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Monteperdido - Agustín Martínez (Actes Sud)
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Mai 17, 2017 8:54 pm    Sujet du message: Monteperdido - Agustín Martínez (Actes Sud) Répondre en citant

Nouvelle découverte espagnole, acclamée par la critique lors de sa sortie, Monteperdido, premier roman très prometteur de Agustín Martínez, vient de paraître dans la collection Actes Noirs d'Actes Sud, traduit par Claude Bleton.






Le livre :

Monteperdido : un village de montagne acculé contre les plus hauts pics des Pyrénées.
Des routes sinueuses, impraticables en hiver, des congères, des rivières qui débordent.
Quelques familles, souvent coupées du monde, des sangliers et des chevreuils dans les forêts de peupliers et de pins noirs.
C’est là que disparaissent un jour deux fillettes de onze ans qui, comme tous les soirs, traversaient la pinède de retour du collège.
Malgré la mobilisation exemplaire du village, on n’a jamais retrouvé leurs traces.

Cinq ans plus tard, au fond d’un ravin, une voiture accidentée et le cadavre d’un homme.
À ses côtés, une adolescente désorientée mais vivante : Ana, une des fillettes disparues.
Si l’autre est toujours en vie, le temps presse.
Qui se cache derrière cet enlèvement ?

Deux inspecteurs de Madrid viennent rouvrir l’enquête mais se heurtent à l’hostilité des habitants qui chassent en meute, faisant front contre l’élément exogène, prêts à lutter jusqu’à la mort pour cacher leurs terrifiants secrets.
Il apparaît pourtant qu’Ana connaît son ravisseur.
Est-ce uniquement la peur et la proximité de son bourreau qui la musellent ?
Comment comprendre la troublante triangulation qui s’est jouée pendant cinq ans dans le sous-sol exigu d’un refuge de montagne ?

Un roman puissant, âpre et vertigineux à l’image de son saisissant décor.



« Ce Monteperdido de l'Espagnol Agustìn Martinez renouvelle le genre grâce à des personnages complexes et à son atmosphère oppressante, à l'image de la nature brute qui lui sert de décor. » Alexis Lacroix - L'Express




>> Lire un extrait




L'auteur :

Agustín Martínez est né à Lorca, dans la région de Murcie, en 1975.
Après une formation en audiovisuel, il a commencé une carrière dans la publicité avant de se consacrer à l'écriture de scénarios.
Monteperdido est son premier roman.



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norbert
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MessagePosté le: Jeu Mai 25, 2017 9:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique d'Alexis Lacroix dans L'Express :

Citation:

Agustín Martínez : mourir au mont Perdu



Monteperdido de l'Espagnol Agustín Martínez, premier roman réussi aux allures de huis clos, plonge le lecteur dans une atmosphère oppressante à travers une enquête sur la disparition de deux fillettes.




Deux gamines évaporées un jour d'automne, des recherches qui ne donnent rien, des parents désespérés et l'une d'elles qui réapparaît cinq ans plus tard dans une voiture accidentée.
Déjà vu, déjà lu ?
Exact.
Mais ce Monteperdido de l'Espagnol Agustín Martínez renouvelle le genre grâce à des personnages complexes et à son atmosphère oppressante, à l'image de la nature brute qui lui sert de décor.


Car Monteperdido, c'est d'abord le nom d'un village niché au fond d'une vallée des Pyrénées espagnoles, accessible par un seul tunnel, enfoui sous 2 mètres de neige en hiver, noyé sous la pluie au printemps.
On s'y nourrit de tripes d'agneau au riz et on se méfie de l'étranger.
C'est ainsi que, au moment de la disparition des fillettes, les regards de la Garde civile se sont surtout portés sur ceux qui n'étaient pas d'ici.


Lorsque Ana resurgit, les deux agents de la police nationale chargés de l'enquête fouillent les moindres secrets des habitants.
Père, frère, amant, fille...
Sara, l'insomniaque, et Santiago, surnommé "Pois chiche", démontent les histoires toutes prêtes qu'on leur sert pour qu'enfin la vérité émerge.


