Posté le: Sam Déc 12, 2015 10:46 am Sujet du message: L'Enfant dans la Tamise - Richard Hoskins (Belfond)
Retraçant l'histoire d'une enquête sur laquelle Richard Hoskins a travaillé pendant plus de dix ans, évoquant d'autres affaires qui se sont déroulées parallèlement, alors que lui-même devait affronter sa « propre tragédie africaine », L'Enfant dans la Tamise, récompensé en 2013 par le Gold Dagger Award de la Crime Writers' Association, est paru en France chez Belfond, dans une traduction de Marie Causse.
Le livre :
Meurtres rituels et sorcellerie au coeur de Londres aujourd'hui
Le 21 septembre 2001, le torse d'un jeune garçon noir est retrouvé dans la Tamise.
Certaines mutilations sur son corps donnent à penser qu'il pourrait s'agir d'un crime rituel.
Scotland Yard décide de faire appel à Richard Hoskins, professeur de théologie à l'université de Bath.
Spécialiste des religions tribales d'Afrique, Richard a longtemps vécu au Congo avec son épouse Sue.
Mais, alors que tous deux pensaient s'y établir définitivement, une tragédie avait précipité leur retour.
Richard accepte de se mettre au service des enquêteurs.
Mais cette difficile investigation va le renvoyer au drame qui l'avait frappé dix ans plus tôt.
Un drame si dévastateur, si troublant, qu'il avait remis en question toutes ses certitudes...
Partant d'un fait divers qui a choqué l'Angleterre et l'Europe entière, une enquête passionnante, le cheminement d'un homme qui se débat face à sa propre histoire et sent ses convictions vaciller, une plongée au coeur d'un tabou : les pratiques sacrificielles toujours en usage en Afrique, mais aussi en Occident.
« Bouleversant. » Gilles Heuré - Télérama
« Terrifiant. » Hervé Bertho - Ouest France
« Un document terrible mais passionnant, profondément troublant, brassant fanatisme religieux, sectes et maltraitance familiale. »
Isabelle Falconnier - L'Hebdo
« Loin de tout sensationnalisme, Hoskins jette un regard inédit sur ce qui se passe de l'autre côté du miroir de la modernité, tout en évitant le piège du folklore ou de la stigmatisation. Car c'est la misère et le désarroi, bien plus que la mondialisation ou l'immigration, qui expliquent, d'après lui, l'emprise macabre de ces prêtres ou sorciers sur ceux qu'ils manipulent. »
Maria Malagardis - Libération
Né en 1964, spécialiste des affaires religieuses et culturelles, collaborateur régulier de la police judiciaire britannique sur les enquêtes les plus spectaculaires, son travail sur l'affaire de L'Enfant dans la Tamise a fait de Richard Hoskins un expert mondialement reconnu.
Désormais éminent criminologue, il a contribué à la résolution d'une centaine d'enquêtes.
Il partage son temps entre Londres et le Devon.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Age: 35 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11341 Localisation: Au bout du monde
Posté le: Sam Déc 12, 2015 11:30 am Sujet du message:
norbert a écrit:
Moi aussi, il me fait trop envie, comme d'ailleurs
(malgré l'horrible couv !)
Ah oui, quand même ! Dur...
Pas dit qu'ils en vendent autant que ce qu'ils auraient pu vendre avec une couverture plus sympa (moins moche)... _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
Richard Hoskins a raconté au Mail Online une partie de ses souvenirs du Congo : un récit troublant qui l'a poussé à écrire L'Enfant dans la Tamise.
Cette histoire semble sortir d’un roman et, pourtant, il s’agit du témoignage de Richard Hoskins, criminologue, spécialiste des religions tribales africaines. Quand ce professeur de théologie rejoint l’enquête sur le meurtre d’un jeune garçon noir dont le corps mutilé vient d’être retrouvé dans la Tamise, il n’imagine pas à quel point cette expérience va le bouleverser. Car en tentant de résoudre l’énigme qui entoure la mort du petit Adam, ce sont ses propres démons que cet homme va réveiller…
Dans cet extrait de l’article qu’il a rédigé pour le Mail Online, il livre une partie de ses troublants souvenirs du Congo, qui mêlent famille, mort et sorcellerie :
Bolobo, Congo, de 1987 à 1989
La chaleur est telle, dans cette partie du bassin du Congo, qu’elle aspire la force de tout ce qui bouge. Le fleuve serpente depuis les montages de l’Est jusqu’à l’océan à l’Ouest, comme une longue traînée humide, bordées de forêts étouffantes.
