Posté le: Jeu Déc 06, 2012 8:55 pm Sujet du message: Les romans de Marie Neuser (L'écailler)
On vient de me dire le plus grand bien des livres de cette romancière et je viens de jeter mon dévolu sur son second roman.
Citation:
Dans un collège dit "difficile" une jeune prof d'italien a du mal à mater sa classe. En particulier quelques éléments récalcitrants qui l'insultent et la menacent, rendent la vie dans la classe insupportable, et bientôt en dehors. Dans un crescendo très tendu, on passe du chahut à la menace physique non seulement sur la prof mais aussi sur ses proches. Mal soutenue par son CPE qui préfère fuir plutôt que de tenir tête aux élèves violents, la jeune enseignante perd son seul soutien, une de ses élèves, Samira, qui se suicide pour ne pas être mariée de force au "bled". Seule face à "Adrami le boss", Malik, qui la poursuit jusque chez elle, Cindy, qui se prostitue dans une ruelle proche du collège, et quelques autres agités, Lisa Genovesi commence à sentir monter en elle un désir de vengeance et elle se forge une carapace de haine implacable qui la transformer de gibier en chasseur.
Un été torride dans le Cap Corse. Anna, adolescente maussade et rebelle, s'ennuie ferme dans le hameau en ruine où elle passe ses vacances en compagnie de ses parents. Un quotidien trop banal, ponctué de repas, de bains de soleil et d'allers-retours entre cette bâtisse nichée dans les collines et la plage en contrebas. Toute à ses rêves d'idéaux, de rock'n'roll et d'ailleurs, Anna voit d'un oeil noir l'arrivée d'Hélène, sa soeur ainée qu'elle n'apprécie guère, et du bébé de celle-ci. Tourmentée par la solitude et l'hostilité d'Acquargento, ce lieu sauvage, la jeune fille commence à nourrir des soupçons quant au comportement de sa soeur envers le bébé. Imagination délirante d'une ado sensible ou drame morbide qui va mal se terminer ?
Et un extrait :
Citation:
Spoiler:
Bizarre comme les itinéraires restent gravés en nous. Dès notre débarquement, au petit matin argenté sur Bastia, les choses se sont remises en place dans mon regard comme si ces vingt ans n'avaient pas existé. Pierre conduisait et moi, tassée sur le siège près de Youri, je redisais silencieusement bonjour à chaque maison, chaque village, chaque serpent de côte que je retrouvais, inchangés, avec vissée tout au fond la crainte qu'ils me fassent du mal. Comme quand on renoue avec un vieil ami qui un jour vous a trahi ; on a envie de se laisser aller à l'affection tout en sachant que la confiance s'est émoussée et qu'un jour peut-être on en souffrira encore.
Moi jusqu'à cette année quand ma mère parlait d'Acquargento je faisais toujours la même chose, les mains pressées sur les oreilles je refusais d'entendre.
Je me concentre sur Youri en espérant qu'il n'aura pas mal au coeur.
En arrivant à la marine de Meria, mon souffle s'est davantage suspendu. Tout, la fontaine, le chemin de terre menant à la plage qu'on ne voit pas depuis la route car dissimulée par les maisons et les bosquets de tamaris, tout est comme il y a vingt ans, j'ai même envie de descendre sur le rivage pour m'assurer que la Anna de seize ans est encore là, boudeuse, ou qu'elle n'y est plus, pour ma guérison, mais nous venons de tourner le dos à la côte pour nous engager sur la route qui scie le Cap en deux. La route d'Acquargento. Et je sens qu'Acquargento m'appelle, torve, malin, oui oui j'arrive, je suis venue pour te défier, pour voir si j'étais capable à présent de te pardonner et de t'aimer, laisse-moi le temps de m'y faire. Peu à peu, la route se fait plus intime, plus encaissée, serpentant entre les chênes et les châtaigniers, ouverte soudain sur le vide. Elle s'accroche aux flancs de la vallée, à son sillon raviné, entre les vagues de profond maquis qui grandissent et s'épaississent au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude. Je voudrais rester silencieuse mais quelque chose de puéril me pousse à jouer à la maîtresse de maison : le village de Meria là-haut, la maison des Belges, la Rivinta, oh attention ! Klaxonne beaucoup là, le Rocher de la Dame, c'est moi qui l'appelais comme ça, puis je me mets à crier soudain, La bergerie de Batti ! elle n'est plus là... et je contemple l'étendue de fougères que voici, à la place de la bâtisse en ruine qui servait d'abri aux chèvres du berger. C'est la première cicatrice du temps, cet édifice qui a disparu. C'est mieux. Il fallait que les choses changent.
Et puis j'ai eu un grand éclat de rire en découvrant le panneau indicateur, incongru comme une publicité en plein désert, qui annonçait, à l'embranchement de la piste à présent goudronnée : ACQUARGENTO 0,5. La flèche vers les désolations, vers le néant et les décombres d'une vie. Nom maudit, nid à douleur.