Un premier roman réussi, aux allures de huis clos, tant ce mont Perdu vit loin du reste du monde.



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MessagePosté le: Ven Juin 09, 2017 9:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :

Citation:

Pueblo perdido



Un nouveau venu espagnol chez Actes Sud : Agustín Martinez avec Monteperdido.


Monteperdido, un village perdu en fond de vallée aragonaise, dans l’ombre des sommets pyrénéens.
Un soir, en rentrant de l’école, deux gamines inséparables, Ana et Lucía sont enlevées.
Les recherches ne donnent rien.
Cinq ans plus tard, alors que l’affaire a été oubliée par tous, sauf dans le village, une voiture tombe au fond d’un ravin.
Le conducteur meurt, la passagère est sauvée, c’est Ana.

Il lui est impossible de donner des détails précis sur sa séquestration, elle dit seulement que son amie est vivante.
Deux inspecteurs de Madrid, Santiago et Sara, viennent rouvrir l’enquête.
Ils vont se heurter au silence des habitants qui voient d’un mauvais œil cette intrusion, mais aussi à l’agitation et à l’hostilité du père de Lucía qui s’est senti abandonné.
Mais il vont fouiller, jusqu’à faire remonter des secrets que personne ne voulait voir déterrer.


S’il ne peut pas prétendre au titre de chef d’œuvre de l’année, Agustín Martinez a écrit un roman qui devrait satisfaire tous les amateurs de polars désireux de découvrir un nouveau territoire et de nouveaux personnages.


L’intrigue est solide, bien menée, avec ce qu’il faut de fausses pistes et de coups de théâtre, sans jamais donner l’impression de sortir des lapins du chapeau.
Elle est surtout très ancrée dans un territoire original et illustre bien ce dicton espagnol « pueblo chico, infierno grande » que je n’ai bien évidemment pas besoin de traduire.


L’auteur traduit bien l’impression paradoxale d’être prisonniers, alors que l’action se situe souvent en pleine dans nature.
Une nature qui n’empêche pas les personnages d’être en permanence enfermés par le regard des autres, ou exclus quand ils ne sont pas natifs du village.


Une nature très bien décrite, à la fois magnifique et terrifiante, terrain de jeu et barrière naturelle qui isole ce petit groupe humain et peut parfois le transformer en véritable cocotte-minute.


Un polar solide et attachant.



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MessagePosté le: Jeu Aoû 03, 2017 11:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Matthieu Baumier pour Causeur :

Citation:

Monteperdido, roman noir en altitude


L’espagnol Agustín Martínez ausculte la monstruosité ordinaire d’un village pyrénéen.




Une fois les pages refermées, il faut de longues minutes pour assumer le fait d’avoir lu Monteperdido, roman noir et premier roman de l’espagnol Agustín Martínez.
De longues minutes, puis de longues heures durant lesquelles revient, lancinante, cette question que l’on fuit habituellement autant qu’on le peut : que signifie « être humain » ?
Et que signifie « être », pour l’humain que je suis ?
Celui-là même qui vient de lire ce livre, et de ressentir du plaisir à cette lecture.
Les questions qui irriguent les 450 pages de Monteperdido.
Bien plus qu’un texte de genre.
Un chef d’œuvre du genre noir mais aussi une grande œuvre littéraire.


Monteperdido ?
Un lieu réel, concret, en Espagne, à proximité de la frontière avec la France.
Le Mont Perdu. 3355 mètres d’altitude.
Entre deux canyons. Un monde de calcaire.
Rude. Violent. Difficile d’accès.
La vie des hommes, celle des villageois d’Agustín Martínez, y est ardue.
Un village, comme une famille.
Avec ses secrets.
Ce que l’on sait, ce que l’on voit.
Mais que l’on tait.
Monteperdido ? Un mont perdu ?
L’humanité, sous la plume de l’écrivain.
Non que l’humanité ait disparu.
Plutôt que l’humain cherche son humanité.
Ou qu’il peine à l’atteindre, à parvenir en haut de ce mont qui ferait de lui un humain véritable.
Et non ce monstre qu’il peut être.
Le monstre des pages de ce roman, sous les traits de personnages croqués de manière si vivante, si réelle, qu’il devient difficile, au fil de la lecture, de ne pas sembler y voir ses voisins.


