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Série Georges Gorski - Graeme Macrae Burnet (Sonatine)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 7:38 am    Sujet du message: Série Georges Gorski - Graeme Macrae Burnet (Sonatine) Répondre en citant

Après L'Accusé du Ross-Shire (en poche chez 10/18 ), l'Ecossais Graeme Macrae Burnet signe La Disparition d'Adèle Bedeau, paru à la rentrée chez Sonatine, dans une traduction de Julie Sibony.
C'est la première enquête de Georges Gorski.






Le livre :

L’évidence n’est pas toujours la vérité.

Manfred Baumann est un solitaire.
Timide, inadapté, secret, il passe ses soirées à boire seul, en observant Adèle bedeau, la jolie serveuse du bar de cette petite ville alsacienne très ordinaire.

Georges Gorski est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville.
S'il a eu de l'ambition, celle-ci s'est envolée il y a bien longtemps.
Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes premières enquêtes criminelles, qui depuis ne cesse de l'obséder.

Lorsque Adèle disparaît Baumann devient le principal suspect de Gorski.
Un étrange jeu se met alors en place entre les deux hommes.

Une affaire en apparence banale, des vies, une ville, qui le sont tout autant… Graeme Macrae Burnet nous démontre ici avec une incroyable virtuosité que la banalité n’existe pas : elle est la couverture de l’inattendu. À la façon des grands maîtres du noir, de Simenon à Chabrol, il transfigure avec un incroyable talent l’histoire de ses deux héros, paralysés par un passé mystérieux, dont la délivrance réserve bien des surprises.



« Une maîtrise parfaite de l'art subtil de la suggestion, du non-dit ainsi que du portrait psychologique de ses personnages. » Anne-Sophie Poinsu - Librairie Le Failler

« Un polar à la Simenon qui se passe à Saint-Louis ! Au premier abord, tout a l'air banal, l'inspecteur, le suspect, la ville... mais pas tant que ça... Double jeu, personnages troubles, mystères... et on ne lâche pas l'affaire. » Sylvie - Librairie Encrage (Saint-Louis)

« Un auteur sur les traces de Chabrol et Simenon. » Librairie Pax

« Un écrivain à découvrir sans délai ! » Michel Troadec - Ouest-France




>> Lire les premières pages



>> Le site de l'auteur : https://graememacraeburnet.wordpress.com/



L'auteur :

Né en 1967 à Kilmarnock en Ecosse, Graeme Macrae Burnet vit aujourd'hui à Glasgow.
Il est l'un des écrivains écossais les plus talentueux.
Après L’Accusé du Ross-Shire (Sonatine, 2017), sélectionné pour le Booker Prize, La Disparition d’Adèle Bedeau est son deuxième roman publié en France.





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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy


Dernière édition par norbert le Jeu Aoû 08, 2019 5:45 pm; édité 1 fois
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 8:01 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Sandra Benedetti dans L'Express :

Citation:

La Disparition d'Adèle Bedeau


La note de L'Express : 17/20




Ses préfaces sont des carabistouilles qui parfument de légende ses écrits.
Dans L'Accusé du Ross-Shire, l'Ecossais Graeme Macrae Burnet affirmait s'être découvert un ancêtre assassin.
Le roman était l'histoire de ce Macrae d'autrefois.
Qui n'a pas existé.
Dans l'introduction de La Disparition d'Adèle Bedeau, il dépeint un auteur français méconnu, évoque le film que Claude Chabrol a tiré de son seul livre, explique qu'il ne fait que reprendre à son compte ce bouquin oublié.
Nouvelle mystification pour mieux braconner sur les terres de Chabrol avec le souffle oppressant d'un Simenon.


Sa petite ville alsacienne d'antan respire le pot-au-feu et le gros rouge en carafe.
A Saint-Louis, la vieille bourgeoisie campe aigrement sur ses ors fanés à l'écart des habitants et le populo, grandes gueules et taciturnes, se coudoie à La Cloche, la seule brasserie du coin.
Manfred Baumann est de ces habitués taiseux.
En lisière des autres et de lui-même, il se fantasme plus qu'il ne vit, obsessionnel et paranoïaque.
L'irruption d'un inspecteur enquêtant sur Adèle, la serveuse évanouie dans la nature, l'affole et le pousse à s'enferrer dans un mensonge anodin mais suspect.


