Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[clémence]

Le 6 janvier 2017 est sorti le dernier né des romans d'Elena Piacentini, la septième enquete du commandant Léoni.



Dans les caves d'une maison en démolition, la découverte d'un cadavre scalpé permet à Leoni de rouvrir un dossier de disparition non élucidée. Le policier et son lieutenant Thierry Muissen mènent une enquête au cours de laquelle les destins de Jean-Toussaint, Mamilouise et Marie-Eve se croisent.

Teaser de la maison d'édition Au delà du Raisonnable :
https://www.youtube.com/watch?v=epyWftkv_xk

[Le Juge Wargrave]

Teaser réussi !
Faut-il avoir lu les précédents romans de la série pour bien apprécier ce livre Clémence ?
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).

[clémence]

Je ne les ai pas tous lus, et j'ai presque terminé cet excellent roman.
Elena Piacentini a l'intelligence d'écrire chaque opus de manière indépendante, donc tu peux y aller Le Juge.

[clémence]

J'ai terminé Aux Vents Mauvais depuis quelques jours et c'est un beau coup de coeur que je vous incite à lire.

D'abord, pour l'Histoire des Réunionais de la Creuse, ces enfants "importés" en métropole en provenance de l'île de la Réunion dans les années 60 à 80, sous l'orchestration de Michel Debré, pour repeupler les départements souffrant d'exode rural, enfants parfois arrachés à leur famille comme Jean-Toussaint dont on suit le parcours dans un des fils du roman.

Pour les relations entre les êtres ensuite, comme cette joyeuse colonie d'abeilles autour de Pierre-Arsène Léoni, qui pour cette enquête ne sera pas au coeur de l'intrigue, mais plutot la figure paternaliste, solide, colossale de l'opus. (Il n'est pas du tout gênant de ne pas avoir lu d'autres romans de l'auteur, si vous commencez avec celui là il n'y aura pas de problème de compréhension). Cette équipe de flics se dévoile au fur et à mesure des romans, et c'est autour de Fée, magicienne de l'informatique et de Thierry, dans sa quête identitaire, que se dévoilent quelques révélations.

Les trois figures de grand-mère constituent une pommade dans le roman. Mémé Angèle, MamiLouise et Colette-Pythagore, ces drôles d'aïeules qui nous rappellent que dans ces corps ridés se nichent des personnes hors du commun, à la mesure de ce qu'elles ont vécu, ce qu'elles ont été. Chacune regorge d'un amour et d'une sagacité façonnés par les coups de la vie, leur histoire, leur profession.

Dansent également dans ces pages de nombreux duos en contraste ou en complicité qui, sans forcer l'attachement (naturel), prennent leur importance et rappellent que la vie à deux (et pas qu'en amour) aide à avancer : Eliane et Léoni, Ali et Louise, Jean-Toussaint et Marie-Eve, Colette et Rémi. Le trio nauséabond qui se détache n'en prend que plus de noirceur.

Une belle part est faite aux relations entre les êtres vivants, humains et animaux. J'ai lu avec beaucoup d'émotion la relation tissée par Jean-Toussaint et ses loutres, Safre et Sann, la présence des chevaux dans l'histoire d'Ali et de Louise, de Jessica. Le lien à la nature est très présent dans ce qu'elle a à offrir aux déboussolés, un abri, un tronc dans lequel se cache l'amoureuse de Jean-Toussaint, ces lacs et rivières dans lesquels on plonge, on trempe les pieds.. Elena Piacentini tisse un décor loin d'être féerique (la nature abrite également des buissons dans lesquels se passent des atrocités), mais jongle avec ce décor de façon habile et poétique, presque pudique.

Viennent ensuite les ricochets entre les êtres et les choses, les statuts et sculptures, un couteau, les livres, les photos, les boîtes à souvenirs, qui heurtent ou qui enchantent, qui fascinent ou qui dénudent des vérités. Rien n'est laissé au hasard.

Trois fils d'histoire se nouent dans ce roman, on suit Jean-Toussaint, Thierry et l'enquête policière sur un corps retrouvé dans une maison en démolition. Le résultat est sans fausse note, parfaitement écrit et très bien documenté. C'est doux et piquant, froid et chaud, exhalant mille parfums d'exotisme, confronté à ceux, puants, des idées étriquées validées par une suprématie politique, hiérarchique des "notables". Sans manichéisme, on y retrouve le goût du réel, ni plus ni moins, apte à blesser les coeurs d'une langueur monotone.

Et si je me souviens des jours anciens et je pleure, c'est sur la justesse des mots dénichés par l'auteur, par la tendresse des rapports humains qui prévaut sur une humanité fétide intolérante et intolérable, mais qui pourtant nous cerne de toute part.

Un très beau roman !

[Le Juge Wargrave]

Concernant les "Réunionnais de la Creuse", j'ai suggéré



comme lecture possiblement proche.
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).

[Fredo]

Je viens de me procurer le premier opus de la série, depuis le temps que l'on me parle de cette romancière, il était tant !
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Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok