Posté le: Lun Oct 27, 2025 10:44 pm Sujet du message: La nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo (Gallimard)
On en a pas mal parlé sur le forum et j'étais étonné de voir qu'il n'y avait pas de topic qui lui était consacré ici, surtout en prévision du Prix PP 2025.
La nuit ravagée, le nouveau roman de Jean-Baptiste Del Amo, est paru en mars dernier chez Gallimard.
Le livre :
« Ils s’étaient presque attendus à découvrir la maison abandonnée tous volets ouverts, lumières aux fenêtres, éclairant la nuit comme une attraction foraine démoniaque, prête à les happer. Mais ils la trouvèrent fidèle à elle-même, embusquée tout au fond de l’impasse, dissimulée par les ronces, semblable à ces araignées noires qui se nichent dans les crevasses des murs où elles patientent à l’affût d’une proie. »
Saint-Auch, petite bourgade en périphérie de Toulouse, au début des années 1990. Au fond de l’impasse des Ormes se trouve une maison abandonnée qui depuis toujours exerce une attraction étrange sur un groupe d’adolescents du quartier. Lorsque l’un d’entre eux meurt dans de terribles circonstances, ils décident d’y entrer, sans se douter des périls auxquels ils s’exposent.
Rendant hommage au roman horrifique, Jean-Baptiste Del Amo explore les rêves et les désillusions d’une époque, d’une génération et d’une classe sociale confrontées à la brutalité du monde et aux ravages du temps.
« Un huis clos psychologique étourdissant. Tout y est. Le suspense. Le fantastique. L'effroi. L'hémoglobine. Un chef-d’œuvre du genre. »
- Le Figaro Littéraire
« Un livre qui va réveiller vos appétits de lecteur les plus enfouis et les plus voraces. »
- La Grande Librairie
« Jean-Baptiste Del Amo tisse une mélodie sombre en explorant les rêves et les désillusions d’une jeunesse confrontée à la brutalité du monde et du temps. »
- France Inter
« Une inventivité visuelle sidérante. »
- Le Parisien Week-end
« Frissons assurés. »
- Lire Magazine
« La Nuit ravagée réveille nos envies les plus secrètes, nos désirs les plus lumineux avant de basculer sobrement dans l’horreur. Un sublime hommage de Del Amo à King, le maître du genre »
- ELLE
« Une redoutable machine à cauchemars. »
- Bastille Magazine
« Le roman, par sa densité, prend sa revanche sur le cinéma. »
- Les Échos
Né en 1981 à Toulouse, Jean-Baptiste Del Amo a reçu en 2009 le prix Goncourt du premier roman pour Une éducation libertine (Gallimard), et le prix du livre Inter 2017 pour Règne animal (Gallimard). La nuit ravagée est son sixième roman.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Jean-Baptiste del Amo nous parle de La nuit ravagée
Un lotissement ordinaire, des habitants ordinaires, des adolescents ordinaires qui se désennuient par une petite délinquance ordinaire, parce qu’ils n’ont « rien de mieux à faire »… Pourquoi le choix d’un cadre aussi banal ?
Le lotissement est un territoire dans lequel j'ai grandi et vécu toute mon adolescence, et qui a en partie façonné mon imaginaire. De nombreuses vies, des individus et des familles s'y côtoient, des drames ordinaires s'y jouent, c'est un théâtre parfait pour un écrivain, pourtant encore relativement peu exploré dans notre littérature. Le cinéma américain, en revanche, a compris dès la fin des années 1970 que la banlieue, les suburbs, était l’une des architectures les plus passionnantes de notre époque, et de quelle façon nos espérances comme nos peurs collectives pouvaient s’y manifester. Sous les apparences de la normalité, souvent le danger rôde.
Le danger, et même la mort : accident de voiture, suicides, cancer… Elle semble être le seul événement marquant qui puisse survenir dans l’existence de personnages dont l’avenir semble désespérément bouché…
La mort est toujours extraordinaire quand elle surgit dans l’enfance. Elle est vertigineuse car elle donne à penser l’impossible, que l’enfance et la vie puissent justement finir. Cela étant, je crois que ces personnages vivent, dans le même temps, des événements qui sont pour eux d’une grande importance : l'amitié, avec ses joies et ses déceptions, les premières amours, la découverte du désir, la complexité des relations familiales. Et ils vivent tout cela d'une façon à la fois universelle mais aussi singulière, définie par le contexte social et politique de ces années-là.
La maison abandonnée au fond de l’impasse des Ormes, qui fascine le groupe d’adolescents du quartier, va se révéler le lieu de tous les dangers. Mais le pire n’est-il pas de se retrouver soudain confronté à soi-même, tel qu’on ne voulait peut-être pas se voir ?
Ces adolescents ont toujours été fascinés par cette maison et, lorsqu’ils en franchissent la porte, ils s'aperçoivent qu’elle ouvre sur une autre réalité dans laquelle il leur est possible de réaliser leurs désirs secrets. Bientôt, fréquenter cet endroit leur devient la chose la plus désirable au monde mais cela les place aussi face à un dilemme : jusqu'où sont-ils capables d'aller pour préserver leur secret ? Et quelles forces mystérieuses ont-ils libérées en entrant dans cette maison ?
Roman de formation, La nuit ravagée est aussi un hommage aux films d’horreur, y compris ceux de série B. Quel regard portez-vous sur ce genre quelque peu à la marge ?
