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Polars Pourpres

Discussion sur les critères de vote et d'appréciation

 
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Auteur Message
norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 1:25 pm    Sujet du message: Discussion sur les critères de vote et d'appréciation Répondre en citant

J'ouvre ce topic suite aux messages postés par Thibe et Ironheart dans le topic consacré au roman Derrière les portes de B.A. Paris :




Je reproduis ci-dessous les messages qui y ont été postés et lancent cette discussion sur nos critères de vote et d'appréciation :


thibe a écrit:
Ironheart a écrit:
Bref, je ne pensais pas qu'il récolterait autant de notes aussi sévères. Les lecteurs sont quand même parvenus au bout sans problème, preuve qu'il est quand même prenant.


Je suis parvenu au bout, oui, en effet parce qu'il est écrit de manière à ce que le lecteur a quand même envie de savoir comment ça va se finir. Mais à titre tout personnel, je n'ai jamais cru qu'un roman qui me "prenait" dans ce sens-là était un bon roman pour autant.

Mes avis essaient en général de se baser sur ce que j'estime être des qualités littéraires qui pourraient permettre à l'œuvre de "rester" ou de servir de référence... pas uniquement/pas d'abord sur mes émotions au cours de la lecture (et je ne dis pas non plus qu'il ne faut pas tenir compte de celles-ci, évidemment).

Tout cela pour dire qu'un livre dont l'intrigue se fonde avant tout sur un peu d'imagination de la part d'un auteur, sans plus, n'est pas pour me convaincre. Ici, j'ai eu le sentiment d'avoir lu un roman sans thèse, distrayant sans doute (je n'aurais pas été jusqu'au bout s'il m'avait "barbé" mais d'un autre côté, je l'ai lu pour le prix PP donc je ne pouvais pas me permettre d'avoir un avis fondé sur une lecture partielle du livre), mais sans plus. Les qualités que j'attends ne sont pas au RDV.

Spoiler:
Je vais encore en sortir une phrase qui ne va certainement pas plaire (désolé): que ce roman plaise, je n'ai pas grand-chose à en redire évidemment, les goûts et les couleurs... mais je ne pense pas qu'il faille en faire le roman de l'année...



Fab a écrit:
moi je l'ai terminé pour le principe et c'est tout



thibe a écrit:
Ce serait sympa d'avoir un jour un échange sur nos critères de vote et d'appréciation. Cela permettrait de comprendre un peu mieux les "dessous" des avis émis.



Ironheart a écrit:
thibe a écrit:


Mes avis essaient en général de se baser sur ce que j'estime être des qualités littéraires qui pourraient permettre à l'œuvre de "rester" ou de servir de référence... pas uniquement/pas d'abord sur mes émotions au cours de la lecture (et je ne dis pas non plus qu'il ne faut pas tenir compte de celles-ci, évidemment).



Curieusement, moi, c'est plutôt l'inverse ! Emotion à tout prix, avant tout le reste.
L'écriture est le dernier critère que je prends en compte. Si c'est bien écrit mais chiant, ça ne passera pas.
Alors que si c'est mal écrit mais que je suis captivée et que je ressens des trucs, je suis tolérante.

Tu vois, je suis très branchée cuisine. J'ai eu la chance de manger dans des très grands restaurants, des trois étoiles au Michelin et si j'ai la plupart du temps grandement apprécié ces expériences, ce n'est pas pour autant que je n'aime pas la cuisine simple de tous les jours. Je peux me régaler du kébab du coin, d'un couscous fait maison ou d'une boîte de thon (oui, j'ai une passion démentielle pour le thon en boîte Very Happy ).

J'essaye aussi de m'initier aux parfums. Il y a un site passionnant qui se nomme auparfum où les intervenants décrivent les fragrances avec force détails, comme on le ferait avec des vins et donnent des notes et des avis comme sur Polars Pourpres :

http://www.auparfum.com/

Pas mal de parfums, parmi les plus vendus, sont descendus en flèche car qualifiés de "commerciaux", formatés pour plaire au plus grand nombre. Mais certains les défendent quand même et disent qu'ils les apprécient même si ce sont des "parfums honteux".

On a tous nos chansons, nos plats, nos parfums "de la honte" qu'on aime même si on se rend bien compte que ce n'est pas forcément le top du top, ni le raffinement le plus manifeste, mais qui nous régalent pour diverses raisons.

