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L'Accusé du Ross-Shire - Graeme Macrae Burnet (Sonatine)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Dim Oct 15, 2017 9:00 am    Sujet du message: L'Accusé du Ross-Shire - Graeme Macrae Burnet (Sonatine) Répondre en citant

Sélectionné pour le prestigieux Man Booker Prize, L'Accusé du Ross-Shire (His Bloody Project) de l'Écossais Graeme Macrae Burnet vient de paraître chez Sonatine, traduit par Julie Sibony.






Le livre :

Un piège littéraire dans les Highlands du XIXe siècle

Alors qu’il fait des recherches généalogiques sur ses ancêtres écossais, Graeme Macrae Burnet découvre des archives relatives à une étrange affaire.
En 1869, Roderick Macrae, dix-sept ans, a été arrêté après un triple assassinat dans un village isolé des Highlands.
Dans un document écrit, le jeune homme relate sa vie et ses meurtres, sans jamais donner le moindre détail sur ses mobiles.
Hormis ce récit, aucune preuve tangible de sa culpabilité n’a été trouvée.
Était-il tout simplement fou ?
Graeme Macrae Burnet nous livre toutes les pièces du procès : témoignages, articles de journaux, rapports des médecins.
Peu à peu, le doute s’installe.
Le récit de ces crimes est-il bien l’œuvre de ce jeune garçon, a priori illettré ?
S’agit-il d’un faux ?
Si c’est le cas, que s’est-il réellement passé ?
La solution semble se trouver dans la vie de cette petite communauté repliée sur elle-même, où chacun doit rester à sa place, sous peine de connaître les pires ennuis.

Sélectionné pour le Booker Prize 2016, ce thriller hors norme nous propose un voyage entre réalité et fiction d’une rare intelligence. Alors que peu à peu les pièces du puzzle se mettent en place dans un suspense omniprésent, l’auteur, servi par une écriture remarquable, fait revivre toute une époque, ses mœurs, sa psychiatrie, son appareil judiciaire, son système de classe, et pose des questions qui restent d’une actualité brûlante. Quelle autre solution que la violence dans un monde qui ne vous laisse aucun avenir ? Qui pour défendre les intérêts de ceux qui ne représentent rien ? Comment échapper à ses origines ? Rares sont les romans qui conjuguent de la sorte sens de l’intrigue, plaisir et réflexion. Un coup de maître.



« Envoûtant. On ne peut pas s’en détacher. » Sunday Times

« Passionnant, et aussi divertissant qu'intelligent. » The Times





>> Le site de l'auteur : https://graememacraeburnet.wordpress.com/




L'auteur :

Né en 1967 à Kilmarnock en Ecosse, Graeme Macrae Burnet vit aujourd'hui à Glasgow.
Il est l'un des écrivains écossais les plus talentueux.
Sélectionné pour le Man Booker Prize, L'Accusé du Ross-Shire est son premier roman publié en France.



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Fredo
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Dim Oct 15, 2017 12:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

MMMmmmmmmm, je crois que je vais craquer...
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Demosthene
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MessagePosté le: Dim Oct 15, 2017 12:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Comme je l'expliquais à Norbert, j'ai trouvé ça bien MAIS ayant lu peu de temps avant "L'embaumeur" de Isabelle Duquesnoy (que j'ai adoré) avec des thèmes similaires, forcément je n'ai pas pu/su faire autrement que de comparer tout le temps les deux romans...
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mar Oct 24, 2017 8:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Simone Tremblay sur La Livrophage :

Citation:

« L’Accusé du Ross-Shire » – Graeme Macrae Burnet – Sonatine Editions



« J’écris ceci à l’instigation de mon avocat, M. Andrew Sinclair, qui depuis mon incarcération ici à Inverness m’a traité avec un degré de civilité que je ne mérite en aucune façon. Ma vie a été courte et de peu d’importance, et je ne souhaite nullement m’absoudre de la responsabilité des actes que j’ai récemment commis. C’est donc sans autre raison que celle de rendre grâce à mon avocat de sa gentillesse envers moi que je couche ces mots sur le papier. »


Ces quelques mots sont au début de la préface de ce roman qui pour moi, plus qu’un roman policier ou un suspense, est un témoignage sur un lieu – le Ross-Shire, comté au nord ouest de l’Écosse dans la région des Highlands – une époque – la deuxième moitié du XIXème siècle – et une société où l’évolution des savoirs, ici plus particulièrement la psychiatrie, n’est pas communément partagée.
Un témoignage, car le jeune homme qui écrit ces mots est un membre de la famille de l’auteur qu’il découvrit lors de recherches généalogiques sur ses ancêtres écossais.


