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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Ven Mar 24, 2017 7:32 am Sujet du message: La Poudre et la Cendre - Taylor Brown (Autrement) |
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Après le fameux Aucun homme ni dieu de William Giraldi, les éditions Autrement nous gratifient d'une nouvelle découverte américaine majeure.
Acclamé par la critique et comparé à des écrivains comme Ron Rash, Charles Frazier ou Cormac McCarthy, La Poudre et la Cendre, premier roman de Taylor Brown, vient de paraître dans une traduction de Mathilde Bach.
Le livre :
Ils fuient. Dans l’Amérique sauvage, au rythme de folles chevauchées, deux adolescents ont décidé de sauver leur peau.
Callum, jeune orphelin de quinze ans, est un cavalier hors pair.
Ava, dix-sept ans, est enceinte.
Pris dans la violence de la guerre de Sécession, les voici poursuivis par des chasseurs de prime.
Commence une course éperdue sur des terres de désolation, à la recherche d'une vie meilleure.
Bivouaquant dans le froid, se nourrissant de bêtes abattues, ils sont l'unique horizon l'un de l'autre.
Joyau brut dans la lignée des œuvres de Cormac McCarthy et des films de Quentin Tarantino, La Poudre et la Cendre nous transporte tambour battant dans une épopée remplie d'amour, de sang et de poussière.
« On est emportés par le souffle impressionnant de ce premier roman. » Booklist
« La littérature américaine à son apogée. » Kirkus Reviews
>> Le site de l'auteur : http://www.taylorbrownfiction.com/
>> Sa page Facebook : https://www.facebook.com/Taylor.Brown.Fiction
L'auteur :
Né en 1982, diplômé de l'Université de Géorgie, état dans lequel il a grandi, Taylor Brown est l'auteur de nouvelles et courts récits très remarqués.
Régulièrement publié dans des revues littéraires (The Baltimore Review, The North Carolina Literary Review), il est également l’auteur de In the Season of Blood and Gold (2014), recueil de nouvelles couronné par le Montana Prize.
Il vit à Wilmington, en Caroline du Nord.
Comparé à des écrivains comme Cormac McCarthy, Charles Frazier ou Ron Rash, son premier roman, La Poudre et la Cendre a été acclamé et l'intronise comme le nouvel écrivain des grands espaces.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Dim Déc 24, 2017 10:20 pm; édité 1 fois |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mar Mar 28, 2017 3:32 am Sujet du message: |
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>> La chronique de La Livrophage :
Citation: |
« La poudre et la cendre » – Taylor Brown – Autrement /Littérature, traduit par Mathilde Bach
« Une pâle lumière s’insinuait à travers la forêt de sapins noirs, fourmillant sous la couche de cendres, dans le cœur rougeoyant des braises finissantes. Les hommes émergeaient de leur campement, silencieux, et rompaient le pain d’un vieux pillage entre leurs doigts noircis. L’un d’entre eux faisait son propre examen. Suie et poudre, cendre et crasse. Des croissants de saleté accumulée sous ses ongles rongés et noirs, comme s’il avait dû s’extraire d’un trou dans la terre. Ou bien s’y enfouir. »
J’ai lu de très bons et très beaux livres ces dernières semaines, et en voici un autre, un livre à vif, bouleversant, au rythme soutenu par les sabots des chevaux et le cœur battant de deux jeunes gens, Callum et Ava, respectivement 15 et 17 ans.
La guerre de Sécession s’est répandue partout en traînée de poudre et de cendre, de sang et de larmes aussi.
Callum l’orphelin est à la suite d’une bande de soldats sudistes menée par le Colonel, un homme craint qui a été déchu de son grade de commandant.
Il va rencontrer lors d’une intrusion de son groupe dans une maison abandonnée la belle Ava.
Hanté par la vision de cette beauté, Callum va revenir quelques temps plus tard et la retrouvera alors, victime d’un viol et enceinte :
« Il la trouva cachée sous l’escalier, les genoux relevés sur son ventre. Elle, si courageuse, était à présent terrifiée, légèrement tremblante, ses cheveux dessinant des traînées noires sur ses épaules. Lorsqu’elle leva les yeux, il vit ses joues creusées et sombres, sa peau fine tendue sur les os de son visage comme un film transparent. On aurait dit que quelque chose la rongeait de l’intérieur.[…] Elle était plus grande que dans son souvenir. Ses yeux si bleus l’ébranlèrent, le reste de son corps était lisse et clair comme une coulée de lait. »
Le Colonel a été tué, Callum est soupçonné et un terrifiant tueur à gages, chasseur d’esclaves, ignoble personnage escorté de sa meute va se lancer à ses trousses.
Ces deux enfants vont ainsi se lancer dans une grande course vers le sud, à cheval et armés autant que possible.
