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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Avr 01, 2015 4:20 am Sujet du message: Série Fish Pescado - Mike Nicol |
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Parallèlement à sa trilogie Vengeance publiée chez Ombres Noires (constituée de La Dette et Killer Country, le dernier volet étant prévu pour 2017 au Seuil), Mike Nicol inaugure cette année avec Du sang sur l'arc-en-ciel, qui vient de paraître au Seuil Policiers dans une traduction de Jean Esch, une nouvelle série consacrée au détective privé sud-africain Fish Pescado.
Le livre :
Le Cap, de nos jours.
Fish Pescado, détective privé joliment bronzé, aime avant tout surfer.
Fauché, il accepte d’enquêter pour sa belle amie Vicki, brillante avocate le jour, féroce joueuse de poker la nuit.
Cadeau empoisonné : l’affaire - la mort accidentelle d’un jeune homme lors d’une course de voitures illicite - met en cause l’ex-directeur de la police nationale.
L’homme a encore des relations, et de sales antécédents, liés aux sinistres escadrons de la mort et à toutes ces choses du passé que la nouvelle « nation arc-en-ciel » ne veut pas voir apparaître au grand jour.
Fish Pescado ferait mieux de ne pas insister…
Enchaînant pied au plancher séquences coup-de-poing et scènes pittoresques, Mike Nicol dresse un portrait peu reluisant de la société post-apartheid : magouilles, corruption, règlements de comptes, trafics divers en haut lieu.
Une violence sourde et constante, des dialogues qui fusent et un humour abrasif portent ce polar résolument moderne,
« le meilleur de l’auteur à ce jour, avec ses références à peine voilées aux crimes passés et aux criminels d’aujourd’hui » (The Sunday Times).
« Dialogues alertes, situations improbables, corps exultant, sens pointu de la bande-son : à sujet sérieux, plume alerte, dérision, second degré, bonus épicurien. »
Elise Lépine, TRANSFUGE
L'auteur :
Mike Nicol, né en 1951, est selon Deon Meyer l’ « étoile montante du polar sud-africain ».
Journaliste, animateur d’ateliers d’écriture en ligne, auteur anglophone de romans non policiers dans les années 1990, il s’est tourné ensuite avec bonheur vers le polar noir.
Il vit au Cap.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Mer Juil 03, 2019 6:40 am; édité 3 fois |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Avr 08, 2015 3:56 pm Sujet du message: |
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>> La chronique de Yan Lespoux sur son blog Encore du Noir :
Citation: |
Après sa trilogie « Vengeance » dont on attend d’ailleurs le troisième volet après La Dette et Killer Country, Mike Nicol continue dans le roman noir en suivant un nouveau héros, le détective privé Fish Pescado.
Surfeur, un peu dealer d’herbe pour boucler ses fins de mois et comptant plus ou moins sur sa compagne avocate, Vicki Kahn, pour manger à sa faim, Pescado n’est pas vraiment un de ces personnages rugueux et dur à cuire à l’image de Mace et Pylon, précédents héros de Nicol.
Mais en acceptant d’enquêter pour le compte du cabinet de Vicki sur une affaire de délit de fuite, il se trouve entraîné dans une affaire qui le dépasse.
Comme dans les précédents livres noirs de Mike Nicol, le passé de l’Afrique du Sud ressurgit – à travers ici les exactions d’une sorte d’escadron de la mort opérant entre les années 1970 et 1990 – pour mieux éclairer le présent.
Car ce que veut montrer l’auteur c’est avant tout ce qui se cache, souvent bien mal d’ailleurs, derrière l’image lissée de la « nation arc-en-ciel ».
Corruption, collusions, trafics, et, bien entendu, la pauvreté extrême d’une bonne partie de la population sont au cœur de Du sang sur l’arc-en-ciel.
« De la véranda de sa maison accrochée à flanc de montagne, Daro Attilane contemple son royaume : en bas, la douce pente du vlei qui glisse vers l’océan et à l’horizon les sommets du Hottentots, embrumés sur le fond du ciel. Entre les deux, le labyrinthe et les Cape Flats avec leurs repaires de drogués et de dealers, leurs gangsters, les townships et les bidonvilles des gens désespérés.
Toujours, quand Daro regarde ce paysage, il voit ce qui ne doit pas être vu.
-C’est le paradis, commente sa femme Georgina en leur apportant leurs cafés. Les matins comme celui-ci.
Georgina en tailleur noir de cadre pour son boulot de cadre en ville. Georgina la chasseuse de têtes.
