Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres Index du Forum Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres
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Polars Pourpres

Les romans de Georges Simenon
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Xavier
Meurtrier


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Avr 18, 2018 9:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci! C'est tout simple quand on sait.
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Vedrai che puoi facerla
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Le Juge Wargrave
Ishigami le Dharma


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Mer Avr 18, 2018 9:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ca fait plaisir de voir que de plus en plus de membres de PP lisent Simenon. Bientôt 100 votes sur PP (mais ce n'est pas grand chose par rapport aux plus de 220 titres présents dans la base et la notoriété de l'auteur).
_________________
La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Mer Avr 18, 2018 10:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vous m'avez donné envie de m'y remettre et j'en ai un petit stock chez moi donc je vais bientôt pouvoir ajouter ma pierre à l'édifice.
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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

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JohnSteed
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Dim Avr 29, 2018 9:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hâte de te lire alors...😎
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El Marco
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Mer Aoû 29, 2018 5:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.
Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé lui aussi, plancher mouillé sous les pieds boueux, cloisons mouillées par une buée visqueuse, vitres mouillées, dedans et dehors. Des gens aux vêtements mouillés sommeillaient.
A huit heures, juste à l'arrivée à Hasselt, on éteignit les lampes du convoi et celles de la gare. Dans les salles d'attente, les parapluies perdaient des rigoles d'eau fluide qui sentait la soie détrempée. Autour des poêles, des gens se séchaient et ils étaient presque en noir, comme Edmée. Etait-ce un hasard ? Le remarquait-elle parce qu'elle était en grand deuil ?


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
Edmée arrive aux Irrigations, un domaine agricole tenu par son oncle dont elle apprend le décès en arrivant. Elle va devoir vivre en ces lieux, matraqués par le froid, la pluie et les vicissitudes, tandis que des tragédies, tels des furoncles, vont lentement naître, croître et exploser. Une famille de dégénérés la reçoit, comme décrit à la page 64 : « les lèvres trop épaisses de Fred, au visage de travers ; le front difforme de Jef ; Mia qui avait de l’eczéma et qui, malgré ses seins et tout, à dix-neuf ans, n’était pas encore femme ; une des petites louchait. La famille prétendait que non, ce n’était qu’une déviation momentanée du regard. Mais elle louchait ! Et la plus jeune était en retard de deux ans sur une enfant normale ! ». Et l’on ne parle que du physique, car pour ce qui est des attitudes, les individus en question sont encore plus abâtardis, et ce n’est qu’un mot, écrit à l’avant-dernière page, qui vient éclairer les raisons de ces dégradations familiales. Encore une fois, je me suis régalé avec cet ouvrage de Georges Simenon, écrit en cent cinquante pages, ruisselant de noirceur, saturé de cruauté, et perclus d’une barbarie protéiforme. Une magnifique succession de drames, depuis la « simple » maladie en passant par des amours contrariées qui vont déboucher sur la mort d’un enfant un peu trop curieux, jusqu’au viol et au meurtre. Une analyse pointue de la psychologie de ses personnages, avec une économie de moyens à en donner le vertige, pour un panorama si délicieusement monstrueux, humain et crédible d’individus lambda. Je n’ai jusqu’à présent lu que peu d’ouvrages de Georges Simenon, mais celui-ci figure indéniablement parmi mes favoris, pour la férocité de son examen de l’âme humaine.
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Le Juge Wargrave
Ishigami le Dharma


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MessagePosté le: Jeu Sep 06, 2018 10:36 am    Sujet du message: Répondre en citant



Résumé :

Citation:
Norbert Monde est un homme frustré, déçu par sa famille. Le jour de ses 48 ans, il décide de tout quitter, pour changer d'existence. Il disparaît donc, non sans emporter une forte somme d'argent. Sa femme le fait rechercher par la police : il faut qu'elle prouve qu'il est vivant, afin d'avoir accès à leurs coffres de banque.