Ben voilà, Derrière les portes, c'est le kébab du coin, c'est mon parfum de la honte. J'ai tout à fait conscience de sa piètre qualité littéraire, je sais que ce n'est pas le roman du siècle ni même celui de l'année mais tout comme mon kébab, j'ai pris beaucoup de plaisir à le déguster. C'est un bouquin qui m'a pas mal marquée et qui reste une de mes meilleures lectures de 2017.

Après, nous avons tous nos thèmes de prédilection. Mon père me disait qu'il en avait un peu assez de lire Barbara Abel car ses histoires tournaient toujours autour de la famille et du couple. Ben moi, c'est l'inverse, j'adore !
Et plus je vieillis et plus ce genre me branche. Tous les romans qui traitent de relations humaines, au sein du couple ou ailleurs, m'attirent de plus en plus.

Merci en tout cas, Thibe, d'avoir donné un +1 sur ma critique de Derrière les portes. C'est très fairplay de ta part ! Wink



thibe a écrit:
Alors comment dire... MERCI, Ironheart!

L'analogie culinaire me permet de comprendre instantanément...

En fait, je me demande, en te lisant et en réfléchissant à "mes" propres critères, s'il ne serait pas intéressant de "distiller" les avis en plusieurs volets: mettre un 2/10 comme je l'ai fait, c'est dur, et ça ne rend pas compte du fait que j'ai quasi lu le bouquin "d'une traite".

Une cote "émotion/tension de lecture" et une cote "qualités littéraires" me rendraient service Wink et je ne pense pas qu'il soit évident de faire une moyenne arithmétique pour savoir ce qu'on pense vraiment du bouquin... mais c'est un peu/beaucoup complexe à mettre en œuvre sur un site comme PP. Car derrière "émotion" et "qualités littéraires" se cachent énormément d'items... (par exemple le style, la construction de l'univers romanesque, les éléments d'actualité, la critique sociale, les thèses posées par l'auteur, etc. pour ce qui concerne les qualités littéraires).

C'est une des raisons pour lesquelles je suis souvent dans l'incompréhension sur certains groupes de lecture sur FB car beaucoup de lecteurs réagissent d'abord avec leurs tripes (à raison!) alors que j'ai une certaine tendance à juger "sur pièces", pas comme un critique littéraire le ferait, certes (je n'en ai pas les compétences, sauf dans le domaine de la philosophie, qui est le mien au quotidien et que j'essaie de dépasser quand je donne des avis sur des romans, ce sont des mondes assez différents et j'assume). Mais quand on essaie d'expliquer les raisons de nos choix, cela devient subitement passionnant pour moi! Smile

Belle journée!



norbert a écrit:
Ironheart a écrit:
thibe a écrit:


Mes avis essaient en général de se baser sur ce que j'estime être des qualités littéraires qui pourraient permettre à l'œuvre de "rester" ou de servir de référence... pas uniquement/pas d'abord sur mes émotions au cours de la lecture (et je ne dis pas non plus qu'il ne faut pas tenir compte de celles-ci, évidemment).



Curieusement, moi, c'est plutôt l'inverse ! Emotion à tout prix, avant tout le reste.
L'écriture est le dernier critère que je prends en compte. Si c'est bien écrit mais chiant, ça ne passera pas.
Alors que si c'est mal écrit mais que je suis captivée et que je ressens des trucs, je suis tolérante.



Personnellement,je me situerais quelque part entre vous deux.

D'un côté je déteste ces page-turners (pas tous), qui sont vides et sans âme et dont le seul intérêt est de faire tourner les pages pour arriver à la fin. Comme pour le Purgatoire des innocents de Karine Giebel par exemple, pendant ma lecture je m'énervais même d'avoir ce sentiment de tourner des pages inutiles, qui ne me procuraient finalement aucun plaisir de lecture, tout ça pour arriver enfin à la conclusion de l'histoire.

D'un autre côté, je peux me laisser séduire par un roman qui aura peut-être une écriture banale et certains défauts, mais qui saura malgré tout m'embarquer dans son intrigue et me faire croire à ses personnages, et du coup me procurer certaines émotions - autres que le besoin d'arriver à la fin pour découvrir le fin mot de l'histoire.

D'autres fois, l'intrigue en elle-même n'est pas follement haletante, mais l'auteur a un véritable talent de conteur et réussit, là encore, à m'embarquer malgré tout avec lui et ses personnages et dans ce cas-là c'est son talent de conteur qui me procurera une émotion - un plaisir de lecture au minimum).