Daro ne veut pas évoquer ce qui se cache au loin dans la brume, ni montrer les trois fumeries de crack juste en dessous de chez eux.
-Le paradis, répète-t-il. »
Surtout, comme dans La Dette ou Killer Country, Mike Nicol se plaît ici à montrer les différentes facettes de ses personnages, jamais tout blanc, jamais tout noir, ils apparaissent complexes, chacun charriant ses mauvais souvenirs, ses mauvaises actions et ses erreurs.
Et si les méchants le sont bel et bien, en partie parce que les circonstances et le pouvoir acquis le leur permettent, les gentils eux, demeurent des êtres faillibles et même parfois, à l’image de Fish Pescado, inconséquents.
Sans jamais être lénifiant, Nicol, à travers ce roman d’une grande noirceur et à l’action extrêmement maîtrisée bien que moins spectaculaire que dans ses récits noirs précédents – mais il gagne en épaisseur ce qu’il perd en ornements sensationnels – livre une histoire prenante, convaincante et instructive.
Œuvre de fiction d’un réalisme cru, que d’aucuns pourront qualifier de pessimiste, Du sang sur l’arc-en-ciel n’épargne rien à ses personnages et réussit à allier avec succès l’exigence d’action du genre avec celle de circonspection nécessaire à la réalisation d’un portrait vraisemblable d’une société sud-africaine tiraillée entre son passé et son présent et toujours tenaillée par les inégalités.
Du même auteur sur ce blog : La Dette ; Killer Country ;
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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scarabe Serial killer : Leland Beaumont
Age: 49 Inscrit le: 11 Sep 2009 Messages: 1296 Localisation: Annecy
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Avr 08, 2015 4:20 pm Sujet du message: |
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scarabe a écrit: | Celui-ci me fait de l'oeil. Depuis que j'ai découvert Killer country, j'ai acheté La Dette (oui, je sais c'est le premier de la trilogie...). J'ai bien accroché à l'auteur, son style, ses persos et surtout l'évocation de l'Afrique du sud pas encore libérée de ses démons. |
Mike Nicol est très vite devenu mon auteur de polars sud-africain préféré (même si j'aime beaucoup aussi Roger Smith dont je n'ai lu pour l'instant que le premier roman).
J'ai vraiment adoré La Dette, j'avais bien aimé aussi Killer Country (même si je trouve qu'il reste un cran en-dessous du précédent), et je languis vraiment la parution en France du dernier volet de la trilogie, Black Heart (titre VO).
Quant à celui-là, il est dans ma PAL et je vais bientôt m'y mettre.
D'ailleurs, au niveau réalisme, noirceur et rythme du récit, Mike Nicol est beaucoup plus proche de Roger Smith que de Deon Meyer, que j'ai fini par laissé tomber à force (trop d'angélisme). _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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Ssarlotte Serial killer : Le Poète
Age: 39 Inscrit le: 01 Jan 2013 Messages: 2185 Localisation: St Maur des Fossés
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Avr 22, 2015 1:09 pm Sujet du message: |
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Le commentaire de Glimoutsky sur PP :
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8/10
Le Sud-Africain Mike Nicol, écrivain et journaliste, a fait ses premiers pas dans le polar avec les deux premiers tomes de sa trilogie Vengeance (La Dette chez J'ai Lu et Killer Country chez Ombres Noires). Du sang sur l'arc-en ciel est parfait pour faire patienter ceux qui n'ont pas encore pu lire le troisième volet de Vengeance. Il peut également amener à lire la trilogie par la suite.
Grâce à de courts chapitres et des dialogues d'une remarquable finesse, Mike Nicol parvient à entremêler ses mini-intrigues dans une complexité que le lecteur trouvera pourtant limpide. Il rejoint Deon Meyer et Louis-Ferdinand Despreez parmi les auteurs de polars sud-africains les plus talentueux.
