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[Concours n°1] L'atout du transfuge

 
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Anonyme89
Invité








MessagePosté le: Jeu Juil 19, 2007 6:02 pm    Sujet du message: [Concours n°1] L'atout du transfuge Répondre en citant

Surpris par la pluie, Yvan s’abrita sous son attaché case et accéléra l’allure en râlant. Tandis qu’il empruntait sa rue, il vit une forme étendue sur le sol, à peine éclairée par la lumière vacillante d’un réverbère. En s’approchant, il s’aperçut qu’il s’agissait d’un homme, couché sur le dos. Une écharpe en laine cachait son visage.
─ Monsieur ? Lança Yvan d’une voix craintive.
Comme l’homme ne répondait pas, il se baissa et ôta l’écharpe lentement. Il se figea en découvrant la figure d’une pâleur mortelle. Ce visage était en tous points identique au sien…

Yvan recula brusquement, chancelant sous le coup de l’émotion, il laissa tomber son attaché case, offrant son visage au martèlement de la pluie. La morsure de l’eau glacée ne lui fit aucun effet, sauf peut être de lui laisser les idées claires.
Il ne cessait de marcher à reculons, jusqu’à rencontrer la façade de l’une des habitations. Invisible dans la pénombre de la ruelle, il restait immobile, plaqué contre la paroi, sentant son cœur battre à plein régime et la pluie dégouliner le long de ses mèches collées à son front. La pluie battant le pavé couvrait sa respiration saccadée et sifflante.
Ça n’était pas possible.
Ils l’avaient retrouvé.
Et puis le déclic se fit. Ivan recouvrait maintenant la maîtrise de ses émotions, un instinct remontant des profondeurs de son être, trop longtemps oublié parce que dangereux. Un fauve qui ne demandait qu’à renaître, pour sa survie.
Il ne se trouvait plus qu’à cent mètres de son domicile, inutile d’espérer y parvenir vivant s’il y allait comme cela.
Il était temps de refaire surface. Juste une dernière fois.
Vingt ans déjà…
Yvan retourna jusqu’au cadavre, inutile de l’examiner plus qu’avec un simple regard, il savait que le macchabée était raidi depuis longtemps, il appartenait au passé. A son passé. Il n’était qu’une mise en scène, tout concordait : l’écharpe, le corps dans la lumière et sur le dos, le visage. Le Symbole. Il ouvrit l’imper beige, fouilla la poche intérieure gauche et y dénicha ce qu’il escomptait.
Un Beretta, 9mm. Arme réglementaire des soldats américains. Ces salopards ne manquaient pas d’humour. Il vérifia le chargeur, les douze balles s’y trouvaient. Il termina l’inspection du cadavre pour trouver l’autre chargeur. Les règles n’avaient pas changé.
C’était à lui d’établir le résultat final.
Il arma son pistolet et le coinça dans sa ceinture, à coté du second chargeur. On allait jouer à la Roulette Russe. A proprement parler. Mais personne n’y a vraiment participé sans avoir un atout dans sa manche.
Certainement pas Yvan Petrovna.