Evidemment, ma note et mon appréciation finales tiendront compte de ces différents défauts, mais globalement, si l'auteur arrive à me faire croire suffisamment à ses personnages et a un minimum de talent de conteur, alors je ne ferai pas la fine bouche et serai plutôt "bon public".

Mais je crois que cette discussion mérite vraiment un topic à elle seule - déjà aussi pour ne pas parasiter le sujet qui est ici le roman de B.A. Paris - du coup, je ne sais pas si j'aurai le temps de le faire tout de suite en y copiant/collant vos messages qui ont amorcé la discussion, donc n'hésitez pas à le faire entre-temps dans une section appropriée du forum. Wink

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Ironheart
Annie Wilkes


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 2:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Norbert d'avoir lancé le sujet et d'avoir eu la patience de recopier les écrits des uns et des autres !

Thibe, tu parlais du fait que beaucoup de lecteurs raisonnaient avec leurs tripes.
Si j'analyse mes lectures, je me rends compte que celles qui m'ont le plus marquée sont celles qui m'ont secoué les tripes, m'ont remuée ou m'ont fait pleurer.
Ce sont de ces lectures dont je me souviens des années après et ce sont, évidemment, celles que je recherche à tout prix.
D'ailleurs, la mention "zéro émotion" revient souvent dans mes critiques négatives. Et voilà pourquoi je n'accroche pas aux romans (et aux personnages) de Paul Colize ou de Michaël Mention. Ils ne me touchent absolument pas et pour moi, c'est totalement rédhibitoire.

Je constate aussi que je ne me souviens absolument pas de certains "page turner" que j'ai pourtant aimés sur le moment. Quand je relis ma critique sur Les arcanes du Chaos de Maxime Chattam, je suis horrifiée de constater que je n'ai strictement aucun souvenir de ce roman, mais alors aucun de chez aucun !
Je trouve ça vraiment dommage...Sniff.

Dans l'évaluation d'un roman, il y a tellement de critères différents que l'on prend en compte et que l'on hiérarchise différemment selon nos goûts, nos désirs notre vécu...
Et parfois même, ces critères ne sont pas les mêmes en fonction du moment où on lit le bouquin. Il y a des jours où je n'ai pas envie de m'attaquer à un belle oeuvre soignée mais où j'ai plutôt envie de lire un truc efficace et rapide. Et si le roman répond à mon envie de l'instant, bah, j'aurais tendance à lui coller une bonne note, forcément !
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Hoel
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MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 3:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Totalement d'accord avec ça.
Je pense que les bouquins que j'ai préférés sont ceux qui m'ont fait pleurer, de tristesse ou de rire, ou qui m'ont foutu une grosse baffe. En tout cas, ceux qui provoquent vraiment des émotions.
Plus ça me parle, plus je peux me mettre à la place des personnages, plus il y a de chances que le bouquin m'accroche.
Comme toi, les Chattam&co lus il y a longtemps, je les ai aimés sur le coup mais j'en garde au mieux un vague souvenir, ce qui n'est pas le cas de Shutter Island, Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Le Couperet, L'Ombre du vent, Rupture, La voleuse de livres...
Il faut qu'il se passe un mimimum d'interaction avec le roman, sinon, autant lire un manuel de montage de meuble ou une recette de cuisine.
Quand je n'ai aucune affinité avec le personnage, ça peut quand même fonctionner mais c'est plus rare.
Et d'accord aussi avec la période, l'état d'esprit du moment... Parfois c'est pas le moment du tout, ou parfois pas le bon moment pour tel ou tel type de livre.

P.S. Curieusement, celui que tu cités (Les arcanes du chaos) m'est davantage resté en mémoire que bien d'autres thrillers du même type lus à la même époque car je n'avais pas du tout vu venir la fin, qui est assez énorme.
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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
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Ironheart
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MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 4:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hoel a écrit:


P.S. Curieusement, celui que tu cités (Les arcanes du chaos) m'est davantage resté en mémoire que bien d'autres thrillers du même type lus à la même époque car je n'avais pas du tout vu venir la fin, qui est assez énorme.


Et oui, la fin est énorme, c'est bien ce que j'ai écrit dans ma critique, mais je ne m'en souviens pas du tout, c'est grave quand même ! Bah, ce sera l'occasion de le relire du coup...

