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Polars Pourpres

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Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres Index du Forum -> Ecrivains en herbe
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Cthulhu
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Sam Fév 24, 2007 4:17 pm    Sujet du message: nouvelle Répondre en citant

salut voila une de mes nouvelles écrites récemment
donnez moi votre avis et surtout ne faites pas les faux-culs une vraie critique vaut mieux qu'un faux compliment dites ce que vous en pensez vraiment.
elle fait peut être un peu mélodramatique mais là n'était pas le but. je l'ai écrite d'un trait et elle me plait.
a noter qu'à la base, elle vient d'un exercice auquel je m'étais essayé: prendre quatre mots totalement au hasard et écrire une histoire en les y intégrant. Ces mots étaient: chat, lampe, maladie, rasoir... comme quoi le résultat est parfaois bien loin de ce qu'on imagine!


L’attente.



Il sort de la chambre à pas lents, toujours vêtu de sa chemise de nuit. Il n’a pas dormi. Comment dormir ? Comment trouver le sommeil lorsqu’il ne vous reste que quelques semaines à vivre ? Cela ne lui fait pas peur, mais ses nuits se sont sacrément raccourcies depuis qu’il le sait. Quatre à cinq heures, pas beaucoup plus. Alors il attend le jour, allongé sur son lit, les bras croisés derrière la tête.

Il paraît que lorsque les gens apprennent que leur fin est proche, ils se mettent à vraiment apprécier la vie, à savourer chaque moment, comme s’ils se rendaient soudainement compte que la vie est un cadeau dont il faut profiter. Mais lui n’a jamais su. Et ne saura jamais. Mais il sait ce qu’est qu’attendre deux heures interminables dans un long et blanc couloir d’hôpital, avec pour seule compagnie l’odeur de la mort qui y rôde et l’angoisse d’une nouvelle qu’il ne veut entendre. Attendre dans cette ambiance de vie artificielle, masquant maladroitement la mort qui transpire de ces lieux, attendre qu’un gentil médecin vienne lui apprendre sa fin prochaine.
Une tumeur maligne au cerveau. Grosse comme un citron, paraît-il. Et il va mourir seul dans un lieu d’hôpital, ce lieu qu’il déteste depuis son enfance, entouré de quelques infirmières hypocrites au visage faussement compatissant. Il va attendre que la mort vienne le chercher. Mais la sournoise va prendre tout son temps. Il le sait. Elle aime à se faire attendre, se faire appeler, supplier.
Attendre la mort, sans vraiment savoir quand elle va frapper. Attendre, impuissant, la fin. Une fin qu’il n’a jamais demandé.

Il n’a jamais rien demandé, d’ailleurs. Il n’a fait qu’attendre. Toute sa vie. Attendre que les autres tendent la main, attendre la réussite, attendre une vie meilleure, et rien n’est arrivé. Orphelin. Sans ami dans la cour de récréation. Moqué par les garçons au collège, ignoré par les filles au lycée. Un boulot minable dans un bureau. Et toujours, attendre que les choses se passent. Sans but, sans envie, sans avenir. A attendre la fin.
Et la fin s’est faite annoncée un soir d’automne pluvieux dans le bureau d’un spécialiste de la neurologie. Un grand médecin, d’après ce qu’on lui a dit. Annoncée avec condescendance, avec pitié même. Mais derrière ce masque, il sait qu’il n’y avait aucun sentiment, seulement une lassitude sans doute due à l’habitude d’annoncer la mort.
Il a reçu la nouvelle sans la comprendre, sans réagir, sans même chercher à mettre un sens sur les mots prononcés par le médecin. Celui-ci a d’abord été troublé par son manque de réaction, puis a mis cela sur le compte du choc. Il lui a expliqué le cerveau, la tumeur qui le rongeait, les quelques mois qu’il lui restait à vivre… Tout cela d’un ton monotone, dépourvu de tout sentiment.
Il est sorti sans attendre la fin du discours du médecin. Il a fui, l’esprit vide. Il a déambulé au hasard dans la rue, sans penser à rien, sans réfléchir, sans pouvoir formuler la moindre pensée. Une tâche blanche et lumineuse lui barrait le cerveau, lui interdisant toute réflexion, toute compréhension.

