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Vers ma fin - Sophie White (Styx)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Nov 22, 2025 12:36 am    Sujet du message: Vers ma fin - Sophie White (Styx) Répondre en citant

En octobre, Fleuve Editions a inauguré Styx, une nouvelle collection - dirigée par Laurent Queyssi - dédiée à la terreur et à l'horreur sous toutes ses formes : horreur psychologique, folk horror, body horror, horreur cosmique, gothique urbain ou encore slasher (voir la plaquette de présentation ici).

Parmi les 2 titres choisis pour cette inauguration : le lauréat du Shirley Jackson Award du meilleur roman d'horreur 2022, mélange d'horreur psychologique et de thriller gothique, Vers ma fin de l'Irlandaise Sophie White, traduit par Anne-Sylvie Homassel.






Le livre :

Un roman inoubliable à la croisée du body horror et du folk horror - Prix Shirley Jackson.

Un roman gothique moderne, viscéral et troublant, où les secrets enfouis ressurgissent avec une violence inouïe.


Sur une île au large de l'Irlande, Aoileann vit recluse avec sa grand-mère et sa mère, une présence inerte qu'elle appelle la " chose du lit ". Jamais elle n'a quitté cet endroit hostile, où les murmures du vent semblent porteurs de mystères anciens. Lorsque Rachel, une artiste venue du continent, débarque avec son nourrisson, Aoileann découvre une douceur et une chaleur qui lui ont toujours été refusées.

Mais sa fascination grandissante pour cette femme et son enfant se transforme bientôt en une obsession dévorante, réveillant les fantômes du passé et libérant des ténèbres qu'elle ne peut plus contenir.



Citation:
LE MOT DE LA TRADUCTRICE :

« J'ai de temps en temps le joyeux malheur de traduire un texte dont je me dis que j'aurais pu l'écrire (en moins bien, naturellement). Le viscéral et grinçant récit de Sophie White s'est inscrit dès ses premières pages dans cette veine et il a fallu, tout le temps de la traduction, lui garder sa liberté, ne pas se l'approprier trop brutalement, mais essayer de transmettre aux lecteurs quelque chose du sombre ravissement dans lequel il m'a plongée. »
- Anne-Sylvie Homassel




« Formidable : le passage de la pitié à la peur à mesure que l'on découvre la psyché maltraitée d'Aoileann est superbement exécuté. »
- The Guardian

« La prose de Sophie White est magnifique et perturbante, à la fois rude et raffinée. Pleine d'âme, mais pas destinée aux âmes sensibles. »
- The Irish Times

« Prenant jusqu'à la dernière page. »
- Strange Horizons

« Les couches de l'histoire se dévoilent comme un oignon, mais un oignon pourri à l'intérieur. De la body horror éprouvante, originale et splendide, et un des meilleurs romans de l'année. »
- Ellen Datlow, éditrice de The Best Horror of the Year

« Un roman irlandais vraiment original. Il mêle les mythes irlandais, la réalité des corps humains, la vie et la mort et l'horreur gothique traditionnelle dans une danse à la beauté macabre et, au final, rédemptrice. »
- Irish Independent

« Si les hommes pouvaient tomber enceints, il y aurait plus de récits d'horreur comme celui-ci : le quotidien des aidants y est examiné et lentement exagéré jusqu'à devenir un cri qui vous glace le sang et résonne jusqu'au bout de la nuit. »
- Books Ireland Magazine



L'auteur :

Sophie White est une autrice et podcasteuse irlandaise qui vit à Dublin. Vers ma fin est son sixième livre, le premier publié en français. Ce roman a remporté le prix Shirley Jackson en 2022.



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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Nov 22, 2025 12:58 am    Sujet du message: Répondre en citant




Une belle chronique de Hilaire Alrune sur Yozone :

Citation:
« Les gamins leur parlent bien sûr des marches qui mènent au bout des terres, taillées dans la pierre, mais aucun adulte n’est venu vérifier leurs dires. Ils s’émeuvent déjà de nous voir les surplomber dans notre hideuse maison ; ils n’ont aucune envie d’observer de près la manière dont nous vivons notre humble existence. »

Au large de l’Irlande se trouve une île longue de trois kilomètres à la topographie oblique – plage caillouteuse d’un côté, abruptes falaises de l’autre – ventée, traversée par des murets de pierre, dont les habitants n’entretiennent que de très épisodiques rapports avec le reste du monde. Plus isolées encore, à l’extrême limite de l’île, dans la dernière maison avant la falaise, trois femmes mènent une existence singulière. Aoileann, qui va sur ses vingt ans, et Moira, sa grand-mère, prennent soin de « la chose », également nommée « la chose du lit ». Cette entité n’est autre que la mère d’Aoileann, murée depuis toujours dans le silence, dans une catatonie schizophrénique, une paralysie flasque mais trompeuse : il arrive, certaines nuits, que « la chose » bouge d’elle-même, se traîne au sol, trace sur le plancher ou sur les murs des signes, des lettres sans signification, que ses deux soignantes font disparaître à mesure. Du père, absent et non originaire de l’île, on ne saura pas grand-chose : il n’oublie pas son épouse, il vient une fois par mois, espérant peut-être encore un miracle.

