Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11676 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Lun Fév 15, 2016 3:39 pm Sujet du message: Petit traité de la fauche - Jim Nisbet (Rivages/Noir) |
|
|
Alors que son second roman devenu culte Injection mortelle vient d'être réédité, Petit traité de la fauche (Snitch World en VO), le nouveau roman inédit de Jim Nisbet, vient de paraître chez Rivages/Noir dans une traduction de Catherine Richard-Mas.
Le livre :
« Klinger s'était maintenu dans la ceinture d'astéroïde de la petite délinquance à San Francisco, sans jamais trop s'approcher de la chaleur solaire dispensée par le gros coup, ni s'aventurer trop loin dans les confins glaciaires du système pénitentiaire. »
Dans un monde désormais gouverné par les applications et les smartphones, un petit voleur comme Klinger a du mal à survivre.
Alors qu'il erre dans San Francisco avec juste quelques dollars en poche et son pote Frankie Zigue en remorque, un pigeon à plumer se présente.
Malheureusement, le pigeon sait se défendre et les choses tournent mal...
Armé de son style unique et de son humour au vitriol, Nisbet invite le lecteur à une ballade surréaliste dans les rues de San Francisco en compagnie de ses personnages de losers, qui attendent le prochain dollar comme on attend Godot.
>> Le site de l'auteur : http://noirconeville.com/
>> Vidéos d'un entretien en plusieurs parties avec l'auteur disponibles ici
L'auteur :
Né le 20 janvier 1947 à Shenectady (New York), diplômé en Lettres de l'université de Caroline du Nord, Jim Nisbet vit à San Francisco où il est charpentier-ébéniste, marin et écrivain.
Jim Nisbet est le mouton noir du polar.
Cet esthète, qui cite volontiers Dostoïevski, Stendhal, Proust, Genet ou Huysmans, investit le roman noir pour mieux le pervertir.
« Merveilleux illusionniste du style et du verbe » selon Jean-Pierre Deloux, son exégète, Nisbet détourne les codes, massacre les clichés, intellectualise son propos et ne cesse de s’interroger sur la fonction du roman.
Il n’empêche : ses romans noirs frappent par leur puissance et leur originalité.
Quatre ans après Traversée Vent debout, il nous revient avec Petit traité de la fauche, son nouveau roman.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Lun Mar 07, 2016 7:09 am; édité 1 fois |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11676 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Lun Fév 29, 2016 7:12 am Sujet du message: |
|
|
>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :
Citation: |
Klinger a débarqué sans le sou à San Francisco quelque part dans les années 1970.
Il n’a pas fait fortune depuis et vivote entre les moments où son ex-petite amie lui file un peu d’argent et ceux où quelques petits braquages foireux ou vols de portefeuilles lui permettent de se payer une chambre d’hôtel miteuse et du whisky.
C’est justement après une fuite ratée qu’on rencontre Klinger en train de quitter aussi discrètement que possible le terre-plein sur lequel son complice et lui se sont échoués en voiture.
Avec quelques dollars en poche, il finit par se poser à l’Écubier, rade minable où il a ses habitudes lorsqu’il est en fonds.
C’est là qu’il croise son vieux pote Frankie Zigue, pickpocket de talent qui, après quelques verres, lui propose de reprendre du service.
C’est comme cela que les deux hommes croisent un brillant informaticien complètement ivre.
Le genre d’opportunité à côté de laquelle deux vieux briscards comme Klinger et Frankie ne peuvent passer.
Les poches sont vite faites et l’on se partage le butin.
Sauf que le pigeon est peut-être bourré mais aussi hargneux et qu’il revient en colère.
Et une fois de plus Klinger fuit.
En laissant derrière lui deux types sur le carreau et avec dans la poche un smartphone qui va lui permettre de découvrir à quel point les nouvelles technologies ont changé le monde dans lequel il vit.
Il n’y a rien de bien original dans le point de départ de ce roman de Jim Nisbet.
Mais il y a avec Klinger un personnage particulièrement riche.
Paumé, roublard mais indéniablement attachant, et ce d’autant plus à partir du moment où il se trouve propulsé par le biais de ce téléphone portable dans un monde qui lui est totalement étranger et dans lequel ses valeurs et ses habitudes apparaissent complètement dépassées, Klinger suscite l’empathie.
Confronté à une femme manipulatrice qui sait jouer des plaisirs simples – boire, manger, dormir – auxquels il aspire, Klinger se retrouve bien vite embringué dans une affaire qui le dépasse.
Et si l’on sent bien que tout cela va mener quelque part, on prend surtout plaisir à faire le voyage aux côtés de Klinger dans ce San Francisco froid et pluvieux, à observer ses combines, à écouter ses remarques acerbes ou ironiques et à voir le monde dans lequel il évolue.