Ce n’est que rentré chez lui qu’il s’est mis à réfléchir. A la vie. A la mort. A ses sentiments. A ses impressions.
Sans qu’il ne s’en aperçoive, ses nuits se sont raccourcies. Petit à petit, comme s’il avait besoin de moins en moins de sommeil. Comme s’il n’avait plus besoin de vivre. Il a continué à travailler. Et à réfléchir. A la vie. A la mort. A l’attente, aussi.
Il a songé à ce qu’était sa vie, à ce qu’elle avait été, à ce qu’elle serait. Et il n’a rien trouvé qui vaille la peine de vivre. Alors il s’est résolu à mourir. Seul. Mourir comme il a vécu. En attendant.

Trois jours de réflexion plus tard, il a finalement décidé de ne plus attendre la mort. Il n’a fait qu’attendre les choses dans sa vie, et la vie l’a roulé. Elle ne lui a rien apporté. Alors il va jouer un mauvais tour à la mort. Il ne va pas l’attendre, il va la chercher. Il a assez attendu. Il ne tient pas à patienter jusqu’à ce qu’elle veuille bien de lui, seul sur son lit d’hôpital, pendant des semaines. Elle ne s’attend pas à le voir déjà. Il le sait. Elle aime à se faire attendre.

Cette nuit-là – voilà quinze jours que le bon docteur lui a annoncé la nouvelle –, il sait que c’est le moment. Il n’a pas envie d’attendre la mort indéfiniment, d’attendre seul, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle daigne venir le chercher. Ce serait une fin misérable. Presque aussi misérable que sa vie.
Alors il se dirige vers la salle de bain. Dehors, la lune jette sa lueur blafarde sur la maison du voisin. Il aperçoit le chat de celui-ci trottiner sur le muret qui sépare les deux maisons. La dernière créature vivante qu’il aura vu. Un dernier adieu au monde. Il éteint la lampe. Il se déshabille et entre dans la baignoire vide. Sa peau se colle aux parois glacées. Frissons. Mais il ne doit pas hésiter. Il n’attendra pas que la maladie en ai fini avec lui. Il va chercher la mort, la provoquer.
A tâtons, il trouve la lame de rasoir sur le rebord de la baignoire. Il la serre dans sa main droite et d’un coup sec, s’entaille le poignet gauche. Il sent le métal froid transpercer les chairs brûlantes.
Douleur. Profonde et sourde.
Le poignet droit. Douleur, étourdissement. Le sang s’écoule lentement le long de ses bras. Il sent des rivières chaudes descendre le long de ses flancs et glisser sous son corps. Douleur, douleur.
Alors il attend la mort. Finalement, cela ne change rien.
Attendre, toujours.
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spies
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MessagePosté le: Jeu Mar 08, 2007 1:02 pm    Sujet du message: Tu en as d'autres ? Répondre en citant

Bonjour Cthulhu j'ai bien aimé ta nouvelle mais elle dégage un tel désespoir...

Si jamais tu as écris d'autres nouvelles je n'hésiterai pas à les lire.
( Au fait j'ai bien aimé le perso secondaire....le chat lol !! )

A bientôt.
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El Marco
Charlie "Bird" Parker (modo)


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Dim Mar 11, 2007 3:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Avec beaucoup de retard, je viens de lire ta nouvelle, Cthulhu : très agréable à lire, au même titre que l'autre ! Allez, on en veut d'autres ! Cool
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Black Orchis
Témoin


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2007 1:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

3ème de tes nouvelles que je lis, je m'attendais à pire par rapport aux précédentes.
Mais ca reste quand même très agréable à lire ! Continue comme ca !
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sofy
Serial Killer : Patrick Bateman


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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2007 8:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

pas mal du tout... Wink
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