Mon avis :

Citation:
Norbert Monde, 48 ans, grand bourgeois, travailleur, qui porte sur ses épaules l'entreprise familiale, est méprisé par sa seconde femme (après avoir été abandonné par la première), négligé par sa fille, oublié par son fils... Il décide de tout quitter, sur un coup de tête, direction le Sud.
Sans trop savoir où aller, M. Monde échoue à Marseille, puis à Nice où il change d'identité.
Cet éloignement volontaire mais soudain et sans préméditation lui permet d'ouvrir les yeux sur son immense solitude et nous ouvre les yeux sur sa bonté, dans un univers familial bouffé par l'individualisme.
Encore un bon Simenon !

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El Marco
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MessagePosté le: Lun Sep 10, 2018 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Pourquoi Robert, dit le Grand Bob, a-t-il choisi de disparaître en se noyant au cours d'une partie de pêche? Ami de Bob et de sa femme Lulu, le docteur Coindreau cherche dans le passé de cet homme au tempérament plutôt boute-en-train des éléments qui puissent élucider ce mystère.Issu d'une famille honorable, Bob a jadis abandonné ses études de droit pour vivre avec la légère et gentille Lulu, chapelière à Paris. Leur vie a été modeste mais heureuse. Alors?Alors, Coindreau finira par comprendre le destin de deux êtres qui s'aimaient, et qui n'ont pas voulu être indignes l'un de l'autre...


Mon commentaire :

Citation:
Une histoire très humaine, ou comment le docteur Charles Coindreau apprend la mort par noyade de son ami Robert Dandurand, surnommé « le grand Bob », avant de se rendre compte que ce décès relève apparemment plus du suicide. Dès lors, il s’agit pour le toubib de comprendre qui était, sous ses allures de clown, réellement cet homme qu’il lui semble à présent ne pas avoir vraiment connu. Une belle histoire, constellée de flash-backs, avec la genèse du grand Bob aux yeux de tous, depuis sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme, Lulu, et son refus de passer l’examen de droit, puis la trajectoire enclenchée vers ce qui deviendra sa réelle existence. Comme souvent chez Simenon, l’intrigue ne constitue pas le fondement de l’intrigue, du moins pas sa partie la plus importante. Tout y est « prétexte » à des rencontres, des échanges, des pans de vie exposés, des unions qui se font et se défont (un peu plus de références au sexe que dans les autres romans), et un chapitre final très émouvant. De belles réflexions sur l’existence, l’amour, l’abandon, le deuil, toujours portées et magnifiées par une écriture qui va à l’essentiel, où chaque mot est habilement choisi. Assurément pas un polar, bien évidemment, parfois étoilé de quelques digressions quant aux autres personnages (notamment les adultères du médecin), et que j’ai lu de bout en bout avec un plaisir égal et supérieur.
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El Marco
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MessagePosté le: Dim Sep 23, 2018 5:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
La mouche tourna trois fois autour de sa tête et vint se poser sur la page du rapport qu'il était en train d'annoter, tout en haut, dans le coin gauche. Maigret immobilisa sa main qui tenait le crayon et la regarda avec une curiosité amusée. Ce jeu-là durait depuis près d'une demi-heure et c'était toujours la même mouche. Il aurait juré qu'il la reconnaissait. D'ailleurs, il n'y avait que celle-là dans le bureau. Elle décrivait quelques cercles dans la pièce, surtout dans la partie baignée par le soleil, contournait la tête du commissaire et atterrissait sur les documents qu'il étudiait. Là, elle frottait paresseusement ses pattes les unes contre les autres et il était bien possible qu'elle le narguât.