Cela faisait plus d’un an que nous travaillions pour le centre de mission Baptiste de Bolobo, un village à 500 km de Kinshasa, lorsque Sue, mon épouse, m’annonça sa grossesse.
Sept mois à peine après cette heureuse nouvelle, alors qu’elle travaillait dans la cuisine, je l’entendis hoqueter et la vis placer une main sur son ventre rond.
« Quelque chose ne va pas », me prévint-elle.
Quelques secondes plus tard, je me précipitais à travers les arbres pour trouver David Masters, le chef de la station, en me répétant comme un mantra que tout irait bien. Sue était elle-même une sage-femme.
En auscultant Sue, David m’annonça que nos jumeaux étaient sur le point de naître.
Il ajouta, l’air grave, en se lavant les mains. « J’ai peur de n’en sentir vraiment qu’un des deux et il se présente par le siège. »
Des jumeaux. Un accouchement par le siège. Tout cela deux mois trop tôt, au fin fond de l’Afrique. Je sentais la catastrophe imminente arriver, en même temps qu’un poids terrible tombait sur mes épaules.
L’accouchement fut une scène de cauchemar, dans l’air torride et sulfureux, saturée de sang et de douleur. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’un événement habituellement si heureux puisse prendre une tournure si cruelle. David travaillait à la faible lueur d’une petite lampe à huile. Les cris de Sue déchiraient la nuit alors que le sang et les formes fantomatiques des femmes congolaises venues pour nous aider m’empêchaient de voir complètement la scène.
Notre première fille était mort-née. Je n’ai jamais vu son visage. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Ni d’ailleurs à quel moment cette enfant, pas plus grande qu’un livre de poche lorsqu’elle est sortie du ventre maternel, a poussé son dernier soupir.
Alors que David se penchait sur Sue, qui hurlait de nouveau, je vis la tension contracter ses épaules. Sue mit au monde notre deuxième fille qui gémissait, tentant de respirer. Vivante.
Abigaïl était minuscule - un kilo à peine – et semblait ne pas devoir survivre longtemps. Tout au long de cette nuit suffocante, je suis resté près d’elle, attentif au moindre de ses pathétiques efforts pour respirer.
Malgré toutes ces épreuves, Abigaïl survécut et devint une adorable petite chipie. La vie reprit son cours tranquillement. Sue tomba de nouveau enceinte. Puis, un jour, un visiteur se présenta.
En allant lui ouvrir la porte, j’entendais les babillements joyeux d’Abigaïl qui jouait avec la queue de notre chat, Marmelade.
À la porte, un homme qui portait un vieux tee-shirt blanc et un pantalon marron usé m’attendait avec un air très solennel. C’était Tata Mpia, un charpentier.
« Mr. Richard, peut-on discuter ? C’est très important. »
« Bien sûr, entrez, entrez donc. » Je lui proposais une chaise.
« Mpia Hoskins ne va pas bien, il me semble », me dit-il. Dans la langue Lingala, Mpia désigne le cadet d’une paire de jumeaux. Mbo est l’aîné.
« Abigaïl ? Ce n’est qu’une petite fièvre, rien d’autre. » Je sentis le malaise m’envahir alors qu’il me fixait.
« Vous savez qu’on m’appelle Mpia parce que je suis le cadet de jumeaux ? Je…comprends ces choses. »
« Comment ça, quelles choses ? »
« On l’appelle. »
L’air s’alourdit d’un coup autour de moi. « Mon Mpia, Mon Abigaïl ? » Je me penchais vers lui. « Qu’est ce que vous voulez dire par ‘’on l’appelle’’ ? »
« Mr Richard, vous comprenez ce que nous entendons par morts-vivants ? »
« Assez vaguement. » Je tentais de ne pas penser à des images de série B.