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Elo Clarice Starling (modo)
Age: 38 Inscrit le: 01 Mar 2006 Messages: 4378 Localisation: Paris
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Posté le: Mer Avr 22, 2015 9:53 pm Sujet du message: Re: Du sang sur l'arc-en-ciel - Mike Nicol (Seuil) |
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norbert a écrit: | Parallèlement à sa trilogie Vengeance publiée chez Ombres Noires (constituée de La Dette et Killer Country, le dernier volet étant prévu pour la fin d'année) |
Le dernier tome de la trilogie devrait plutôt paraître en 2016 finalement. _________________ It's not who you are underneath, it's what you do that defines you |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Mer Avr 22, 2015 11:54 pm Sujet du message: Re: Du sang sur l'arc-en-ciel - Mike Nicol (Seuil) |
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Elo a écrit: | norbert a écrit: | Parallèlement à sa trilogie Vengeance publiée chez Ombres Noires (constituée de La Dette et Killer Country, le dernier volet étant prévu pour la fin d'année) |
Le dernier tome de la trilogie devrait plutôt paraître en 2016 finalement. |
Ok, merci pour l'info. Reste plus qu'à espérer que ce sera plutôt début 2016 que fin 2016... _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Sam Mai 16, 2015 7:24 am Sujet du message: |
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>> La chronique du blog Le Vent sombre :
Citation: |
Fish Pescado, le détective dont nous faisons la connaissance dans Du sang sur l'arc-en-ciel [1] est un branleur.
Blond, baraqué, un peu plus de la trentaine, il passe plus de temps à écumer les spots proches de Cape Town qu'à travailler.
Il deale de la beuh, autant pour contenter la clientèle fidèle de son ancien associé aujourd'hui décédé que pour se faire un peu de fric, ce qui ne l'empêche pas de vivre aux crochets de sa fiancée du moment, l'avocate Vicky Kahn.
C'est grâce à lui que ce pavé d'une noirceur extrême va pouvoir respirer.
Depuis les aventures de Mace Bishop et Pylon Buso [2], on sait que Mike Nicol ne prend pas la situation dans son pays avec des pincettes, mais envoie plutôt le tout dans le ventilateur.
À l'arrivée, aucun de ses personnages n'est jamais véritablement propre sur lui et c'est encore plus le cas dans Du sang sur l'arc-en-ciel, où tout (et tous) finit par paraître corrompu.
Parce que l'idée de réussite sociale lui est étrangère et qu'il est resté un grand gosse plutôt insouciant, Pescado est un être loyal, qui défend un certain nombre de valeurs, ce qui ne l'empêche pas d'agir de façon particulièrement stupide à plusieurs occasions – notamment avec le dealer Seven, conduisant à la mort du bergie Colins.
Mike Nicol en a fait un être ordinaire, faillible qui, au bout du compte, quand il grimpera une dernière fois sur son surf, n'aura pas réussi grand-chose dans ses différentes enquêtes, à part rester en vie.
Ce n'est pas ce qui importe, car le personnage central de Du sang sur l'arc-en-ciel, c'est la violence et la corruption de la société sud-africaine.
En mettant en écho tout au long du roman les exploits d'un escadron de la mort de la Special branch au temps de l'apartheid [3] et les actes accomplis aujourd'hui par Jacob Mkezi ou son entourage, Mike Nicol nous signifie que rien n'a vraiment changé.
Les méthodes sont les mêmes et elles peuvent facilement se retourner contre ceux qui les emploient dès lors qu'ils deviennent gênants ; il suffit d'une arme et d'un tueur prêt à obéir sans discussion.
Cela tombe bien, la police et les services secrets regorgent depuis toujours de tels soldats.
Parfait symbole de l'ambivalence qui a saisi bon nombre d'anciens libérateurs, Jacob Mkezi avait déjà un pied dans chaque camp du temps de l'apartheid.
C'est ce qui lui a sans doute permis d'atteindre rapidement le poste de chef de la police et de ne pas trop souffrir de son éviction, après les révélations sur ses accointances avec le crime organisé.
Homme d'affaires disposant des meilleurs avocats, de la plus roublarde des spécialistes en communication de crise – qu'il saute au passage –, il a surtout conservé ses entrées un peu partout.
Le flic Mart Velaze est son âme damnée, exécuteur des basses œuvres, nettoyeur des bêtises du fiston, organisateur de tous les trafics tandis que Jacob peut exhiber une façade de respectabilité irréprochable, maintenant que son principal accusateur est mort.
Comme dans cet hallucinant concours de Miss Champ de Mines mettant en scènes des beautés estropiées par les charges laissées derrière elle par la guerre civile angolaise.
C'est à partir de ce couple infernal Mkezi et Velaze – et de leurs satellites – que Mike Nicol tire les différents fils narratifs dans lesquels seront pris séparément Fish et Vicky, mais aussi les parents du jeune Fortune, gravement blessé dans un accident, que l'on menace d'abord, cajole ensuite avant d'acheter leur silence.
Ou ces gens misérables, le bergie Colins, le dealer Seaven et son copain sans dents Jouma, ce gamin des rues affamé qui s'offre pour un hamburger sur la banquette arrière d'un luxueux Hummer.
