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Récit d'un avocat - Antoine Brea (Seuil)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Lun Mar 13, 2017 6:56 pm    Sujet du message: Récit d'un avocat - Antoine Brea (Seuil) Répondre en citant

Premier roman français à inaugurer la nouvelle collection Cadre Noir du Seuil (en attendant le retour de Franz Bartelt en mai/juin), dont justement le domaine français sera désormais développé par Gwenaëlle Denoyers (ex-éditrice du Poulpe), aux côtés de Marie-Caroline Aubert pour le domaine étranger, Récit d'un avocat de Antoine Brea, qui vient de paraître, reçoit déjà un accueil critique très enthousiaste.






Le livre :

En 1996, la cour d’assises du Jura condamne deux réfugiés kurdes, Ahmet A. et Unwer K., à trente ans de prison pour l’un, à la réclusion à perpétuité pour l’autre, pour faits de viol aggravé, assassinat en concomitance, tortures et actes de barbarie sur la personne d’Annie B., une jeune aide-soignante.
Seize ans plus tard, le narrateur, jeune avocat souffreteux, se voit chargé par une vieille amie de porter assistance à « ce pauvre Ahmet » qui purge toujours sa peine à la prison de Clairvaux.
Celui-ci craint d’être expulsé vers la Turquie après sa libération, ce qui selon lui le condamnerait à une mort certaine.
Pas tout à fait sûr de ce qu’on exige de lui, notre narrateur prend connaissance du dossier, sans savoir qu’il met ainsi le pied dans une affaire qui va très vite le dépasser.

Si Récit d’un avocat débute à la manière d’un rapport juridique, le roman glisse rapidement vers une enquête sous le signe de l’inquiétante étrangeté, pour ne pas dire de l’angoisse pure.
Bien au-delà du fait divers, ce sont des questions politiques qui émergent : les zones de guerre au Proche-Orient, Daech, l’éternel conflit entre l’État turc et les rebelles du PKK, la migration des populations qui en découle.
« “Les sociétés ont les criminels qu’elles méritent”, observait en son temps Lacassagne. Se doutait-il que la corporation des criminels peut être assez large pour englober ceux qui les jugent ? »
Toujours sur le fil entre fiction et réalité, Antoine Brea signe ici un thriller juridique implacable.










L'auteur :

Antoine Brea, né en 1975 à Boulogne-Billancourt, est un poète et romancier français.
Il est l'auteur de romans, novellas, fictions courtes ou textes poétiques, parmi lesquels Papillon, Fauv, Méduses et Roman dormant, publiés au Quartanier.
Il collabore à La Mer gelée, revue de création et de critique, relancée après cinq années d'interruption aux éditions Le Nouvel Attila en 2016.
Son troisième roman, Récit d'un avocat, reconstitue librement une intrigue juridique et carcérale liée au meurtre d'une jeune fille dans le milieu kurde en France.
Dans le quotidien Le Monde, Frédéric Potet le compare sous certains aspects à L'Étranger d'Albert Camus comme aux meilleures novellas américaines, par la densité de la narration courte.
Dans le quotidien Le Devoir, Dominic Tardif note avec quelle subtilité l'avocat de métier derrière l'écrivain parvient à faire sentir les choix souvent absurdes d'un système judiciaire « s'entêtant toujours, face au mal, à désigner les mêmes coupables ».



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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Lun Mar 13, 2017 7:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:

Récit d’un avocat, d’Antoine Brea



Nouvelle collection du Seuil consacrée au roman noir dans laquelle se fond l’ancienne collection Seuil Policiers, Cadre Noir commence sur les chapeaux de roues avec deux auteurs américains reconnus, Clayton Lindemuth et William Gay et, c’est là la nouveauté, un jeune auteur français, Antoine Brea.


Court roman, Récit d’un avocat, comme son titre l’indique, est la recension à la première personne d’une affaire suivie par un jeune avocat.
Celui-ci, après des études de droit, a un peu travaillé dans la fonction publique avant de passer l’examen du barreau et de finalement occuper un poste technique subalterne et répétitif jusqu’à l’ennui dans un cabinet d’avocats.
C’est là qu’une correspondante de prison croisée dans sa précédente carrière le retrouve et lui demande de se saisir du dossier d’un jeune kurde emprisonné à la suite d’un fait divers sordide.


Il y a bien entendu l’affaire.
Le crime abject, la double peine qui s’ensuit pour Ahmet, le dossier fastidieux et les rouages lents, aveugles et frustrants de la machine judiciaire.
Mais il y a surtout la manière dont le narrateur glisse lentement.
Antoine Brea décrit un homme qui ne semble avoir aucune épaisseur.
Employé discret, insignifiant, qui se laisse plus emporter par le courant qu’il ne le suit, affligé de phobie sociale, il s’anime peu à peu, prend une forme plus humaine au fur et à mesure qu’il s’implique dans le dossier d’Ahmet et semble accepter les sentiments qui l’animent.


Sentiments contradictoires parfois, ambigus souvent, et qui, à la lumière des explications du narrateurs sur le mal dont il souffre, cette incapacité à s’insérer dans le monde tel qu’il est, s’ancrent dans une réalité si crue qu’elle finit par ne plus offrir aucune possibilité de s’y raccrocher.
Ainsi erre-t-on aux côtés du narrateur dans des limbes qui finissent par relever du rêve ou du cauchemar éveillé, et toute la force de l’écriture d’Antoine Brea repose sur cette capacité à maintenir le lecteur dans cet entre-deux inconfortable tout au long d’une centaine de pages âpres et froides.


