Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[Anonyme 15]

Surpris par la pluie, Yvan s’abrita sous son attaché-case et accéléra l’allure en râlant. Il était sorti de chez lui en claquant la porte furieusement, la dispute avait été plus violente que d’habitude, il valait mieux qu’il gagne l’hôtel le plus proche, au moins pour la nuit.

Tandis qu’il empruntait sa rue, il vit une forme étendue sur le sol, à peine éclairée par la lumière vacillante d’un réverbère. Doucement il s’approcha. Il reconnut très vite le chat de la voisine à son œil gauche, perdu vraisemblablement dans un combat contre un autre chat. Il poussa l’animal du bout du pied contre le trottoir. Madame Sivatchi le trouverait au petit matin et le pleurerait comme elle avait déjà pleuré les 6 autres chats qu’elle avait eu… elle avait semble-t-il du mal à les garder longtemps en vie mais elle persistait. Yvan tourna à droite, la rue était déserte. Dans un silence glacial il avança vers un amas de vieux journaux qui jonchait le sol.

En s’approchant, il s’aperçut qu’il s’agissait d’un homme, couché sur le dos. Une écharpe en laine cachait son visage. Tout son corps était recouvert de journaux dont la pluie effaçait inlassablement les grands titres. L’homme ronflait paisiblement, ignorant la pluie et les bruits. Yvan marcha encore quelques minutes et arriva devant l’hôtel de la Paix, curieux nom pour une autant curieuse nuit pensa-t-il. Il poussa la porte et se dirigea vers le comptoir ou un employé au visage sismique dormait profondément. Touchant maintenant le comptoir, Yvan hésita puis se lança :

— Monsieur ? lança Yvan d’une voix craintive. L’homme ouvrit d’abord l’œil droit puis le gauche avant de se redresser difficilement. Puis d’une voix pâteuse il répondit : - Que puis-je pour vous Monsieur ? Yvan demanda une chambre pour la nuit, l’employé lui fît remplir une fiche, chercha derrière lui une clé qu’il donna à Yvan en lui souhaitant bonne nuit. Yvan hocha de la tête et partît en direction de sa nouvelle chambre. Une fois à l’intérieur, il repensa au clochard croisé sous la pluie au moment ou son regard tombait sur une couverture posée négligemment sur son lit. Il s’empara de cette dernière, ressortit de sa chambre, dévala l’escalier, aperçu l’homme derrière son comptoir dans un sommeil à nouveau profond, poussa la porte de l’hôtel et marcha d’un pas pressé vers l’amas de journaux. Une fois arrêté devant le clochard, Yvan lança : - Monsieur, je vous amène une couverture, il fait très froid ce soir et je pense que vous en aurez plus besoin que moi… Puis joignant le geste à la parole, il recouvrît la forme allongée avec la couverture. - Monsieur ?

Comme l’homme ne répondait pas, il se baissa et ôta l’écharpe lentement. Il se figea en découvrant la figure d’une pâleur mortelle. Il était trop tard, la nuit était sujette à la mort pensa-t-il. Il reprît le chemin de l’hôtel et une fois entré dans sa chambre, il s’allongea un court instant, laissant divaguer ses pensées… il s’endormit ainsi tout habillé. Il fût réveillé en pleine nuit par une voiture dans la rue, sans doute une ambulance ou les pompiers étant donné le raffut que faisait la sirène. Il se leva, se dirigea vers la salle de bain, alluma et regarda son reflet.

Ce visage était en tous points identiques au sien... mais quelque chose avait changé en lui ce soir. Il avait presque 50 ans, une calvitie naissante, des traits fins qui contrastait avec son nez aquilin. Il repensa à sa dispute et sourit… Sa femme lui manquait désormais. Il sortit en fermant doucement la porte de la chambre, descendit sur la pointe des pieds et quitta l’hôtel. Il ne pleuvait plus. Il partît en direction de sa maison et très vite accéléra son pas, il pensait à Mélanie, sa femme, il avait été stupide de lui tenir tête une nouvelle fois, si stupide. Il tourna dans sa rue et se surprît à courir. Il y a avait encore de la lumière chez lui et il traversa, le regard fixé sur la porte de sa maison. Il ne vît pas ni n’entendit le camion frigorifique arrivant de sa droite, laissant parler un aquaplaning silencieux et mortel…

Yvan souriait lorsqu’il rendît son dernier souffle…

[Itsuki]

heu on avait le droit de sectionner le texte ? c'etait pas un 'debut' obligatoire ? parce que moi cela m'aurait arrangé aussi de pas le mettre au debut PTDR !

ps : je me prononce pas sur les nouvelles a part ça, parce que je trouve pas ça 'juste', ca peut influencer le vote je trouve de dire que l'on trouve ca super, bien, ou faire des critiques...

[Hoel]

Encore une utilisation originale du texte de Laurent Scalese. Il fallait y penser, bien joué.
_________________
Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

http://hanniballelecteur.wordpress.com/

[Fredo]

Bravo, l'art de ne pas se laisser enfermer dans un exercice imposé ! Je pense que l'on a définitivement la confirmation que le vote va être impossible !!
_________________
Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok

[Memess]

Aie !
Ne pas mettre le début de texte au début de la nouvelle, pas de soucis, mais par contre sectionner le texte la je n'aime pas du tout !
Bientôt on va changer l'ordre des phrases !
Je considérai "l'énoncé" comme quelque chose d'inviolable ... là je trouve que cette nouvelle va un peu trop loin !
Pour le prochain concours il faudra veiller à bien mettre au clair les règles !
Sinon je suis déçu par la chute !C'est dommage! L'histoire donnait une jolie petite leçon de morale et paf l'accident casse le charme de cette nouvelle !

Le vote va être impossible tant il y a de la diversité et du talent !
_________________
Polars Addict : Chroniques des littératures de genre
So many books, so little time...