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True Confessions - John Gregory Dunne (Seuil)
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Nov 13, 2015 7:24 am    Sujet du message: True Confessions - John Gregory Dunne (Seuil) Répondre en citant

Roman culte aux Etats-Unis, initialement publié en France sous le titre Sanglantes confidences au début des années 80, adapté au cinéma avec Robert De Niro et ayant inspiré à James Ellroy son Dahlia noir, True Confessions de John Gregory Dunne a enfin été réédité le mois dernier au Seuil Policiers, dans une nouvelle traduction de Patrice Carrer.
Préface inédite de Georges Pelecanos.






Le livre :

« L’un des dix meilleurs romans noirs jamais écrits en Amérique. »
Thomas H. Cook


Situé à Los Angeles dans les années 1940, True Confessions met en scène deux frères irlando-américains, Tom et Desmond Spellacy : exemple typique d'ascension sociale d'immigrés de l'Irlande misérable.
Tom, inspecteur de police, enquête sur le meurtre d'une jeune femme dont on a retrouvé le corps coupé en deux.
Il s'agit de Lois Fazenda, dont le martyre est inspiré par celui, bien réel, d'Elizabeth Short, qui deviendra le célèbre Dahlia noir de James Ellroy.
Desmond, prêtre ayant accédé au rang de monsignore, brigue l'archevêché de Los Angeles et mène une campagne active pour être nommé.
Au cours de l'enquête, son frère Tom découvre qu'il a croisé le chemin de la victime...
Leurs échanges sont des « confessions » mettant au jour d'une part les névroses sexuelles et les manigances financières de l'Église catholique irlandaise, d'autre part les coulisses de la pègre californienne et le rôle douteux de la presse.
Ils présentent autant d'intérêt, sinon plus, que la résolution romanesque du meurtre, par ailleurs fort habilement amenée.



« Lorsque John Gregory Dunne est mort à soixante et onze ans, le 30 décembre 2003, il laissait derrière lui, avec True Confessions, ce dont peu de romanciers peuvent se targuer : une œuvre d'art. »
George Pelecanos


« Polar hors du commun, personnages torturés par le doute, enjeu du destin tragique : c'est un sacré bouquin. »
François Forestier - L'OBS




L'auteur :

Né dans le Connecticut en 1932, John Gregory Dunne était le frère de l'écrivain échotier Dominick Dunne.
Romancier, journaliste, critique et scénariste (Panique à Needle Park), il a connu son heure de gloire hollywoodienne dans les années 1970 avec sa femme, la romancière Joan Didion.
Après sa mort en 2003, elle a consacré à sa disparition un texte devenu un best-seller : L'Année de la pensée magique.



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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mar Nov 17, 2015 10:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Wollanup sur Unwalkers :

Citation:


En 1977, trente ans après les faits et dix ans avant James Ellroy, l’auteur américain également journaliste, critique littéraire et scénariste John Gregory Dunne écrivait son premier roman qui prenait pour cadre le meurtre épouvantable, jamais élucidé, d’Elisabeth Short à L.A.
Cette affaire sera ensuite immortalisée par James Ellroy dans le premier volume du premier quatuor de Los Angeles sous le titre célébrissime Le Dahlia noir.
La version de Dunne, comme celle d’Ellroy par Brian de Palma, est devenue un film éponyme en 1981 avec Robert Duvall et Robert de Niro, excusez du peu, dans les premiers rôles.


Alors quel est l’intérêt de sortir ce roman en France maintenant et, surtout, pour l’amateur de polars quel intérêt de lire une nouvelle version de cette histoire déjà contée admirablement par le Dog ?

Premièrement tout le monde n’est pas fan d’Ellroy, même s’il est de bon ton de le clamer haut et fort quand le bougre vient en France en chemise hawaïenne faire la promotion du début d’un nouveau quatuor situé à Los Angeles toujours, et pendant les années 40 encore.
Si Le Dahlia Noir est bel et bien un chef d’œuvre, l’écriture dans les volumes suivants avait la fâcheuse tendance à devenir télégraphique quand, dans le même temps, il était de plus en plus difficile de retrouver les protagonistes, évoqués soit par leur prénom, soit par leur nom, soit par leur surnom, soit par leur statut…
Défauts qui disparaîtront heureusement avec la trilogie Underworld USA.

