Posté le: Mar Oct 07, 2025 10:00 pm Sujet du message: Les Éléments - John Boyne (Lattès)
Même si c'est clairement un roman noir, j'ai longtemps hésité sur la catégorie où lancer ce topic et, finalement, je le place ici.
En tout cas, ça faisait plusieurs années que je surveillais cet auteur irlandais John Boyne, notamment depuis la parution du très tentant L'audacieux Monsieur Swift (qui rappelle Le talentueux Mr Ripley de Patricia Highsmith, mais avec un écrivain en panne d'inspiration en perso principal).
Sur le sujet brûlant de l'abus sexuel et de ses conséquences tragiques, salué par la critique en France comme à l'international, Les Éléments, le nouveau roman de John Boyne qui vient de paraître chez JC Lattès dans une trad. de Sophie Aslanides, vient d'être récompensé par le Prix du Roman Fnac 2025.
Le livre :
« L’un des plus grands auteurs contemporains. » Colum McCann
D’une mère en fuite sur une île à un jeune prodige des terrains de football en passant par une chirurgienne des grands brûlés hantée par des traumatismes, et enfin, un père qui monte dans un avion pour un voyage initiatique avec son fils, John Boyne crée un kaléidoscope de quatre récits entrelacés pour former une fresque magistrale.
Grâce à une prose envoûtante, John Boyne sonde les éléments et les êtres avec une empathie extraordinaire et une honnêteté implacable, nous mettant sans cesse au défi de confronter nos propres définitions de la culpabilité et de l’innocence.
Lauréat du prix du roman Fnac 2025 !
Sélection prix du roman Fémina étranger
Finaliste Grand prix des lectrices de Elle
Parmi les 10 coups de coeur de la rentrée France Inter
« Une fresque magistrale. »
- France Inter
« L'un des romans les plus impressionnants de la rentrée. »
- Lire / Le Magazine Littéraire
« Un livre-monde. »
- Le Nouvel Obs
« Toutes les émotions humaines passent sous le scalpel de cet écrivain virtuose. »
- Télérama
« Un sommet d'émotions vertigineuses. »
- Olivia de Lamberterie - Télématin
« Un inoubliable contrepoint au chagrin. »
- Le Monde des Livres
« Quatre histoires liées entre elles, sur fond de crimes sexuels qui font réfléchir sur les notions de culpabilité et d’innocence. Du grand art ! »
- Le Figaro
« Une femme qui s’isole sur une île au large de l’Irlande pour échapper à un drame. Un jeune footballeur qui cache un secret. Une chirurgienne solitaire et mutique. Un père qui veut protéger son fils. John Boyne a tissé ensemble ces quatre histoires de vie pour échafauder un roman ambitieux à la construction parfaite. »
- Les Inrocks
« Un inceste et ses effets durables en quatre tableaux : terrible ronde romanesque de l’écrivain irlandais. »
- Le Monde
« Avec « Les Éléments », il signe une fresque en quatre parties détricotant les rouages de l’abus sexuel et ses conséquences tragiques. »
- Le Point
« L’eau, la terre, le feu, l’air… Les personnages de John Boyne sont confrontés aux éléments qui font la vie, mais aussi aux violences humaines. Un roman choral magistralement construit. »
- La Croix
« John Boyne est grand. »
- Elle
« À travers ces quatre histoires filiales qui se fondent en un grand roman, l'Irlandais John Boyne traque les souillures d'avant l'âge adulte. »
- La Tribune Dimanche
John Boyne est né en Irlande en 1971. Il est l’auteur du célèbre Garçon en pyjama rayé (Gallimard Jeunesse, 2006), qui s’est vendu à plus de six millions d’exemplaires dans le monde. Son roman adulte, Les Fureurs invisibles du coeur, l’a imposé sur la scène littéraire française.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Mar Oct 07, 2025 11:20 pm Sujet du message:
Vidéo très intéressante, où l'auteur parle de son livre :
Le Coup de coeur des libraires :
Citation:
« Fascinant !
