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Le silence avant l'orage (chapitre 1 et 2)

 
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goudalier
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Mar 26, 2010 7:00 pm    Sujet du message: Le silence avant l'orage (chapitre 1 et 2) Répondre en citant

Voilà, c'est le début d'un roman, maintes fois remanié certes... Avis constructifs et développés attendus.

1

Le cri s’amplifia. Faiblement, à cause du bruit du vent et d’un essaim de fulmars passant tout proche. Edward Bailey était allongé sur l’herbe rase du côté de Rubha Muirich, face à un soleil éclatant malgré la présence de nuages, au loin. Il pouvait sentir les effluves de tourbe provenant de l’unique distillerie de whisky de Saint Kilda. La fierté de l’archipel. L’odeur mêlée à l’iode du rivage ne lui était pas désagréable. Il la connaissait bien, même.
Des images lui revinrent. La distillerie, les alambics, les senteurs du malt d’orge. Sa première expérience de travail. Une vie d’avant.
Le bruit des vagues éveilla autre chose en lui. Une forme gracieuse se dessina dans son esprit. Moira Holm.
Pour Eddie, elle représentait tout. La beauté, l’intelligence, bien sûr, mais aussi l’envie d’aller vers les autres. Il savait pourtant qu’il y avait au fond d’elle quelques fêlures.
Ils avaient commencé à sortir ensemble quand ils avaient quatorze ans. Puis Moira quitta Eddie et Saint Kilda le jour où elle devait célébrer ses dix-huit ans. Sans raison. Sans lettre d’adieu. Sans la moindre explication. Le 3 janvier resterait gravé dans son esprit.

Ed ouvrit un oeil. Le cri s’était rapproché mais restait flou, toujours couvert par le bruit conjugué des vagues et du vent.
Refermant l’oeil, Ed évolua à nouveau dans les limbes de ses pensées. La rencontre avec Lucy, au pub. Il a vingt-deux ans, un de plus qu’elle. L’esprit tout obnubilé par Moira, il n‘avait jamais prêté attention à Lucy McGuiness. Ses parents tenaient la filature d’où sortaient pulls, gilets et autres écharpes.
Elle était venue vers lui. D’un simple regard, il avait été emballé. Oublié Moira. Oubliée la Guerre du Golfe qui avait hélas, constitué sa première sortie de l’île. Au bout d’un an, vinrent les fiançailles. Puis le mariage. Toute l’île fut invitée. Sans exception.
La fête dura trois jours. Voyage de noces en Irlande. Dublin, Cork, Galway, le Connemara, la Chaussée des Géants... La première véritable occasion de quitter Hirta.
Retour au bercail. Ed et Lucy veulent un enfant. Accouplements divers et variés. Sans résultat significatif.
Enfin, après trois ans de mariage, la graine a germé.
Ensuite, le trou, le vide. Les abysses. Une chute de trois cents mètres depuis la falaise de Conachair priva doublement Ed de la joie d’être un père heureux et un mari comblé. Un stupide accident alors qu’Eddie travaillait à la distillerie.
Des larmes s’échappèrent de ses yeux.
Ce n’était plus un cri. Un appel plus distinct que le précédent. Il reconnut la voix de son père, Roy. Le maire de Village Bay en personne.

