Mycroft Témoin
Inscrit le: 27 Sep 2004 Messages: 16
|
Posté le: Mer Déc 15, 2004 2:08 pm Sujet du message: "La Muse Tatouée" de Kent HARRINGTON |
|
|
"Quel est donc ce mal étrange qui frappe depuis peu Martin Anderson ? Atteint de visions et de trous noirs, l’apprenti écrivain semble avoir perdu la notion du temps et son quotidien oscille dangereusement entre réalité et cauchemar. Qui est cette mystérieuse femme blonde en robe à pois qui hante son imaginaire ? Pourquoi se retrouve-t-il constamment au sommet de la célèbre Coit Tower, surplombant San Francisco ? Le chien retrouvé mort, pendu dans son placard, est-ce encore une de ces inquiétantes hallucinations ? Une chose est sûre : le jeune homme est à deux doigts de devenir fou. Et ni son succès littéraire récent ni l’annonce d’un héritage faramineux ne semblent arranger les choses. Car son passé est en train de refaire surface. Un passé entaché de honte, de fiel et de sang…"
Voilà un roman assez déconcertant, acheté par hasard pour éviter de me laisser déborder par la science-fiction.
L’intrigue est relativement classique, mais le traitement, lui, ne l’est pas. On soupçonne le coupable, et l’issue du roman et pourtant l’auteur nous prend en défaut. Comment ? Eh bien, je ne veux pas vous dévoiler l’intrigue plus que le résumé de la quatrième de couverture ne le fait, mais l’auteur consacre la moitié du roman à ce que certains résumeraient à trois pages et quelques commentaires ultérieurs ou au contraire développeraient sur tout l’ouvrage, nous trompant ainsi sur l’identité du héros du roman.
Et c’est ainsi que l’on s’attache à certains personnages et que l’on en dédaigne d’autres qui se révèleront par la suite très importants. Les personnages sont excellemment traités, une mise en abîme est organisée de manière subtile, l’auteur, nous annonçant par le voix de son personnage, lui-même écrivain, le thème du roman : l’influence du passé sur nos vies. Thème qui est accompagné d’un second, l’écriture et les écrivains, puisque les personnages principaux du roman sont tous membres d’un club d’écriture. Écrivains frustrés, prétentieux, sans prétention, …jeunes et qui en veulent.
C’est ainsi que dans la première moitié du roman on suit la descente dans le doute et la folie de Martin Anderson, puis dans la seconde l’explication de tous les évènements par la mise à jour de son passé et de celui de quelques autres, ambiguïtés, drames, compromis, qui ont fait leurs existences actuelles. Et si l’accumulation des révélations entraîne également l’accumulation de situations fort improbables, c’est un tort qui passe inaperçu, tant l’auteur maîtrise sa plume et l’art de l’ellipse.
Pour conclure, j’ai été autant séduit que déconcerté, au point de me laisser tenter par un autre livre pour voir si cette réussite était intentionnelle ou non.
Et en ce qui concerne le titre ou la couverture (bien qu'elle soit très jolie), il ne faut pas s'y arrêter, ça n'a pas de réel impact. _________________ Oh merde, la réalité fuyait de partout à grandes eaux. Et lui qui ne savait pas nager se trouvait enlisé sous le déversoir principal. |
|