Je pourrais fort bien vous livrer la 4ème de couverture qui résume parfaitement ce dont il s’agit, mais comme vous la trouverez partout, je préfère vous dire simplement ce que j’ai apprécié ici, dans ce livre mi-roman, mi-témoignage.
Alors oui, il y a tout de même un suspense, mais qui n’apparaît réellement qu’à la moitié du livre, quand le récit du jeune homme se termine et qu’on arrive au moment de son arrestation.
Un jour funeste, il arrive au village inondé de sang et avoue un meurtre, mais on découvre trois corps et Roderick Macrae – car c’est de lui dont il s’agit, garçon de 17 ans – est emmené et incarcéré à la prison d’Inverness, maintenant sa version d’un seul meurtre.
Cette première moitié est donc constituée des pages écrites par Roderick pour son avocat Me Sinclair et retrouvées aux archives.
Le garçon fut un élève brillant mais silencieux et peu sociable, et malgré l’insistance du maître auprès du père pour qu’il poursuive des études, la terre travaillée de père en fils au fil des générations sort victorieuse car même Roderick la choisit :

« Je l’accompagnai dehors au prétexte de l’aider avec son poney. Je voulais lui témoigner la reconnaissance pour sa visite, mais si l’on m’avait consulté, je me serais rangé du parti de mon père, à savoir que j’étais dorénavant requis à la ferme, et que ces choses-là n’étaient point pour des gens comme nous. Dans tous les cas aucun des garçons de mon âge dans la paroisse n’allait plus à l’école et je me serais senti ridicule parmi ces enfants. Je ne désirais pas non plus devenir un homme comme Mr Gillies, avec ses traits falots et ses mains flasques et roses. »


Ceci explique la très belle langue dans laquelle sont écrites ces pages de témoignage, et je dois dire que je prends toujours autant de plaisir à lire cette écriture si raffinée qui crée instantanément une ambiance particulière.


Roderick donne donc ici son histoire, celle dans laquelle les événements se succèdent pour arriver immanquablement au drame et au meurtre.
Parmi ses mésaventures, il tombe amoureux de la fille du détesté constable, amour sans avenir et sans retour, et en perd le sommeil :

« C’est autour de cette époque que je pris l’habitude de sortir la nuit battre les collines. Le sommeil ne me venait plus que difficilement et, même lorsque je finissais par m’assoupir, j’étais réveillé par le moindre mouvement des jumeaux ou d’un animal au-dehors. Dans le silence immobile de la nuit, nombre de chimères peuvent naître des braises du foyer ou du meuglement d’une génisse. J’avais parfois l’illusion de voir des silhouettes se dresser dans la fumée, ou d’entendre une voix dehors me parler dans un murmure, et je restais alors étendu sur ma balasse, pétri de terreur, attendant la survenue de quelque épouvante. Aussi ma pris-je à délaisser mon lit pour aller par monts et par vaux. »


La seconde partie est faite de l’enquête sur les lieux, des comptes-rendus du procès, des témoignages à la barre, des articles de presse, des expertises médicales, et c’est dans cette seconde moitié du roman que le suspense surgit, que d’autres histoires font surface : des hommes, des femmes racontent leur point de vue, et le jeune homme de 17 ans prend toute autre figure, les actes se révèlent sous un autre jour.
Au-delà de ce suspense, on peut découvrir ici la psychiatrie d’alors, le système judiciaire et puis aussi, surtout dans le récit de Roderick, l’organisation encore féodale par certains côtés de ce monde rural et pauvre des Highlands.


Questions brûlantes d’actualité aussi sur la violence et la justice, sur la difficulté, voire l’impossibilité de progresser socialement ( par obligation ou soi-disant par fatalisme ou qui sait, paresse ? Misère intellectuelle ? ) ainsi que le sort fait aux êtres malades ou différents du moule prévu pour eux.
Lisant le passage ci-dessous, on frémit de colère :

« Je ressortis de la maison et laissai mon compagnon terminer son exploration en privé. Mme Mackenzie continuait son barattage comme si l’apparition de deux gentilshommes dans ce trou de campagne n’avait strictement rien d’extraordinaire. Je l’observai quelques minutes et songeai, alors qu’elle s’adonnait à sa tâche ardue et répétitive, combien était ténu ce qui la distinguait d’un mouton ruminant sa pâture. C’est une réalité désolante que les peuplades inférieures de notre pays vivent encore aujourd’hui dans des conditions à peine plus enviables que celles du bétail, manquant de cette volonté de changement qui a répandu le progrès dans nos régions méridionales. »
(extrait de « Voyages aux marches de la folie » de J.Bruce Thompson – médecin-chef de la prison générale d’Écosse, autorité reconnue de l’anthropologie criminelle )