Deuxièmement, le roman de Dunne étant antérieur à celui d’Ellroy et vu que le crime n’a jamais été élucidé, sa version de l’histoire est tout à fait aussi justifiée.
Troisièmement, les éloges d’auteurs américains ont plu sur True Confessions.
Ellroy reconnait que ce roman l’a inspiré et lui a redonné foi dans le polar tandis que Thomas H. Cook le considère comme « l’un des dix meilleurs romans noirs jamais écrits en Amérique ».
Enfin, George Pelecanos se fend d’une préface où (normal, c’est un écrivain ),il met en évidence les qualités novatrices de ce roman tout en montrant la puissance de certaines phrases qui semblaient bien anodines au lecteur lambda que je suis.
Qu’on soit d’accord ou pas avec les propos de Pelecanos, il faut néanmoins reconnaître que son travail n’arrive pas à la cheville de celui réalisé par James Sallis pour présenter le roman de Manchette, Le petit bleu de la côte ouest au public américain et que l’on trouve dans la dernière version Folio du roman.

Enfin, il faut le lire parce que Dunne, sur ce roman toujours, a une plume magnifique qui transcende l’histoire et la rend bien aussi passionnante et nettement moins lugubre que celle d’Ellroy tout en montrant, lui aussi, de manière claire, la pourriture des classes dirigeantes californiennes de l’époque : politiques, ecclésiastiques, policières et mafieuses.
Comme Le Dahlia noir, ce roman est complexe et il faut adopter un mode de lecture très attentif tant les personnages sont nombreux et importants.

L’enquête est menée par Tom Spellacy, flic corrompu et surtout mari et père très déçu par sa famille.
Sa femme est internée parce qu’elle passe sa vie à causer avec les Saints, et particulièrement avec Saint Barnabé de Lucques, qu’elle est seule de toute la chrétienté à connaître ; sa fille obèse Moira est devenue nonne, son fils vend des bondieuseries et son frère, prêtre, est en train d’intriguer afin de devenir évêque et se débat comme un beau diable, au milieu de ses condisciples intrigants irlandais pour la plupart, pour obtenir le siège tant convoité.
Tom Spellacy est un personnage très sympa, un peu revenu de tout, sauf des magouilles qui permettent d’améliorer l’ordinaire de flic, qui tranche avec les flics corrompus et particulièrement torturés d’Ellroy.
Les dialogues sont brillants tout au long du roman et le ton est souvent très hilarant, chose à laquelle Ellroy nous a jamais habitués.
Et puis, ici, on casse de la « curaille » et c’est toujours particulièrement réjouissant, je trouve.

Comme dans Le Dahlia noir, l’accent est mis sur la corruption qui règne à l’époque à L.A.
Une belle brochette d’enfoirés que ces religieux qui s’acoquinent avec des gangsters dans des magouilles immobilières où chacun trouve son compte.
Le racisme ambiant et ordinaire est bien mis en évidence, tout comme les perversions de l’église catholique californienne.

Pelecanos explique pourquoi ce livre était précieux et innovateur en 1977.
Forcément, il l’est nettement moins aujourd’hui mais il faut lire ce roman pour son écriture, sa critique de la société de la cité des anges (police, investisseurs, clergé), le développement de l’enquête et son ton particulièrement vachard et réjouissant.

Très bonne surprise.



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Ssarlotte
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MessagePosté le: Mar Nov 17, 2015 10:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Résumé intéressant.
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mar Nov 17, 2015 10:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, carrément. Il est dans ma liste "à acheter".
Et j'attends avec impatience l'avis de Chouchou qui, si je ne me trompe pas, est en train de le lire.
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chouchou
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MessagePosté le: Mar Nov 17, 2015 11:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

norbert a écrit:
Oui, carrément. Il est dans ma liste "à acheter".
Et j'attends avec impatience l'avis de Chouchou qui, si je ne me trompe pas, est en train de le lire.

Effectivement mais je pense que mon ressenti et mon avis global restent parasités par les circonstances actuelles... Il faut bien que je l'avoue, mes lectures pour me distraire et mon immersion dans celle-ci est ardue...!
A voir peut-être qu'à l'issue de cet écrit, ma lucidité et mon envie seront suffisantes pour être objectif.
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Celui qui affronte les monstres devra veiller à ce que, ce faisant, il ne devienne pas lui-même un monstre.
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norbert
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MessagePosté le: Mer Nov 18, 2015 12:21 am    Sujet du message: Répondre en citant

chouchou a écrit:
norbert a écrit:
Oui, carrément. Il est dans ma liste "à acheter".
Et j'attends avec impatience l'avis de Chouchou qui, si je ne me trompe pas, est en train de le lire.

