Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres Index du Forum Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres
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Polars Pourpres

pile ou face mortel

 
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stfoch
Meurtrier


Age: 53
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Messages: 467
Localisation: Lille

Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Lun Mai 22, 2006 7:19 pm    Sujet du message: pile ou face mortel Répondre en citant

Pile ou face mortel :



Le taxi venait de me déposer sur le parking du casino de Saint Amand Les Eaux, la nuit commençait à enlacer les lieux, je me dirigeais vers l’hôtel dans lequel j’avais réserver une chambre pour la nuit quand une BMW qui se garait, me klaxonna.
Je reconnus Karim qui en descendait, une allure toujours sportive pour ses 35 ans, un costume de grand couturier, lunettes noires, un physique de play-boy ou de mafioso, plutôt que celui du grand chirurgien esthétique qu’il était devenu.
Il me rejoignit dans le hall de l’hôtel
« Bonjour, tu es en avance » lui dis-je en déposant mes bagages pour lui tendre la main
Il ne me tendit pas la sienne
« Tu sais ce qu’il nous veut ? Pourquoi ce rendez-vous aujourd’hui, après tout ce temps ? » Éructa Karim
« Ça fait 3ans, jour pour jour, je ne sais pas pourquoi on est là, j’ai reçu son invitation comme toi je pense, mais on ne va pas tarder à le savoir. Le voilà »
Simon venait de passer les portes automatiques, et se dirigeait vers nous, la quarantaine, quelques kilos supplémentaires avec les années et son récent train de vie de nouveau riche
Nous étions à présent réunis, au même endroit comme 3 ans plutôt, ce vendredi 13 mai 2004 le soir où nos vies basculèrent.

Karim, Simon et moi, nous nous connaissons depuis les bancs de lycée, c’est notre passion dévorante du jeu qui nous avez rapproché, au début tout ce qui était prétexte à un pari, puis ensuite les jeux d’argent : tiercé, loto, et un jour le casino D’abord les bandits manchots, les machines électroniques de poker, puis au fur et à mesure des gains et de l’effet de cette drogue en nous, les tables de jeux … les tables de poker
Combien de parties dans ces salles enfumées, combien de pactoles gagnés et dans l’heure perdus. Notre amitié s’était soudée ici. On partageait les mises et les gains, on arnaquait les autres joueurs ensemble. Nous étions prêts à tout pour l’argent et le vice du jeu.

Au début de l’année 2004 nous étions tous les trois complètement fauchés ,on n’avait plus le moyen d’aller au casino ,c’est le soir du vendredi 13 mai que Simon nous invita pour manger au restaurant japonais juste à coté des salles de jeux.
Le manque se fit ressentir dès l’entrée, mais faute de mise, ce fut avec plaisir que je rejoignis Karim et Simon à table, nous commandions un grand plateau de sushi, makis et sashimis, le tout arrosé de saké à volonté, c’est vers la fin du repas et plusieurs verres que Simon nous donna à chacun une enveloppe en nous demandant avant de l’ouvrir de lui faire la promesse de ne plus jamais jouer à quoi que ce soit.
La promesse ne fut pas difficile à faire avec la curiosité de savoir le contenu de l’enveloppe mais en fait savoir, si j’avais gagné au change en acceptant de faire cette promesse, qui était trahie avant d’être faite
Nous l’ouvrîmes en même temps pour découvrir chacun un chèque de 5 millions d’euros à notre nom.
« Vous avez promis les gars ! Plus jamais vous ne jouerez » nous ramena à la réalité Simon
« Pourquoi cet argent Simon, d’où vient il ? Tu étais autant fauché que nous deux » l’interrogeât Karim
« Regardez çà » Simon sortit en même temps de sa poche, un ticket d’euros million qu’il posa sur la nappe devant nous
Nous l’interrogions du regard.
« Je viens de gagner le jackpot du vendredi 13, 200 millions d’euros, je suis le seul gagnant en Europe et tout çà m’arrive avec seulement 2 euros alors que depuis des années, j’ai joué des fortunes ici à tout perdre, ma maison et ma femme et mes enfants et là en 10 secondes avec 2 euros et les 5 bons numéros et 2 étoiles 200 millions d’euros,
Je vais pouvoir reconstruire ma vie et vous aussi ! Le jeu a failli nous perde et là, nous fait gagner nos nouvelles vie alors fêtons çà !» conclut Simon en levant son verre
« Trinquons à nos nouvelles vies ! »
Karim et Moi n’en revenions pas, le remerciant en buvant encore et encore pour fêter l’événement
Simon proposa de finir la nuit en discothèque en Belgique, à peine à vingt minutes, nous prîmes sa voiture, la raison aurait du nous dire de rester là tellement nous étions éméchés mais l’excitation de cette soirée et l’inhibition de l’alcool faisaient sauter toutes les barrières
Nous roulions à travers la forêt domaniale de Saint Amand Les Eaux, les arbres défilaient à grande vitesse le long des départementales désertes en pleine nuit