Comment Boyne arrive-t'il à imbriquer ses histoires avec brio ? Une technique implacable ! On croit avoir lu le pire mais non ! Les apparences sont trompeuses et on tombe dans le panneau. Des personnages inoubliables pour leur cruauté, leur égoïsme ou leur naïveté. Captivant, malaisant, Boyne tire les fils et manipule ses quatre destins, quatre éléments pour une description de l'Irlande aujourd'hui. »
- Virginie, Librairie de Paris à St Etienne
« Impossible à lâcher !
Les pages s'enchaînent et je n'arrive pas à lâcher ce livre. Secrets, mensonges et blessures (reçues ou infligées). 4 destins, chacun touchants, pas pour les mêmes raisons. Préparez vous a être secoués et émus par John Boyne qui avait déjà été bouleversant avec son précédent roman “Les fureurs invisibles du coeur”. »
- Lucie, librairie Fantasio à Villeurbanne
« Coup de coeur des Insomniaques !
Deux femmes, deux hommes, tous brisés par la violence sexuelle. John Boyne entremêle leur destin et décortique de manière impressionnante les sentiments qui traversent ses personnages. A la fois fascinant et dérangeant, John Boyne signe un roman virtuose difficile à lâcher. »
- Aurélie, librairie L'Insomnie à Decines Charpieu
« 4 éléments, 4 personnages, 4 récits qui s'entrecroisent. Avec une grande finesse, John Boyne nous entraîne dans les tréfonds de ses personnages, sans complaisance ni cruauté il ramène les secrets de chacun. Il est question d'une femme dont la vie s'écroule suite à la condamnation de son influent mari, d'un jeune footballeur prometteur qui ne rêve que de devenir peintre, d'une médecin qui se venge des hommes d'une ingénieuse et terrible manière... Derrière ces destins croisés se niche une critique subtile des travers de notre société, du pouvoir, de la domination sous toutes ses formes, ainsi qu'une réflexion sur le courage et l’honnêteté. »
- Johann, Librairie de la Monne à St Amant Tallende
"Les éléments" : Du cœur des abîmes surgit la lumière
À chaque nouveau John Boyne son choc littéraire. Et Les éléments, dernier roman du maître irlandais, ne déroge pas à la règle. Etonnant dans sa forme, il l’est aussi dans le style avec lequel John Boyne se confronte au douloureux sujet des abus et agressions perpétrés sur une jeunesse que les adultes auraient dû protéger. Facilitateur, complice, coupable ou victime, l’auteur se plonge dans la psyché de chacun et remonte de cette exploration des abîmes un roman percutant et bouleversant qui transporte le lecteur dans un combat avec les éléments dont il ne ressortira pas indemne.
Expérimentation
Jamais vraiment là où on l’attend, John Boyne ne cesse de se réinventer. Ici, c’est dans un projet qu’il qualifie lui-même d’expérimental qu’il s’est lancé. Au départ, il y eut l’envie de s’atteler au sujet délicat des abus sexuels à travers le prisme de ceux qui, selon lui, portent une responsabilité, sinon plus grande, du moins tout aussi importante que les criminels : les facilitateurs, les complices par action ou omission. Ces gens qui savaient et qui ont détourné le regard. En tant qu’irlandais, c’est un thème qui le touche tout particulièrement, considérant que « son pays a une histoire longue et indigne de gens qui utilisent leur autorité pour détruire la vie de jeunes personnes ». A force de naviguer sur les eaux troubles de la complicité aux côtés du personnage de Willow, épouse et mère cruellement aveuglée par sa propre lâcheté, John Boyne eut l’idée de tirer le fil de cette réflexion et d’imaginer non pas un, mais quatre romans. Des romans courts, ou novellas, publiés tous les six mois à partir de 2023. Le schéma se dessine alors. Ces quatre romans de 40 000 mots chacun seront reliés par les éléments, Eau, Terre, Feu, Air, avant d’être rassemblés sous un seul et même titre Les éléments, et auront chacun pour narrateur un personnage mineur du roman précédent dont l’initial du prénom fait référence à l’élément qui lui est attribué. Willow (Water) est une facilitatrice. Ewan (Earth) est un complice actif. Freya (Fire) est une coupable. Et Aaron (Air) est une victime. A travers ces quatre personnages, John Boyne s’interroge sur la notion de responsabilité et de culpabilité et crée un puzzle narratif qui oblige le lecteur à s’interroger lui-même sur l’histoire qui lui est racontée. La notion de « narrateur non fiable » que John Boyne évoque lui-même dans Air est une notion essentielle. Chacun des quatre narrateurs se ment à lui-même en déformant ou travestissant la vérité, refusant de regarder la vérité en face, jusqu’à ce qu’une révolution intérieure l’oblige à se confronter à sa noirceur la plus profonde. Si « personne ne peut être tenu responsable des choses tapies dans les plus sombres recoins de son esprit », chacun a le pouvoir d’agir sur ses pulsions et de choisir ou non de briser le cycle de violence.