Les murs se resserrent autour de Manfred, maçonnés brique à brique par un écrivain doté d'un sens ahurissant de l'atmosphère.
Ses descriptions par le menu sécrètent la solitude d'un homme emprisonné dans ses chimères à cause de son passé, la claustrophobie d'un morceau de province encalminé dans la routine.
L'intrigue avance du même pas lent et obstiné que celui du commissaire Maigret, promène le lecteur dans les psychoses de Manfred et les rituels immuables d'un bistrot, rôde dans les bas-côtés des nantis et des ambitieux, des médiocres et des grands brûlés de l'enfance.
A tout prendre, La Disparition d'Adèle Bedeau n'est pas un polar, mais la chronique implacable et entêtante d'une tragédie en marche.







>> La chronique de Julie Malaure dans Le Point :

Citation:

Polar : le coup de cœur de Chabrol pour Macrae Burnet


Avec La Disparition d'Adèle Bedeau, on redécouvre le roman adapté au cinéma par Claude Chabrol, avec Isabelle Huppert en rôle-titre. À moins que ?




« Jeune femme brune, plutôt carrée d'épaules, avec un large postérieur et une forte poitrine. »
Voici la description d'Adèle, serveuse au restaurant La Cloche, à Saint-Louis en Alsace.
Cette Adèle-là va définitivement hypnotiser Manfred Baumann, vieux célibataire qui épie ses moindres gestes.
Mais, bien sûr, Adèle s'en balance.
Et disparaît.
Ce qui fait apparaître Georges Gorski, flic dévoré par le mystère d'un meurtre qu'il n'est jamais parvenu à percer et qui compte bien venir à bout de cette disparition-là.


Voilà pour ce roman de Burnet publié initialement en 1982, comme l'annonce la préface.
Il ne connut alors qu'un succès modéré, avant de devenir culte, après que Claude Chabrol l'a porté à l'écran en 1989.
Ça ne vous dit rien, ce film ?
Normal.
Vraie fausse préface, on s'amuse de ce que cet Écossais nous berne encore, à s'inventer en romancier adulé du maître Chabrol, comme il l'avait fait l'an passé dans un autre genre, avec L'Accusé du Ross-Shire, finaliste du Prix Le Point du Polar européen.



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Emil
Serial killer : Le Poète


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Miserere

MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 8:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'ai trouvé très reussi ce roman, il faut que je me procure son premier.
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 8:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Emil' a écrit:
Je l'ai trouvé très reussi ce roman, il faut que je me procure son premier.



Et que tu nous donnes ton avis ! Smile
Je me le suis pris hier justement, ça faisait déjà un moment qu'il me tentait, en plus je n'ai lu que de bons échos (notamment sur son intrigue et atmosphère).
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chouchou
Serial Killer : Patrick Bateman


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MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 11:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis:

Citation:
C’est un duel, une confrontation, un face à face. Deux hommes sont en opposition, l’un flic de son état, l’autre témoin dans une affaire de disparition. Une jeune femme s’est volatilisée et cet inquiétant contexte ravivera un passé où les damiers noirs sont masqués par une mémoire défaillante. Les deux protagonistes rétablissent leur passé et éclaircissent leurs zones d’ombres. C’est de cette petite ville de province, à la confluence de la zone frontalière franco-germanique-suisse alémanique, que les scories spécifiques de cette petite communauté prennent une ampleur et une couleur traduisant, en quelque sorte, une part de désœuvrement social, des idées préconçues sur autrui et sur ailleurs.