Voilà un roman d’un abord pour le moins rude, mais saisissant et marquant.
Une belle profession de foi qui augure, on l’espère, dans ce Cadre Noir, de futurs romans français originaux et frappants.



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MessagePosté le: Mar Avr 18, 2017 12:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Bob Polar sur son blog :

Citation:

CADRE NOIR ET ROBE NOIRE -

RECIT D’UN AVOCAT - ANTOINE BREA




Eté 1994. Jura.
Deux kurdes violent, torturent et assassinent Annie B..
En 1996, ils sont condamnés à la réclusion à perpétuité pour l’un et trente années de réclusion criminelle pour l’autre.
En 2012, le narrateur, « tout juste inscrit au barreau », est contactée par une ancienne connaissance pour qu’il se saisisse du dossier de l’un d’eux.
Il s’agit d’Ahmet.
S’engage ainsi une plongée dans le système judiciaire et ce qui va devenir une quête pour le narrateur.


Je découvre la nouvelle collection « Cadre Noir » des éditions du Seuil avec ce Récit d’un avocat d’une centaine de pages.
Cadre Noir et robe noire.
Ce format permet à l’auteur de développer le long cheminement administratif, ses éclaircissements et l’évolution psychologique du narrateur.
Celui-ci n’est jamais avare d’explications et nous apprenons ainsi à le connaître, à situer le contexte et, enfin, après une enquête minutieuse, à découvrir l’effarante révélation.
Ce qui fut un fait divers devient, avec la bénédiction de l’auteur/narrateur, un curieux objet littéraire.
Curieux car ces démarches et procédures judiciaires auraient pu rapidement lasser le lecteur, mais c’est sans compter sur le réel intérêt de cette sordide affaire, sur les états d’âme du narrateur et son intrigant et soudain investissement.
Car celui qui n’est jamais vraiment nommé a connu un début de carrière difficile.
Relégué à des tâches de second ordre alors qu’il accède au barreau à l’âge de trente-trois ans, c’est un être affecté, presque abattu qui trouve enfin sa raison d’exister.
Il avait auparavant baroudé puis occupé - cela a son importance pour la suite - un poste à la Commission des recours des réfugiés.
L’avocat va utiliser tous les recours pour éviter l’expulsion qui livrerait son client à ses bourreaux.


L'originalité de ce roman réside dans ce qui ressemble à l’effraction d’une lecture non voulue par l’auteur de son journal intime.
On y découvre un être atteint d’une anxiété généralisée qui va tenter de lutter contre ses démons intérieurs.
Son récit dense et austère entretient le malaise et parvient à captiver tant il déconcerte.
L’auteur donne le coup de grâce avec une révélation qui estomaque.
Et il ouvre un large débat avec cette observation du Pr Lacassagne : « Les sociétés ont les criminels qu'elles méritent. »
Court roman insolite, Récit d’un avocat révèle un auteur français dans cette nouvelle collection « Cadre Noir » qui, nous le souhaitons, n’est là que le premier d’une longue liste.



Mention : Autres romans de la collection : En mémoire de Fred de Clayton Lindemuth et Hôtel du Grand Cerf de Franz Bartelt.



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MessagePosté le: Mar Aoû 08, 2017 6:17 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Claude Le Nocher sur Action-Suspense :

Citation:

Antoine Brea : Récit d'un avocat (Éd.Seuil, 2017)

[...]


« Lorsqu’on l’avait fait entrer au parloir, Ahmet avait souri d’une rangée de dents très blanches et de tout l’entretien ne s’était plus départi de ce sourire. Cela lui donnait un air perturbant, voire dérangé. Les thèmes abordés et mes explications n’avaient du reste rien pour le réjouir. Mais je crois qu’il était juste heureux de parler, que quelqu’un d’extérieur ait fait la route pour le connaître, fût-ce un professionnel mandaté par un tiers. Physiquement, il avait l’air en bonne forme. C’était un individu très brun, coupé au bol, de taille médiocre et de complexion émaciée, encore que musculeuse […] Nous avons échangé des politesses, quelques paroles insignifiantes pour mieux s’introduire l’un à l’autre. Son français était difficile, et il s’est ébloui de voir que je savais des mots de sa langue, appris au cours de mon séjour en Anatolie… »


Même s’agissant d’un court roman comme celui-ci, il y a souvent plusieurs manières de l’aborder, plusieurs "lectures".
Le narrateur et personnage central est un avocat, anonyme quant à son nom, mais qui nous fait partager son état d’esprit.
Ce n’est nullement un de ces "ténors du barreau", avocats brillants à la carrière rectiligne et ascendante.
Il admet l’instabilité de son caractère, ses sentiments malaisés.
Son parcours compte comme un des éléments de l’affaire.
Un deuxième regard porte ici sur ce qu’on appelle encore parfois la double peine : l’expulsion d’étrangers condamnés en France.
Les décisions judiciaires en la matière se conçoivent.
Il est assez habituel que ces prisonniers d’origine étrangère se disent en danger si on les renvoie chez eux.
Dans certains cas, c’est sûrement la vérité.


Quoi qu’il en soit, une expulsion n’est pas sans conséquences pour ces repris de justice étrangers.
Elle peut entraîner une "radicalisation", quelle qu’en soit la forme.
En France, Ahmet ne fait preuve d’aucune agressivité, mais si le destin l’emporte ailleurs…
L’actualité de ces dernières années nous a montré la complexité du monde arabo-musulman, y compris en Turquie et face au cas particulier du peuple kurde.
C’est là le troisième aspect de cette histoire.
Si l’on est ici aux limites du roman noir ou du polar, voilà pourtant un livre qui souligne avec justesse la dimension humaine dans un monde actuel compliqué.



>> Lire l'intégralité de la chronique ici


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