Le village de Monteperdido est le véritable personnage de ce roman


L’écriture de Martínez transpose son lecteur sur place, entre les murs du village de Monteperdido, sur les crêtes des Pyrénées, et le transforme en habitant du village.
Voisin parmi les voisins.
Qui sait des choses et qui, pas à pas, comprend le fond de l’histoire.
Mais se tait.
Le village enfouit ses secrets, comme vivent enfouies toutes les saletés dont l’humain est capable.
Sur le chemin, le sommet du Mont Perdu à l’horizon.
Un chemin escarpé, celui d’un humain en quête d’humanité.
Le sentier est malaisé.


Le village de Monteperdido est le véritable personnage de ce roman, un village comme un organisme vivant et dans lequel les protagonistes s’ébrouent, à l’instar du sang dans les veines.
Un habitant aperçoit la fumée d’une voiture accidentée, sortie de la route et tombée dans le défilé abrupt.
Il découvre le cadavre d’un homme, et auprès de lui Ana, jeune femme de 16 ans.
Ana réapparaît.
5 ans auparavant, elle a disparu en compagnie de sa meilleure amie, Lucia.
Deux fillettes disparues, recherchées, jamais retrouvées.
Le village vit depuis 5 ans dans cette souffrance, et tous ses secrets paraissent reliés à ces disparitions non résolues.


Un roman âpre et vertigineux


Le retour d’Ana conduit deux inspecteurs de Madrid, Sara et Santiago, incroyablement campés, à rouvrir l’enquête, laquelle trace le fil noir du roman.
De découvertes en rebondissements, jusqu’au moment où le lecteur croit saisir le fin mot de l’histoire qui à nouveau lui échappe, qu’il croit attraper de nouveau et qui…
Efficacité de l’écriture d’Agustín Martínez, par ailleurs auteur de scenarii.
Et le moins que l’on puisse dire est que le scenario de Monteperdido est une réussite.
Lire ce roman, c’est être mené par le bout du nez.


Ana est revenue mais… Lucia ?
Reprendre le fil d’une enquête bâclée par la Garde Civile 5 ans plus tôt, remonter vers le Mont Perdu d’une humanité en quête d’elle-même, terrifiante en ses travers pourtant tellement humains, mener l’enquête pour sauver Lucia, si cela est encore possible.
Et peut-être sauver ce qui peut encore l’être de l’humaine condition.


Dans le village de Monteperdido, c’est Festen à tous les étages.
Monteperdido est bien plus qu’une réussite, un roman âpre et vertigineux, un chef d’œuvre sombre et noir dont le cadre ne quitte plus celui qui referme les pages du massif du Mont Perdu.



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MessagePosté le: Jeu Aoû 10, 2017 5:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> Le Coup de coeur de Claude Le Nocher sur Action-Suspense :

Citation:

Agustín Martínez : Monteperdido (Actes Noirs, 2017) – Coup de cœur –

[...]


« Après le départ de Víctor, Sara feuilleta quelques papiers. Elle feignait de consulter un dossier, mais en réalité son attention était tournée vers ces gardes civils qui mangeaient des brioches et buvaient du vin. Ils riaient et plaisantaient en s’envoyant des coups de coude. Víctor faisait partie de cette famille.
Comment pourrait-elle encourager les soupçons dans un groupe aussi uni ? Les habitants de Monteperdido étaient tous liés. Parrains des enfants, au même pupitre à l’école, sœurs et copines qui avaient élevé leur progéniture ensemble, promenades communes, fêtes et hivers coupés du monde où ils avaient été privés de lumière, sans télévision, sans autre compagnie que celle des voisins, des montagnes et des animaux que celles-ci recelaient. Des cerfs, des sangliers et des chevreuils. Víctor lui en avait parlé. Quelques rares renards aussi. Ils vivaient dans les forêts des monts Ármos, l’Ixeia. À la fois, aimés et chassés. Animaux, hommes et femmes dont les vies s’imbriquaient. Pour devenir une seule et même vie. Celle de Monteperdido.
Un de ces hommes, sous ce casque noir, avait enlevé les petites… »