Le psychiatre, tout scientifique qu’il se prétende, l’est avec les connaissances d’alors en anthropologie criminelle ( aspect physique – petits yeux noirs, cheveux ébouriffés, taille courtaude et trapue, front bas et bombé.. – mesures du crâne, idée définitive que le lieu, l’air respiré, la nourriture, le travail, etc, sont des facteurs déterminants pour le destin d’un homme, sans parler bien sûr de la consanguinité fréquentes dans ces contrées reculées…).
On omet bien sûr consciencieusement la rudesse du travail, la pauvreté, l’asservissement à la terre et au propriétaire du domaine, tout ça dans un climat rude et des conditions matérielles extrêmement difficiles.
Illustration vivante du résultat de telles conditions de vie, le père de Roderick, que j’imaginais être un vieillard :

« Mr Macrae était « un minuscule homme voûté qui paraissait deux fois ses quarante-quatre années. Lourdement appuyé sur une canne noueuse, il avait des ses petits yeux noirs une expression hagarde.L’accusé resta la tête baissée pendant toute la déposition de son père, et le fermier ne regarda pas une seule fois son fils. »


Ce sont ici les mots de Mr Philby, journaliste au Times, et sans doute le plus fin dans son regard porté sur l’accusé et sur les gens qu’il écoute durant le procès.
Sur Roderick, il voit en lui juste un enfant pâle et atone, qu’on imagine pas en assassin sanguinaire.


Pour finir, j’ai pris plaisir et grand intérêt à lire ce livre finaliste du Booker Prize, décrit comme « un puzzle aussi divertissant qu’intelligent » par le Times, même si l’adjectif « divertissant » n’est pour moi pas tout à fait juste, je dirai plutôt captivant et oui, intelligent.
Enfin, je ne peux m’empêcher de penser que nos sociétés humaines le sont parfois bien peu, et que pensant que nous avons progressé, on s’aperçoit que… pas tant que ça sur certains sujets qui restent tabous, comme la santé mentale.


Je vous conseille cette lecture aisée, très bien écrite et traduite, un mélange de fiction et d’histoire, avec une composition du livre qui amène à point le suspense à la lumière du procès.
La lettre de Roderick à son père (qui ne la lira pas, il meurt avant qu’on lui la remette) :

« Cher Père,

J’écris dans l’espoir que cette lettre te trouvera dans une meilleure situation. Je n’ai moi-même plus beaucoup de temps à vivre et ne désire rien d’autre de ce monde que ce qui m’est imparti. Les murs de ma cellule offrent un bien morne paysage et, quoiqu’il me plairait de revoir Culduie une dernière fois, si je pouvais hâter mon exécution, je le ferais avec plaisir. Pour le moment, néanmoins, je vais très bien, et tu ne dois pas t’inquiéter de mon état ni pleurer ma mort.

Je tiens à dire que je suis navré des ennuis que j’ai causés, et que je regrette sincèrement que tu n’aies pas eu la chance d’avoir un fils plus méritant.

Roderick John Macrae »



Une réussite.



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MessagePosté le: Ven Nov 17, 2017 5:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant




Entretien avec l'auteur :


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JohnSteed
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MessagePosté le: Mer Avr 13, 2022 12:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis à la moitié du livre. J'adore le style de Graeme Macrae Burnet. Il a restitué le style de fin XiXème siècle, écrit sous la plume du protagoniste, Roderick Macrae, un ancêtre de l'auteur (mais oui, bien sûr, vous nous avez fait déjà le coup avec Raymond Brunet dans La disparition d'Adèle Bedeau et L'accident de l'A35).
Mon avis dans quelques jours...
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JohnSteed
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MessagePosté le: Jeu Avr 21, 2022 1:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant


Mon avis : 8/10

Citation:
Confiné dans sa geôle, le jeune Roderick Macrae est invité par son avocat à écrire ce qui l’a amené à tuer ses 3 victimes. Ainsi, du haut de ses 17 ans, il va raconter sa vie dans cette misérable ferme familiale, dans ce trou perdu des Highlands fin XIXème siècle, la mort en couche de sa mère, comment sa très jeune sœur a pris les responsabilités maternelles et surtout la vie de son père corvéable à merci, face à un tortionnaire sans merci, le constable local, le terrifiant Lachlan le Large.
On prend ainsi faits et causes pour ce Roderick. Ses courtes mémoires nous font partager ses malheurs, ce drame… On compatit et on ne souhaite qu’une chose : que Roderick soit relaxé…

Et puis les autres parties du livre constituées du rapport du médecin légiste et des minutes du procès apportent une autre vision sur les événements.

Ce livre parfaitement construit et écrit (en utilisant le style littéraire du XIXème) raconte une passionnante histoire que l’écrivain écossais nous fait croire être un fait divers réel d’un de ses ancêtres. A la fois documentaire sur la vie des paysans de cette époque, roman rural noir et d’une enquête sur un crime, L’accusé du Ross-Shire offre une lecture des plus addictives.
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