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Polars Pourpres

Les 70 ans de la Série Noire
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El Marco
Charlie "Bird" Parker (modo)


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Les Rivières Pourpres

MessagePosté le: Mar Aoû 25, 2020 7:14 am    Sujet du message: Répondre en citant




Citation:
Les nouvelles réunies ici, on le verra, ont pour auteurs, en général, des écrivains bien connus des amoureux de la Série Noire. La Reine de la Nuit n'oublie pas ses vieux copains... et salue les nouveaux.


Mon vote :

Citation:
Quatorze nouvelles écrites par des épées de la Série Noire. Au programme : un gamin qui cache bien son jeu mortel, un mari désirant se débarrasser de sa femme, une histoire autour d’un téléphone, une escroquerie avec des montres, une charmante vieille dame trop bien mise pour être honnête, une belle entourloupe avec des pierres précieuses, un tourmenteur particulièrement sadique, une erreur d’identité en raison d’un a priori racial, un très adroit tour de passe-passe, des appels téléphoniques qui conduisent une femme au meurtre, un chassé-croisé entre deux tueurs à gages, un meurtre commis par la mafia mexicaine… Seule celle intitulée « Quatre de chute » ne m’aura guère marqué. Mais puisque l’on parle de « chute », elles sont toutes vraiment très réussies, chacune à sa façon, que ça soit du polar hard-boiled, de l’humoristique, du suspense, etc. Bref, un très bon moment de lecture – noire, évidemment – qui m’a redonné le plaisir de renouer avec les recueils de nouvelles – ce que je n’avais pas fait depuis quelque temps. J’ai attendu chacune des scènes finales avec l’appétit d’un môme guignant le dessert concluant un excellent repas. Seul bémol : il n’y a pas de thématique, de fil rouge à ces histoires, ce qui m’a un peu déçu. Mais je n’en garderai pas moins un très bon souvenir de ces lectures.
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El Marco
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MessagePosté le: Mar Sep 15, 2020 5:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Il s'appelait Rudolph Valentino Callahan. Beau nom pour séduire les filles. Un jour, toutefois, il alla un peu trop loin dans ses entreprises amoureuses. "Après tout, se disait Callahan, on a beau servir sous l'uniforme des gardes-frontières, on peut se permettre un petit écart de temps en temps". Et pour ça aussi, on pouvait lui faire confiance, à Callahan !


Mon vote :

Citation:
… ou comment Rudolph Valentino – dit Rudy – Callahan, nouvellement nommé garde-frontière au poste d’Arroyo Seco, en vient à tomber dans un piège qui pourrait être mortel. Pourtant, Rudy présente bien : jeune, paroles distinguées, beau gosse. En réalité, c’est une fine crapule. Amateur de femmes, quitte à se montrer violent voire violeur, passablement raciste, joueur invétéré, ancien tireur d’élite pendant la Guerre de Corée – mais il n’est même pas certain que ce soit vrai, il cumule les défauts et péchés, drapé de son uniforme. Mais ses errements et fautes vont finir par le rattraper, notamment en raison d’interactions imprévues avec d’autres individus. Pas mal de personnages secondaires retiennent l’attention dans ce roman dans la plus pure tradition de la littérature noire, et ce sont à mon avis les femmes, notamment Gloria Jean Hansen. Elle est la fille du cultivateur et magnat local, mais surtout une remarquable allumeuse au physique vertigineux, une érotomane de première, une alcoolique, et une femme fatale, à sa façon, qui conduira à leur perte plusieurs hommes. La plume de William O’Farrell correspond sans mal à ce que l’on attend de ce type de livre : sec, sombre, allant à l’essentiel. Une intrigue intéressante, bien charpentée et offrant son lot d’émotions contradictoires, jusqu’au final, en plusieurs étapes, avec des conclusions mémorables quant aux existences de Gloria Jean et de Rudy. C’est aussi une belle peinture des ouvriers mexicains venus travailler sur les terres texanes en fonction des besoins des maraîchers locaux. Je ne regrette au final que deux choses dans ce bouquin épatant : le titre (« Wetbacks », littéralement « Dos humides », comme on appelle les émigrés clandestins traversant le Rio Grande pour rejoindre les Etats-Unis, devenu ici dans sa traduction française « Pieds humides », bof bof…), et peut-être que la personnalité de Rudy aurait davantage pu être creusée, car il y avait matière à faire avec ce personnage.
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El Marco
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MessagePosté le: Mer Oct 28, 2020 11:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
A la rédaction du "Broadway Times" on ne s'intéresse pas aux faits divers. Car le "Broadway Times" est un journal spécialisé : chevaux de courses et belles de music-hall.
Seulement voilà, le tueur maniaque qui sévit périodiquement à Broadway et qui signe ses forfaits du nom de "Waldo " est lui aussi un artiste spécialisé.
Et s'il ne partage pas l'intérêt du journal pour le canasson, vainqueur de la dernière course de Californie, la foule des jeunes danseuses et chanteuses de burlesque ne manque pas de captiver son attention. Il les aime jeunes, belles, frivoles... et mortes.