Ed était arrivé sur l’île depuis trois jours et le vieux, avec ses manières possessives, ne le lâchait pas. Il donnait l’impression de vouloir rattraper le temps perdu.
Edward se leva et fit face à son père. Roy Bailey déboula du haut de la colline, tenant un chapeau à la main. Il portait sa traditionnelle chemise de travail à carreaux grossiers, un pantalon noir maintenu par une solide ceinture de cuir dont Ed et son frère John avaient déjà fait les frais ainsi qu’une paire de chaussures de sécurité, souvenir de la distillerie, du temps où il était le contremaître. D’apparence osseuse, il cachait sous ses vêtements amples un réseau de muscles qui ne demandait qu’à s’exprimer. Son visage légèrement hâlé se fendit d’un rare sourire.
- Alors, fiston, on contemple la beauté de la mer.
- Ouais, j’ai que ça à faire en attendant.
- Je te rappelle que tu commences demain le boulot que je t’ai trouvé.
- Oui et alors ?
- Je te trouve un air mélancolique. Je m’inquiète pour toi, c’est tout.
Comme bien souvent, Roy lissait sa moustache. Sa voix gutturale, râpeuse, avait toujours évoqué pour Eddie, le frottement d’un papier de verre.
- Tu n’a pas à t’en faire pour moi. Ça va aller.
- Tu es sûr ? Je voudrais pas que tu souffres du dépaysement.
- Hé, arrête ton char, veux-tu ? J’ai vécu ici pendant plus de vingt-cinq ans alors je ne vois pas pourquoi j’aurai du vague à l’âme.
- Je voulais juste m’assurer que tout allait bien.
- Ça va, merci.
- Tu t’es décidé à aller au pub ?
- Oui.
- Bien, nous t’attendrons pour le dîner.
- Quelle heure ?
- Dix-neuf heures, comme d’habitude. Ne t’attarde pas trop. Tu sais que j’aime manger à l’heure.
Cette perspective était loin de faire plaisir à Eddie. A l’occasion des repas familiaux, Roy Bailey prenait la parole et ne la lâchait plus. Sa diatribe s’abattait sur les lâches, les fainéants, les absents à la messe dominicale et les communistes (si par hasard, il y en avait à Saint Kilda).
Ed regarda son paternel faire demi-tour et remonter la colline. Il attendit quelques instants et fit de même. Sur sa gauche, à quelques deux cents mètres, se situait un groupe de bâtiments dont la construction était plus récente que le reste du village. Son ancienne maison, où il avait vécu quelques années heureuses avec Lucy, se trouvait dans cet amalgame de logements. Roy lui avait dit qu’elle était désormais occupée par un employé municipal. L’homme, nommé Mark Clouser, était soupçonné par certains Saint Kildans d’être un ancien membre de l’IRA.
Dans sa descente vers Village Bay, unique localité de l’île de Hirta et de l’archipel de Saint Kilda, il passa devant la distillerie.
Eddie jeta un oeil à une des fenêtres du bâtiment. L’activité semblait calme. Edward consulta sa montre et constata qu’on approchait de l’heure de la fin du travail. Pas grave, se dit-il. Il aurait voir ses anciens collègues une autre fois. De toute façon, il les croiserait sûrement au pub.
Longeant le front de mer, il reprit sa marche, négligeant la conserverie de poissons. Là aussi, on s’apprêtait à débaucher. Presque tout le monde allait donc se retrouver au pub, où on buvait avec plus ou moins de modération les produits de la distillerie : le whisky Conachair et la bière Saint Kildan’s.
Eddie se hâta afin d’être sûr d’avoir une place au Puff Inn et d’éviter la pluie qui commençait à dégouliner sur l’archipel. Depuis son retour sur l’île, il n’y avait pas remis les pieds et avait essentiellement cherché à se faire discret, surtout que son père, partant pour une bonne fois, d‘un bon sens, n’avait pas cherché à ébruiter la nouvelle. Pour l’instant, ça n’avait pas trop mal marché, ne croisant que quelques vieux qui se souvenaient à peine de lui.
Déjà trois jours qu’il était là. Ed était revenu par le dernier ferry et, pour un maximum de discrétion, il avait trouvé refuge, en attendant que la nuit tombe, derrière la boutique de souvenirs, bâtiment qui n’existait pas au moment de son départ. La nuit était complète quand il avait frappé à la porte de la maison familiale. Ce fut un retour sans effusion particulière. Comme s’il n’avait jamais été absent. Les regards lourds qu’avaient porté sur lui ses parents, surtout son père, en disaient long, pourtant, sur ce qu’ils pensaient de leur fils.
Edward éprouvait une certaine appréhension à revoir ces gens qu’il avait connu, apprécié et aimé. Il savait qu’il devrait faire face à leur flot de questions sur son absence. De toute façon, il n’avait pas le choix. Il ne pourrait pas les éviter indéfiniment.
En chemin, il put à nouveau apprécier le calme de l’île. On y trouvait seulement trois fourgons. Deux étaient utilisés par le service d’entretien et d’incendie. L’autre camion se trouvait partagé à temps relativement égal par la distillerie, la conserverie de poissons et la fabrique de tricots. D’où cette sensation quasi permanente de silence juste troublée par le vent et les vagues.


