Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres Index du Forum Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres
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Polars Pourpres

Eve

 
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Steve-O
Serial Killer : Patrick Bateman


Age: 38
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Localisation: Somewhere in the cold

Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Sam Mai 20, 2006 11:46 pm    Sujet du message: Eve Répondre en citant

Voici une petite nouvelle inspiré par un sujet posté sur le forum de Laurent Scalese...

Vu qu'il a donné l'idée, je l'en remercie...


Eve

La voiture à l’arrêt…Les portes qui claquent comme des détonations dans ma tête. Le chien qui vient frapper le percuteur comme le THC qui vient frapper mes neurones. Mes yeux semblaient taper les deux coins de leurs lobes tellement j’étais défoncé. Laura accrochée à mon bras semblait me soulever de toutes ses forces. Cherchant à l’embrasser, elle esquiva ma bouche pour me repousser :
- Putain Marc, t’es lourd ! Regardes la tête que tu as…
- On peut dire qu’il en a profité ce soir, hein ma petite Laura, rétorqua Samy, un colosse black.
- On voit que tu n’es pas sa petite amie. Ce n’est pas toi qui va avoir droit à la scène du « grand malade » demain matin.
- Alors les amoureux, on est s’amuse ce soir, lâcha d’un ton euphorique Jeff qui venait de s’enjoindre au petit groupe.
Moi , le dos posé contre la carrosserie de la voiture, j’essayais de rassembler mes esprits. Les visages se déformaient dans mon champ de vision…Des masques africains, ou plutôt d’étranges images.
- Ouhouh, alors mon petit Marc, on dirait qu’on a abusé des substances…
Ce gros con de Jeff venait de me crier dans les oreilles. Mon tympan venait de prendre une pression de 90 décibels accentuant un peu plus mon malaise.
- Je vais aller le faire marcher, un peu d’air ne lui fera pas de mal, dit Laura.
- Ok on vient avec toi, cela nous fera du bien à tous, et surtout à Jeff, ironisa Samy.
- Hé les amoureux, vous venez avec nous, ou on vous laisse finir, cria Jeff.
Derrière moi , sur les sièges arrières de la voiture, Léa et Fred s’enlaçaient, échangeant une étreinte à la limite de la fusion. Pour faire accélérer le mouvement, je cognais du poing contre la vitre faisant immédiatement surgir les deux visages épanouis des amants.
- On y va, décida Samy. En route en direction des bois. Petite ballade nocturne avant de rentrer.
- Aide-moi à prendre Marc, demanda Laura en direction de Jeff.
Mon bras gauche venait d’entourer l’épaule de Jeff. Celui-ci, plus grand que moi, me soulevait littéralement du sol. Mes pas se faisaient plus léger comme mon esprit. Les bruits des bois mélangés à mon trip avaient quelquechose de plaisant…de quasi onirique. Le zéphyr docile tournoyait autour du groupe tel une valseuse… Chacun profitait de ce petit moment de calme pour méditer. Le tapis de feuilles mortes absorbait notre marche. Silence avant un cri… Un bruit, sorti du plus profond du larynx. Une voix féminine que je ne reconnus pas tout de suite. Le temps était devenu pour moi insaisissable… Extensible. Je ne sais combien de secondes s’écoulèrent avant que je puisses tourner la tête sur ma droite… Peut-être une ou deux…peut-être plus ou moins… Lorsque enfin mon visage s’inclina vers la droite je pus observer le visage tiré de Laura. Les yeux ouverts, le vert des iris flamboyant n’avait jamais été aussi expressif. C’est bien la terreur qui s’inscrivait dans ses yeux comme un code barre de supermarché… Deux mètres plus loin, Léa et Fred s’étaient détachés, comme un mur qui se fissure… Eux aussi avaient le visage blême, absent d’expression… Samy était derrière nous, je n’entendais que sa respiration soudain devenue plus rapide.
- Oh putain, lâcha dans mes oreilles Jeff…