Une intrigue située dans des paysages isolés, comme des îles ou des bourgades rurales mal desservies, c’est un décor classique pour une histoire policière.
Parfois, le résultat est théâtral, jouant sur le confinement d’une poignée de protagonistes, victimes et assassins se côtoyant forcément.
La réelle habileté d’Agustín Martínez consiste à ne pas se contenter d’une "liste de suspects", ni d’enquêteurs stéréotypés.
Ici, à proximité des Monts Maudits, dans le magnifique paysage de la haute montagne pyrénéenne, les habitants forment une communauté avec ses codes, y compris par un patois spécifique :
« Coupés du reste du monde, ils avaient fini par parler une langue comprise d’eux seuls, et ils avaient grandi à l’ombre de légendes que peu de gens connaissaient encore. »


On imagine aisément cette vallée, ces splendides décors naturels.
On comprend que ces endroits restent en partie sauvages, d’autant plus isolés par la neige hivernale.
Tout cela alimentant un climat où, malgré une certaine solidarité locale, se mêlent malédictions et rivalités.
La vieille Caridad, qui pourrait passer pour la sorcière de Monteperdido avec sa démarche chancelante et son allure peut-être inquiétante, initie quelque peu Sara à cet état d’esprit qui anime les gens du village, dont beaucoup sont des chasseurs.
Se fondre parmi eux serait illusoire, mais – après un début désastreux – l’enquêtrice est épaulée par Víctor, le garde civil.
C’est sur ce duo que va reposer l’enquête.


Une double disparition de mineures, une affaire non-élucidée, le sujet criminel possède un impact plus fort dans ces conditions.
Car les proches des kidnappées sont aussi victimes de la situation : ils ont chacun une réaction personnelle, résignée ou virulente, soulagée ou anxieuse.
Pour ne prendre qu’un exemple, Álvaro, le père d’Ana, peut-il espérer un "retour à la normale" quand sa fille est sauvée ?
Agustín Martínez explore avec subtilité le ressenti de tous, famille et villageois, dans un récit fluide et convaincant.
L’ambiance ne tarde pas à captiver.
Toutefois, si le paysage bucolique est empreint de poésie, les faits sont nettement plus sombres, malsains et même mortels.
Excellent suspense.



>> Lire l'intégralité de la chronique ici


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MessagePosté le: Jeu Aoû 31, 2017 2:15 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Cédric Segapelli sur Mon Roman ? Noir et bien serré :

Citation:

AGUSTÌN MARTÌNEZ : MONTEPERDIDO.

PERSONNE NE TE CHERCHE.




Je sais que parfois je rabâche un peu, mais je me vois, une fois de plus, contraint de vous recommander de faire un tour du côté de la production littéraire du polar espagnol dont j'ai fait l'éloge à de multiples reprises que ce soit avec Victor del Árbol, Carlos Zanòn, ou tout dernièrement Andreu Martin qui nous entraînait dans les méandres d'une triade chinoise réglant ses comptes dans les rues de Barcelone.
Dans un autre registre, il conviendra de s'intéresser à Monteperdido, premier roman d'Agustìn Martìnez dont l'intrigue se déroule dans la promiscuité d'une bourgade nichée au creux d'une vallée perdue des Pyrénées espagnoles.
Même s'il aborde le schéma classique de l'enlèvement d'enfants, Monteperdido déroutera le lecteur de par son rythme plutôt lent qui permet d'appréhender toutes les interactions entre les nombreux personnages qui peuplent cet ouvrage, en surfant sur les codes du polar bien évidement, mais également sur ceux du thriller et du roman noir que l'auteur parvient à conjuguer avec un bel équilibre.