Ah, La voleuse de livres et L'ombre du vent...
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Fab
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Miserere

MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 9:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

tout à fait d'accord avec vous et particulièrement avec ça

Ironheart a écrit:

Dans l'évaluation d'un roman, il y a tellement de critères différents que l'on prend en compte et que l'on hiérarchise différemment selon nos goûts, nos désirs notre vécu...
Et parfois même, ces critères ne sont pas les mêmes en fonction du moment où on lit le bouquin. Il y a des jours où je n'ai pas envie de m'attaquer à un belle oeuvre soignée mais où j'ai plutôt envie de lire un truc efficace et rapide. Et si le roman répond à mon envie de l'instant, bah, j'aurais tendance à lui coller une bonne note, forcément !


je suis convaincu que parfois à quelques jours près, quand ma lecture n'est pas étalée sur trop de temps, ma note pourrait différer

sinon je ne suis pas un grand amateur de la recherche du pourquoi du comment.
je suis beaucoup plus sur le ressenti et l'émotion que sur l'explication.
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norbert
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MessagePosté le: Mer Déc 27, 2017 9:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Complètement d'accord aussi avec Ironheart sur ce point, ainsi que sur le fait que certains thèmes vont finir par me lasser ou que je suis plus sensibles à d'autres.

Il y aussi le fait que pour certains romans, j'ai pris plaisir à les lire, mais en y repensant quelques semaines après je me rends compte qu'il ne m'en reste pas grand'chose au final. Ca a été le cas avec Fleur de cimetière de David Bell qui reste pourtant dans le haut du panier des suspenses psychologiques, mais quelques temps après j'en avais même oublié le dénouement et - comme l'évoque Thibe - la "trace" qu'avait pu laisser le livre après sa lecture s'est quasiment évaporé. Du coup, alors qu'au début je lui avais mis un 8 (= très bon), j'ai fini par le baisser à 7, car je me souviens quand même avoir eu un vrai plaisir de lecture.

Plus récemment (ça doit dater de cet été), et même si je ne l'ai pas encore noté, j'ai eu le même phénomène avec L'affaire Isobel Vine de Tony Cavanaugh chez Sonatine.
Je l'avais lu avec plaisir bien qu'un peu déçu par la fin et par le manque d'épaisseur de certains personnages, et quelques semaines après, au moment de le prêter avec d'autres titres à mon père, je me suis rendu compte qu'il ne m'en restait là encore quasiment rien et qu'en fait l'intrigue était très linéaire, ne réservant que peu de surprises.

Récemment, j'ai lu les deux premières pages d'un roman noir paru au printemps, Rédemption de Vanessa Ronan chez Rivages, je l'avais repéré à sa sortie mais avec l'avalanche de parutions j'avais fini par le zapper.
Et par curiosité je lis donc la semaine dernière les premières lignes, et là, magie totale de l'écriture, je me retrouve immédiatement transporté dans l'univers du roman (Amérique rurale) allongé sur l'herbe à côté d'une des personnages à contempler la nuit tomber !
Je ne pouvais pas me le prendre le jour même (j'avais des cadeaux à faire !), mais je viens de le commander aujourd'hui à ma librairie qui avait vendu le dernier exemplaire.

Et je pense que je vais de plus en plus procéder comme ça désormais : lire les premières lignes ou les premières pages pour voir si "quelque chose" se passe - et, du coup, éviter de passer à côté de certains bouquins.
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thibe
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MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2017 2:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à Norbert d'avoir ouvert le sujet! Et merci pour les réactions des uns et des autres...

Je ne vais pas reprendre ce que j'ai déjà écrit.

Ce que je constate, c'est que mon parcours personnel - c'est subjectif - m'incite à distinguer autant que possible mes émotions et la qualité d'un livre quand je le note. Cela ne se vérifie pas toujours, mais c'est une volonté que j'assume pleinement Smile

Détour: le premier livre qui m'a fait pleurer, c'est "Mon bel oranger" de José Mauro de Vasconcelos. J'avais 13-14 ans je crois. J'en ai 40. Je me souviens des émotions ressenties "comme si c'était hier". Et je m'en délecte, assurément! Mais je suis bien incapable de vous dire si c'est un bon roman. Il a provoqué des émotions, il m'a fait pleurer, il m'a ramené à moi-même et à des expériences que je vivais, jeune ado que j'étais. Je suis démuni si je dois donner un conseil: je ne peux pas garantir que les émotions seront identiques pour d'autres lecteurs...