Mon vote :

Citation:
… ou comment le rédacteur en chef du journal « Broadway Times » Bart Hardin en vient à être contacté par un tueur en série qui se surnomme « Waldo » et qui s’en prend exclusivement à des femmes du milieu artistique. Il faut dire que ce canard ne se préoccupe que des canassons de course et de music-hall, d’où cette formule : « Le « New York Times » publie toutes les nouvelles publiables ; le « Broadway Times » publie les autres ». Si le criminel annonce un futur forfait, peut-être est-ce un moyen de réaliser un scoop… ou de résoudre l’enquête en aidant la police. Partant d’un canevas assez classique (même si le livre date de 1954), je me suis laissé prendre par le récit, montrant d’abord l’envers du décor du journalisme, des bons papiers, des contacts avec l’univers artistique, etc. Par la suite, ça devient beaucoup plus routinier : l’auteur perd un peu de sa verve, le tempo s’allège, les connexions se font téléphonées, et ce n’est que sur le final que quelques rebondissements – pourtant devinables – viennent se mêler à une complexité un peu inutile de l’intrigue (étrange paradoxe, d’ailleurs). Au final, un roman noir très correct, mais qui ne s’appuie pas assez à mon goût sur son décor new-yorkais, ni sur une histoire qui se démarque des autres, pour devenir complètement satisfaisante.
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Le Juge Wargrave
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MessagePosté le: Mer Jan 06, 2021 5:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis sur le n°3 de la Série Noire



Citation:
Il y a des romans dont on vous dit : "grand classique", "chef d’œuvre" ou encore "jalon du polar". Pas d'orchidée pour Miss Blandish en fait partie et force est de reconnaître que tous ces qualificatifs ne sont pas usurpés.
Cela commence de façon très classique, presque plan-plan jusqu'à ce qu'entre en scène le clan Grisson. Et alors là... une galerie de méchants comme on les aime : une matriarche en cheffe de clan impitoyable, un fiston authentique psychopathe (glaçant de Slim !), un ex-chirurgien alcoolique et des malfrats que rien ne semble arrêter.
Et au milieu, cette pauvre Miss Blandish, qui n'a rien demandé à personne et qui va déguster comme rarement.
L'auteur a tout bon : ses personnages, son intrigue à rebondissements, le style vif et percutant, le rythme du récit... jusqu'à la chute (hum...) finale.
Du très grand hard boiled, rien d'étonnant à ce que ce titre ait bien aidé à lancer la collection Série Noire créée par Marcel Dumamel chez Gallimard !
Coup de coeur !

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La vie ne devrait consister qu'à trouver les bons mots au bon moment. (Tété, Emma Stanton, 2003).
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El Marco
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MessagePosté le: Dim Avr 11, 2021 10:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Citation:
Eddie avait tourné la page et s'était acheté une conduite comme on dit. Mais dans l'esprit borné de Drago, flic à cent pour cent, un truand reste un truand, il suffit de le pousser un peu pour qu'il retombe dans le crime.
Drago poussa une fois de trop. Alors Eddie se déchaîna. Contre une société pourrie. Contre les salopards qui lui avaient kidnappé sa gosse contre lui-même. Cela faisait beaucoup pour un seul homme. Mais Eddie n'avait plus rien à perdre.