«Manfred Baumann est un solitaire. Timide, inadapté, secret, il passe ses soirées à boire seul, en observant Adèle Bedeau, la jolie serveuse du bar de cette petite ville alsacienne très ordinaire.Georges Gorski est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville. S’il a eu de l’ambition, celle-ci s’est envolée il y a bien longtemps. Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes premières enquêtes criminelles, qui depuis ne cesse de l’obséder.Lorsque Adèle disparaît, Baumann devient le principal suspect de Gorski. Un étrange jeu se met alors en place entre les deux hommes. »

L’auteur écossais est déjà coupable de « L’accusé du Ross-Shire« , sélectionné pour le Booker Prize.

On aborde un récit classique sur un habillage un brin suranné. Alors oui, initialement mon ressenti n’est pas surpris, il n’est pas bouleversé, mais, et c’est c’est probablement son habillage, insidieusement le jeu prend de la consistance, de la matière, une matière nous réservant des inflexions stupéfiantes et conquérant notre appétence tout au long de l’avancée du roman. Les personnages caractérisés, malgré leurs opacités passées et présentes, se développent et harponnent notre curiosité dans ce siphon de profondes détresses, de cicatrices qui ne referment pas.

En créant des profils qui ne se mettent pas à nu qui détournent une vérité, la vérité, l’auteur sème le trouble. Il est patent et sans y paraître on se pose des interrogations entre les lignes. Ce roman pourrait avoir plusieurs lectures. Et ce qui nous est présenté là reste aussi la résultante de petites pierres qui jonchent des parcours de vies. Au lieu d’être linéaire, le fil de l’ouvrage bifurque et s’autorise des flash-back noircissant l’ensemble. Des gens simples, dans une bourgade terne, dans une vie méthodique, réglée, au centre d’un drame plus complexe qu’il n’y parait. Après on peut se demander s’il y a réellement un « mystère » ou est-ce l’affluent d’une construction psychologique perturbée….

Quoi qu’il en soit l’écrivain a su parfaitement cadrer son roman et lui a insufflé un souffle percutant dans un emballage qui aurait pu paraître insipide ou vieillot. On est bien là dans un roman noir où l’on se délecte à tourner les pages, tentant de rétablir une vérité.

Surprenant!

Chouchou

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Celui qui affronte les monstres devra veiller à ce que, ce faisant, il ne devienne pas lui-même un monstre.
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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MessagePosté le: Lun Jan 07, 2019 8:39 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Bernard Poirette sur Europe 1 en podcast ici :

Citation:

Le polar de Poirette - La Disparition d’Adèle Bedeau


Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.



La vie de Manfred Baumann ne ressemble pas à grand-chose…
Il circule au quotidien dans le triangle suivant : l’agence bancaire qu’il dirige dans la bonne ville de Saint-Louis, à la frontière suisse. Son appartement bien rangé d’une résidence milieu de gamme. Et le café restaurant la Cloche, où il se nourrit chaque jour et tape la belote le jeudi soir avec trois habitués qui le méprisent et l’appellent "le Suisse".
Heureusement, il y a Adèle.
Adèle Bedeau, la jeune serveuse, gironde comme un modèle de Rubens.
Efficace en salle, avare de paroles, encore plus de sourires. N’empêche.
Manfred la dévore des yeux, la suit après le service.
Elle court rejoindre son amoureux, un gommeux à scooter.
Manfred est triste.
Alors il prend le train pour Strasbourg et va se consoler dans les bras tarifés des filles faciles.


Un flic vrai fox terrier.


Un jour, Adèle disparait.
Passées 24 heures, la police la cherche.
Georges Gorski dirige l’enquête.
Son existence ne vaut guère mieux que celle de son principal suspect, coincée entre des ambitions contrariées et une femme qu’il n’aime plus.
Mais c’est un vrai fox terrier, accrocheur et opiniâtre.
Il ne s’est jamais remis de n’avoir pas serré le meurtrier d’une gamine, il y a fort longtemps.
Cette fois, si meurtrier il y a, il ne lui échappera pas.


Ambiance poisseuse et hommes sans qualités.