Monteperdido, village niché aux pieds des plus hauts sommets des Pyrénées, a défrayé la chronique judiciaire avec la disparition d’Ana et Lucia, deux fillettes de onze ans qui ont disparues sans laisser de trace. Toutes les recherches sont restées vaines et cinq ans se sont passés lorsque l’on retrouve une voiture accidentée au fond d’un ravin. Dans l’habitacle, le cadavre d’un homme et une jeune adolescente inconsciente que l’on identifie très rapidement. Il s’agit d’Ana. Dès lors, ce sont deux inspecteurs dépêchés de Madrid, Sara Campos et Santiago Baìn, qui reprennent l’affaire avec l’appui de la guardia civil. Et le temps presse pour localiser Lucia. Qui peut bien être ce mystérieux ravisseur ? Que s’est-il passé durant ces cinq années ? Et que craint Ana en se murant dans le silence ? Des questions qui restent sans réponse, d’autant plus que les policiers se heurtent rapidement à l’hostilité des habitants déterminés à régler leurs affaires entre eux pour conserver leurs plus vils secrets.


Pour les adeptes des rythmes trépidants et des rebondissements sans fin il faudra passer son tour avec Monteperdido qui se cale sur l’atmosphère majestueuse de cette région montagneuse, dans laquelle se déroule un récit emprunt d’une certaine forme de spleen tout en distillant un climat oppressant, au sein d’une localité où les habitants vivent en vase clos une bonne partie de l’hiver.
Habile, précis, Agustìn Martìnez réussit à mettre en place une kyrielle de personnages évoluant dans un décor qu’il parvient à dépeindre avec une belle force poétique, permettant au lecteur d’éprouver les sensations que procurent cette faune et cette flore qui prennent une part prépondérante dans le cours de l’intrigue.
Ainsi, l’auteur parvient à tisser une espèce de toile complexe pour dépeindre les diverses interactions entre les différents membres de cette communauté s’ingéniant à dissimuler quelques fautes inavouables.
Comme des cercles qui s’entrecroisent, on suit les différents ensembles de protagonistes qui interagissent soit dans le cadre familial des fillettes disparues ou de l’enquête qui est en cours, mais également dans le microcosme des autres membres du village, qui interviennent parfois pour relancer le récit dans une succession de rebondissements savamment équilibrés.
Loin des clichés de carte postale et sans jamais en abuser, Agustìn Martìnez parvient également à intégrer le folklore et les traditions, notamment liées à la chasse, de cette province de Huesca que ce soit par le biais des spécialités culinaires mais également des légendes locales qui prennent une dimension particulière au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête.


Finalement assez éloigné des schémas classiques, malgré les apparences, l’intrigue tourne, pour une partie, autour du duo atypique que forment les deux inspecteurs chargés de l’enquête.
Dans ce village replié sur lui-même, les deux policiers deviennent l’élément perturbateur qui met à mal l’apparente quiétude d’habitants tenaillés par leurs angoisses respectives et bouleversés par cette disparition inexplicable qui ne devenait plus qu’un lointain souvenir soudainement ravivé avec la réapparition de la jeune Ana.
Les deux enquêteurs entretiennent une relation singulière puisque Santiago Baìn, vieux policier proche de la retraite, endosse le rôle de pygmalion auprès de Sara Campos, jeune inspectrice tout en émotion et sensibilité qu’il a recueillie au terme d’une adolescence mouvementée où la jeune fugueuse se rendait compte que ses parents n’avaient même pas pris la peine de signaler sa disparition.
On perçoit ainsi toute la vulnérabilité de cette enquêtrice déterminée, dont la quête pour retrouver les deux jeunes filles prend subitement une toute autre forme avec cette allégorie sur l’existence de l’homme au travers du regard des autres.
Le roman emprunte ainsi des thèmes chers à Borges, à qui l’auteur rend hommage par l’entremise de quelques vers du poète argentin qui émaillent le texte et quelques clins d’œil, comme ces labyrinthes que l’inspectrice dessine dans la marge de ses notes.


