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Polars Pourpres

Sacrée menteuse

 
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Ares
Victime


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Déc 02, 2007 12:21 pm    Sujet du message: Sacrée menteuse Répondre en citant

Sacrée menteuse

Le camion vrombissant projetait autour de lui des bourrasques de pluie. Ses métaux brillaient sous l'averse. Ses Silentblocs, ses jointures métalliques émettait des cris stridents.
Soudain, il sembla à Eloïse qu'il vira légèrement sur la gauche. Puis sur la droite. Le bahut semblait entrer dans une danse qui lui était étrangère. Les virages à gauche, puis à droite se succédaient de plus en plus vite. Puis il commença à s'incliner, hurlant de plus belle. Les tonnes de ferraille étaient en train de se coucher sur la chaussée. Le camion percuta la glissière de sécurité qui explosa dans un fracas métallique. Hurlant toujours, il se coucha de toute sa longueur sur l'asphalte détrempée.
Eloïse freina. Son 4x4 s'arrêta à une dizaine de mètres de l'amas de ferraille qui continuait de couiner. Légèrement apeurée, elle s'approcha de la cabine dont les portes étaient disloquées. Elle empoigna le repose-pied et se hissa au-dessus de la roue avant qui venait de s'arrêter de tourner. Dans un bruit de tôles, elle écarta la porte défoncée et aperçu le chauffeur vautré sur son volant.
Il semblait K.-O., les paupières entrouvertes.
-- Vous n'avez rien ? demanda-t-elle.
Il balbutia des borborygmes. De sa main droite, elle tâta son pouls carotidien, il était rapide mais bel et bien existant.
Après quelques minutes qui lui parurent des heures, le chauffeur reprit ses esprits.
-- Je n'ai rien pu faire, comme si le camion était envoûté.
-- Venez, il vaut mieux sortir de là.
Le carburant contenu dans le camion commençait effectivement à se répandre sur la chaussée. Toujours quelque peu sonné, le chauffeur réussit à s'extirper de la cabine.
Eloïse se rua alors en direction du 4x4, en sortit son téléphone cellulaire et composa le 17.
-- Oui, un accident de poid-lourd sur le périphérique à la hauteur de la porte Maillot.
La voix répondit :
-- Ne vous inquiétez pas, nous dépêchons une équipe sur place.
Eloïse rejoignit de nouveau le chauffeur qui semblait comme hébété par les événements.
-- Vite, tirons-nous d'ici !
C'était Eloïse qui avait parlé.
Encore secoué par le choc, le chauffeur ne broncha pas et s'installa à la droite de la jeune femme qui démarra en trombe. A mesure qu'il reprenait ses esprits, ses questions se faisaient plus précises :
-- Pourquoi s'enfuir ? Où m'emmenez-vous ?
Eloïse ne répondait pas, se concentrant sur sa conduite. Porte de Bagnolet, porte de Clichy, ils étaient en train de contourner Paris. Le conducteur du camion était interloqué :
-- Mais, si on continue, nous allons nous retrouver sur les lieux de l'accident !
-- Taisez-vous et écoutez-moi. Si je veux retourner sur les lieux de l'accident, c'est parce que je veux me mêler à la foule des curieux, voir les flics faire leur travail.
-- Mais pourquoi ? s'insurgea le chauffeur.
-- Ça, vous le saurez en temps utile.
Porte d'Italie. Ils n'étaient plus qu'à quelques encablures du lieu du drame. La circulation se fit plus dense. Des halos orange et bleus scintillaient dans la nuit d'opale. Des voitures multicolores faisaient entendre leur Klaxon pendant que leurs pots d'échappement crachaient leurs substances vénéneuses.
Eloïse stoppa le 4x4. Elle descendit de la voiture. Elle s'approcha de l'agitation qui régnait autour de l'accident. Un policier l'arrêta net :
-- Madame, veuillez faire demi-tour s'il vous plaît.
-- Laissez-moi m'approcher, je connais ce camion ...
-- Demi-tour, veuillez rejoindre votre véhicule.
-- Puisque je vous dit que je connais la compagnie à laquelle appartient ce camion. Je connais peut-être le chauffeur.
Le policier ironisa :
-- Vous ne risquez pas de le connaître, il a disparu.
Eloïse s'esclaffa :
-- Il a disparu ? Mais comment aurait-il fait ? Il y a sûrement des témoins qui ont dû voir quelque-chose.
-- Pour l'instant, nous n'avons aucun élément. Mais comme je vois que vous pouvez peut-être nous aider, laissez-moi vous présenter à Mr l'inspecteur Guimard.
Le policier en héla un autre qui était en pleine conversation dans son poste VHF.
L'inspecteur s'approcha. Eloïse lui inventa les motifs pour lesquels elle se trouvait là.
-- Et vous reconnaissez ce camion ? demanda-t-il
-- Aucun doute possible, je connais ce camion.
-- Et vous sauriez dire quel chauffeur le conduit habituellement ?
Eloïse souffla :
-- Ça non, ça m'est impossible.