Pour un amoureux comme moi de Simenon, La Disparition d’Adèle Bedeau est un pur chef-d’œuvre.
Tout y est : l’ambiance poisseuse des petites villes de province, l’ennui abyssal d’emplois du temps répétitifs et le destin tout tracé d’hommes sans qualités.
Dans cet environnement-là, Manfred Baumann et Georges Gorski évoluent comme des poissons dans l’eau.
C’est envoutant, hypnotique et fascinant.
Et c’est un Écossais, Graeme Macrae Burnet, qui a écrit cette merveille.


La Disparition d’Adèle Bedeau est paru chez Sonatine, et je ne saurais trop vous le recommander.



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MessagePosté le: Jeu Aoû 08, 2019 5:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant




Sortie en poche le 14 août (mercredi prochain) en 10/18 :






On retrouvera l'inspecteur Gorski dans L'Accident de l'A35, le nouveau roman de Graeme Macrae Burnet à paraître le 19 septembre chez Sonatine :





Citation:


Bonne nouvelle, on a découvert le Simenon du XXIe siècle.

Avocat respectable dans une petite ville alsacienne, Bertrand Barthelme, trouve la mort une nuit dans un accident de voiture. Lorsque l'inspecteur Georges Gorski vient annoncer la triste nouvelle à sa femme, celle-ci lui apparaît peu affectée. Une seule question semble l'intriguer : que faisait son mari sur cette route au milieu de la nuit ?
Question banale en apparence, mais qui va vite mener Gorski à s'interroger sur la vie de cet homme et de ce couple de notables apparemment sans histoires.

Après La Disparition d'Adèle Bedeau, on retrouve dans cette nouvelle enquête de l'inspecteur Gorski tout le talent de Graeme Macrae Burnet pour disséquer des vies réputées ordinaires, où la faille n'est jamais loin. Tout le long d'une intrigue passionnante, il nous fait pénétrer dans un théâtre de solitudes peuplé de personnages étouffés par leurs existences, au bord de la rupture. Un nouveau coup de maître.



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norbert
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MessagePosté le: Mar Sep 24, 2019 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant




La chronique de Julie Malaure dans Le Point :

Citation:

Polar : Macrae Burnet, un Highlander en Alsace


Finaliste du Man Booker Prize pour « L'Accusé du Ross-shire », l'Écossais publie un réjouissant polar simenonien dans la bourgeoisie de province.




Un Écossais, finaliste du prestigieux Man Booker Price – et du prix Le Point du polar européen – pour son premier roman, L'Accusé du Ross-shire (en poche chez 10-18 ), qui s'installe dans un village alsacien pour son troisième roman… Ça ne s'invente pas. C'est signé Macrae Burnet, maître dans l'art de surprendre et de brouiller les pistes entre la fiction et la réalité.
Cette fois-ci en ouvrant par une citation bidon de Jean-Paul Sartre, un avant-propos faux, que répète la postface, histoire de saccager nos certitudes les plus solides.


Au cœur de l'intrigue, un accident de voiture banal. Ce qui l'est moins, c'est l'investigation policière qu'il déclenche, menée par « un plouc, un fonctionnaire étriqué de province », Gorski. Georges, de son prénom, comme Simenon. Que Macrae Burnet adule, et dont, au passage, on commémore les trente ans de disparition par la réédition de ses Mémoires intimes aux Presses de la cité.
Dans une veine simenonienne, donc, Macrae Burnet trifouille la famille du mort, un notable, dans une bourgade de 20 000 habitants aux confins de la France. Ce qui nous rappelle que les meilleurs polars français sont parfois signés par des Belges (Simenon) ou des Écossais (Macrae Burnet) !