Effectivement mais je pense que mon ressenti et mon avis global restent parasités par les circonstances actuelles... Il faut bien que je l'avoue, mes lectures pour me distraire et mon immersion dans celle-ci est ardue...!
A voir peut-être qu'à l'issue de cet écrit, ma lucidité et mon envie seront suffisantes pour être objectif.


Si ça peut te "rassurer", moi qui ne suis pas de Paris et me suis donc encore moins retrouvé en danger comme ça a pu être ton cas, j'ai passé trois jours quasiment sans lire, ou en ayant de grandes difficultés de concentration dès que je tentais d'ouvrir mon bouquin...
Heureusement, la vie reprend peu à peu...

En tout cas dans ces cas-là, je pense qu'il ne faut pas hésiter à poser le bouquin quelques jours, plutôt que de se forcer à le lire alors qu'on a la tête ailleurs.
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chouchou
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MessagePosté le: Mer Nov 18, 2015 11:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

C'est bien la solution choisie Norbert...Hors les transports en commun pour tenter de m"extraire du contexte!
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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Jeu Nov 19, 2015 4:33 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Christophe Laurent, de Corse Matin, sur son nouveau blog The Killer inside me :

Citation:

True Confessions : variations superbes et antérieures au Dahlia


En 1992, James Ellroy, dans un entretien à la revue Polar, parlait ainsi de True Confessions :
« bien sûr le meurtre dans le livre est inspiré du Dahlia. Mais John Gregory Dunne a donné une vision extrêmement drôle et profane d'un Los Angeles catholique irlandais. Il n'y a jamais eu de Los Angeles irlandais après la guerre. C'est un livre brillant, que j'aime énormément mais Dieu merci, Dunne ne s'est pas appuyé sur les faits ».
Une façon de discréditer à demi-mot, l'excellent roman de Dunne qui anticipait de quelques années Le Dahlia du Dog.
Ecrit en 1977 par John Gregory Dunne (décédé en 2003), scénariste et journaliste, True Confessions arrive, par un miracle inexplicable de l'édition, enfin en France.
Et c'est un grand roman noir.
Old school.
Avec enchevêtrement des destins, des enjeux, de la politique, des femmes.


Et notamment une femme : Lois Fazenda, retrouvée coupée en deux à l'angle de la 39e Rue et de Norton, à Los Angeles en 1947.
Tom Spellacy est chargé de l'enquête sur celle que la presse, si scandaleuse et si puissante à l'époque, appelle la « Vierge Impure ».
Tom Spellacy dont la propre épouse, hantée par les Saints, est en hôpital psychiatrique, la maîtresse enceinte et l'ancienne prostituée en chef sur le point de prendre sa retraite.
Tom Spellacy dont le frère Desmond, grand argentier de l'évêché californien, est en pôle position pour devenir le prochain évêque de l'Etat.
L'assassinat de la Vierge Impure ébranle la bonne société, elle qui travaillait bénévolement pour un organisme caritatif catholique, elle qui a croisé le chemin de l'avocat de l'évêché.
Dans un Los Angeles d'après-guerre, les appétits de vie sont considérables, les ambitions affichées, la corruption galopante et le sexe, omniprésent.

John Gregory Dunne livre un polar grande classe, truffé d'humour ( « Voilà le genre d'affaire qui me plaît, cet abruti dira tout en échange d'une clope : sa rombière avait du cérumen dans les oreilles ou du poil sur les nichons, le genre de mobile que je peux comprendre. » ), de dialogues ciselés et peuplé de personnages incroyables.
Du nain acteur à la femme obèse matronne de boxe, en passant par le flic réellement débile et le prêtre mort entre les cuisses d'une fille de joie.
Mention spéciale à ce braqueur minable que Spellacy chope en début de roman :
« son parcours scolaire s'était arrêté avant la fin de l'école primaire; il avait un QI de 86 et s'appelait encore Horace Turner. Lorsqu'un vieux malabar condamné à perpète avait voulu lui défoncer le cul, Horace s'était tellement affolé qu'il lui avait chié sur la bite. Depuis on l'appelait Turd : l'étron. »

True Confessions est le roman d'une cité cannibale qui dévore ses enfants mais aussi ses hommes.
C'est évident : c'est « un livre brillant ».
Mais c'est aussi évident que pour un homme pieux comme Ellroy, il doit y avoir des passages sur le clergé californien difficiles à avaler.
Des prêtres, des « monseigneurs », représentés dans une société perverse, vicieuse.