Cahin-caha, on a grimpé. Le gros rocher qui ouvre le hameau, la ligne édentée des bicoques décaties, puis le cul-de-sac dans les herbes jaunes : le «parking», là, devant le portail de la maison. L'escalier, la terrasse, l'éboulis. Les murets mangés de fleurs sauvages. Les lieux et les instants les moins reluisants de mon adolescence. Encore je tremble. Je brise mes sanglots.
Age: 52 Inscrit le: 14 Mar 2011 Messages: 401 Localisation: alpes de haute provence
Posté le: Ven Déc 07, 2012 6:17 pm Sujet du message:
Dire que j'ai les deux romans de Marie Neuser chez moi et que je n'ai jamais eu encore le temps de les lire .
Y a tout contre moi: auteur à 100 km , des bonnes critiques...pfuutt
Breffff, Fredo j'attends ton feu vert _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Age: 52 Inscrit le: 14 Mar 2011 Messages: 401 Localisation: alpes de haute provence
Posté le: Mar Jan 08, 2013 6:55 pm Sujet du message:
Je viens de terminer "Je tue les enfants français dans les jardins ".
C'est un putain de bouquin qui remue bien les tripes. Un témoignage, un récit, j'ai bien ressenti le vécu de l'auteur.
Un pavé, une gifle dans "la cour" du milieu enseignant, le style est bon, tres différent des premières pages de son second roman que je viens de commencer.
Je sais pas...mais, j'ai bien accroché et je vais de ce pas finir la lecture de son second roman. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Age: 39 Inscrit le: 01 Jan 2013 Messages: 2185 Localisation: St Maur des Fossés
Posté le: Mar Jan 08, 2013 7:58 pm Sujet du message:
J'ai aussi beaucoup apprécié "je tue les enfants français dans les jardins" et comme tu dis, voxac, ça sent le vécu ! Et ça se lit très bien et très vite en plus. _________________ http://destinationpolar.blogspot.fr/
Posté le: Jeu Jan 24, 2013 11:21 pm Sujet du message:
Savez-vous si la sortie en poche de Je tue les enfants dans les jardins français est prévue ? _________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Ven Jan 25, 2013 12:33 pm Sujet du message:
Pas pour l'instant a priori.
Marie Neuser commence à faire parler d'elle, au moins sur le web du polar, et de manière assez unanime. Ça me tente de plus en plus cette histoire. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Posté le: Sam Juin 15, 2013 9:23 am Sujet du message:
En plein dans
Quelle tension ! On sait, on sent que ça va péter mais quand et comment ?
Je cours y retourner pour savoir ! _________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
Posté le: Lun Juin 17, 2013 12:27 pm Sujet du message:
Je tue les enfants français dans les jardins
Ce livre est une bombe !!! J'ai adoré !
Commentaire à venir... _________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
Posté le: Lun Juin 17, 2013 9:41 pm Sujet du message:
Mon commentaire :
Citation:
Excellent roman noir à l'atmosphère étouffante, dans lequel on suit une jeune agrégée d'italien vivre l'enfer dans son collège difficile.
La tension est omniprésente et va crescendo. On sent que ça va péter, on sait que ça va péter, les seules questions étant : quand et comment ?
L'auteur, dont les points communs avec son héroïne sont troublants, porte un regard acide mais très juste sur l'école d'aujourd'hui, entre le jeune enseignant plein de rêves dans la tête après des études très difficiles et la réalité, où les désillusions s'enchaînent à mesure que l'on enterre chaque jour un peu plus l'estime de soi.
Un livre qui parlera probablement plus aux enseignants mais qui présente l'intérêt pour les autres de les immerger totalement dans le quotidien de ces femmes et hommes partant tous les matins au front d'une guerre perdue d'avance face à des élèves toujours plus violents, insolents, méchants, une direction qui ne veut pas ouvrir grand les yeux et une bien-pensance obscène qui trouvera mille excuses à tout cela en pointant du doigt la société si dure et impitoyable, seule responsable du délabrement moral et intellectuel d'élèves dont la préoccupation principale est d'être sapé avec de la marque pour être vu et respecté par les autres (dixit l'auteur).
Un livre qui sent le souffre tant par l'état des lieux plus qu'alarmant (à la limite du désespoir) de notre école républicaine que par les conclusions du livre. La question qui reste en suspens au-delà du roman, car il ne s'agit "que" d'un roman est : l'allumette sera t-elle grattée un jour ?
Si oui, quand et par qui ?
_________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
Posté le: Mar Juin 18, 2013 1:17 pm Sujet du message:
Vous m'avez donner envie de découvrir et youpi !
Je viens de trouver d'occasion
à 0,33 cts sur Amazon
Ça c'est une affaire ! _________________ La seule chose que l'on puisse décider est quoi faire du temps qui nous est imparti - JRR Tolkien
Age: 39 Inscrit le: 01 Jan 2013 Messages: 2185 Localisation: St Maur des Fossés
Posté le: Mar Juin 18, 2013 9:17 pm Sujet du message:
J'étais sûre que ça te plairait le Juge !
33 centimes c'est donné ! même en brocante on trouve difficilement aussi peu cher _________________ http://destinationpolar.blogspot.fr/
Posté le: Mer Juin 19, 2013 8:31 am Sujet du message:
Ne pas oublier les 2,99 € de frais de port... _________________ La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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