L'inspecteur sembla l'encourager, comme s'il cherchait à lire au plus profond de sa mémoire.
-- Faites un effort, essayer de vous souvenir.
Eloïse parut rassembler ses souvenirs en fixant le camion.
-- J'aurais bien une petite idée, mais je n'en suis pas sûre, dit-elle.
L'attention de l'inspecteur se décupla soudain.
Elle articula :
-- Max... Max Boën, je crois. Mais attendez un peu. Le mieux serait que je demande vérification auprès de mon père.
Elle tourna sur ses talons, se dirigeant vers le 4x4. Arrivée à sa hauteur, elle alla ouvrir la porte passager et s'adressa au chauffeur resté dans la voiture.
-- Sauriez-vous me dire l'âge de ce camion, à un an près ?
-- Il a exactement cinq ans, lui répondit le conducteur.
-- Venez avec moi.
Comprenant de moins en moins, le chauffeur s'exécuta. Ils approchèrent du lieu de l'accident. De retour auprès de l'inspecteur, Eloïse lui adressa :
-- Ce camion a cinq ans et le conducteur habituel s'appelle bien Max Boën. Voici mon père, dit-elle en désignant le conducteur du camion.
L'inspecteur ne remarqua pas le trouble qui étreignit le chauffeur.
Eloïse continua :
-- Mon père est le propriétaire de l'entreprise de transport à laquelle appartient ce camion.
L'inspecteur se tourna vers le chauffeur qui était éberlué :
-- Le chauffeur de ce camion est donc un de vos employés.
-- Oui, répondit simplement le chauffeur au comble du désarroi.
-- Et ce genre de comportement, s'enfuir après un accident, lui ressemble-t-il ?
-- Pas du tout son genre. C'est quelqu'un sur qui on peut compter.
-- Avait-il des ennuis en ce moment ? questionna l'inspecteur Guimard.
-- Pas que je sache.
Eloïse s'enflamma :
-- Mais Papa dis-lui. Dis-lui qu'il était porté sur la boisson !
Le chauffeur, de plus en plus désemparé, balbutia :
-- Je n'ai jamais entendu parler d'un problème de ce genre à son sujet.
Enfin, il finit par lâcher :
-- Je suis le chauffeur de ce camion. Cette femme est arrivée sur les lieux juste après l'accident. Elle m'a embarqué et nous sommes revenus.
L'inspecteur, ébahi, dévisagea Eloïse.
-- Emmenez-les, ordonna-t-il aux policiers qui assistaient à la scène.
Les deux acolytes obtempérèrent sans sourciller. Ils se retrouvèrent tous deux à l'arrière d'une 305 break. Dès que la voiture démarra, le chauffeur s'en prit à Eloise :
-- Et bien, nous voilà dans de beaux draps avec vos affabulations.
Eloïse murmura :
-- Je vous ai dit de me laisser faire. La situation n'est pas si critique, et surtout, j'ai un plan en tête.
-- Je ne vois pas du tout de quel plan vous voulez parler. Quel est l'intérêt de cette mise en scène ?
-- Vous verrez bien. Je crois que nous arrivons au poste de police.
La voiture venait effectivement de franchir un porche et se garait dans une cour intérieure. On les fit descendre. Les policiers avaient eu l'élégance de ne pas leur passer les menottes. On les fit entrer dans un bureau qui sentait l'ennui et la poussière. L'inspecteur s'installa et pria aux comparses d'en faire autant. Il commença l'interrogatoire en s'adressant d'abord au chauffeur :
-- Alors comme ça, cette jeune femme est arrivée sur les lieux de l'accident et vous a embarqué ?
-- Exactement, répondit-il.
Eloïse bondit sur son siège :
-- Pas du tout ! Je suis effectivement arrivée la première sur les lieux de l'accident, mais c'est lui qui m'a séquestrée, à l'aide d'une matraque. Il m'a obligée à le conduire sur le périphérique mais à tenu à revenir sur les lieux de l'accident.
L'inspecteur cherchait à comprendre :
-- Dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir dit tout de suite, pourquoi avoir dit qu'il s'agissait de votre père ?
-- Je craignais tout simplement qu'il tienne une arme braquée dans ma direction.
L'inspecteur était perplexe :
-- Navré mademoiselle, mais cette histoire ne tient pas debout.
-- Je sais, ça peut paraître surprenant, mais pourquoi aurais-je inventé une telle histoire ?
-- Je ne vois pas, effectivement.
Il se tourna vers le chauffeur :
-- Je ne vois qu'une solution : vous demander votre avis. Pourquoi aurait-elle imaginé ce scénario, dans quel intérêt ?
Le chauffeur répondit :
-- Durant notre périple sur le périphérique, elle m'a dit qu'elle voulait se mêler aux curieux, et vous voir en action.
L'inspecteur dévisagea de nouveau Eloïse :
-- C'est bien de cela qu'il s'agit ?
-- Pas du tout ! Et puisque je vous dit que je suis la victime innocente d'un manipulateur ! Faites-le souffler dans l'éthylomêtre, vous verrez bien. Je suis certaine qu'il a de l'alcool dans le sang et qu'il aura voulu échapper à toute sanction.