Plus près de nous, j'ai lu il y a quelques années un bouquin de "psychologie" (écrit par une psychologue à propos de certains des cas typiques qu'elle rencontre dans sa pratique quotidienne). C'est un livre qui m'a ému aux larmes, je m'y suis retrouvé. Mais à l'analyse, ce n'est pas un bon bouquin, car il procède par analogies, par une accumulation de description issues de la pratique d'une psy, sans suffisamment renvoyer à la littérature, à des expériences objectivées qui seraient menées selon une méthodologie rigoureuse, etc. Un livre touchant, qui me ferais sans doute pleurer à nouveau, mais pas un bon bouquin selon moi.

Oui, je sais, cela peut sembler paradoxal - voire être paradoxal. Je reconnais sans peine que certains page turner me "passionnent" au point de passer des nuits blanche - voire de zapper des choses importantes... que certains bouquins m'émeuvent, etc. Mais cela ne "suffit" pas à en faire ipso facto un bon bouquin. J'ai eu pas mal de peine à lire la Critique de la raison pure de Kant... mais il s'agit d'une œuvre magistrale, écrite avec la précision de l'horloger. Tout se tient, tout est bluffant. Que de peine pour le lire mais que de plaisir à entrer dans le mécanisme du raisonnement kantien...


Bref, vous me voyez sans doute venir: j'ai un mal fou à attribuer des notes aux romans que je lis. Je peux en dire quelque chose, parfois. Mais dire "cela vaut un 2/10 et ceci vaut plutôt un 8/10" c'est pas simple. Mes "notes" chiffrées sont plus proches de mon approche "critériologique" que de mon approche "émotionnelle".


Ironheart établissait une analogie avec la note "technique" et la note "artistique" en patinage. Il y a quelque chose de cela. Personnellement, je préfèrerais une distinction entre une note "artistique" et une note "du public"...

Pour le dire encore autrement, j'assume que j'ai un côté "Goncourt" - à la c... - plutôt qu'un profil "prix des lectrices Elles". Mais encore une fois, cela n'a rien d'absolu et mieux vaut en discuter Smile
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norbert
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 12:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je vois tout à fait ce que tu veux dire Thibe et c'est très intéressant de lire ça. Cela vient certainement comme tu dis de ta formation littéraire (notamment en philosophie, puisque j'ai cru comprendre que tu l'enseignais, mais je me trompe peut-être, domaine que j'ai effleuré en première ou en terminale avec une incompréhension et un désintérêt total, peu aidé par une prof sans charisme ni autorité), là où moi je me suis arrêté là aussi au Bac avec la notion de "cultiver son jardin" tiré de Zadig de Voltaire - ce qui est bien beau mais je n'ai jamais eu la main verte... Mr. Green

Bref, tout ça pour dire que je vois avec le temps que j'aurais aimé avoir une formation littéraire un peu plus poussée (pas pour critiquer des polars hein, mais par intérêt personnel) plutôt que commerciale et marketing, mais c'est un autre problème.

Du coup, ce n'est pas que tu as un esprit "Goncourt à la con", juste que tu as des facultés qui te permettent d'analyser plus profondément une oeuvre littéraire.

Personnellement, je ne serais pas favorable à une double notation comme tu l'évoques sur PP, je pense que le mieux est d'essayer de faire une "synthèse" selon les critères de chacun, et ensuite d'expliciter tel ou tel point en commentaire.

Il faut dire qu'aujourd'hui nous ne sommes pas spécialement aidés par (ce qui reste de) la critique littéraire qui, sauf exceptions, n'a de toute façon globalement plus la place de développer des argumentations un peu plus fouillées dans la presse généraliste actuelle (laquelle doit s'adapter en plus à son lectorat).

Ca me rappelle un article que je viens de lire dans le dernier N° de la revue L'INDIC (éditée par l'association Fondu au Noir - n°31 de dec. 2017 à fev. 2018), qui a traduit sur 3 pages le discours d'ouverture du critique littéraire et éditeur allemand Thomas Wörtche lors de la 3ème édition en septembre dernier du Krimimachen (on pourrait traduire par "faire du polar"), qui sont des journées professionnelles sur la littérature policière.

Je t'avoue que je n'ai pas tout compris, certains aspects étant assez techniques, mais que c'était intéressant.
Même s'il aborde les questions de structures et de perspectives (?) du récit, il pose pour principe que le crime est politique, et et se penche sur la dimension politique de la littérature policière qui, selon lui, n'est JAMAIS anodine, "quels que soient les efforts qu'elle déploie pour donner l'impression qu'elle souhaite uniquement "divertir."