Son corps sembla se dérober sous mon bras gauche. Deux secondes plus tard Jeff plié en deux vomissait le demi-litre de vodka qu’il avait ingurgité dans la boite de nuit. Enfin je parvins à relever la tête vers l’endroit scruté par la bande. Petite mort…Dans la seconde qui suivait la THC avait quasiment quittée mon organisme… Il m’avait fallu moins d’une demi seconde pour expulser les toxines de mon corps et redevenir lucide. Devant moi, était pendu par les pieds deux corps. Attachés à quelque trois mètres de hauteurs, ils gisaient tels des poupées décharnées livrées à la nature. La corde qui les retenait à la branche du chêne avait entaillée les chevilles faisant apparaître les marques d’un calvaire christique… Le bras pendaient au vent s’agitant comme les prolongements des branches. Un scène irréaliste sorti tout droit d’un tableau de Munch s’offrait à nous… Les corps oscillaient… malgré la faiblesse du vent… Impossible… Anti-physique que nous n’allions pas tarder à découvrir.
- Buurrggh. Jeff venait encore une fois d’éructer un jet de vodlka-pomme…
- Putain que ce que c’est que ce bordel ! ! ! Interrogea Sammy. Léa et Fred demeuraient mués.
- Allons voir de plus près, proposais-je du bout des lèvres.
Laura me regarda, étonnée de me voir revenu à mon état normal si rapidement. Je m’approchais lentement pour venir sous les cadavres. C’est alors que je découvris la vérité. Les cadavres n’étaient que des écorces…ils avaient été vidés…De simples écorces charnelles…Voilà qui expliquez pourquoi, le vent avait une prise sur eux… Des os et de la chaire sans les organes… Légers… Suffisamment pour virevolter, accrochés à cette corde. Les autres s’étaient eux aussi rapproché des cadavres pour les observer. Dans les deux cas, les corps semblaient avoir été ouvert sur le torse, une grande plaie béante s’ouvrait jusqu’au pubis… Une femme et un homme, liés dans la mort.
- Ils ont été vidés comme du bétail, me glissa à l’oreille Laura.
- C’est incroyable, lâcha Samy.
- On ne devrait pas rester ici…affirma avec inquiétude Léa.
- Ouais elle a raison, tirons-nous d’ici, confirma Fred.
Tous étions d’accord, le décor dépassait l’entendement. Un esprit malade était le compositeur de ce tableau macabre. Nous devions, nous éloigner de ce lieu…Au plus vite…rejoindre la voiture…trouver le poste de police le plus proche pour témoigner…raconter…se confier.
- Où est Jeff ? La voix de Samy appelait notre attention.
- Il était juste là il y a dix secondes, déclara Fred d’un voix sombre.
- Oui il vomissait encore sa vodka, confirma Laura, les cheveux blonds qui se balançaient au vent.
- Ce gars est incorrigible, il est encore allé se perdre… gronda Samy, les sourcils froncés. Son visage marquait le souci. Samy ne rigolait plus.
- Partons à sa recherche, plus vite nous l’aurons trouver, plus vite nous partirons de ce maudit lieu.
Notre petit groupe, en rang serré à travers les arbres. « Jeff », chacun à notre tour appelions notre ami. Le silence était sa seule réponse. La bise s’était levé en sous bois pour venir fouetter nos visages…