Mon vote:

Citation:
… ou comment l’ancien cambrioleur Eddie Pesak – né Bela Edward Pesak, d’origine hongroise, poursuivi et harcelé par le policier Drago – né Mihaly Dragoman, également d’origine hongroise, en vient à reprendre de bien mauvaises habitudes, d’autant qu’un piège lui est tendu. Mon premier John Trinian, dont je découvre la prose habile et sobre, dont la concision et la pondération n’empêchent nullement l’émergence de sentiments hautement humains et une réelle profondeur chez les personnages qu’il a créés et qu’il dépeint. De prime abord, une histoire simple, voire simpliste, avec ce gentil malfrat qui repique au larcin sous la pression du méchant flic qui le pressure et le pousse à la faute. En réalité, les chapitres en viennent à dévoiler un récit plus fin et complexe. Une relation bien plus équivoque entre Eddie et Drago, dont on apprend progressivement les raisons de l’affrontement lié à une affaire ancienne, tandis que Walter, le frère aîné d’Eddie qui considère presque ce dernier comme son fiston, est sur le point de mettre en œuvre un nouveau pillage criminel. Pas mal d’émotion, notamment dans la difficile réinsertion d’Eddie malgré tous ses efforts conjugués, dans son attitude vis-à-vis de son épouse et de sa fille, et également dans les liens tumultueux que vont graduellement tisser l’ex voleur, sur le point de renouer par nécessité pécuniaire avec un passé qu’il croyait révolu, et son tourmenteur de policier. Au final, un roman qui ne réinvente ni le genre, ni ses codes, mais qui passe particulièrement bien, offre un bon moment de lecture, et prodigue dans le même temps le scénario idéal d’un film de gangsters, sans prétention mais sacrément efficace.
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Le Juge Wargrave
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MessagePosté le: Jeu Nov 04, 2021 6:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai ajouté à la base la semaine dernière deux curiosités :



Résumé :

Citation:
150 extraits sélectionnés, comme autant d'étapes gourmandes, dans un univers littéraire réputé pour sa violence, sa noirceur et son réalisme. 150 passages où les personnages de la Série Noire se mettent à table devant des plats que les auteurs ont disséqués pour, en 298 recettes, en révéler toutes les saveurs. Six grands chefs - Michel Troisgros, Pierre Gagnaire, Ferran Adria, Olivier Roellinger, Alain Dutournier et Pierre Hermé - sont venus y mettre leur grain de sel.
La Série Noire les en remercie.

Illustrations de Jochen Gerner.


et



Citation:
"Si je ne bois pas, je suis à sec", écrivait Rabelais ! Il faut croire que les auteurs de la prestigieuse Série noire ont retenu la formule du père de Gargantua et de Pantagruel, lequel combattait la sécheresse à grands jets de cabernet franc !... De Raymond Chandler à Dashiell Hammett, de Lawrence Block à Chester Himes et Jim Thompson, ce ne sont pas les auteurs de polars qui manquent à avoir salué les bienfaits ou vanté les mérites des alcools ! Et comme le soulignait l'un des conseillers éditoriaux de la Série noire, "mieux vaut lever le coude que baisser les bras".
Puisant dans cet archipel de 2 500 îles-romans, Arlette Lauterbach et Patrick Raynal ont constitué là ce qui pourrait être une anthologie des breuvages et bibines rencontrés à l'occasion de ces milliers de pages noires. Un whisky sour dans Adieu ma jolie, un Manhattan dans La Clé de verre, un bacardi dans le Grand Sommeil, une framboise dans Le cave se rebiffe... Ludique et instructif ouvrage qui rend compte de l'un des ressorts du genre !

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MessagePosté le: Jeu Jan 13, 2022 9:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai lu et bien apprécié le numéro 2032 :



que Jigal a ressorti en 2008 avec cette affreuse couverture :



Mon avis :