« Vous devez bien le comprendre, Mr Richard, c’est très important. Nous – vous, moi et tout le monde – nous sommes les vivants, bien vivants. Les morts-vivants sont ceux qui ont vécu et connu ce monde, mais sont passés, par delà leur mort, dans le royaume des ombres. »
Son expression se fit plus grave. « Ils sont nos bons gardiens, Mr Richard. Mais ils peuvent aussi nous faire du mal. Nos morts-vivants sont parfois plus vivants que nous ne le sommes. Ils contrôlent le monde et tout ce qui y vit, Mr Richard. Ce sont eux qui apportent la vie et la reprennent. Eux qui nous soufflent quoi faire. Les jumeaux ont un pouvoir spécial, Mr Richard. Mbo appelle votre Mpia pour qu’elle la rejoigne au royaume des ombres, j’en suis certain. »
« Sa jumelle ? Mais elle est… » je m’arrêtais.
« Non, Mr Richard », me répondit Tata Mpia avec douceur. « Mbo n’est pas morte, c’est ce que j’essaie de vous dire. Elle fait partie des morts-vivants. Elle appelle sa jumelle, elle lui demande de la rejoindre au royaume des ombres. »
Je le fixais, éberlué. Ces superstitions malsaines n’avaient pas leur place chez moi. Mais je voyais aussi qu’il avait fallu beaucoup de courage à Tata Mpia pour oser me confier ses craintes. Je voyais qu’il avait peur pour moi et pour ma famille.
« Vous devez aller voir le nganga », poursuivit-il. Parfois qualifiés de sorciers, les ngangas sont en fait des médecins traditionnels ou des shamans. « Il va persuader les morts-vivants de laisser votre fille en paix. »
J’entendais toujours d’une oreille les babillements joyeux d’Abigaïl.
Je ne pouvais pas souscrire à une telle croyance. L’idée même de sacrifier une chèvre pour sauver ma fille me semblait absurde. Pourtant, malgré tout, j’y songeais. Peut-être que j’avais passé trop de temps dans le village. Et j’aimais tellement ma fille. Avec une simple chèvre, je pouvais m’ôter tout ces doutes de l’esprit. Dans quelques années, à Londres, j’en rirai sans doute à table, avec mes amis.
Mais je savais également que cette décision charriait son lot de conséquences. Il y a un pont à traverser lorsqu’on décide d’adhérer à une autre culture, et une fois traversé, c’est pour toujours. Faire ce sacrifice signifiait renoncer à ma mentalité occidentale. Une porte s’ouvrirait dans mon esprit – et peut-être dans mon âme – à des démons jusqu’à maintenant étrangers. Je luttais contre ma conscience, comme face à une large rivière aux eaux troubles.
Au fond de moi, je savais que je n’étais pas prêt à traverser le pont. Il n’y aurait pas de sacrifice.
Bolobo, juin 1989
Je compris que quelque chose ne tournait pas rond ce jour là, en passant le seuil de chez moi. C’était un mois tout juste après la visite de Tata Mpia. Le rire d’Abigaïl emplissait d’habitude la maison. Mais aujourd’hui, tout était étrangement calme. L’entrée était vide.
Dans la chambre d’Abigaïl, les jouets étaient répandus en bazar sur le sol. Il me semblait impossible que notre petite machine à bruit de 18 mois, soit présente dans la maison. Et pourtant.
En l’apercevant, je me sentis incroyablement soulagé. Elle regardait à travers la fenêtre de notre chambre, suçant tranquillement son pouce.
« Abigaïl ? Qu’est ce qui t’arrive ma puce ? »
Elle se tourna alors vers moi et son expression, habituellement rayonnante, me donna la chair de poule. Il y avait quelque chose d’inconnu dans ses yeux, quelque chose d’étranger. Elle semblait vieille, bien trop vieille pour son jeune âge. Puis, elle tourna de nouveau son regard à travers la fenêtre.