La chronique de Velda sur Le Blog du Polar :

Citation:

Graeme Macrae Burnet, « L’Accident de l’A35 » : un roman kaléidoscope



Dans La disparition d’Adèle Bedeau (paru chez Sonatine en 2018, voir chronique ici), nous avions fait la connaissance, grâce à Graeme Macrae Burnet, porte-parole d’un certain Raymond Brunet, auteur imaginaire qui ne sortit de l’anonymat que lorsque son premier roman fut adapté par Claude Chabrol, de l’inspecteur Gorski. Ce dernier avait bien voulu nous raconter sa rencontre avec sa femme Céline, qu’il avait épousée très jeune en sachant qu’ils n’étaient vraiment pas faits l’un pour l’autre. La preuve : dès le début de L’Accident de l’A35, on apprend que ces deux-là viennent de se séparer, ou plutôt que Céline vient de faire sa valise. Quant à Clémence, la fille du couple, elle vit sa vie d’étudiante et ne s’occupe guère de son père solitaire… Qui de son côté passe beaucoup de temps auprès de sa vieille mère qui perd un peu la tête. L’ambiance est plombante : nous sommes au cœur de la ville de Saint-Louis, qui n’a pas changé, toujours aussi triste et ennuyeuse…


Il est grand temps qu’il se passe quelque chose dans la vie de Georges Gorski : il sera sauvé de l’ennui par un accident de la route survenu sur l’A35, qui relie Saint-Louis à Strasbourg. La victime est Maître Barthelme, notaire et notable à Saint-Louis. Sa Mercedes s’est encastrée dans un arbre… Banal accident, selon toute apparence. Il faut prévenir la famille : c’est Georges Gorski qui s’y colle, et rencontre du même coup la très belle épouse de la victime, la gouvernante acariâtre et le fils du couple, Raymond (encore un Raymond…). La tâche de Gorski n’est guère enviable, mais la nouvelle ne semble pas provoquer le séisme qu’il redoutait : Lucette Barthelme, si elle est choquée, ne paraît pas inconsolable. Quant au fils de 17 ans, plongé dans la lecture de L’Âge de raison de Sartre, il se demande juste comment il est censé réagir à l’annonce de la mort de son père. Il faut dire que la relation père-fils n’avait rien de chaleureux : Maître Barthelme n’était pas précisément un gai-luron…
Le décor est planté : Saint-Louis, petite ville de province engoncée dans ses habitudes et ses bonnes manières, un enquêteur qui vient d’être abandonné par sa femme, une famille de notables où l’amour n’a pas sa place…
Il va falloir gratter, jusqu’au sang : c’est ce que va faire Graeme Macrae Burnet, et c’est une activité où il n’a pas son pareil. Première incongruité : pourquoi diable Gorski va-t-il se mettre à enquêter sur une affaire qui a toutes les apparences de l’accident ? Pour faire plaisir à la jolie Lucette Barthelme, qui lui laisse entendre que cet accident lui paraît un brin étrange ? Pour suivre son intuition de flic ? Pour en savoir plus sur cette famille malade ? Un peu de tout cela, certainement…


« Quand on cherche, on trouve généralement quelque chose, mais ce n'est pas toujours exactement ce qu'on voulait », écrivait Tolkien. C’est généralement ce qui se produit dans tout bon roman policier. C’est également ce qui arrive souvent dans la vraie vie… Inutile de dire que c’est exactement ce qui va se passer dans L’Accident de l’A35. Avec une particularité : nous voilà avec deux enquêteurs pour le prix d’un.
Car le jeune Raymond vient de trouver un papier dans le bureau de feu son père : une adresse, la rue Saint-Fiacre (sic) à Mulhouse. Mulhouse, ville moyenne située entre la petite ville de Saint-Louis et la grande ville de Strasbourg. Mulhouse, qui donne d’ailleurs à Graeme Macrae Burnet l’occasion de s’exprimer de façon plutôt intéressante sur ce qui caractérise justement les villes moyennes. Le jeune Raymond donc va s’aventurer à Mulhouse, en quête de cette adresse, rue Saint-Fiacre, sans savoir ce qu’il va y trouver ni même ce qu’il y cherche, hormis une facette différente de la vie de son père. Il va être servi…