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
Le commissaire reçoit la visite de Léon Florentin, un ancien camarade de classe (plus exactement « condisciple » puisque Maigret n’a jamais beaucoup aimé ce personnage clownesque, menteur et sans grand intérêt) car il était présent dans la penderie d’une femme lorsque celle-ci a été assassinée d’une balle dans la gorge. Dans la mesure où elle était entretenue par plusieurs hommes, qui a bien pu faire le coup ? Une intrigue certes classique, mais que la plume de Georges Simenon magnifie. Des personnages ambigus, d’autres cumulant l’équivoque et le physique grotesque (la concierge), et des dialogues nombreux et sonnant tous avec une immense justesse. Le portrait de Léon Florentin, antiquaire autoproclamé, vivant d’expédients, et ne sachant plus quel est son propre visage tant il porte de masques différents, est très intéressant, car multiple (de la fausse camaraderie à l’individu cocasse, au menteur invétéré en passant par le vachard qui envoie au visage de Maigret le fait que son père était un grand pâtissier et celui du policier un domestique). Une résolution de l’énigme dans les dernières pages, presque évacuée à toute allure, mais le fond policier a bien moins d’importance que la description des âmes des personnages, du système de « partage » de Joséphine Papet selon les jours de la semaine, et quelques rebondissements croustillants comme le fait que Florentin se jette dans la Seine puis la raison, découverte plus tard, de cet acte stérile.
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MessagePosté le: Lun Oct 08, 2018 4:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans al chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi.


Mon commentaire :

Citation:
Le récit d’un exode, celui de Marcel Féron, vendeur de matériel radiophonique, et de sa famille constituée de sa femme et de sa fille. Lorsqu’il apprend l’invasion de pays voisins par l’Allemagne nazie, il monte dans un train avec nombre d’autres réfugiés. Marcel Féron est-il un héros ou un antihéros ? C’est surtout un être indifférent à tout et aux autres, presque heureux que le conflit armé éclate, surtout soucieux d’avoir consciencieusement sur lui sa paire de lunette de secours. Dans le wagon, il fera la connaissance d’Anna, jeune et attirante, qui a des origines juives. Un portrait saisissant de foules hétérogènes poussées sur les routes – ici ferrées, à cause de la guerre, et qui vivent une expérience étrange, engendrant des émotions contraires voire contradictoires, depuis le sexe tarifé dans le convoi avec la dénommée Julie à la peur légitime quand fondent les avions de combat, en passant par quelques fugaces scènes d’espoir. Et c’est au terme de cette péripétie, bien longtemps après, que Féron illustrera sa lâcheté, voire son indifférence si caractéristique, avec une attitude qui se montrera criminelle. Encore une fois chez Georges Simenon, une galerie de personnages rendue crédibles et terriblement crédibles en quelques traits de plume, une vision acerbe de la société, surtout lorsqu’elle est poussée dans les ultimes retranchements de l’humanité que l’on attend d’elle lorsque la situation le nécessite, et un pessimisme latent qui éclate dans les ultimes pages.
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MessagePosté le: Lun Oct 22, 2018 7:54 am    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Étais-je, ce matin-là, plus ou moins heureux que les autres jours ? Je n’en sais rien et le mot bonheur n’a plus beaucoup de sens pour un homme de soixante-quatorze ans. En tout cas, la date reste dans ma mémoire : le 15 septembre. Un mardi. À six heures vingt-cinq, Mme Daven, que j’appelle la gouvernante, est entrée sans bruit, sans remuer d’air, et a posé ma tasse de café sur la table de nuit avant de se diriger vers la fenêtre et de tirer les rideaux. J’ai vu tout de suite qu’il n’y avait pas de soleil, que l’air était brumeux, qu’il pleuvait peut-être.