Depuis près d’une demi-heure nous avions arpenté le bois prenant garde à ne pas perdre nos repères lorsque nous arrivâmes sur une clairière. Au centre se tenait une petite cabane, semblable à ces cabanes de pécheurs qui ornaient les lacs de la région. Peut-être Jeff était venu reprendre ses esprits, assis à l’abri du vent. « Jeff » « Jeff »…
Le ciel étoilé éclairait la clairière.
- Allons voir, à l’intérieur. Avec ce qu’il a bu ce soir, il serait capable de s’endormir debout, murmura Samy.
- Oui allons-y, fit Léa en prenant la direction des opérations.
Celle-ci ouvrit la porte mais n’eut pas le temps d’esquiver la volée de plomb qui vint s’incruster dans son visage. La boite crânienne explosa sous l’impact déposant des morceaux de cervelle sur Fred et Laura… Avant que nous ayons eu le temps de réagir, un gémissement sorti de Fred… Un cri pas celui de la douleur physique, non celui de la douleur morale…Sa fiancé venait d’exploser devant ces yeux… Les tremblements l’avaient pris des jambes jusqu’aux bras… L’état de choc commençait son travail.
- Faîtes le asseoir cria Samy.
- Vite, aides moi, me demanda Laura.
- Je vais voir Léa, déclara Samy.
Laura et moi firent asseoir Fred par terre. Sa mâchoire tremblait, la peur. Moi aussi j’avais peur, autant que Laura. Chacun essayait de paraître plus sûr aux yeux de Fred pour le rassurer. Samy revint en courant , une minute plus tard. Le visage encore plus blanc qu’avant son départ.
- Viens avec moi Marc.
- Quoi ?
- C’est dément dedans, je ne peux pas l’expliquer.
Nous passâmes juste devant le cadavre encore chaud de Léa. Le visage ne ressemblait qu’à une immonde bouillie où se mêlait chaire, os et sang.
- Regardes moi ce système, me dit Samy en pointant son regard en direction de l’entrée.
- Il faut être un putain de taré pour fabriquer cela…ajouta –t-il.
Sur la porte une ficelle pendait…coupée nette en son milieu. Cloué au mur sur un planche, dans l’alignement de l’entrée, il y avait un fusil. Sur la détente un bout de ficelle. Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre ce que Samy voulait me signifier. On avait piégé la porte. Quiconque voudrait entrer dans la cabane sectionnerait la ficelle attachée au fusil et déclencherait une rafale mortelle. Léa venait d’expérimenter le machiavélique stratagème. Voyant mon étonnement, Samy ne me laissa pas le temps de souffler.
- Tu n’as rien vu. Viens par-là, l’intérieur ne craint rien, j’ai vérifié.
Je passais donc les pieds sur le parquet de l’entrée. Samy me précédait. Il se tira sur la droite pour me laisser le champ de vision central. Un haut le cœur m’envahit. Sur une table, un corps était une fois de plus étendu. Celui d’une femme…Propre…Blanc …Immaculé… Pure comme de la neige. Sur son torse aussi s’ouvrait une fente. Je m’approchais fasciné par cette apparition morbide. Tous les organes étaient présents mais une chose me choqua… Samy venant à mon secours m’expliqua la voix haletante :
- Un malade est en train de recréer une femme. Regardes les organes, ils ont été greffés…La cautérisation est récente.
- C’est incroyable, dans quel merdier on est tombé…
- Moi je vais te dire on est tombé sur un apprenti Frankeinstein. Jettes un coup d’œil là dessus.
Samy me lança un bouquin qu’il venait de prendre sur un vieux bureau. Le livre atterrit entre mes mains. « L’Eve Future ». Ce livre je le connaissais pour l’avoir lu en fin de Terminale. Un livre de Villiers de L’Isle D’Adam… L’auteur racontait la création d’une femme mécanique par Edison… Un femme de fer et d’électricité semblable à la plus vrai de ses paires. Désirable à souhait…et capable de sentiments humains.
- Je connais l’histoire, répondis-je à Samy.
- Moi aussi.
- Tu crois qu’un malade veut faire renaître cette femme.
- En tout cas, il semble qu’il fait tout pour…
- On se tire, Jeff n’est pas là et Fred ne va pas tenir longtemps. On doit prévenir la police. Ils seront plus efficace que nous.
- D’accord, me fit Samy.
Dehors Laura tenait toujours dans ses bras Fred, les yeux remplis de pleurs. Samy et moi avons relevé nos deux amis avant de repartir un direction de la voiture. Au bout d’une demi heure, nous parvînmes à la vieille Peugot. Installé devant avec Samy, nous filions en direction du premier commissariat ; celui de Villengier. Lorsque le groupe fit son entrée dans les locaux, l’agent à l’accueil su qu’il allait avoir du travail. Une heure plus tard un tiers des effectifs du département étaient déployés pour rechercher notre ami et visiter les lieux des macabres découvertes… La nuit fut longue. J’éclatais moi aussi plusieurs fois en sanglots serrant Laura dans mes bras… La couvant trop heureux qu’elle soit encore avec moi. Samy n’avait pas ouvert la bouche depuis sa discussion avec le commissaire. Ténébreux je sentais pourtant le gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix se fissurait tel une bombe… Trop d’émotions…Trop de visions pour ce soir. Ce que nous avions vécu n’avait rien de normal…