2

Eddie pénétra dans le pub. Le Puff Inn était le point névralgique de Saint Kilda. Le centre de toutes les discussions. Un forum où s’élevaient conversations amicales, et parfois, bien sûr, quelques disputes agrémentés de bières Saint Kildan’s. Un lieu chaleureux, ouvert du matin jusqu’à la nuit profonde. Un endroit qui, par moments, permettait de lutter contre l’ennui latent.
Profitant du fait que le patron lui tourne le dos, il s’attarda sur le décor. Ici, rien n’avait bougé. Le temps n’avait pas de prise sur ce lieu. Plafond et murs recouverts par des panneaux de lambris, parquet aux lamelles inégales au sol, des tables, au bois patiné par l’âge, de quatre personnes, l’immuable jeu de fléchettes au fond, à côté de la porte des toilettes, juste après le comptoir. L’endroit conservait un charme unique à milles lieux d’un pub de la City.
Edward prit un tabouret face au comptoir vermoulu et contempla l’alignement des pintes marquées Saint Kildan’s devant lui. Sentant sa présence, le tenancier des lieux, Joe Kendrick se retourna vers lui et ne put masquer sa surprise. Comme sonné par un uppercut, et pourtant Dieu sait s’il était massif, il se tint au rebord du comptoir. Ed posa ses coudes sur le bois élimé et attendit que l’autre s’en remette.
- Eddie ? Eddie Bailey ? C’est bien toi ?
- Eh oui, c’est bien moi.
- Je vois que tu es revenu parmi nous, fit Joe en accentuant les derniers mots.
Parmi nous. Les choses n’avaient donc pas changé. Toujours cet aspect communautaire, un petit monde replié sur lui-même.
- Oui, je me suis décidé à revenir.
- Qu’as-tu fait de ton temps, alors ?
- J’ai bossé à Inverness.
- Dans quelle branche ?
- La police.
- Toi, un flic ?
- Ça t’étonne, hein ?
- Pas qu’un peu. Dis-moi, t’as dû en voir des choses, des meurtres, des... Des viols, des trucs dans ce genre ?
- Ouais, j’en ai vu, mais j’ai pas trop envie d’en parler aujourd’hui.
- C’est pas grave, ce sera pour une autre fois. Tu es de passage ?
- Si on veut.
- T’as raison, ça va te changer de la grande ville. Qu’est-ce que je te sers ? Je t’offre ce que tu veux.
- Une Saint Kildan’s.
- Évidemment mais laquelle ?
Eddie avait relativement le choix. La distillerie-brasserie Mullaig avait le monopole des boissons alcoolisées sur l’île et proposait cinq breuvages: Saint Kildan’s Ale, Saint Kildan’s Red Ale, Saint Kildan’s Strong Ale, Saint Kildan’s Stout, et en saison Saint Kildan’s Winter Ale.
- Un stout, merci.
- Comme tu voudras.
Joe se retourna, piocha une pinte sur une étagère en bois et fit le service pression. Le stout était plus noir qu’une nuit sans lune.