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
… ou comment le banquier François Perret-Latour, vivant dans une forme d’isolement à soixante-quatorze ans dans son bel appartement donnant sur la Place Vendôme, avec seulement quelques domestiques (dont Mme Daven, sa gouvernante) en vient à reconsidérer sa propre existence et lui octroyer une nouvelle trajectoire lorsqu’il apprend le cancer de l’une de ses trois ex-épouses et le suicide de leur fils Donald. Il y sera question d’une forme de nostalgie pour cet homme qui n’attend plus grand-chose de la vie alors que cette dernière lui a beaucoup apporté, au moins du point de vue pécuniaire. Il va renouer des liens très forts avec sa famille, entre un fils qui se remarie avec une demoiselle bien plus jeune que lui, une petite-fille (Nathalie) qui est enceinte et dont le géniteur est parti. François est également un être charmant et intéressant, en bonne condition physique pour son âge, ayant des amitiés riches et sincères avec des hommes de loi et un médecin, Candille, qui vont lui rendre un immense service (sacrément culotté et en même temps d’une impressionnante humanité) à propos de l’enfant à venir de Nathalie. Toujours chez Georges Simenon, une écriture sèche, presque évidée, avec une immense économie de mots et de moyens, mais qui retranscrit à merveille les émotions et des situations de famille délicates et crédibles. J’ai été également très sensible à la relation avec sa gouvernante, Mme Daven, dont la timidité cache un passé douloureux et dont elle s’ouvre à lui dans un passage émouvant. Je ne résiste pas à retranscrire ici le passage qui donne son titre au roman : « Je regarde la haie et soudain je reconnais les feuilles d’un arbuste. Je regarde plus haut et je vois des noisettes encore vertes. Ainsi donc, malgré les avions, les autoroutes, l’élevage aux produits chimiques, il y a encore des noisetiers. […] C’est bête. Je suis tout surpris d’être ému. J’ai l’air d’avoir fait une découverte et je me répète : il y a encore des noisetiers… J’y vois comme un symbole. C’est assez flou dans mon esprit. Cela signifie sans doute que le monde a beau changer, il restera toujours des coins de fraîcheur ». Un bel ouvrage, très optimiste, sur la simplicité des sentiments éprouvés par un vieux monsieur, sur le seuil de sa propre mort, et qui retrouve une forme d’épanouissement et de bonheur auprès de ses proches et de sa famille.
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Nov 04, 2018 8:55 am    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Qui a tué Louise Filon, alias Lulu, ancienne prostituée du quartier de La Chapelle, alors qu'elle était enceinte ? Et qui payait son appartement cossu, dans le quartier des Ternes ? En cherchant la réponse à ces questions, Maigret va découvrir deux hommes dans la vie de la victime : Pierrot, le musicien de musette, et le professeur Etienne Gouin, une sommité du monde médical. Il va aussi plonger dans deux Paris on ne peut plus dissemblables : celui des pauvres et des mauvais garçons, celui - feutré, silencieux, orgueilleux aussi - d'une bourgeoisie opulente...Reste à découvrir le coupable. Et son mobile. Et pour cela, à affronter la personnalité imposante du médecin, que Maigret semble redouter...


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
Le meurtre de Louise Filon, dite « Lulu », amène Maigret à enquêter sur un chirurgien de renom, Etienne Gouin, et surtout son entourage. Un nouveau régal, avec cette peinture acerbe de cet immeuble parisien, situé dans un quartier chic, et surtout de cet étrange microcosme où règne ce docteur émérite. Il attire les femmes, les fait rêver, leur permet de penser qu’elles sont importantes à partir du moment où, à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre, elles veillent sur lui. Il est devenu le centre de gravité d’un cercle exclusivement constitué de dames, l’axe de rotation d’une planète de femmes, tout en se montrant indifférent à l’amour et à la parenté, tant qu’il est serein et avec une présence à ses côtés. Pendant ce temps, Maigret est toujours aussi fin, avec un passage intéressant, celui concernant l’étrange relation qu’il noue avec ce praticien, comme deux entités antinomiques, au début du huitième chapitre. Curieusement, je me suis laissé surprendre par le dénouement policier car j’avais encore en tête l’adaptation avec Bruno Cremer : or, dans ce téléfilm, la fin et l’identité du criminel a été modifiée. D’ailleurs, cas exceptionnel, j’avais préféré cette version, plus construite, plus recherchée. Cependant, cet opus demeure un bon livre à mon sens, original et bien mené, avec ce sempiternel plaisir que j’ai de découvrir l’œuvre de Georges Simenon, en gardant en tête l’immense quantité de livres qu’il a signés et qu’il me reste à lire.
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MessagePosté le: Dim Nov 18, 2018 7:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Voilà longtemps que Nathalie Sabin-Levesque sait à quoi s'en tenir sur les fugues de son mari. Tandis qu'elle sombre peu à peu dans l'alcool, rejetée par l'entourage de ce confortable notaire du faubourg Saint-Germain, Gérard, qui ne l'aime plus, se distrait dans les boîtes de nuit des Champs-Elysées, où les professionnelles le connaissent sous le nom de monsieur Charles.
Mais cela fait un mois maintenant que Gérard n'a pas reparu...
C'est à l'histoire d'un couple depuis longtemps désuni que Maigret va s'intéresser ici, telle que lui permettent de la reconstituer les témoignages des amis et des domestiques. Et à une femme dont l'ascension sociale aura été payée du prix de la solitude et de la déchéance.


