Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[Fredo]

Sur le forum de Laurent Scalèse (depuis il est fermé comme vous le savez), j'avais eu l'occasion de me lancer dans la partie du petit concours de nouvelles. Le sujet est de Laurent, voici ma première proposition :

La guerre totale fait rage ; réfugiées dans un abri anti-atomique, quelques personnes envisagent l'avenir, entre la peur et l'incertitude.

H+ 5 minutes
Le pire c’est le bruit. Le bruit des bâtisses qui deviennent décombres. Le bruit des explosions. Le bruit du déchirement des entrailles de la terre au dessus de nous. Comme si la vie là-haut s’échapper, comme le bruit de l’eau qui s’échappe par la bonde d’une baignoire. J’entends la vie qui s’écoule là haut, gouttes après gouttes. J'entends l'air qui siffle le long des canalisations.

H+ 2 heures
Non, en fait le pire, c’est plutôt l’absence de bruit. Cela fait deux heures déjà que je n’entends plus un bruit venant de l’extérieur. Plus d’explosions assourdissantes, plus de tremblements, plus de vibrations. Juste le bruit des respirations et des souffles. Et le noir complet commence à dévorer doucement le peu de chair qui fait le corps de notre intégrité mentale… Les murs répercutent leurs sanglots et leurs gémissements. Ils ne sont que quatre avec moi. Je n’ai pas pu en sauver d’autres…

H+4 Heures
Cela fait plusieurs heures que je cherche le moyen d’éclairer l’abri. La lumière a quitté les lieux, peut être aussi rapidement que la vie qui semble avoir déserté les alentours de notre nouvelle demeure. C’est la mort dehors, ce sont nous les vivants mais nous sommes enfermés dans ce cercueil de béton.

Nous ne sommes pas mort. Nous sommes confinés dans ce qui devrait être notre paradis.

Les minutes défilent sur le grand compteur. Il a commencé à égrainer les minutes de notre survie (ou de notre après vie) dès que j’ai verrouillé l’accès de l’abri. J’ai trouvé la console de commande du système autonome d’alimentation en énergie de la « cave ». L‘air ne brûle plus nos poumons, des aérations nous parvient une fraîcheur surprenante, quand on imagine l’enfer qui consume la vie au dehors…

Nous ne sommes pas mort. Nous sommes confinés dans ce qui devrait être notre paradis.

Et la lumière fut, dans « la cave »qui abrite nos cinq âmes.

H+…
Ils dorment enfin. Mais bientôt viendra le temps des questions, des espoirs. Des réponses, désespoir…

Que vais-je pouvoir dire aux enfants ? Dure d’imaginer que je leur avais soumis cette question il y a quelques mois de cela, comme sujet de rédaction, avant que le conflit n’embrase l’humanité tout autour de nous…

Vont-ils se rappeler de ce qu’ils avaient couché sur leurs papiers ? Vont-ils se souvenirs de tous ce qu’ils ont laissé derrière eux ? Vont-ils se rappeler de la lumière du soleil qui baigne leur bureau ? Vont-ils se rappeler de l'odeur du repas qui émanait de la cuisine de leurs mamans ? Vont-ils se rappeler du sujet de la rédaction?

La guerre totale fait rage ; réfugiées dans un abri anti-atomique, quelques personnes envisagent l'avenir, entre la peur et l'incertitude.

Mercid e votre indulgence. Je viens encore de faire des modifs par rapport à la version publié en ligne précedement.

[cabosche]

C'est très bon Frédo ! J'aime beaucoup...

[Elo]

Vi, je me souviens l'avoir lu à l'époque sur le forum de Laurent.
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It's not who you are underneath, it's what you do that defines you

[El Marco]

Je ne connaissais pas le post sur le forum de Laurent, mais j'aime bien, Fredo. As-tu une suite ?

[Fredo]

Non, ce n'est pas une suite mais une toute autre nouvelle avec le même sujet.

Plutot humour l'autre mais je ne retrouve pas le fichier word ...

[Steve-O]

Moi je m'en rappelle bien aussi et c'était la première de nouvelles chez Laurent....

D'ailleurs Fredo me dit qu'il a perdu le fichier word.... Et moi j'avais gardé aucune nouvelles sur mon PC mais j'aimerais bien en relire... Vous pensez qu'il y a moyen de les retrouver sur le net....
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In girum imus nocte et consumimur igni

[Elo]

Je ne pense pas non, puisque le forum n'existe plus du tout...
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