C’est au carrefour de la Vierge que le choc se produisit, un bruit assourdissant fit vibrer toute la carcasse de la voiture, elle tangua un moment avant de s’arrêter à plusieurs centaines de mètres du carrefour
Nous descendîmes du véhicule, sonnés par le choc et l’incompréhension de ce qui venait de se passer, nous remontâmes jusqu’au carrefour pour y trouver un vélo complètement disloqué mais juste à coté… L’horreur, le corps démantibulé d’une jeune femme, ses membres désarticulés formant des angles irréels mais surtout son visage complètement défiguré, ravagé, laminé par son passage sous la voiture et le fait d’y avoir été traînée pendant plusieurs mètres J’appris bien plus tard que c’était une serveuse d’un des restaurant du casino qui rentrait chez elle après son service terminé pour être fauchée et mourir ici
C’est Karim qui terminait à cette époque ces études de médecine qui nous confirma son décès, la panique nous submergea.
Que faire ?
C’est à ce moment précis ou notre vie bascula quand Simon nous proposa « on se casse et on va couler la voiture dans le canal de la Sambre, personne ne nous a vu. Allez on se casse »
« T’es cinglé ! On peut se barrer comme ça et la laisser là ! » Hurlais- je
Karim était prostré à genoux à coté du corps sans rien dire.
« Tu veux faire quoi espèce de crétin ! Appeler les flics et finir en tôle ? Alors qu’il n’y a même pas quelques heures la vie nous a fait un cadeau pour faire la vie dont on rêve. Tu veux abandonner ça pour une fille morte que tu connais pas, sacrifier ta vie pour la sienne alors dis moi on fait quoi ? »Me cracha au visage Simon
Karim se leva et dit en montrant une pièce « pile on reste, face on se casse»
« Ok ! Ça marche et si c’est face, je vous donne 50 millions d’euros chacun et vous fermez votre gueule et je ne veux plus vous voir » rajouta Simon
« C’est bon pour moi » dis je au moment ou Karim lança la pièce en l’air, elle retomba à peine à quelque centimètre du visage du cadavre de la jeune fille
C’était face
Nous sommes partis couler la voiture, en laissant derrière nous, à des kilomètres de là le corps et la pièce qui avaient changé nos destins.

Et aujourd’hui nous étions ici 3 ans après, jour pour jour, au même endroit, pour un nouveau rendez- vous avec Simon, nous ne nous étions plus vu depuis ce fameux soir
Pendant ces années, nos vies réciproques avaient bien changé.
Karim avait acquis une réputation de nouveau pape de la chirurgie esthétique en ouvrant plusieurs cliniques dans le monde, une réussite éclair dans son milieu
Simon profitait de son argent, qu’il avait brillamment placer en bourse, dans les palaces, les soirées jet set, il faisait fréquemment la une des journaux people à chaque nouvelle conquête et des magazines économiques pour sa réussite
Moi je revenais pour la première fois en France, j’étais partis vivre au Québec, dans les forêts des Laurentides à quelques kilomètres de Montréal, un lieu de méditation où j’écrivais quelques polars que j’auto- produisais, le succès était au rendez vous, un de mes livres était même en cours d’adaptation au cinéma par un célèbre réalisateur américain
Ce vendredi 13 avait vraiment changé nos vies

« Tu veux quoi Simon ? Pourquoi ce rendez vous ? » Interrogeât Karim particulièrement nerveux.
« Calme toi, on en discutera chez moi, j’habite pas loin d’ici et je vous emmène » dit Simon en sortant vers le parking, vers lequel nous le suivîmes pour, monter dans sa voiture. Une sensation étrange de déjà vu désagréable
La voiture contourna le rond point à la sortie du casino pour s’engager sur la départementale en direction du Mont Bruyère, nous passions devant les Thermes et l’usine de mise en bouteilles de la source de St Amand, avant d’arriver au carrefour de la Vierge
Les flashs du passé explosaient dans ma mémoire, le silence était pesant dans la voiture, l’air lourd comme un soir d’orage, la voiture continua sa route, puis tourna sur la droite pour s’enfoncer plus profondément dans la foret par un chemin bordé d’arbres centenaires. Nous arrivons dans un parc ouvrant sur une ancienne abbaye bénédictine datant de 630
Simon nous ouvrit la lourde porte, pour nous faire entrer dans ce lieu mystique empli d’histoires, de prières, de mystères et de secrets
« J’ai acheté cette demeure il y a quelques mois, elle appartenait à un illuminé parano qui l’a truffé de nouvelles technologies pour se protéger. Je vous montrerai ses trouvailles tout à l’heure» nous proposa Simon
Il nous fit traverser cet édifice impressionnant, pour nous amener dans une salle convertie en bibliothèque, une impressionnante collection de livres anciens ainsi que des livres actuels même des polars où j’eus l’agréable surprise de voir deux de mes romans
Simon nous invita à nous asseoir dans des fauteuils moelleux en cuir. Ce lieu respirait la sérénité, nous en profitions pour nous détendre et boire un whisky que nous servit Simon
Nous racontions alors comme si de rien n’était, ce que nous étions devenus sans qu’aucun de nous trois ne fasse référence au moment précis qui avait tant et tout changer