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
Le dernier opus de la série consacrée au commissaire Maigret, et même s’il ne fait pas partie des meilleurs, j’ai pris, comme d’habitude, un grand plaisir à le lire. Nathalie Sabin-Levesque, celle qui demande à Maigret de retrouver son homme disparu depuis un mois, constitue la pièce maîtresse de ce roman. Alcoolique invétérée, pratiquant l’autodestruction par les breuvages, son portrait psychologique domine cette œuvre où le côté policier n’est que peu présent, finalement. Un livre qui porte avant tout sur la déchéance, les amours éconduites, les grandes déceptions du couple, la tragédie du délaissement et de la solitude, et dont le dénouement, au chapitre 8, à la fois sacrément court et chargé d’émotions contradictoires, n’est finalement guère important au niveau de l’intrigue, puisque chaque lecteur l’aura quasiment résolue tout seul de son côté. Et c’est également un roman sur le doute, puisque Maigret ne cesse de douter : quant à son travail (il refuse dès la deuxième page de devenir le chef de la PJ et entrevoit déjà sa retraite, dans trois ans), à la personnalité intime de Nathalie (avec un brin de compassion qui fait qu’il la désigne souvent par son prénom), et aux trajectoires qu’il doit donner à son investigation.
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MessagePosté le: Dim Déc 02, 2018 5:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
La concierge toussota avant de frapper, articula en regardant le catalogue de la Belle-Jardinière qu'elle tenait à la main : « C'est une lettre pour vous, monsieur Hire. »
Et elle serra son châle sur sa poitrine. On bougea derrière la porte brune. C'était tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt des pas, tantôt un froissement mou de tissu ou un heurt de faïences, et les yeux gris de la concierge semblaient, à travers le panneau, suivre à la piste le bruit invisible. Celui-ci se rapprocha enfin. La clef tourna. Un rectangle de lumière apparut, une tapisserie à fleurs jaunes, le marbre d'un lavabo. Un homme tendit la main, mais la concierge ne le vit pas, ou le vit mal, en tout cas n'y prit garde parce que son regard fureteur s'était accroché à un autre objet : une serviette imbibée de sang dont le rouge sombre tranchait sur le froid du marbre...