C'est un genre pour lequel j’ai une immense affection. Le cinéma d'horreur a toujours brillamment exploré les contradictions, les peurs et les non-dits de nos sociétés. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il connaisse aujourd’hui un regain de vitalité, à l'heure d’un retour en force de tous les conservatismes et d’une violence politique et sociale qui ne cesse de croître et de se banaliser. Pour l’adolescent que j’ai été, ce cinéma incarnait une forme de contre-culture qui mettait en images un malaise intime et collectif que je n’étais pas encore en mesure de nommer. Mais il déployait aussi une imagination débordante, un humour souvent subversif, une vraie générosité dans ses effets. C'est sans doute parce que ce cinéma m’a tant apporté que j’ai longtemps rêvé d’écrire un roman d’horreur qui serait aussi le portrait d'une génération, d’une adolescence et d’une époque.
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Posté le: Lun Oct 27, 2025 11:23 pm Sujet du message:
Avec 8.8 de moyenne pour 5 votes sur PP, les avis sont enthousiastes et donnent envie :
boumkoeur a écrit:
10/10
Ah les années 90! Ça me parle bien. J’ai adoré le roman, l’histoire à la sauce Stranger Things à la française et l’ambiance du livre.
La vie des adolescents dans ces années là est très bien retranscrite avec ce côté horrifique. Très bien écrit, on s’y croirait.
On tient notre Stephen King français !
jackbauer a écrit:
9/10
Excellent moment de lecture avec cette Nuit ravagée, qui lorgne très clairement du côté de Ça et de Stranger Things...
L'auteur matérialise avec une force narratrice étonnante le passage de l'adolescence vers l'âge adulte, en utilisant le biais du fantastique pour souligner les bouleversements induits par cette transition.
Ce n'est pas tant l'horreur qu'on lit qui est terrifiante, que le sentiment que l'on a tous ressenti un jour, et qui habite ces jeunes adultes, à un moment charnière de leur vie : celui de laisser derrière eux la facilité d'une existence encadrée, pour entrer de plein pied dans celle des choix délicats, et le fait d'assumer des responsabilités de grandes personnes...
Del Amo convoque la figure emblématique du roman d'horreur pour le passage de témoin, la maison hantée.
Cette maison, c'est le grand catalyseur des émois de l'adolescence, la projection fantasmée du " et si j'avais le courage de... ", la porte ouverte sur leurs craintes les plus refoulées...
Alice a écrit:
10/10
Ce livre est pour moi un beau coup de cœur.
Tout d’abord l’écriture et le style de l’auteur plus que soignés m’ont charmée.
Ensuite, quel fantastique hommage à tous ces films d’horreur, plus ou moins réussis (il faut le dire), qui ont bercés les ados des années 90 dont je faisais partie. Même si les références sont évidentes et que l’auteur évoque ouvertement et élogieusement Stephen King, ce livre est original sur bien des points.
Avec ses cinq héros, de nombreux thèmes sont évoqués, le harcèlement scolaire, les violences intra-familiales, l’alcoolisme, la maladie, les émois amoureux et sexuels de l’adolescence, avec des valeurs mises en avant tout le long de l’œuvre, l’amitié et la solidarité entre ces jeunes et c’est sans doute ce trait essentiel qui nous les rend si attachants.
Personnellement, ce livre m’a surtout subjuguée par son ambiance : les années 90, en dehors du cinéma horrifique de cette époque, beaucoup d’autres rappels : la musique, les chansons cultes, la littérature sont magnifiés par l’auteur. On y est, la nostalgie nous prend mais un léger décalage nous permet d’éviter toute tristesse ou tous regrets.
En effet, s'il s’agit d’un univers 90’, celui-ci n’est pas tout à fait conforme à la réalité. La touche de fantastique et le déploiement de nombreux passages un peu oniriques nous poussent sur le côté.
Ce livre est d’une grande intelligence car il allie rythme soutenu, des personnages avec une vraie épaisseur, des problématiques qui nous parlent à tous. S’il fallait encore une preuve de plus pour dire que le genre du roman noir peut se faire avec une très belle écriture, elle est sous nos yeux évidente avec cette Nuit ravagée.
charlice a écrit:
7.5/10
7.5 pour moi.
Je peux comprendre l'engouement de mes camarades, mais personnellement, je ne suis pas trop réceptif au genre fantastique. L'histoire est originale incontestablement, mais le final part trop dans l'irréel et m'a perdu en route.
Par contre, il est à noter une qualité d'écriture remarquable.
Polarbear a écrit:
8/10
Un roman qui rend hommage au maîtres du thriller horrifiques que sont les réalisateurs John Carpenter, David Cronenberg, Wes Craven et de nombreux autres et chez les auteurs Stephen King, et autres Dean Koontz ou Graham Masterton and many more... Un genre très en vogue au USA dans les années 1980-90. Pour une certaine génération, on a tous été bercés par cette culture, l'époque des cassettes VHS en location.
Mais limiter cet ouvrage à un hommage serait très réducteur. C'est aussi un excellent thriller, avec des personnages extrêmement bien caractérisés, avec leurs failles, leurs combats et leurs désirs profonds. Le tissu sociologique d'une petite ville de banlieue est également très bien décrit. Un roman qui prend le lecteur aux tripes et qui l'emmène au bout de l'horreur.
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