L’unique fenêtre de la maison avec vue sur le cimetière où avait été, à la hâte, enterrée sa sœur jumelle.
Pour découvrir la suite de ce témoignage, plongez dans le document choc de Richard Hoskins : L’Enfant dans la Tamise.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Sam Déc 12, 2015 12:27 pm Sujet du message:
>> Richard Hoskins présente son livre L'Enfant dans la Tamise :
>> Richard Hoskins : L’écriture de L’Enfant dans la Tamise et son expérience en Afrique :
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Posté le: Sam Déc 12, 2015 2:15 pm Sujet du message:
Xavier a écrit:
Je viens de le commander.
Je sens que je ne vais pas tarder à me le prendre aussi, il me tente trop, tout comme Le Mystère Dyatlov d'Anna Matveeva, d'ailleurs ( on en parle ici ) !
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Posté le: Mer Déc 16, 2015 9:54 am Sujet du message:
Invité de Jacques Pradel dans "L'heure du crime" sur RTL, Richard HOSKINS a raconté l'histoire de L'Enfant dans la Tamise, cet enfant dont le corps a été retrouvé dans la Tamise en septembre 2001, victime d'un crime rituel.
>> Pour réécouter l'émission, cliquez ici _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Demain sort chez Belfond l'un des livres les plus terrifiants qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années : L'Enfant dans la Tamise, de Richard Hoskins.
Terrifiant, d'abord, parce qu'il ne s'agit pas d'un roman mais bien d'une histoire vraie - et l'on sait depuis longtemps que, si la réalité est le meilleur auteur de thrillers qu'on puisse rêver, elle est aussi le plus obstinément pervers.
L'histoire ?
Le 21 septembre 2001, la Tamise recrache le torse mutilé, et vêtu d'un short rouge orange, d'un jeune garçon noir, rapidement baptisé Adam.
Scotland Yard, qui songe fortement à un crime rituel, fait appel à Richard Hoskins, professeur de théologie à l'université de Bath et ci-devant spécialiste des religions tribales d'Afrique.
Or, Hoskins, qui a longtemps vécu au Congo, n'est pas enthousiaste du tout à l'idée de se plonger dans cette affaire : elle fait en effet écho à une tragédie intime et dévastatrice qui, dans une autre vie, a précipité son retour d'Afrique.
Mais au fond, et on le comprend vite, le malheureux n'a pas le choix.
Parce qu'une telle horreur ne peut rester impunie, qu'une telle énigme ne peut rester irrésolue.
Et parce que ce drame, et c'est bien là le point le plus sidérant du livre, n'est en aucun cas un fait isolé.
A la suite de Hoskins, nous plongeons dans un monde effrayant, sombre et terreux, un monde de magie noire et d'exorcismes troubles, de trafics dégueulasses, de rituels archaïques et barbares dont les ramifications s'avèrent bien plus étendues qu'on pourrait de prime abord l'imaginer.
Comme l'enquête qu'il prétend suivre, et qui s'avère bientôt un prétexte pour évoquer un problème autrement large et dérangeant, L'Enfant dans la Tamise est un livre hautement complexe et tortueux, à cheval entre une Europe prétendument innocente et une Afrique que personne ne veut regarder en face (à cet égard, les chapitres consacrés aux bidonvilles de Kinshasa, une terre ravagée par la guerre, la pauvreté, le SIDA, et désormais soumise à la montée en puissance des mouvements revivalistes, constituent une lecture particulièrement dérangeante parce que oui - on pense aux discours aussi hypocrites que désolants de Sarkozy puis de Hollande, qui ne semblent considérer le problème que sous un angle économique - oui : une partie de l'Afrique est restée engluée dans le passé, mais à qui la faute, et de quoi ce passé est-il le nom ?).
C'est aussi et surtout, parce qu'il aborde un sujet totalement inconnu en nos riantes contrées et interroge constamment nos préjugés bien-pensants, nos aspirations à un confort moral nourri de manichéisme bon teint, un ouvrage indispensable.
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