Citation:
Armand Lebras est à la tête d'une usine de mécanique de précision, depuis 17 ans. Patron qui exècre ses ouvriers et qui a en tête de se tirer avec la caisse, direction l'Amérique du Sud. Au diable sa femme qu'il n'aime plus, son fils qui n'est même pas de lui, sa secrétaire à qui il fait pourtant miroiter la belle vie. Au diable les dizaines de salariés de l'usine.
Tout est prévu, du réservoir de sa voiture qu'il fait doubler pour y glisser des liasses de billets afin de passer la frontière suisse tranquille, jusqu'au gardien de nuit, un loser qui passe son temps à bichonner ses maquettes de bateau plutôt que de surveiller l'usine. Tant mieux, le grand départ se fera de nuit.
Hélas pour le patron véreux, c'était sans compter les oreilles traînantes de sa secrétaire, sans compter un associé pas très franc du collier, sans compter une bande de pieds nickelés qui choisissent précisément cette nuit pour cambrioler l'usine et, enfin, c'était sans compter Skipper, peut-être pas si loser que cela.
Du pur Tito Topin qui nous tisse une intrigue déjantée, courant sur moins de 24 heures (la quasi-intégralité de l'histoire se déroule pendant la fameuse nuit), des personnages bien barrés, des scènes entre humour noir et grand-guignol (la scène où Betty est collée au plafond par les cheveux et où débarque Pogna qui finira étouffé avec de la colle au fond de la gorge, en est un parfait exemple) et se termine par une morale, tout de même.
Tito Topin est décidément un auteur que j'aime beaucoup. 7.5/10.

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MessagePosté le: Ven Avr 21, 2023 2:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Résumé :

Citation:
«Il arrive qu'un homme perde la tête et batte une femme au point de la tuer. L'homme ordinaire est persuadé qu'il ne commettra jamais pareille folie. Pourtant la plupart des crimes passionnels sont l'œuvre de gars qui ne feraient pas de mal à une mouche.
Le cadavre de jeune fille que j'avais sous les yeux avait été sauvagement mordu. C'était une bête à peau humaine qui avait fait ça.»


Mon avis sur ce n°718 :

Citation:
Ca sent le gaz... pour Carl Duwe. Car gazé il va être... Ce militaire de 23 ans qui travaille comme homme-grenouille est accusé du viol et du meurtre barbare d'une jeune femme. Et pas n'importe quelle jeune femme... la fille de Clinton Clement, l'homme le plus riche de Peninsula City. Duwe s'accuse du meurtre puis se rétracte.
Son avocat emploie un privé pour faire la lumière sur l'affaire et, s'il y a lieu, mettre la main sur le vrai coupable. Et voilà le lecteur dans la peau de Burdis Gannon.
Un roman hard-boiled dans la plus pure tradition de la Série Noire des débuts, bien plaisant à suivre et qui nous mènera de la Californie au Mexique sur les traces de Rai Clement, cette jeune fille aux mœurs très libres pour l'époque. Un bon moment de lecture.

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norbert
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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Dim Mai 28, 2023 9:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un entretien très intéressant avec Stéfanie Delestré, directrice de la Série Noire depuis 2018 sur The Killer inside me :

Citation:
Stéfanie Delestré (La Série Noire) : "On travaille sur du littéraire mais on vend des objets"

La patronne de la Série Noire depuis cinq ans fait un crochet dans le Cap Corse ce week-end pour Libri Mondi qui accueille notamment Sébastien Rutès, Thomas Cantaloube et Patrick Pécherot. L'occasion pour Stéfanie Delestré de parler de la collection, mais aussi de La Noire qu'elle a relancée, de la politique dans les textes, de la surabondance des sorties, des habitudes des lecteurs hexagonaux... bref, ça papote bien comme il faut.


Pourquoi venir sur un festival comme Libri Mondi qui n'est pas le plus proche des événements quand on travaille à Paris ?

Pour rencontrer ceux qui font vivre le polar. J'essaye de me déplacer une fois par an sur un festival que je ne connais pas encore. Libri Mondi invite souvent nos auteurs, l'an passé c'était Gendron, avant il y a eu Caryl Ferey, donc ça paraît normal de venir. Je vais à Quais du Polar parce que c'est un lieu de rendez-vous professionnels mais je me balade aussi pas mal dans d'autres festivals.


Diriger la Série Noire, était-ce le rêve de l'étudiante en Lettres Modernes que vous étiez ?

Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit. Même quand l'annonce du départ d'Aurélien Masson (son prédécesseur) a été officialisée, j'étais chez Albin Michel et j'ai dit à une copine, qui n'était pas bien dans son poste, de postuler à la série Noire. En revanche, je n'avais pas pensé à ce poste pour moi. Mon mémoire de maîtrise en littérature comparée était sur Jean Amila et Horace McCoy (tous deux à la Série Noire ndlr). C'est certain que pour travailler dans une collection, il vaut mieux connaître un peu les auteurs ! Ma thèse, elle, analysait les débuts du roman noir américain et les débuts du roman noir français pour essayer de trouver une définition... qui n'existe pas. Mon arrivée à la Série Noire c'est aussi parce qu'Aurélien avait annoncé qu'il quittait la maison avec ses auteurs et Antoine Gallimard a souhaité allumer un contre-feu. Personnellement, dans mes expériences précédentes, j'avais déjà travailler avec tous les auteurs de la collection, notamment à travers le magazine Shangaï Express, lancé avec Laurent Martin, où écrivaient Jean-Bernard Pouy, Marc Villard, Caryl Ferey... Avec Le Poulpe, pareil, j'ai rencontré Marin Ledun, Antoine Chainas. Elsa Marpeau, c'est différent, je la connaissais d'un festival à Lamballe, parce que toutes les deux on avait triché lors d'une partie de poker ! Donc me nommer à la Série Noire c'était nommer une femme, déjà, et qui connaissais tout le monde, simplement.


Comment expliquer que l'arrivée d'une nouvelle direction dans une collection voit des auteurs quitter cette même collection. On l'a vu pour Ken Bruen avec Aurélien Masson, avec vous, c'est Nick Stone qui disparaît...

Alors Nick Stone a sorti un livre quand je suis arrivée, il avait été acheté par Aurélien et il a bien marché. Mais depuis, il n'y a pas eu d'autres propositions de son agent. Ken Bruen, je ne peux pas répondre à la place d'Aurélien, savoir si c'était pour rompre avec son prédécesseur, Patrick Raynal, mais il est aussi très probable que c'est parce que ça ne marchait pas. Si on n'est pas enthousiaste et que, déjà, les bouquins ne se vendent pas trop...


Diriger une collection, cela demande aussi, c'est trivial sans doute, des connaissances économiques ?

La complexité, ou l'ambiguïté, du métier, c'est que l'on travaille sur du littéraire mais on vend des objets. Il faut, à un moment, que tout cela s'équilibre, je ne dirai pas qu'il faut que ce soit rentable. Avec Baleine et la collection du Poulpe, je me souviens que l'on n'a pas vraiment été à l'équilibre entre les best sellers et les titres qui, nous pensions, feraient avancer la littérature même d'un tout petit pas. Notre métier c'est aussi de faire des comptes d'exploitation prévisionnels : cela nous coûte tant à l'achat, tant à la traduction et pour cette dernière partie il n'y a pas d'aide. Cela coûte assez cher même si les traducteurs sont mal payés. Cela signifie donc qu'il faut en vendre beaucoup pour amortir. Tu en fais un. Tu en fais deux. Mais sauf si tu te dis que c'est un auteur génial et que tu travailles pour l'avenir, là oui tu persévères. Sinon...


La tradition du roman noir politique à la Série Noire vient d'où ?

Avec Albert Simonin ou Auguste le Breton, dès les années 50, on parle de l'envers du décor, du côté des malfrats, de l'organisation de la société. Raf Vallet, que l'on a réédité il y a peu, écrit autour de la collusion entre politiques et financiers et ça date des années 70. Donc, c'est vraiment ancrée. Les Américains aussi ont fait ça et spécialement ceux que la SN a publié dès les premières années. C'est la différence que l'on a établi entre le roman policier purement d'enquête ou même les histoires de serial killer, et le roman noir dont le marqueur est la politique.


Qu'est-ce qui pousse La Série Noire à rééditer, cette année, William R. Burnett (Little Caesar) ou Horace McCoy (On achève bien les chevaux, Les rangers du ciel) ?

