending de la fin comme incongru par exemple), il n’en reste pas moins un début très prometteur.
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11643 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Lun Mar 06, 2017 7:48 pm Sujet du message: |
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Vient de paraître en poche chez Points :
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