Conte crépusculaire qui se décline sous la forme d’un huis clos tragique et oppressant, Agustìn Martìnez intègre avec Monteperdido tous les archétypes du polar pour mieux les détourner afin de nous livrer une intrigue déroutante qui n’épargne aucun des protagonistes, qui s’enlisent dans une tragédie noire et sordide, sans concession et sans espoir.
Poignant et dramatique.



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Dernière édition par norbert le Dim Oct 15, 2017 10:09 pm; édité 1 fois
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norbert
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MessagePosté le: Mer Sep 27, 2017 10:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Laurence sur Evadez-Moi :

Citation:

Monteperdido d'Agustín Martínez



Aujourd’hui je voudrais vous présenter un magnifique roman policier dont l’intrigue se déroule dans un décor incroyable.


Lucia et Ana ont toutes les deux 11 ans.
Un soir, en rentrant du collège, elles se volatilisent.
Des recherches sont organisées.
La police, les journalistes et Joaquin, le père de Lucia, n’ont qu’un objectif, les retrouver, en vain.

Cinq ans plus tard, une voiture fait une embardée et finit au fond d’un ravin.
A son bord, le conducteur, décédé et une jeune fille de 16 ans, Ana.
L’une des deux fillettes disparues est enfin retrouvée, saine et sauve.
Sara, policière, est dépêchée sur place et va devoir travailler sur l’enquête avec Victor, membre de la police locale.
Ils vont devoir convaincre Ana de leur raconter ces cinq années et tenter de retrouver Lucia, le plus rapidement possible.


Ce roman policier est grandiose, et ce, sur plusieurs points.


Evidemment, il y a l’histoire.
Une disparition d’enfants et l’espoir qui renait dans des familles brisées par le chagrin.
Une enquête très compliquée pour les enquêteurs, victimes de la loi du silence régnant dans cette vallée.


L’auteur nous trimbale de parts et d’autres, nous faisant soupçonner les uns puis les autres.
Il disperse des rebondissements poignants qui font repartir l’enquête dans l’autre sens.
C’est clairement un maestro des fausses pistes…


Il y a également les personnages.
Ils ont chacun leurs secrets, leurs mensonges, leurs démons aussi.


Sara, la femme flic qui dirige l’enquête avec Santiago, un flic près de la retraite et qui l’a prise sous son aile des années auparavant et à qui elle doit tout.
Victor, membre de la « Guarda civil », enfant de ce village, qui a connu le pire avec la perte de son épouse, noyée dans la rivière en crue quelques années auparavant.
Il vit seul avec Nieve, son chien.
Ana, jeune femme troublante qui, bien que sauvée de son ravisseur, garde cette peur en elle et prétend ne jamais avoir vu son tortionnaire.


Raquel, Montserrat, Joaquin et Alvaro, les parents.
Raquel et Alvaro sont les parents d’Ana.
A la disparition des fillettes, Alvaro est désigné comme suspect et, bien qu’innocenté, leur couple n’y survivra pas.
Ils se rapprocheront pour Ana, pour son équilibre, son bonheur.
Montserrat et Joaquin sont les parents de Lucia.
D’abord jaloux que ça ne soit pas leur fille qui ait été retrouvée, ils ne cesseront d’espérer qu’Ana leur permettra de retrouver Lucia.


Enfin, il y a le décor de ce roman.
Un décor magnifiquement mis en place et entretenu tout au long de l’histoire.
Une vallée nichée au cœur du Monte Perdido.
Le Monte Perdido est une montagne qui se situe à peu près au centre de la chaîne Pyrénéenne, non loin de Gavarnie.
Une région où l’on peut trouver des canyons et où les neiges peuvent être éternelles.
La nature y fait sa loi.


Ce roman, c’est aussi un hommage à cette nature encore pure.
Les animaux qui la peuplent, sa végétation autant que son climat nous assurent un dépaysement complet.


A l’image de ces hommes, vivant entre ces montagnes.
Des hommes durs qui pratiquent la contrebande, qui aiment chasser et qui vivent de générations en générations dans le village.
Un village qui forme une famille et qui ne révèlera jamais ses secrets ni ne dénoncera l’un des siens.