C’est alors que Simon nous proposa de voir l’une des inventions du précèdent propriétaire, il nous amena devant l’un des pans de la bibliothèque, il tira sur le chandelier mural et là, la bibliothèque coulissa pour faire apparaître une porte blindée de plus d’un mètre d’épaisseur, ouvrant sur une salle d’une trentaine de mètre carré environ, entièrement équipée pour la survie.
« C’est un abri anti-atomique construit pendant la guerre froide, il parait que l’ancien proprio y dormait plusieurs fois par semaine... un fou je vous dis. » dit Simon
Karim entra le premier, je le suivis, Simon restant sur le seuil
Et la porte claqua en produisant une détonation assourdissante, le temps de se retourner, Simon nous avait enfermé tous les deux dans ce bunker.

« Nous allons jouer une dernière fois ensemble » résonna la voix de Simon dans les haut-parleurs à l’intérieur de cet espace clos de toute issu
« Je vous explique les règles du jeux : dans le verre que vous venez de boire j’y ai mélangé un poison qui aura un effet mortel dans trois heures, heure à laquelle la porte de l’abri s’ouvrira de nouveau, entre-temps je vous laisse la chance de jouer et de gagner votre vie, sur la table, il y a 2 boites, une pour chacun de vous, votre nom est indiqué dessus, ne vous trompez pas, ça serait dommage » ricana Simon
« À l’intérieur de chaque boite, il y a comme vous pouvez le voir, trois seringues remplis de sang du même rhésus que le votre, la première contient un antidote, la seconde juste du sang, la troisième l’antidote plus le virus Hiv, en résumé la vie, la mort ou la vie et la mort, beau défi à relever vous ne trouvez pas ? » Interrogea-t- il
« T’es un cinglé ! Pourquoi putain ? Tu nous veux quoi ? »Hurla de désespoir Karim
« Il veut être sur qu’il n’y ait personne qui peut le trahir un jour sur ce qui c’est passé, il y a trois ans » lui répondis- je
« Ça fait trois ans qu’on la ferme, on a autant à perdre que lui, t’es un véritable malade ! Laisse nous sortir ! » Supplia Karim
« Ou alors il a peur de tout perdre » dis- je en regardant la caméra qui nous observait.
Clap, clap, clap applaudissait Simon
« J’ai déjà tout perdu il y a trois ans comme vous ,on a vendu notre âme au diable,je suis devenu l’une des plus grosse fortune de France , je peux tous acheter , des palaces, des voitures,des avocats,la police les femmes mais la seule chose que je n’ai pu acheter, c’est de pouvoir dormir sans voir le visage de cette fille même les drogues n’y font rien, elle est toujours là à me hanter ,alors j’ai décidé d’en finir avec cette histoire ,de retrouver le sommeil , le sommeil éternel ,mais je voulais jouer avec vous une dernière fois
J’ai pris également, le poison, mais je ne prendrais pas l’antidote je veux en finir, m’absoudre de mes péchés ou fuir si vous préférez, mais pour vous si vous arrivez à sortir, je vous laisse une récompense : deux clés, avec leurs codes de deux comptes en Suisses sur lesquels au total il y a 200 millions d’euros, l’histoire se répète inexorablement, à vous de jouer » conclut il.

Trois heures plus tard, la porte blindée s’ouvrit sur un silence de plomb, Simon assis dans un fauteuil, le visage apaisé, la mort l’avait emporté enfin loin de ses cauchemars d’ici bas.
Karim était lui, étendu, sur le sol froid, de l’abri anti-atomique, il avait joué encore une fois à pile ou face avec les seringues, il est mort aussitôt après l’injection, et moi, j’avais décidé de ne rien choisir et d’attendre la mort… J’étais toujours en vie, ce qui me fait penser que Simon avait voulu quitter la scène sur un dernier coup de bluff, il avait bien ingéré le poison mais pas Karim et moi, le poison mortel se trouvait dans les trois seringues, pour voir si même face à notre propre mort, on serait encore capable de jouer comme il y a trois ans
Je sortis de l’abri, passant devant le corps de Simon et la table où il y avait les clés et les codes pour accéder aux 200 millions d’euros,
Je sortis sans m’arrêter,
Sans rien prendre
Depuis trois ans, je ne jouais plus.
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cabosche
Serial Killer : Patrick Bateman


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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Mar Mai 23, 2006 4:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

eh ben, encore une nouvelle phenoménale ! bien rythmé. tu m'impressionnes a chaque fois par ta qualité d'ecriture.
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sofy
Serial Killer : Patrick Bateman


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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Mar Mai 23, 2006 4:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent!!!!! Very Happy pas d'autres mots, tu es vraiment très doué....
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El Marco
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Messages: 11572
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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Jeu Mai 25, 2006 9:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vraiment excellente nouvelle, stfoch ! Bravo ! Very Happy
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