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
… ou la déchéance de M. Hire, s’étant consumé d’un amour à la fois subit et inachevé pour Alice. Comme toujours chez l’immense Georges Simenon, une incroyable économie de mots et de descriptions, ce qui n’empêche en rien ce roman d’être un festin de maux. De ce M. Hire, on ne sait finalement que peu de choses, et c’est justement cette vacuité, presque cet anonymat, qui rend ce personnage d’autant plus fort. Un physique replet, une moustache lambda, et voilà, le portrait est dressé. Il faudra d’ailleurs un interrogatoire avec un policier pour en savoir plus sur son passé de petit escroc, vendeur de littérature litigieuse, ayant purgé une peine de prison, vivant encore d’expédients douteux. Un as en bowling, et même ses collègues de jeu ne savent rien de lui, en venant même à penser qu’il est policier. Ce sera donc la vue d’Alice au cours d’un moment de voyeurisme qui le poussera faussement à croire en une inclination partagée entre ces deux êtres alors que l’on enquête encore sur la mort d’une certaine « Lulu » dont le cadavre a été découvert dans le voisinage. Un drame sombre, dont on se doute du terme, mais qui ravit néanmoins de bout en bout. D’ailleurs, l’aspect policier n’est guère l’axe central usé par l’auteur, puisqu’il dévoile au chapitre cinq, c’est-à-dire à la moitié du roman, un élément fondamental qui aurait pu constituer un ressort narratif essentiel si l’auteur avait cherché un habile rebondissement à glisser vers la fin de son opus. Le seul élément m’a finalement manqué, c’est finalement la brièveté de l’histoire qui m’a empêché de réellement ressentir la méfiance voire l’aversion des voisins de M. Hire à son égard, incinérant ainsi une part non négligeable du drame à venir et une peinture plus complète de la haine ordinaire, nécessairement sotte et bêlante.
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MessagePosté le: Dim Déc 16, 2018 6:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Le gamin poussa la porte et annonça, en regardant la femme de ménage qui, les mains sanglantes, vidait les lapins :
– La vache est morte.
Son vif regard d’écureuil fouillait la cuisine, à la recherche d’un objet ou d’une idée, de quelque chose à faire, à dire ou à manger et il se balançait sur une jambe tandis que sa sœur, ronde et frisée comme une poupée, arrivait à son tour.
– Allez jouer, prononça Mme Pontreau avec impatience.
– La vache est morte !
– Je le sais.
– Vous ne pouvez pas le savoir, puisqu’elle vient de mourir.
Mme Pontreau se leva, bouscula le gamin.
– Toi aussi, va jouer, cria-t-elle à la petite fille.
Et elle referma la porte, tandis que, dehors, les gosses cherchaient une occupation.
Mme Pontreau n’avait pas menti. Elle savait que la vache était morte. Elle était au courant de tout ce qui se passait à la ferme.


Mon commentaire sur Polars Pourpres :

Citation:
… ou comment la mort presque anodine d’un homme, tombé d’un grenier alors qu’il était dans une crise d’épilepsie (surnommée « le haut mal ») plonge dans une série de rebondissements dramatiques des familles et toute une communauté. Comme toujours chez Georges Simenon, une écriture où la concision le dispute à une insondable acidité, avec ces nombreux seaux de vitriol balancés à la face d’une société figée et bienpensante. Tout le monde en prend pour son grade : la famille du défunt, avec un père détruit par le deuil, soucieux de récupérer l’exploitation agricole à tout prix, prompt à étaler son argent tout autant que de se saouler. Mais c’est surtout la famille Pontreau, la belle-famille (d’ailleurs tout sauf « belle »), qui est maltraitée par les descriptions acerbes de l’auteur. La mère est un véritable suzerain régnant sur sa progéniture avec une main de fer, dans un système matriarcal sans la moindre faille, tandis que ses filles sont reléguées au rang de pâles sujettes. De cet accident, des drames surviendront, comme la mort d’un enfant écrasé, une jeune femme qui finira par briser le carcan familial et voler de ses propres ailes malgré les pressions, et toute une communauté sclérosée être secouée par les rumeurs, la vindicte publique et autres bêlements de la foule. On retiendra de nombreux passages pittoresques, comme le marché que fait la mère Pontreau, ou encore la scène du cortège funèbre et des funérailles. Et l’aspect policier réapparaît au beau milieu du livre (page 101 dans l’édition que j’ai eue entre les mains), avec un rebondissement intéressant entraînant toute une série de chantages, tensions et autres germes de catastrophes à venir. Le roman se clôt sur une scène très sobre, plusieurs années après le cœur de l’intrigue, et envoie, en quelques paragraphes, en quelques phrases, une vision désespérée du monde tel que le voit Georges Simenon, où se disloque la structure familiale. A mi-chemin entre le roman policier noir et la littérature blanche quoique sacrément noire tout court, une nouvelle pépite, moins connue que les autres peut-être, à extraire de la bibliographie abondante de cet immense écrivain.
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JohnSteed
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MessagePosté le: Mar Déc 18, 2018 1:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne poste pas beaucoup mes avis publiés sur le site sur ce forum mais en tous les cas, je suis content d'avoir un comparse qui lit de manière assidue Simenon.
En plus, les avis d'El Marco sont très pertinents Cool
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