La porte du pub s’ouvrit derrière eux. Les nouveaux arrivants furent eux aussi tout étonnés de voir Edward.
Il y avait là Dan Berggren et Harry Smedberg. Tous deux travaillaient à la distillerie depuis une vingtaine d’années. Le premier à la logistique, le second au brassage. Eddie les connaissait depuis les bancs de l’école communale. Même millésime de naissance.
Ils lui assénèrent chacun une tape amicale sur l’épaule et vinrent s’installer à côté d’Eddie, au comptoir.
- La même chose, Joe, fit Dan Berggren, sorte de grand échalas aux rares cheveux blonds.
Harry Smedberg, petit brun à la figure rougeaude, fit un geste au patron des lieux pour lui signifier qu’il prendrait lui aussi un stout.
- Alors, Ed, fit-il, tu nous a manqué. Qu’est-ce que t’as foutu tout ce temps ?
- Je suis parti à Inverness, répondit calmement Edward. J’ai arpenté la rue, jour et nuit.
- Tu veux dire que...
- Non, non , j’étais pas à la rue. J’ai fait le flic, fit Eddie, presque fièrement.
- C’est la meilleure, dit Dan, d’un ton qui se voulait enjoué mais derrière lequel on sentait pointer de l’incrédulité.
- J’ai fait des études pour ça.
- Tu rigoles, j’espère ! s’exclama Harry.
- Je suis sérieux, les gars.
- Un bobby à Saint Kilda ! Qui l’aurait crû !
- Et tu viens ici en vacances, chez ton vieux? demanda Smedberg.
- Non, j’ai arrêté le commissariat. Je commence demain à la boutique de souvenirs.
- Ah oui, c’est vrai, le vieil O’Keefe est parti à la retraite, fit Dan.
- Et vous ? Vous avez jamais penser à quitter cette île de misère ?
- Pour faire quoi ? répondit Harry. On est bien, là. Pas vrai, Danny ?
- C’est sûr ! confirma Dan. On n’est pas emmerdé par la pollution, par la foule, ce genre de trucs. C’est calme, tout le monde se connaît, donc on n’a pas de souci. Le seul petit désagrément, c’est le Feis Ile.
- Le Feis Ile ? Il y a un festival ici ? s’étonna Edward.
- Et oui ! Qui l’aurait crû, hein ? expliqua Dan Berggren. C’est une idée de ton père, ça. Linley n’était pas trop pour mais finalement il s’est rangé à l’avis de ton vieux. Trois jours de fête. La commémoration du whisky et de la bière.
- C’est tout bénéfice pour Mullaig, d’ailleurs, ajouta Harry. Les touristes présents pendant ce week-end achètent presque tout. La musique est là pour les motiver.
Eddie n’y croyait pas :
- La musique ?
- Ton père fait venir chaque année des groupes de musique celtique. Pour celui qui aime ça, l’ambiance est garantie.
- Et ça attire beaucoup de monde ?
- L’hôtel de Joe est plein à craquer. Dix chambres, c’est vite rempli. Alors les gens viennent coucher chez nous, dans la mesure du possible. Mais tout le monde ne passe pas trois jours ici. Les plus sages viennent pour la journée.
Joe apporta les deux pintes commandées. Les trois amis retrouvés trinquèrent.
- Mais y en a qui veulent personne chez eux. Tes parents, par exemple, tiennent à leur tranquillité.
Edward esquissa une moue légère. Le contraire l’aurait étonné.
- C’est pour quand ?
- Ça tombe dans un mois. Toujours la dernière semaine de juin. Tu seras aux première loges. On va installer une petite scène entre la boutique et l’épicerie. En plus, c’est notre dernière semaine de travail avant la saison silencieuse1. Autant dire que c’est tranquille pour nous.
- Sois à nouveau le bienvenu parmi nous, Eddie !
Edward fit volte-face. Il mit un peu de temps à reconnaître l’homme qui l’avait ainsi interpellé. Il s’agissait de Graham Linley, le pasteur de Saint Kilda avec son col ecclésiastique réglementaire. Les cheveux grisâtres, bien séparés par une raie, les yeux verts inquisiteurs, cherchant sans cesse à l’intérieur de l’âme humaine.
Au coeur du silence s’étant abattu dans le pub, laissant juste en sourdine le son de la radio, Ed prit la parole :
-Bonjour, révérend.
Eddie ne savait trop quoi lui dire. Il bafouilla quelques mots:
- C’est... Comment dirais-je... C’est un plaisir de vous revoir.
- C’est le mien également, Edward. Je vois que tu ne te complais plus dans le péché. C’est bien et j’en suis heureux pour toi. J’espère que tu vas continuer ainsi.
Sur ces quelques paroles, le révérend Linley se signa et quitta le pub aussi subitement qu’il était rentré. Le brouhaha, surpris par cette intrusion, reprit lentement son régime.

Petit à petit, le pub s’était rempli. Tour à tour, chaque nouvel arrivant saluait Eddie. Chacun à sa manière. Froid, enjoué, maussade, réjoui. Mais finalement, peu posaient de questions. Eddie se dit que ce serait sûrement pour plus tard.
Dehors, la nuit avait pris possession du décor, seulement transpercée par les rares lampadaires.
Il jeta un oeil à sa montre. Encore une demi-heure devant lui. Il commanda un deuxième pinte. Dan et Harry l’accompagnèrent dans sa démarche. Ils devisèrent de tout, de rien, du temps qui passe.

Regardant à nouveau sa montre, Eddie s’aperçut qu’il serait en retard pour le dîner familial. Le sablier du temps semblait s’écouler plus vite que prévu. Qu’importe, ce ne serait pas la première fois. Le vieux gueulerait pendant que la mère ferait, comme d’habitude, voeu de silence.
Ed quitta ses compagnons, presque à regret et s’en fut par la route de gravier vers la maison qu’il l’avait vu naître.
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