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Jon Témoin
Age: 63 Inscrit le: 29 Nov 2018 Messages: 18 Localisation: Nouvelle Aquitaine, oui, je sais, c'est grand...
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Posté le: Lun Déc 03, 2018 5:31 pm Sujet du message: Manhattan Vertigo – Colin Harrison (Belfond Noir) |
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Le collectionneur vit une passion. Le mot « passion » vient du latin « pati ». Pati qui a donné entre autres « pâtir », souffrir. C’est l’état dans lequel se trouve Paul. Paul est le personnage principal de Manhattan Vertigo. Il est collectionneur de cartes. Les cartes, il y en possède de toutes natures. Aux Etats-Unis, les cartes les plus prisées sont les cartes de joueurs de base ball. Mais Paul, collectionne des cartes de New York. Des cartes sur lesquelles figure la ville de New York à différents états de son évolution. Paul est le spécialiste incontournable. Paul prend plaisir à profiter de sa collection. Mais comme tous collectionneurs, il souffre. Car bien évidemment il lui manque le Graal des cartes de sa belle ville.
Extrait :
Je suis malade, pensa-t-il, je ne suis qu’un foutu junkie pathétique, un vieil accro qui accumule les bouts de papier. (…) La carte Ratzer mérite que je me mette dans cet état !…. Si les rumeurs disent vrai, si les rares personnes qui l’ont entraperçue au fil des années disent vrai… Ce ne sont peut-être que des racontars, mais si c’est la vérité, alors ce n’est pas seulement une carte de New York, c’est la comète de Halley, c’est Michael Jordan, c’est Sophia Loren, c’est John Lennon, c’est le temple d’Angkor. Il n’y en a qu’une comme elle !
La carte de Ratzer était sans doute la plus belle qui ait été réalisée d’une ville américaine au 18è siècle. C’est une carte que personne n’a vue depuis trente ans. Elle est peinte à la main, d’un mètre vingt sur quatre-vingt-dix centimètres. Elle a été commandée par l’amirauté britannique en 1766. Elle a appartenu à l’aide de camp de George Washington lors de la bataille de Long Island, qui s’était déroulée le 27 août 1776 : le premier grand affrontement de la guerre d’Indépendance. La carte porte la signature de l’aide de camp de George Washington. Il y avait reporté les mouvements des troupes dans Brooklyn du 25 au 28 août 1776.
Est-ce bien un roman noir ? Oui, pas d’inquiétudes à ce sujet. Manhattan Vertigo est un roman noir. Noir mais sophistiqué. D’abord Colin Harrison n’avait rien sorti depuis 8 ans. Et cela se sent à la lecture. Il a pris son temps pour écrire. L’écriture est élégante, travaillée. On est loin des polars fabriqués désormais à la chaine. Même un auteur comme Connelly sort désormais un livre par an. Et ils se ressemblent tous. Les personnages et les descriptions sont sommaires. Et l’histoire est résumable en une phrase. Colin Harrison ne mange pas de ce verbe-là. Il respecte son lecteur. Chaque phrase est soignée. Chaque détail est renseigné. Ainsi, il nous fait découvrir le monde des collectionneurs de cartes.
L’histoire ?
Paul est un avocat. Il habite sur le même palier qu’un richissime homme d’affaire. Cet homme d’affaire est marié avec Jennifer. Une arriviste. Elle revoit en cachette son ex-boy-friend. L’homme d’affaire l’apprend. Très jaloux, il fait appel à des tueurs. Enfin, pas directement. Il est trop malin. Il intercale des intermédiaires. Bien sûr, cela ne se passe pas comme prévu.
Comme nous sommes dans un polar sophistiqué. On ne tue pas bêtement à coups de revolver. Ici on exécute à l’arbalète. C’est propre, silencieux. Et le tueur et son arme sont relativement intraçables. La balistique est plutôt inopérante.