Pour Burnett, c'était une question d'échéance de droits. C'est un des auteurs fondateurs de la collection, il fait partie des dix grands auteurs de la Série Noire avec James Cain, Hammett, Chandler... C'est important de ne pas les perdre, c'est ce qui a fait que la collection perdure, devienne mythique. Pour McCoy, c'est parce que c'est mon petit préféré. On est dans l'ordre des auteurs emblématiques du roman noir, du hardboiled américain et il ne fallait pas que d'autres éditeurs s'en emparent. Il y a un petit public et ce n'est pas si mal. Pour l'édition chez Quarto (collection de recueils de Gallimard - ndlr), je n'interviens pas réellement, j'en parle à ma collègue, on fait cela à quatre mains. La logique aurait voulu que dans la Série Noire on republie Un linceul n'a pas de poche, mais il a écrit des romans plutôt courts et donc on a choisi Les rangers du ciel qui n'avait jamais été publié chez nous, juste au Livre de poche dans les années 70 et jamais réédité. En plus Benoît Tadié, universitaire spécialiste du roman noir, a révisé les traductions, il a fait la préface du Quarto et celle des Rangers du ciel !


Votre arrivée dans cette collection correspond également à la relance de la collection La Noire. Un pari ?

C'était une excellente idée à sa création au début des années 90 parce qu'elle incarne la porosité des genres, à mi-chemin du polar et de la littérature générale. On le voit aujourd'hui avec des éléments constitutifs du polar qui ont contaminé la littérature générale parce que les auteurs ont tous lu du polar et ils ne se posent pas la question. Par le fait du cinéma aussi. Cela fait partie de la culture des auteurs contemporains. Cette porosité entre les genres est donc de plus en plus manifeste mais la difficulté pour ces auteurs est de naviguer à la limite de la blanche et du polar. Il me semblait que dans la Série Noire on était souvent le c... entre deux chaises. On sait que les lecteurs qui veulent du polar veulent quelque chose de calibré. Cela ne signifie pas de mauvaise qualité ! Donc le libraire, en réponse, a besoin de points de repère. Je voulais que la Série Noire soit une collection avec une ligne éditoriale claire. Sauf qu'il y a là des auteurs qui ne sont pas des auteurs de romans policiers ou d'enquêtes, ils sont plus inclassables. Comme Chainas par exemple. Ou Rutès. On les mets alors dans cette collection qui a existé. Que l'on a relancée, avec, comme le souhaitait Antoine Gallimard, une nouvelle maquette. Pour des titres qui entrent moins bien dans des cases.


L'abondance des sorties à chaque rentrée littéraire, c'est une chance pour qui : le lecteur, le libraire, les éditeurs ?

Je pense que c'est une chance pour personne. La diversité c'est une chance mais passé un stade, c'est trop. Cela signifie qu'il y a trop de "morts". Même les prix des bouquins, c'est dingue. Cela disperse le peu de lectorat ouvert à la nouveauté et qui a les moyens de se payer la nouveauté, d'acheter des bouquins traduits à 23 ou 25 euros. Il y en 1500 qui vont acheter un de la Série Noire, 1500 qui vont acheter un de Gallmeister... on va tous se retrouver avec des petits chiffres de vente qui ne vont pas nous permettre d'assumer les frais engagés. Et donc on ne peut pas suivre et nous allons être trois ou quatre à avoir un auteur pas rentable que l'on ne pourra plus publier. Peut-être est-ce un mal pour un bien et que nous allons être amenés à diminuer... mais, malheureusement, je ne pense pas. On l'a cru au moment du Covid. En fait, on a tous peur que la place que l'on laisse soit prise par quelqu'un d'autre. Personnellement, avec les seuls auteurs de la collection je remplis une année éditoriale. Quand tes auteurs te rendent un manuscrit tous les ans ou tous les deux ans, cela va vite. Aujourd'hui quand tu récupères un super manuscrit d'un nouvel auteur comment tu fais ?


On a dit lors du Covid que les Français avaient retrouvé le goût de la lecture...

Oui, cela a modifié beaucoup de choses en profondeur. Mais pas forcément sur l'attrait de la nouveauté. Le grand format devient trop cher, on lit du poche. Mais les libraires ont du mal à cerner les modes de consommation. Ce qui est évident c'est que les gens font moins de piles de livres, ils font globalement plus attention à la manière de dépenser leur argent. Et il y a désormais un très gros développement du livre d'occasion. Au final, je crois que les gens lisent plus que ce que l'on peut dire. Les chiffres de vente sont globalement en progression, c'est donc que l'on vend des livres...


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« Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
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