Au petit matin, un brigadier viens nous voir pour nous réunir dans une petite salle du commissariat.
- Nous venons de retrouver votre ami, déclara le jeune homme sur un ton neutre. L’absence de sourire et l’usage cérémonieux ne laissait envisager rien de bon.
- Malheureusement il est décédé, poursuivit-il. J’en suis confus toutes mes condoléances.
- Où l’avez vous retrouvé ? questionnais-je.
- Près d’un petit lac dans la zone est de la forêt.
- On l’a tué ? enchaîna Samy. La vérité le rongeait. Il voulait s’avoir.
- L’autopsie devrait le confirmée mais oui il s’agit d’un meurtre…sûrement lié à l’affaire que vous nous avez raconté hier. Cette nuit, des brigades ont découvert la cabane et les corps. Une vrai boucherie…
Fred frappa du point sur la table, essayant de contenir son désespoir…
- A-t-on relevé quelquechose de particulier sur le cadavre, demanda Samy.
- Oui effectivement mais je ne sais pas si vous êtes prêt à l’entendre…
Non personne n’était prêt à l’entendre, pourtant mon regard croisa celui de Samy. Lui comme moi savions ce que le cadavre de Jeff aurait de particulier. Tous les deux avions vus la femme dans la cabane… Tous les deux avions vus l’absence… L’absence des yeux… La touche finale du créateur à son chef d’œuvre. Le brigadier n’aurait pas besoin de nous l’apprendre. Jeff avait perdu ses yeux… Aujourd’hui Eve avait retrouvé ses yeux… Les yeux bleus de Jeff…


N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez...









Wink
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Dernière édition par Steve-O le Dim Mai 21, 2006 11:48 am; édité 1 fois
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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Dim Mai 21, 2006 12:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

De belles fautes en tous genres. J'ai tout particulièrement apprécié "nous parvîntes". Laughing

Non, les fautes c'est pas grave, l'histoire est vraiment super.

Le tueur qui veut reconstituer le corps d'une femme, ça me dit quelque chose, j'ai déjà lu ça il n'y a pas longtemps. Ca y est j'y suis, ça ressemble étrangement à L'âme du mal de Maxime Chattam. Wink

Pour être sérieux un peu quand même, je trouve cette histoire vraiment bonne. Je serais d'accord de payer pour la lire. Vraiment bravo.

On a peut-être trouvé le nouveau Chattam. Smile
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Steve-O
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Mai 21, 2006 11:06 am    Sujet du message: Répondre en citant

Laughing Exusez moi pour les fautes en tout genre mais à 0h j'ai plus toute ma lumière !!! Je vais faire des édits dans la journée pour corriger tout ça...

Concernant l'inspiration Chattam, j'y avais pas pensé mais maintenant que tu le dis c'est totalement vrai.... Wink

En tout cas j'invites tout le monde à venir tenter l'expérience sur le forum de Laurent... Very Happy
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cabosche
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Dim Mai 21, 2006 2:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

bluffée ! l'histoire est super. moi aussi j'ai pensé à Chattam en la lisant.
Après ton texte, celui que j'ai ecrit sur le site de Laurent, me parait encore plus nul !
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Steve-O
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Mai 21, 2006 6:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais aller le lire tout de suite Caboshe...mais je te jure qu'à côté de certains du forum de Laurent...je suis un rigolo.... Wink
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stfoch
Meurtrier


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Mai 21, 2006 7:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

steve-o rigolo Very Happy Very Happy non non moi je trouve ça tres bien
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sofy
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Lun Mai 22, 2006 5:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas mal du tout Steve-O Very Happy Very Happy
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El Marco
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Lun Mai 22, 2006 5:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très chouette, Steve-O ! Wink
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