-- Je veux bien, mais dans ce cas, pourquoi être revenu sur les lieux de l'accident ?
-- C'est moi qui ai pris cette initiative. Je voulais que vous le coffriez. Il ne s'est même pas rendu compte que la boucle était bouclée. Je me suis alors enfuie de la voiture et la suite, vous la connaissez.
L'inspecteur rumina :
Dans ce cas, pourquoi ne pas nous avoir dit tout de suite de quoi il s'agissait ?
-- Disons, que je voulais participer à l'arrestation... En vous le livrant sans même que vous ayez à vous déplacer jusqu'à ma voiture.
-- Je veux bien, mais qu'avez-vous pu lui inventer pour qu'il daigne sortir de la voiture ? Pour qu'il se rende auprès de nous ?
-- Je lui ai simplement dit que le chauffeur était en fuite, qu'il ne risquait rien.
-- Ce n'était quand même pas une raison pour vous accompagner jusqu'à nous. Vous pouviez à ce moment là le dénoncer, grommela l'inspecteur.
-- Puisque je vous dis que je craignais qu'il ait une arme pointée dans ma direction !
L'inspecteur se tourna vers le chauffeur :
-- Mettez-vous debout, et videz vos poches.
Il s'exécuta. Il en sortit un briquet, un portefeuille, du tabac à rouler et des feuilles. Pas d'arme, visiblement.
-- Je croyais qu'il vous avait menacé à l'aide d'une matraque ? reprit l'inspecteur en s'adressant à Eloïse.
-- Elle sera certainement restée dans le 4x4, je ne sais pas moi !
-- Gardez votre calme, je vous prie. Nous finirons bien par élucider cette embrouille.
Il se tourna de nouveau vers le chauffeur :
-- J'aimerais à présent avoir votre version des faits. J'avoue que je commence à la croire, elle n'a aucune raison d'affabuler ainsi. Je ne vois qu'une hypothèse : vous aurez voulu vous soustraire à un contrôle d'alcoolémie. Veuillez vous lever et souffler dans cet appareil.
Le chauffeur obéit, il se dirigea vers l'appareil qui était accroché au mur et souffla. Le test se révéla négatif. Pas une brume d'alcool ne semblait venir ternir l'image du chauffeur. Le policier comprenait de moins en moins. Qu'est-ce que c'était que ce pataquès ? Il pria au chauffeur de se rasseoir.
-- J'aimerais une nouvelle fois que vous me donniez votre version des faits, demanda-t-il au conducteur du camion.
-- Et bien, il y a d'abord eu l'accident. J'étais sonné. Puis elle est arrivée à mon secours et m'a embarqué dans sa voiture. Comme j'étais sonné, je n'ai réalisé qu'après que nous prenions la fuite. Nous sommes ensuite revenus sur les lieux de l'accident.
-- Et pourquoi inventerait-elle une telle histoire ?
-- Ça, je n'en sais fichtre rien, c'est bien tout mon malheur en ce moment. Je crois qu'elle cherche juste à s'amuser, c'est la raison qu'elle m'a donnée lorsque nous étions sur le périphérique.
-- Mon problème à moi, c'est que malgré vos divergences de points de vue, vous êtes aussi blancs comme neige l'un que l'autre. Je ne sais pas qui je dois coffrer, et je ne sais même pas si je dois le faire. Je crois que la vérité est un mélange de vos deux versions. Je vous laisse, vous êtes libres.
Les comparses d'infortune se levèrent en même temps. Eloïse avait un sourire en coin. Elle avait passé une très agréable soirée.
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Denis
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MessagePosté le: Dim Déc 02, 2007 4:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Intriguant à souhait mais je suis déçu par la fin !ou plutôt l'absence de fin, de logique !Il faudrait inventer une suite avec une raison pour cette femme de mentir comme ça!
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Ares
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MessagePosté le: Dim Déc 02, 2007 5:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais quand même raconter la petite histoire de cette histoire : le début est inspiré d'une scène du "Concile de pierre" Pour la suite, j'ai improvisé tout du long, il n'y a aucun véritable travail.
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MessagePosté le: Dim Déc 02, 2007 7:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui ça m'a rappelé la scène de l'autoroute et justement je m'attendais à une surprise...qui n'est jamais venu !
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MessagePosté le: Mar Déc 04, 2007 5:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

dommage pour la fin....
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Ares
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MessagePosté le: Mar Déc 04, 2007 6:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dans ce cas, je propose un jeu, trouver la suite.
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