Il se penche sur la "littérature de pur divertissement" qui est, elle aussi, politique dans les réalités qu'elle décrit ou justement ne décrit pas, selon l'attitude qu'elle déploie vis-à-vis de "la loi et l'ordre", etc.

Il évoque aussi le comportement actuel du lectorat et les records de vente des "méga-sellers", "ce type de polars qui a tendance à être très peu complexe et donc à bien se vendre", en disant que "ce sont eux qui dominent la perception qu'a le grand public de la littérature policière."

Bon, honnêtement je ne peux pas résumer l'article car il est riche et détaillé.
L'idéal serait que quelqu'un qui a la revue puisse scanner cet article et le poster ici pour que chacun puisse le lire (perso je pourrais le scanner mais je ne sais pas faire le reste).
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Ironheart
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 10:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

En fait pour toi, Thibe, la qualité littéraire prime sur l'aspect divertissant.
L'idéal serait d'avoir des romans qui combinent les deux mais ce n'est pas si fréquent, surtout dans le domaine du polar.

J'aime beaucoup les Chattam, Grangé, Minier ou Thilliez mais ce ne sera pas leur manquer de respect que de dire que d'un strict point de vue littéraire, ce ne sont pas de grandes plumes.
Et pour autant, je ne trouverais pas scandaleux qu'on les classe dans la catégorie "grands" auteurs (de polars) car ils sont capables d'écrire des livres captivants, efficaces, avec des scénarios d'enfer, et ce, avec la précision d'un métronome. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde.

Je comprends ce que tu veux dire pour la note. J'ai mis 10/10 à L'ombre du vent que je considère être un chef d'oeuvre et 8/10 à Derrière les portes qui est seulement un très bon thriller psychologique. Pourtant ces deux romans sont incomparables mais dans mon système de notation, ils n'ont que deux points d'écart. C'est absurde et illogique mais on peut difficilement faire autrement car l'amplitude de notation est limitée.
Je saisis mieux pourquoi tu as mis 2/10 à ce bouquin malgré ses qualités divertissantes. Si tu le compares à d'autres oeuvres plus "haut de gamme" que tu as adorées, tu es obligé de fonctionner ainsi.

Mais moi, je ne veux pas comparer. J'évalue chaque roman pour ce qu'il est, pour le plaisir "brut" qu'il m'a donné. Tout comme pour les parfums ou la nourriture. Je ne peux pas mettre 10/10 à un repas chez Michel Bras et 1/10 au Kébab du coin. La différence de qualité et de savoir faire est incommensurable mais malgré tout, le plaisir procuré par le kébab ne justifie pas du tout que je le saque.

J'essaye de ne pas avoir de snobisme ou d'élitisme dans aucun domaine que ce soit. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir une conscience aigüe de ce qu'est l'exceptionnel et de le rechercher dans la mesure du possible.
Mais le problème c'est qu'à toujours chercher le mouton à 5 pattes, on risque d'être souvent déçu et frustré... Wink
Bref, j'essaye de trouver le plaisir où qu'il se cache !

Norbert, je n'ai pas de formation littéraire mais il est vrai que je lis depuis que j'ai l'âge de 3 ou 4 ans. Ma mère m'avait appris à lire avant de rentrer à l'école et j'ai très vite dévoré les bouquins. Enfant unique,avec des parents peu disponibles, les livres ont été mes compagnons de route, ceux qui m'ont aidée à supporter ma solitude.
J'étais prédisposée à pouvoir aimer toutes sortes d'ouvrages et pourtant je n'ai jamais eu le courage de m'attaquer à des "classiques". Comme tu l'as dit, les cours de français et le choix des romans à étudier m'ont un peu dégoûtée.
Pourtant, je suis sûre que les oeuvres de Zola ou Hugo me plairaient beaucoup. Les grands sentiments, les sagas, le romanesque...Tout ce que j'aime !

Norbert, si tu scannes l'article dont tu parles, je pense que Hoel ou Nico se ferait un plaisir de le mettre en ligne ! Wink
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 12:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai beaucoup aimé l'analogie avec la cuisine et le parfum Iron', ton post est remarquable !