Ajoutons à cela un superbe face à face des deux frères, et voilà une vraie trouvaille pour tout amateur de roman noir.
A noter que le livre avait fait l'objet dans les années 80 d'une adaptation cinéma, un peu passée inaperçue, avec Robert Duvall et De Niro.



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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Dim Nov 22, 2015 7:31 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Claude Le Nocher sur son blog Action-Suspense :

Citation:

John Gregory Dunne : True Confessions – Coup de cœur –

[...]

Le meurtre jamais élucidé après-guerre d’Elisabeth Short à Los Angeles, voilà une histoire qui nous rappelle quelque chose ?
Une dizaine d'années après le présent roman, James Ellroy écrira Le dahlia noir s'inspirant du même sujet.
D'une façon plus factuelle et dure, avec une narration moins enjouée et moins souple que dans ce True Confessions.
Les deux titres ont chacun leurs mérites, mais l'ambition n'est pas identique.

John Gregory Dunne pointe du doigt l'hypocrisie générale régnant en Californie après la guerre.
En plein essor, cet État se veut dynamique, s'autorisant jusqu'à des malversations financières qui ne semblent inquiéter personne.
Corruption et faux-semblants à tous les niveaux : au sein de l’Église catholique (tels ces civils décorés d'Ordres religieux, ce Monseigneur recevant de luxueux cadeaux à chaque anniversaire, sans parler des contrats d'urbanisme dévolus aux amis), dans la police (entre lucratifs pots-de-vins aux inspecteurs et honneurs pour les chefs), tandis que la presse en tire profit également.

Le récit est ponctué de sourires, en témoigne ce passage.
Desmond évoque un futur pèlerinage de groupe en Europe, quinze étapes en quatorze jours :
“On saute Paris pour gagner directement Lourdes, avec un peu de chance on y entendra parler un sourd-muet, ou un aveugle recouvrira la vue en notre présence. Un voyage pareil, ça doit être marqué par des temps forts. Puis une nuit à Fatima. Apparemment, on fera halte à tous les endroits où la Sainte Vierge a atterri. Puis une audience générale du pape à Rome, pour les élèves du Saint-Rosaire et quinze mille de leurs amies les plus proches. Je servirai de chaperon, c'est tout. ─ De peur qu'elles se fassent niquer par les macaronis ? ─ C'est curieux, Tommy, j'avais l'intuition que tu ferais une remarque dans ce style.”
D'autres scènes et dialogues sont d'un humour encore plus grinçant.

Initialement paru en français sous le titre Sanglantes confidences, ce roman bénéficie d'une nouvelle traduction.
Si des écrivains confirmés comme George Pelecanos (qui signe la préface de cette édition) et Thomas H.Cook considèrent que c'est un roman majeur, on ne pourra pas les contredire.
D'abord, soulignons une belle galerie de personnages, où chacun est présenté avec autant de franchise que de subtilité.
On visualise aisément le mafieux entrepreneur Jack Alexander, l'arriviste chef de la police Fuqua, le cardinal qui s'affiche intransigeant, les flics de base Bingo et Lorenzo, la décomplexée Corinne, ainsi que tous les autres.
Avec, au centre, les frères Spellacy.
Tous deux intelligents, ils portent un regard divergeant sur ce qui les entoure, et sur leur propre vie.
Bien que sa foi soit très relative, Desmond pense grimper encore dans l'échelle sociale.
Tandis que Tom apparaît d'un cynisme blasé, pas dupe de la médiocrité ambiante, fut-ce chez les catholiques.