Et enfin Daro Attilane, l'ami surfer à qui Fish aurait donné le bon Dieu sans confession.
La roue tournera peut-être pour Jacob Mkezi, mais d'autres prendront alors sa place, c'est cela que raconte Du sang sur l'arc-en-ciel.
« Quand le plus grand des truands est à la tête du pays... » disait laconiquement Mike Nicol lors d'un récent passage à Paris.
Nous sommes décidément très loin de l'angélisme de Deon Meyer.
Notes :
[1] Le titre français Du sang sur l'arc-en-ciel est un peu trop Deon Meyer à mon goût, Mike Nicol ne se faisant aucune illusion sur cette société qui aurait déjà, ou pourrait dans un proche avenir, unir réellement tous les Africains du Sud. Le titre original, Of Cops and Robbers recèle évidemment toute l'ambiguïté de ses personnages, puisque l'on ne sait jamais qui est le gendarme et qui est le voleur.
[2] Les deux premiers tomes de la trilogie Vengeance (La dette et Killer Country) ont été publiés chez Ombres noires.
[3] Tous inspirés de faits réels, comme le rapporte Nicol dans la postface de Du sang sur l'arc-en-ciel.
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Ven Juin 19, 2015 10:00 am Sujet du message: |
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>> La chronique de Laurent Greusard pour le webzine K-libre :
Citation: |
Tout changer pour que rien ne change
Rien n'est jamais aussi clair ni net qu'il pourrait sembler.
Prenez l'Afrique du Sud.
C'est un pays emblématique dans lequel il y avait d'un côté les méchants liés à l'Apartheid et les gentils qui voulaient la juste reconnaissance de leurs droits.
Puis est soudainement apparu un processus de paix et de réconciliation et, aujourd'hui, une société arc-en-ciel.
Mais derrière cette belle façade, comme souvent, les éléments sont plus compliqués et beaucoup moins manichéens.
Il reste des traces tangibles de ce passé révolutionnaire violent.
Par exemple, perdu dans le désert, des caches secrètes conservent encore des cornes de rhinocéros.
Elle servaient de contrebande et de mannes financières pour les groupes anti-Apartheid.
Aujourd'hui, quelques personnes connaissent encore l'existence de ces "banques masquées" et ont bien envie de s'en servir pour leur propre bénéfice.
Autre reste du passé, un reste autrement plus dérangeant : des policiers ont été utilisés comme escadrons de la mort.
L'un de ces groupes, particulièrement performant, s'est dissous à la fin de la guerre sale et ces membres vivent discrètement, tentant de ne pas faire de vague, car ils savent d'une part que la vengeance de leurs anciens ennemis serait terrible et d'autre part, ils possèdent des secrets sur certaines opérations qui ont peut-être autant servi leur État que certains groupes à l'intérieur du camp ennemi.
Ont-ils toujours éliminé une menace pour l'ordre ou ont-ils aidé à favoriser un clan ennemi prêt à se rallier à leur État ?
Pour le reste, rien n'a changé.
Les nouveaux puissants n'ont rien à envier aux anciens.
Ils magouillent avec les subventions gouvernementales qui sont chargés de favoriser les populations noires, ils corrompent les gens pour leurs passe-droits.
Par exemple, lorsqu'un jeune homme est écrasé lors d'une course clandestine de voitures, la famille du chauffard aligne les liasses sur la table pour museler la parenté de l'accidenté.
Mike Nicol dresse un bilan sans concessions de cette nouvelle société à travers le portrait de différentes personnages à l'instar de Fish Pescado, ce détective privé qui est assez têtu pour ne pas se contenter des formules lénifiantes et veut découvrir la vérité malgré les mises en garde.
La forme est très classique, le style aussi.
Le polar est un bon moyen de présenter une réalité sociologique et politique.
Ce sont des personnages vivants et crédibles - un ancien chef de la police, les "petites mains" des commandos de la mort, les chefs de la résistance qui pactisent avec certains dirigeants de l'Apartheid pour préparer l'après-guerre civile, lorsqu'il faudra partager les nouveaux postes et les nouvelles prébendes, la nouvelle génération qui se moque bien des combats gagnés ou perdus mais veut le confort et la belle vie.
En passant de l'un à l'autre, en revenant sur des affaires réelles (dont le meurtre de Dulcie Septembre à Paris), Mike Nicol présente une société qui correspond assez bien à la phrase de Talleyrand : "Tout changer pour que rien ne change."