**

Arrivé devant son domicile, il dégaina son arme, et entrouvrît le lourd battant. La porte s’ouvrit sans un grincement, mais aucune lumière ne s’alluma, pour la simple et bonne raison qu’elles avaient été brisées. Ils les avaient brisées, et éparpillé les bris de verre partout dans le couloir et sur les escaliers.
Il était aveugle. Mais Eux savaient où il était.
Le retour à la Mère Patrie. Putain d’enfoirés.
Yvan profitait de chaque rai de lumière pour examiner les recoins de l’escalier tournant, profitant de chaque seconde supplémentaire permettant à ses pupilles de se dilater pour s’habituer à l’obscurité.
Il distingua alors, contre le mur du troisième étage, juste à coté des plinthes en plastique, un stylo noir insignifiant. Son deuxième atout.
Yvan continua sa progression et arriva sur le palier de son appartement. Le danger ne viendrait pas de derrière, pas maintenant. Le terrain était préparé en cas de survie. Ils s’amusaient bien ces connards.
Il poussa la porte dans un murmure, le pistolet braqué devant lui, le battant s’arrêta tout aussi silencieusement avant de toucher le mur.
Amateur.
Yvan s’avança de deux pas en direction de la cuisine, comme s’il s’aventurait en terrain inconnu, la tête rentrée dans les épaules. Puis d’une détente fulgurante, il pivota, projetant sa main gauche, armée du stylo. La porte avait commencé à se retourner, découvrant son premier agresseur, suffocant déjà, l’arme improvisée d’Ivan plantée dans son œsophage. La surprise avait été tellement grande pour l’homme dissimulé, que ce dernier n’avait pas pressé la détente de son arme. Aucun réflexe.
Yvan termina son mouvement, arrachant d’un mouvement sec la totalité de la trachée. Le corps s’affala lourdement, mais Ivan n’y prêta pas attention, il s’était déjà retourné, s’attendant à la prochaine attaque, armé de son Beretta et du stylo sanglant.
Il braqua son arme en direction de la salle de bains, dont la porte était entrebâillée, l’idéal pour se dissimuler et sortir sans un souffle. Il tira trois coups dans la porte. On entendit un second corps s’affaler.
Alors tout se déroula très vite. Yvan sentit le coup qui s’abattait sur son poignet lui faisant lâcher le pistolet, la seconde attaque lui coupa la respiration, il ne perçu quasiment pas le dernier choc qui l’avait projeté contre le mur.
Les bonnes vieilles techniques n’avaient pas changé.
Sans réfléchir, il se baissa, évitant le coup de pied fatal qui lui aurait fait exploser le crâne. Il balaya le sol de sa jambe, fauchant l’attaquant, pivota sur la jambe qu’il avait développée, parvenant à se mettre à califourchon sur son adversaire, qui reçu une pluie de coups, chacun plus dévastateur et violent que le précédent. Sa main brisait un peu plus le crâne de son adversaire, la gauche, armée du stylo, continuait de labourer la joue de l’agresseur.
Puis Yvan s’arrêta, contemplant l’homme qu’il dominait.
Il se baissa jusqu’à son oreille et lui souffla, d’une voix chargée de haine : « enculés de Spetnaz »
Puis il lui enfonça brutalement le stylo dans l’œil, transperçant le cerveau jusqu’à atteindre l’autre paroi du crâne.
Il se releva et cracha sur le cadavre, récupéra son arme et entreprit de descendre l’escalier.
Oui il avait appartenu aux pires tueurs de l’armée Russe, les meilleurs des soldats.
Les pires des fanatiques aussi. Gochnorev, le colonel du dernier détachement de Spetnaz n’avait pas supporté qu’Ivan, son meilleur élément, devienne un transfuge. Il avait juré sa perte. Mais Gochnorev était mort l’an dernier. Ivan n’avait pas dormi tranquillement pour autant. Il était Spetnaz, pas naïf. Même encore aujourd’hui.
Yvan descendit en évitant les marches et les bris d’ampoules, c'est-à-dire le long des barrières, le plus discrètement possible. Seuls les coups de feu déchiraient le silence implacable. Ce serait au plus rapide, au plus précis, à celui qui aurait le plus de chance. La Roulette Russe.
Il abattit encore huit hommes, chacun de deux balles, dans la gorge et dans la tête.
Du travail de pro, comme il y a vingt ans.
Arrivé au rez-de-chaussée, il attendit quelques seconde dans le silence de l’endroit, sans respirer, recherchant la moindre trace de vie ennemie.
« Il ne te reste plus que cinq balles Yvan ? »
Une ombre se dessina sur le mur en face de lui, il se retourna en direction de la seule fenêtre qui éclairait la façade et tira trois fois. Le mur éclata à trois reprises.
« Tu ne sais plus te maîtriser Yvan, tu aurais donc tout oublié depuis ce temps ? »
Yvan Le recherchait partout, s’agitant frénétiquement. Il avait peur.
« Pourtant tu t’en souviens ! Depuis que tu as vu le cadavre Vlacheslav, tout t’es réapparu n’est ce pas ? »
La voix venait de partout et de nulle part, c’était un mort qui parlait, mais il était mieux placé que quiconque pour savoir que les spectres n’existent pas. Sauf les fantômes de notre passé. Il ferma les yeux deux secondes, reprenant le contrôle de ses émotions. Rester humble devant la mort.
« Vlacheslav et toi vous étiez les meilleurs, vous étiez partout. Les Spetnaz de la Mort au visage remodelé. La plus belle réussite de nos chirurgiens. Un visage, deux hommes, les miens, les meilleurs. Tu étais notre plus grande fierté Ivan, tu pouvais tout. Mais, tu as décidé de nous trahir… »
Une ombre se dessina dans l’encadrement de la porte.
Sans hésiter, Yvan tira à deux reprises.
Un homme s’écroula, mais l’ombre était restée.
« Tu as perdu Yvan. Tu viens de tuer le cadavre de Vlacheslav. »
Yvan était resté en joue.
« Adieu, camarade », railla la voix en russe.
Un coup de feu retentit.
L’ombre disparut.
Yvan avait grillé sa dernière balle, celle qu’il avait conservée pendant vingt ans dans la doublure de son portefeuille.
Toujours conserver un atout.
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sofy
Serial Killer : Patrick Bateman


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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Jeu Juil 19, 2007 6:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

très bon...très très bon.... Wink
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luce
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Juil 20, 2007 5:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

j'adore.
je tenais simplement à dire que l'on ne dit pas "Spetnaz" mais Spetsnaz"

une erreur sans importance me direz vous ...
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Messages: 920


Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Ven Juil 20, 2007 9:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai adoré aussi
Seul détail qu'il ne m'a pas plu : " Il abattit encore huit hommes"
ça commence à faire beaucoup !
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So many books, so little time...
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Dim Juil 29, 2007 11:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très belle gestion des détails, attention aux Ivan/Yvan ! J'aime bien l'idée des tueurs portants le même visage, imaginez la légende que cela peut entrainer, un tueur se trouvant à plusieurs endroits à la fois, les alibis, etc. Ça me rappelle un peu l'amateur du zamaochit dans la série Alex Cross de James Patterson, pour les amateurs Wink
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