Au mystère de l’évènement ayant conduit sa mère dans un tel état, évènement dont Aoileann ne sait rien et au sujet duquel elle ne peut interroger personne, se superposent des mystères propres à une île et à ses quelques cent trente-cinq habitants. Les recensements faits par les non-insulaires ne sont pas cohérents. Il semble que la population par moments fléchisse, sans que cela puisse être expliqué. Et on compte moins de nouvelles tombes sur cette île que l’on devrait en toute logique en trouver. Parce que certains disparaissent en mer, disent les uns. Parce que des familles entières s’en vont, disent les autres. Mais tout cela ne s’explique pas vraiment. Il faut dire aussi que les habitants de l’île sont des taiseux. Par exemple au sujet de mystérieux rituels en lien avec les morts qui sont plus d’une fois évoqués, mais dont on ne saura jamais grand-chose. Mais ces rituels, justement, peut-être est-il préférable de n’en rien savoir.

« Chez nous, on sait pourtant que la mer est Dieu, et que la religion n’est qu’une pathétique comédie, une supplique des âmes perdues en quête de miséricorde. »

Sans doute est-ce parce que les non-insulaires ne comprennent rien à cette île qu’ils jugent bon d’en transformer la bonneterie désaffectée en musée, comme s’ils pouvaient retracer des mœurs et une histoire dont ils ignorent tout. Un musée où vient travailler et exposer une jeune femme non-insulaire accompagnée d’un bébé, avec qui Aoileann finira par se lier. On le devine : avec d’un côté une personne mentalement presque morte, grabataire, harassante car nécessitant des soins de nursing à plein temps, et de l’autre un bébé plein de vie mais occupant sa mère également à plein temps, le roman sera très organique, charnel au sens global du terme, avec sa part magique et sa part tragique, entre miracle et décomposition, entre enchantement et pourriture, entre croissance et dégradation. Les différents aspects des chairs des noyés amenés par le ressac après les accidents de pêche – des habitants de l’île qui, obstinément et pour d’obscures raisons, refusent d’apprendre à nager – viennent, comme en passant, ajouter de nouvelles teintes à la palette. Et pourtant la narration se fait en finesse, sans complaisance, sans chercher les effets ni la facilité, avec une fluidité et un sens consommé de l’économie et des ambiances qui permettent de tendre lentement, et avec méthode, les ressorts tragiques du drame et de l’horreur.

Car c’est bien de noyades dont il s’agit, celle d’un celle d’un esprit muré, retiré dans son cercueil de chair, celle d’un passé englouti dont nul ne veut rien révéler, semblable à une camisole mentale qui serait partagée par des êtres murés dans le secret. Enfermement à tous les sens du terme, confinement d’une île par rapport au monde extérieur, et, en son sein, confinement des trois femmes vivant à l’écart, comme un secret au milieu des secrets. Dans tout cela, peu à peu, à peine discernables au début, amenés avec subtilités, ce sont de terrifiants échos qui résonnent à travers la chair, à travers les murs, à travers les individus, à travers le temps. Et quand la lumière semble enfin venir de l’extérieur, non pas celle d’un miroir aux alouettes mais d’une issue heureuse, le lecteur y croit un moment. Mais le poison des traumatismes, la résurgence du passé, les maléfices de l’hérédité, la puissance d’une réalité mortifère viendront balayer les promesses d’une happy end bientôt submergée par les ténèbres, et clôturer de façon glaçante un conte morbide reposant sur une horreur pour l’essentiel psychologique.

« Sans preuve du contraire le conte mute, infecte la réalité, la contamine comme un virus. »

Pas de ressort fondamentalement fantastique, donc, dans ce qui peut apparaître comme le récit des conséquences troubles d’une psychose puerpérale, voire héréditaire, au sein d’un petit groupe de personnes dont chacune semble avoir ses propres failles. Pourtant, les frontières entre ces deux domaines fortement miscibles que sont la folie et le fantastique ont toujours été troubles, opaques, poreuses, difficiles à discerner. Une malédiction, une puissance infernale et insidieuse tapie dans un lieu, y rongeant lentement les esprits, ne saurait être absolument exclue. Mais une telle hypothèse n’est ni indispensable ni même nécessaire, et les amateurs du principe d’Ockham la balayeront d’un revers de la main. Que les ressorts de la tragédie soient internes ou externes, influence surnaturelle ou part essentielle de ce que nous sommes, peu importe : l’horreur reste la même, et le caractère sinistre de « Vers ma fin » en fera frémir plus d’un.


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