Quant à Gorski, il va poursuivre son enquête, car ses soupçons et ceux de Lucette Barthelme se confirment : Maître Barthelme n’avait rien à faire sur ce tronçon d’autoroute ce soir-là. Pire encore : depuis des années, il faisait croire à sa femme que chaque semaine, il se rendait à la réunion d’un club qui n’existe pas. Et finir par enquêter sur l’enquête du jeune Raymond…
C’est ainsi que Graeme Macrae Burnet, à partir d’une intrigue assez classique sur la double vie d’un homme bien comme il faut, finit par nous entraîner à sa suite sur les chemins de traverse. C’est ainsi que la résolution de l’énigme se transforme sous nos yeux et devient le portrait d’un jeune homme perdu, un garçon qui renonce à ses amitiés quotidiennes pour s’engouffrer, à la suite de son père détesté, dans une double vie dont il ne sait pas encore où elle va l’entraîner.
Graeme Macrae Burnet se montre particulièrement virtuose quand il s’agit de faire le portrait du personnage qu’il a choisi : il n’a pas besoin d’innombrables notations psychologiques, il lui suffit de laisser échapper des détails de comportement mineurs pour faire décoller l’imagination du lecteur…


L’Accident de l’A35 est ainsi bien davantage que la résolution d’une énigme policière : une merveille stylistique, un roman kaléidoscope, une narration d’une finesse et d’une intelligence rares, bref une lecture hautement recommandable.


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El Marco
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Lun Nov 30, 2020 7:59 am    Sujet du message: Répondre en citant



Ma chronique sur Polars Pourpres :

Citation:
Une sortie de route : c’est ce qui a causé la mort de Bertrand Barthelme, notaire dans la ville de Saint-Louis. Mais lorsque l’inspecteur Georges Gorski vient apprendre la terrible nouvelle à son épouse, Lucette, et à son fils, Raymond, l’ambiance n’est pas aussi sinistre qu’attendue : elle est indifférente voire dans la retenue de l’allégresse. Autre élément qui vient titiller le policier : la veuve lui apprend que feu son mari n’avait normalement rien à faire à cet endroit ni à cette heure. Y aurait-il anguille sous roche ? L’accident en est-il vraiment un ? Le défunt avait-il quelques secrets à dissimuler ?

Après La Disparition d’Adèle Bedeau, voici le deuxième opus de la série consacrée à Georges Gorski. Un peu plus de trois cents pages d’une bien belle tenue, forte et prenante, qui emporte le lecteur de la première à la dernière page. Graeme Macrae Burnet nous entraîne dans un ouvrage à l’ambiance poisseuse, où le flegme apparent des mots et des ambiances n’en est que plus trompeur. A la manière d’un Georges Simenon que l’écrivain semble avoir pris comme tuteur littéraire (la référence, notamment, à Saint-Fiacre, une rue où se rend le fils de la victime, n’est sans doute pas choisie au hasard), il se commue en portraitiste acide, usant du vitriol avec maestria, et nous livre des tableaux acerbes, notamment dans les rapports de couple. L’histoire se découpe nettement en deux parties, avec l’enquête de Gorski d’un côté, et celle de Raymond de l’autre, un adolescent mal dans sa peau, à la sexualité perturbée, qui va tenter de mieux connaître son paternel une fois mort que vivant. Il sera ainsi amené à côtoyer la belle Yvette, allant au-devant d’une terrible vérité. Dans le même temps, notre inspecteur résoudra une autre affaire, dont la chute, à la fin du vingt-deuxième chapitre, va tomber en quelques mots, habiles et judicieusement choisis, comme le couperet d’une guillotine. Tentant de renouer avec sa femme, Céline, dont il est séparé, et cherchant à récupérer sa fille, il se débat encore avec ses légers problèmes d’alcool, tout en entretenant sa mère qui perd la tête.

Un roman qui, paradoxalement, érige son intrigue avec une immense économie de moyens tout en déployant une réelle puissance de percussion. Graeme Macrae Burnet nous régale de bout en bout, avec des atmosphères adroitement tissées, des personnages d’une rare densité humaine, et une histoire d’une crédibilité sans la moindre faille. Pour les fans de Geroges Simenon et les amateurs d’une littérature qui privilégie la peinture des âmes et des cœurs aux effets pyrotechniques, voilà un pur bijou.

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