Latinos, Noirs, Asiatiques, Irlandais, et bien d'autres communautés ethniques cohabitent dans l'agglomération de Los Angeles en 1947.
John Gregory Dunne s'applique à nous faire partager le climat de l'époque, dans une brillante reconstitution.
Sans porter de jugement, il esquisse les réalités.
Son “écriture” s'avère splendide, non seulement fluide mais avec le ton juste, dans les dialogues autant que dans la structure scénaristique.
Par exemple, il insère en finesse le passé militaire de Desmond, pour nous faire comprendre que le "plan de carrière" du prêtre débute là.
Pas si anecdotique non plus, le cas des pompes funèbres de Sonny McDonough, dont un ou deux paragraphes expliquent son arrangement avec l'épiscopat pour les obsèques de paroissiens pauvres.
Habiles retours sur l'origine des frères, ou sur la folie de l'épouse de Tom, aussi.
Ce sont tous ces détails qui offrent du caractère, de l'humanité, de l'authenticité à l'histoire.

L'enquête sur le meurtre de "la Vierge impure", Lois Fazenda ?
Elle progresse, bien sûr.
On connaîtra le nom du présumé assassin.
Ce dont, ainsi que le dit George Pelecanos, on se contrefiche.
Ce n'est pas un roman d'énigme.
Il s'agit d'un portrait soigné de la Californie d'alors, d'un puzzle parfaitement cohérent.
Y compris dans sa conclusion, vingt-huit ans après les faits criminels.
True Confessions de John Gregory Dunne est un roman noir d'une qualité exceptionnelle, ça ne fait aucun doute.



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chouchou
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MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 10:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis:
Citation:
Prêche du pécheur. On est pas dans le mouvement mais dans le creuset des âmes, des psychés. Avec son économe, l'auteur s'évertue à extraire les zistes de l'agrume pour éliminer le blanc d'un raisonnement binaire. La confrontation du lecteur avec cette réalité nous accable, nous ballotte dans nos certitudes lucides. On ne doit pas s'amender d'une conscience individuelle dans un système qui n'en est pas dotée semble suggérer Dunne.


Bémol ou avertissement, commentaires et avis à prendre avec des pinces cochères car, personnellement, un livre et son ressenti doit coïncider avec un moment T et que l'esprit doit être en adéquation avec le récit. Donc celui-ci n'avait pas l'ouverture, la sensibilité propice à une clairvoyance; ce fut ma distraction sans que je n'élève celui-ci à son rang littéraire...
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norbert
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MessagePosté le: Lun Nov 23, 2015 11:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

chouchou a écrit:
Avec son économe, l'auteur s'évertue à extraire les zistes de l'agrume pour éliminer le blanc d'un raisonnement binaire.


Euh... Laughing
Qu'est-ce qui est économe ? Et les "zistes de l'agrume" ?...
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chouchou
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2015 12:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

norbert a écrit:
chouchou a écrit:
Avec son économe, l'auteur s'évertue à extraire les zistes de l'agrume pour éliminer le blanc d'un raisonnement binaire.


Euh... Laughing
Qu'est-ce qui est économe ? Et les "zistes de l'agrume" ?...

Ben un économe pour éplucher les patates.
Les zistes c'est comme les zestes mais sans le blanc donc sans l'amertume, technique culinaire. Image pour montrer que l'auteur a affiché la face sombre sans compromis et renforcer son parti pris.
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norbert
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2015 12:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

chouchou a écrit:
norbert a écrit:
chouchou a écrit:
Avec son économe, l'auteur s'évertue à extraire les zistes de l'agrume pour éliminer le blanc d'un raisonnement binaire.


Euh... Laughing
Qu'est-ce qui est économe ? Et les "zistes de l'agrume" ?...

Ben un économe pour éplucher les patates.
Les zistes c'est comme les zestes mais sans le blanc donc sans l'amertume, technique culinaire. Image pour montrer que l'auteur a affiché la face sombre sans compromis et renforcer son parti pris.


Dit comme ça, tout de suite je comprends mieux (moi et le vocabulaire ou les techniques culinaires, ça fait plus que deux...). Wink
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chouchou
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2015 10:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Visiblement mon avis sur ce livre n'incite pas (ou peu) les contributeurs à le lire... Bref j'avais émis des doutes quant à mon rendu... en ce qui me concerne mes avis sont ce que je ressens et non un pitch dudit effort. Ce fut un livre de douleur qui a enfanté un commentaire ardu et psychanalytique qui possiblement portera plus à l'aune de sa lecture. Confused Smile
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MessagePosté le: Mer Nov 25, 2015 1:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

En ce qui me concerne, j'ai toujours envie de découvrir ce bouquin.
Après, comme c'est celui que tu lisais lorsque les attentats ont eu lieu, je comprends que tu n'en aies sans doute pas pleinement "profité".
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