Oui je crois que tu aimerais Victor Hugo et ses Misérables, un de mes romans préférés, une énorme claque, j'ai tout aimé dans ce roman fleuve.
Zola c'est un peu différent car aujourd'hui peu de lecteurs apprécient encore l'écriture naturaliste chère à l'auteur et certains exècrent même la profusion de détails dans les descriptions. Alors que c'est justement ce que j'aime chez cet auteur, ce souci du détail pour coller au plus près de la réalité. A toi de voir.
J'ajoute que, de formation littéraire, j'ai une vraie frustration quant au manque de temps (et quand je parle de temps, je parle de temps disponible autrement dit me permettant vraiment de m'immerger dans une oeuvre) pour continuer à lire des classiques (voilà des années par exemple que je veux découvrir les auteurs classiques russes du XIXe) ou même pour lire des livres d'histoire (80% de mes lectures avant mon arrivée sur PP et ma plongée corps et âme dans le polar Laughing ).

Bref, pour revenir au sujet du topic, j'aime quand un polar
- me procure des émotions
- me laisse des images précises en tête, une scène d'action ou un décor, une ambiance etc...
- me met une grosse claque dans la tête avec une fin que je n'ai pas vu venir (j'adore ça !).
- a une construction façon puzzle absolument bluffante, quand à la fin tout s'emboîte parfaitement
- est bien écrit, autrement dit lorsque l'auteur a fait un effort réel pour trouver les mots justes
- me fait aimer un personnage à tel point qu'il m'est presque familier (je pense à Kurt Wallander, Malin Fors ou encore Adamsberg et sa bande...)
- m'apprend des choses, notamment dans le domaine géopolitique, historique etc...

Bien sûr il y a très peu de polars qui répondent à tous ces critères (là, tout de suite, je pense juste à La Tristesse du Samouraï de Del Arbol), mais s'il y a deux ou trois de ces critères dans un roman alors il y a de fortes chances que je l'apprécie et que je lui mette une bonne note.
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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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thibe
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 2:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le Juge Wargrave a écrit:


Bien sûr il y a très peu de polars qui répondent à tous ces critères (là, tout de suite, je pense juste à La Tristesse du Samouraï de Del Arbol)


C'est d'ailleurs le seul, sur PP, auquel j'ai mis un 10/10 il y a tout juste 1 an Wink
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thibe
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 2:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

@ Ironheart: tu as bien compris ma manière de noter "en général". Toutefois, je serais déçu et/ou effrayé qu'on parle de snobisme à propos d'une manière de fonctionner qui est la mienne. Je ne suis pas certain de fonctionner ainsi... je reconnais que je sélectionne un peu ce que je lis en matière de polars (par manque de temps notamment - si je ne lisais que des polars, j'en lirais 1 ou 2 par jour, mais je lis d'autres choses aussi Smile ), mais je n'ai pas l'impression de faire des choix de lecture "snob" (oui, un bon Thilliez, ça fait du bien, même si selon "mes" critères, ça ne vole pas toujours bien haut Smile ).

Bon, j'accorde plus d'importance à ce que dit une critique sur PP qu'à la note attribuée... qui demeure en effet assez relative aux critères que les lecteurs prennent en compte.

Le côté "prof" (que j'ai été un temps...) m'incite à essayer d'équilibrer comme je peux les notes que j'attribue (il m'est arrivé de modifier une note sur PP afin de rester cohérent vis-à-vis de ma manière d'aborder les choses...).

Et oui, Ironheart a raison, à force de chercher la perle rare, je suis plus souvent - un peu/moyennement/beaucoup - "déçu" que totalement émerveillé... mais ça ne m'empêche pas de vivre et de me sentir bien ainsi Smile le geste prométhéen peut rester une exception Smile et on peut être heureux "sans" Smile
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Ironheart
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 3:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je te rassure, je ne pense pas du tout que tu fasses preuve de snobisme ! Wink
D'ailleurs, le vrai snob ne serait pas sur ce forum et surtout, ne lirait pas du Thilliez !
Tu es exigeant, nuance ! Very Happy

Mais il faut reconnaître qu'il y a une forme de snobisme dans pas mal de domaines culturels, culinaires, littéraires ou autres qui consiste à rejeter en bloc tout un pan du domaine considéré pour des raisons pas toujours valables.
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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2017 5:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour enfoncer le clou: un hamburger/frites ça me fait toujours plaisir Smile

Je suis exigeant ... parce que (et pour ce que) je (le) veux bien ...
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