Le choix de l’auteur est de nous placer dans les pensées et les émotions des personnages. Nous suivons de façon très proche Paul et sa voisine Jennifer. Cette jeune femme qui ne sait pas ce que cela peut lui couter de manquer de respect à son mari. Et malgré les apparences : milieu sophistiqué, le peu de morts, le roman ne nous laisse pas une minute de répit. Il nous impose un rythme hypnotique. Et surtout, nous découvrons New York à chaque page. Souvent les romans sont à géographie interchangeable. On pourrait placer l’intrigue dans la ville de son choix. Dans Manhattan Vertigo, la ville de NY est un personnage à part entière. Un personnage qui parfois est se fait allié, parfois, un ennemi. Toujours concernant les personnages, les romans noirs nous offre souvent la présence d’un seul méchant, rarement deux. Au-delà, c’est le grand luxe. Américan Vertigo est un livre généreux, les méchants abondent. Et la générosité, par les temps qui courent, est une denrée rare, sachons l’apprécier.
_________________ "Les gens qui lisent sont moins c... que les autres" Bernard Pivot |
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Hoel Patrick Kenzie (modo)
Age: 36 Inscrit le: 06 Oct 2005 Messages: 11460 Localisation: Au bout du monde
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Posté le: Lun Déc 03, 2018 6:03 pm Sujet du message: |
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Je m'en suis occupé, je t'explique tout ça en MP. _________________ Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)
http://hanniballelecteur.wordpress.com/ |
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Jon Témoin
Age: 63 Inscrit le: 29 Nov 2018 Messages: 18 Localisation: Nouvelle Aquitaine, oui, je sais, c'est grand...
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Posté le: Lun Déc 03, 2018 7:50 pm Sujet du message: |
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Merci Hoel, c'est très beau...
J'essayerai la prochaine fois de suivre ton tuto. Mais je suis loin d'être un crack en informatique. _________________ "Les gens qui lisent sont moins c... que les autres" Bernard Pivot |
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JohnSteed Serial Killer : Patrick Bateman
Inscrit le: 08 Aoû 2016 Messages: 976
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Posté le: Ven Déc 14, 2018 9:48 am Sujet du message: |
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Merci Jon pour ton avis et analyse du livre. Colin Harrison fait partie de mes auteurs préférés de roman noir et ayant été un peu déçu par ses derniers livres parus en France, je suis content d'apprendre que Manhattan Nocturne est un bon cru. Je me régale d'avance. |
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JohnSteed Serial Killer : Patrick Bateman
Inscrit le: 08 Aoû 2016 Messages: 976
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Posté le: Dim Avr 24, 2022 6:23 pm Sujet du message: |
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3 ans et demi après mon message (le temps de le trouver en occasion), voici mon vote. Cela valait la peine d'attendre...
Ma note : 9/10
Citation: | New-York est une ville aussi complexe que fascinante, chargée d’histoire et remplie de mystères. Une ville où le pouvoir et l’argent côtoient hommes d’affaire et malfrats, l’avers et le revers du rêve américain. Colin Harrison, écrivain passionné et donc passionnant de la Grosse Pomme, déploie son talent dans ce livre que le lecteur ne peut que dévorer.
Paul Reeves, avocat en droit de l’immigration, est un passionné des cartes anciennes de New-York. Lors d’une vente aux enchères, il constate que Jennifer, sa belle et jeune voisine d’immeuble, part précipitamment avec un GI. Jennifer, mariée à un riche homme d’affaire d’origine iranienne, envisage de s’enfuir avec celui qui fut son amour de jeunesse. Sauf que le mari ne voit pas aussi facilement cette situation, et souhaite que Jennifer reste et demeure l’Américaine pure souche dont il a besoin pour assoir sa situation. Il charge ainsi quelques connaissances pour s’occuper de cette situation.
Un roman aussi prenant que passionnant, où l’intrigue se déploie d’une manière aussi subtile que perverse. Je retrouve ici le génie de Colin Harrison que j’avais trouvé avec le splendide Havana Room. Une lecture captivante et envoutante.
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