C’est bien là que Nisbet est fort, dans cette manière distanciée, subtile, humoristique et en même temps tendre, d’entraîner le lecteur en virée avec un poivrot bien plus innocent qu’il ne paraît et qu’il va confronter à des personnages qui le sont bien moins qu’ils ne devraient l’être.
On sourit donc beaucoup, on se délecte des dialogues et, pour finir, on se trouve surpris par un dénouement logique, certes, mais que, pris par la plume de Nisbet, fasciné par le petit monde de Klinger, on n’a pas vu ou pas voulu voir venir.
|
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11676 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Dim Mar 06, 2016 7:37 pm Sujet du message: |
|
|
>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :
Citation: |
Un paumé sympathique à San Francisco
Jim Nisbet après Roger Smith, c’est une sorte de grand écart.
Mais je suis souple !
Et j’ai de loin préféré ce Petit traité de la fauche.
« Klinger s’était maintenu dans la ceinture d’astéroïdes de la petit délinquance de San Francisco, sans jamais trop s’approcher de la chaleur solaire dispensée par le gros coup, ni s’aventurer trop loin dans les confins glaciaires du système pénitentiaire. »
Difficile de mieux résumer le personnage que par cette phrase parfaite de l’auteur lui-même.
Klinger est un looser, ses copains aussi, il a juste un peu plus de chance qu’eux.
Il est heureux quand il a 100 dollars en poche.
Quand avec un pote ils volent un informaticien complètement saoul, ils pensent avoir pris de quoi tenir quelques jours.
Sans savoir que le téléphone que Klinger a récupéré va le plonger dans un monde d’applis et de gadgets qui lui est totalement étranger…
Et très dangereux.
Un grand écart donc avec ma lecture précédente.
Car si Roger Smith multiplie les effets, accélère le rythme et termine dans le gore, Jim Nisbet prend son temps, aligne les dialogues absurdes (on pense aux ivrognes du bar préféré de John Dortmunder) et termine dans un pirouette logique mais cruelle.
Klinger est un bouchon de liège qui se laisse porter par le courant, il refuse toute sollicitation ou presque et se contente de voler le strict minimum dont il a besoin pour survivre.
Le problème du bouchon est qu’il peut être gobé par un gros poisson passant par là.
Et c’est bien ce qui va arriver à notre pauvre héros.
Avant ça, on va avoir le temps d’apprécier sa déconnexion totale, le gouffre qui le sépare de tout ce que l’on nous vante comme moderne et nécessaire : il n’a pas de téléphone, n’ayant personne à appeler, pour lui un Smartphone est un objet lointain, inaccessible, inconnu et inutile, il survit à la surface de la ville et passe, un temps, entre les mailles.
Et quand on le compare à ses concitoyens « gagneurs », connectés, pressés et stressés avec lesquels il a le moins de rapports possible, on se demande qui est le plus humain, et qui est finalement le plus nuisible (en fait on ne se demande pas longtemps).
Sans trop pourquoi ni comment, la nonchalance de Klinger, son détachement et son humour, mais également ses peurs et ses inhibitions finissent par nous le rendre sympathique.
Et on suit ce personnage, que l’on pourrait retrouver chez les frères Coen, avec énormément de plaisir, jusqu’à la chute inévitable.
|
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
Polarbear Serial killer : Leland Beaumont
Age: 59 Inscrit le: 02 Nov 2015 Messages: 1016 Localisation: Belin Beliet 33
|
Posté le: Mar Jan 30, 2018 9:41 am Sujet du message: |
|
|
Mon avis plutôt mitigé
Citation: | Le titre français résume assez bien cet ouvrage. Rien de transcendant, si ce n'est l'écriture. C'est plein de bons mots, de phrases bien tournées de pensées philosophiques mais de la philosophie de comptoirs, amusante. Mais on n’échappe pas à l'ennui, la faute à une histoire peu intéressante, des personnages parfois truculents mais dépourvus de sympathie. On navigue dans le monde des petits escrocs, des plans foireux, des arroseurs arrosés, pas de gros coups, juste des petits larcins permettant de dormir sous un toit, et de s'envoyer sa dose de whisky quotidienne dans son rade minable. |
_________________ "Ce qui compte dans le polar, ce n'est pas le crime, mais le monde dans lequel il se produit." Richard Price |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11676 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Mar Jan 30, 2018 9:38 pm Sujet du message: |
|
|
J'avais bien aimé ce court roman noir.
L'intrigue est secondaire - mais bien présente tout de même - et il ne faut pas s'attendre à de l'action ou de gros retournements de situation. L'important ici, ce sont ces personnages de losers, leurs improbables discussions éthylo-philosophiques au bar, leur destinée, et mine de rien Nisbet s'en tire remarquablement bien, avec un roman bien plus riche et profond qu'il n'y paraît. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
|
|
|
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum
|
|