Style
Avec Les éléments, John Boyne parvient d’une manière magistrale à faire coïncider un style et une thématique et ne se dérobe pas quand il s’agit de malmener le lecteur, le poussant sans cesse dans ses retranchements, le faisant alterner entre la colère, le malaise, le dégoût, et l’espoir aussi. On se plonge dans ce roman « en gardant les yeux ouverts, contemplant les sombres profondeurs de l’eau, sentant l’attraction de la terre, le feu en [nous] et l’air qui se trouve dans [nos] poumons ». Un phénomène presque viscéral se produit à la lecture de ces romans qui bouleversent et interrogent. Pouvons-nous ressentir de l’empathie pour un complice ou un criminel ? Peut-on comprendre les mécanismes qui ont poussé un criminel à agir tel qu’il l’a fait ? Et nous, qu’aurions-nous fait ? En parallèle, John Boyne offre un regard cruellement ironique sur la société. Des hommes politiques et leur « complexe messianique », aux clubs sportifs imprégnés d’une misogynie mortifère qui érigent au rang d’idoles des jeunes hommes dopés au regard de l’autre dans lequel ils cherchent assentiment et complicité ; de la déliquescence du NHS, le service de santé britannique, à la culture des réseaux sociaux qui déforment la réalité en même temps qu’ils déforment la vision des corps ; du théâtre judiciaire où tout se joue et se gagne à la manipulation, aux jeux de pouvoir des riches et puissants, pour qui, travestir la vérité est un hobby autant qu’une nécessité ; de l’homosexualité tragiquement refoulée dans un pays encore trop conservateur, aux complexes relations parents-enfants et aux traumas que l’on lègue, John Boyne n’épargne rien ni personne.
Catharsis
Le romancier a délibérément choisi de terminer par l’histoire d’Aaron, la victime, pour que sa voix soit la dernière qu’entende le lecteur. Lui aussi victime d’agressions sexuelles de la part d’enseignants de ce même Terenure College de Dublin évoqué dans Eau, John Boyne s’était joint à un groupe de victimes ayant porté plainte contre leur abuseur. Le procès devait se tenir en mars 2024, mais l’auteur des faits est mort quelques jours avant que justice ne puisse être rendue aux victimes. De cette frustration est né le besoin pour John Boyne d’utiliser sa plateforme d’auteur pour s’adresser aux victimes et leur dire qu’il n’est jamais trop tard pour parler. L’écriture de ces quatre romans lui a permis de dépasser lui-même sa propre expérience. Tel le personnage de Furia Flyte, la romancière dont Aaron est éperdument amoureux, John Boyne est un auteur qui peut tout, y compris choisir de donner une fin heureuse à ses romans. D’une certaine manière, volontairement ou non, consciemment ou non, chacun des personnages s’embarque dans une quête, un voyage pour atteindre la paix avec lui-même et les éléments. A travers le personnage d’Aaron qui revient sur cette île battue par les vents où l’histoire de Willow avait commencé, John Boyne montre qu’il n’est jamais trop tard pour tout recommencer, pour « accepter d’avoir été victime et se laisser une chance de guérir pour devenir survivant » et pour qu’enfin surgisse des ténèbres la lumière de l’espoir.
Juliette Courtois
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