En résumé, un roman passionnant dans un décor grandiose, une superbe découverte pour moi.



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norbert
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MessagePosté le: Ven Oct 13, 2017 11:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant




Ok, pour moi voilà clairement la découverte de l'année, MON candidat pour le prix PP Découverte 2017 !
J'ai dépassé la moitié et je le savoure : c'est un régal de noirceur, de mystères, de suspense psychologique, de personnages troubles, de narration fluide et ultra-efficace et d'atmosphère plombée, mystérieuse et anxiogène.
Un formidable roman, captivant dès les premières pages, porté par une très belle plume et une construction millimétrée impressionnante, qui ravira autant les amateurs de romans noirs que les fans de vrais bons thrillers psychologiques.
J'y retourne !
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Emil
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Miserere

MessagePosté le: Sam Oct 14, 2017 8:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

norbert a écrit:

Ok, pour moi voilà clairement la découverte de l'année, MON candidat pour le prix PP Découverte 2017 !


Wink
Pareil il sera dans ma sélection, j'ai adoré ce bouquin et tu verras Norbert il tient ses promesses jusqu'à la fin.
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norbert
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MessagePosté le: Sam Oct 14, 2017 8:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

Emil' a écrit:
norbert a écrit:

Ok, pour moi voilà clairement la découverte de l'année, MON candidat pour le prix PP Découverte 2017 !


Wink
Pareil il sera dans ma sélection, j'ai adoré ce bouquin et tu verras Norbert il tient ses promesses jusqu'à la fin.



Ah super Emil' ! Very Happy
Pour la fin, je te crois bien volontiers, d'autant que là où j'en suis, ça vient encore de s'accélèrer !
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Le Juge Wargrave
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MessagePosté le: Sam Oct 14, 2017 9:35 am    Sujet du message: Répondre en citant

Emil' a écrit:
norbert a écrit:

Ok, pour moi voilà clairement la découverte de l'année, MON candidat pour le prix PP Découverte 2017 !


Wink
Pareil il sera dans ma sélection, j'ai adoré ce bouquin et tu verras Norbert il tient ses promesses jusqu'à la fin.


Heureusement que vous le remettez en lumière parce qu'avec une seule note et un 6/10 qui plus est, ça tente pas des masses...
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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Le Juge Wargrave
Ishigami le Dharma


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MessagePosté le: Lun Oct 16, 2017 9:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Norbert, j'espère que tu nous prépares une jolie chronique hein ? Very Happy
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Ironheart
Annie Wilkes


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MessagePosté le: Mar Oct 17, 2017 4:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ton enthousiasme fait plaisir Norbert !
Ton avis et celui d'Emil' donnent envie.

Et voui, il est temps de penser à notre sélection pour le PPP.
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Ironheart
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MessagePosté le: Dim Oct 29, 2017 6:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour l'instant, je suis séduite ! De l'âme et du coeur, des personnages tourmentés et attachants, un cadre grandiose et bien sûr une enquête bien mystérieuse.
Et puis l'auteur nous gratifie de quelques éléments de gastronomie locale, ce qui n'est pas pour me déplaire même si j'avoue que les sandwichs aux tripes d'agneau farcies de riz m'inspirent moyen. Je suis plus séduite par leur gâteau au caramel et au citron. Very Happy
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norbert
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MessagePosté le: Dim Oct 29, 2017 6:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ironheart a écrit:
Pour l'instant, je suis séduite ! De l'âme et du coeur, des personnages tourmentés et attachants, un cadre grandiose et bien sûr une enquête bien mystérieuse.
Et puis l'auteur nous gratifie de quelques éléments de gastronomie locale, ce qui n'est pas pour me déplaire même si j'avoue que les sandwichs aux tripes d'agneau farcies de riz m'inspirent moyen. Je suis plus séduite par leur gâteau au caramel et au citron. Very Happy



Je ne sais pas à quelle page tu en es, mais j'imagine que ce n'est que le début...
Content que ça te plaise pour l'instant en tout cas, car le reste est de plus en plus grandiose, et les personnages de plus en plus troubles !
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