Callum va trouver le cheval qu’il lui faut, Reiver, et ainsi débute sur un rythme incroyable cette course folle vers un espoir de survivre.
Comment dire toute la beauté de cette écriture ?
Comment dire avec assez de justesse l’emprise charnelle de ce texte ?
Toute l’horreur de la guerre passe par le corps et l’esprit de ces deux jeunes gens, faisant de Callum un tueur sans états d’âme, et révélant Ava comme une incroyable force de la nature.
Et on les aime, on les aime et on les suit, on souffle et respire avec eux, on crève de faim comme eux, on ressent cette chaleur de l’amour naissant dans les conversations où ils se découvrent, se livrent, se chamaillent les soirs devant le feu.
Ava est une jeune femme pleine de courage, elle sait monter à cheval, se servir d’une arme à feu, elle sait être virulente et moqueuse face à Callum qu’elle traite parfois comme son petit frère – 15 ans ! – et elle sait être tendre devant ce garçon maladroit qui ressent pour la première fois un amour qui déborde de lui en un torrent qu’il n’arrive pas à contrôler.
Il n’est encore qu’un enfant sous sa carapace :
« Ils étaient assis sous un grand chêne. Il enfouit sa tête entre ses genoux et se couvrit le visage des mains. Il tentait de stopper le flot de tristesse qui jaillissait de lui tandis qu’elle dessinait lentement un cercle entre ses deux épaules. Il pressa son visage mouillé contre le sien. Se remémorant la douceur des joues de sa sœur et de sa mère, disparues depuis si longtemps, la rugosité de celles de son père, dont il parvenait à peine à se représenter les traits. tout ce qui avait précédé ce rivage relevait du mythe, du rêve. Tous ces souvenirs comme ensevelis si profondément sous la tourbe noire. Mais cette sensation, cette joue, là, le touchait en plein cœur, le renvoyait à tout ce qu’il avait perdu. »
Ce roman montre et dit : la guerre n’est que mort, terreur, violence sans merci, et dans ces cendres, dans cette odeur de ruines calcinées et de sang répandu, parmi les cadavres et la perversité, la jeunesse, la vie et l’amour résistent et prennent racines malgré tout.
Et ce n’est pas pour autant une idée mièvre, on en est très loin.
L’univers sentimental des deux héros est tout envahi par cette guerre et cette violence, leur laissant bien peu de répit ; ils dorment par terre dans le froid, toujours aux aguets, ils crèvent de faim, puis Callum va être grièvement blessé, et c’est la course contre la montre pour trouver secours dans un univers où il faut se méfier de tous, ne faire confiance à personne.
« Il songeait à la manière dont la plus petite entaille pouvait faire pénétrer la maladie et le pourrissement, comme si le monde, au-delà du sanctuaire de chaque corps, fourmillait de hordes à l’affût, assoiffées de chair, aussi vivaces pour elles-mêmes qu’empoisonnées pour leurs proies. Pareilles à ces hommes, là-bas. Les yeux illuminés à la vue du sang, les corps bardés d’instruments de mort étincelants, poignards à la main, crachant dans le feu. »
Les paysages ici sont en permanence dans des lumières étranges, un peu fantastiques, on ne s’y sent jamais vraiment en sécurité, on n’y perçoit que peu de sérénité car tout est nimbé par les effluves des batailles, brumes, fumées, cendres et poussière.
C’est un vocabulaire choisi qui rend si bien cette impression :
« Le soleil surplombait une terre brûlée jusqu’aux racines, dissipant le brouillard. Seules quelques volutes de fumée voilaient encore son royaume. La fille, le garçon et le cheval allaient le long de colonnes d’arbres sentinelles dressés de part et d’autre d’un ruisseau coulant au milieu des champs de coton.[…]Le soleil ricochait à la surface de l’eau comme des éclats de verre sur la pierre. Le long de la rive, des empreintes de sabots, de pattes et de pieds, chaussés ou non, décrivaient un calendrier de jours et de nuits écoulés. Rassemblées toutes au même endroit, ces empreintes donnaient l’impression d’une lutte de pouvoir entre les bêtes pour l’eau, d’une foule d’espèces en fusion. »
Pris dans le déchaînement de violence de cette guerre, les deux adolescents se perdront et Callum bravera obstacles, distances, doutes pour retrouver Ava grâce à son fidèle cheval et à sa ténacité.
Pour conclure, un livre très touchant où la candeur et l’insouciance de la jeunesse sont mises à mal.
L’auteur a su, dans les brefs instants de répit les soirs près du feu, faire resurgir cette enfance toujours allumée en eux, comme une petite lampe qui peut amener des sourires sur leurs visages, et sur le nôtre quand ils bavardent.
Si je n’avais qu’une question à poser à l’auteur, je lui demanderais comment il a choisi la fin de son livre, qu’est-ce qui a motivé cette fin…
Si ça vous intrigue, lisez ce beau roman.
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