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>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur son blog Actu du Noir :
Citation: |
Emballé par Mike Nicol
Je n’avais pas été totalement convaincu par Killer country de Mike Nicol, mais aussi c’était le second volet d’une trilogie dont je n’avais pas lu le premier.
Donc j’ai voulu lui donner une nouvelle chance (ou plutôt me donner une nouvelle chance) avec Du sang sur l’arc-en-ciel.
Bien m’en a pris.
Fish Pescado est un privé surfeur du Cap, un personnage à la Don Winslow : plutôt cool, pas un forcené de boulot, plus amateur d’herbe, de vagues et d’une bonne bière avec un pote que de filatures ou de recherches poussées sur internet …
L’un dans l’autre, il est satisfait de sa vie, même si là, son compte en banque est vraiment à sec.
Il accepte une affaire obtenue par l’intermédiaire de sa belle, Vickie, avocate dans un grand cabinet : il s’agit de voir comment un jeune homme c’est retrouvé dans le coma, percuté par une voiture lors d’une course clandestine.
Le problème est que le coupable est très bien protégé, fils d’un proche du pouvoir.
Un personnage louche au passé trouble : si sa légende le présente comme un farouche combattant de l’anti-apartheid, il a, en son temps, joué un double jeu, et été proche des escadrons de liquidation du régime raciste.
En bref, Fish et Vickie vont se retrouver au milieu d’un nid de crotales.
J’ai retrouvé ici ce que j’avais aimé dans Killer country (dialogues très réussis, pas d’angélisme et une noirceur assumée sans chevalier blanc et une écriture qui claque), mais je n’y ai pas retrouvé les « défauts » que je reprochais à l’autre, à savoir une intrigue vraiment trop elliptique (peut-être due au fait que je n’avais pas lu le premier) et des personnages un peu trop squelettiques.
Du coup je suis emballé.
Par tous les personnages, ce nouveau privé bien entendu, sa copine, ses rapports assez drôles avec sa mère, mais aussi par tous les personnages secondaires qui prennent vie : pourris, ambitieux, victimes, courageux, faibles, lâches, traitres, fidèles, forts, honnêtes … et parfois tout cela à la fois ou successivement, ce sont de vrais personnages.
L’intrigue est parfaitement menée, avec des retours dans le passé intrigants mais dont on devine, peu à peu, le rapport avec l’histoire présente, jusqu’aux dernières révélations.
Et le portrait d’un pays qui, passé le grand moment de la fin de l’apartheid, maintenant que la légende Mandela n’est plus, veut se construire, ou confirmer des mythes fondateurs, et doit donc à tout prix cacher tout ce qui ne cadre pas avec la nouvelle histoire officielle.
Tout cela est à la fois passionnant historiquement et extrêmement prenant dans le déroulement de l’intrigue et dans la construction des personnages.
Emballé donc. Vivement le prochain.
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_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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scarabe Serial killer : Leland Beaumont
Age: 49 Inscrit le: 11 Sep 2009 Messages: 1296 Localisation: Annecy
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Sam Juin 20, 2015 10:54 am Sujet du message: |
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Tu m'étonnes !
Moi, en ce moment, il me faudrait des journées de 48 heures !... _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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scarabe Serial killer : Leland Beaumont
Age: 49 Inscrit le: 11 Sep 2009 Messages: 1296 Localisation: Annecy
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El Marco Charlie "Bird" Parker (modo)
Age: 45 Inscrit le: 30 Avr 2004 Messages: 11571 Localisation: Alpes-Maritimes
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Posté le: Dim Fév 21, 2016 8:43 am Sujet du message: |
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Parution en poche le 19 mai. |
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norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le: Lun Fév 22, 2016 8:29 am Sujet du message: Re: Du sang sur l'arc-en-ciel - Mike Nicol (Seuil) |
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norbert a écrit: | Elo a écrit: | norbert a écrit: | Parallèlement à sa trilogie Vengeance publiée chez Ombres Noires (constituée de La Dette et Killer Country, le dernier volet étant prévu pour la fin d'année) |
Le dernier tome de la trilogie devrait plutôt paraître en 2016 finalement. |
Ok, merci pour l'info. Reste plus qu'à espérer que ce sera plutôt début 2016 que fin 2016... |
En fait, le dernier tome de la trilogie Vengeances sera publié l'année prochaine, mais finalement au Seuil/Policiers. J'ai également eu confirmation qu'au moins deux autres romans de Mike Nicol seront publiés ensuite (en 2018 puis 2019) dans la même collection.
Je suis donc rassuré ! _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
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