Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Dim Oct 11, 2015 12:03 am Sujet du message: Personne ne le saura - Brigitte Gauthier (Série Noire) |
|
|
Personne ne le saura, premier roman de Brigitte Gauthier, vient de paraître à la Série Noire.
Le livre :
La drogue du viol est un thème à la mode, un sujet de société.
Sauf quand le pantin qui tend ses seins et agite son cul, c’est vous, et que soudain, aveugle dans la nuit, vous êtes livrée à bien plus dangereux que des hommes, à votre imagination sans limites.
Ils vous droguent. Ils vous violent.
Personne ne le saura. Pas même vous d’ailleurs.
Aucune preuve. Rien. Presque rien.
Mais la vie ne sera plus jamais comme avant.
Dans la nuit du Carmin, le club échangiste où l’a emmenée son ami Jules, Anna meurt.
Trois heures de l’autre côté des miroirs.
En s’éveillant de son coma, elle a tout perdu.
Sa mémoire. Amar. L’homme qu’elle aime.
L’obscurité demeure mais elle devra mener une enquête pour survivre à ce qu’il y a de pire.
Pas ce que l’on vous a fait, ce que l’on vous a peut-être fait.
L'auteur :
Brigitte Gauthier a obtenu un Master of Fine Arts en scénario à l'université de Columbia à New York.
Aujourd'hui professeur à l'université d’Évry-Val-d'Essonne, elle a hérité de ses recherches sur Harold Pinter et Pina Bausch un fort intérêt pour l'analyse des jeux de pouvoir.
Personne ne le saura est son premier roman à paraître en Série Noire.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Dim Oct 11, 2015 1:27 am Sujet du message: |
|
|
>> La chronique de Raccoon sur Unwalkers :
Citation: |
Brigitte Gauthier est une universitaire, spécialiste de danse, cinéma et théâtre.
Elle a écrit plusieurs livres spécialisés dans ces domaines.
Elle signe ici son deuxième roman, le premier à la Série Noire, et c’est une grande réussite !
Le roman commence à l’hôpital où se retrouve Anna, la narratrice de Personne ne le saura.
Anna, paniquée, hagarde, est dans le noir, au sens propre et au sens figuré, elle a perdu la vue, ne sait pas où elle est…
Et dès les premières lignes, on est précipité dans sa tête.
L’écriture de Brigitte Gauthier nous fait partager cette panique : phrases courtes, écriture syncopée, pensées qui s’éparpillent et se heurtent au noir…
La lecture est éprouvante, mais elle se fait d’une traite, comme en apnée.
Le style s’apaise au fur et à mesure qu’Anna reprend ses esprits mais Brigitte Gauthier nous a emportés, on est avec Anna, on ressent sa détresse, son désespoir.
Car Anna ne sait rien.
Amenée à l’hôpital dans le coma, délirante, complètement saoûle… par l’ami avec qui elle était allée boire un verre dans le club échangiste d’une petite ville, elle est bien obligée de croire à sa version des faits puisque pour elle c’est le trou noir.
Puis elle se rend compte que certaines choses ne collent pas, qu’elle a été droguée, violée…
Son seul témoin lui ment : il est au moins complice mais n’en reste pas moins la seule piste qu’elle ait pour savoir…
Anna est morte, complètement dépossédée d’elle-même, détruite à jamais, elle ne veut pas que ce crime reste impuni, elle veut porter plainte, mais que témoigner quand on ne se souvient de rien ?
Sa parole d’alcoolique (c’est ainsi qu’elle a été enregistrée aux urgences lors de son passage à l’hôpital de la petite ville) contre celle d’un des notables de la ville…
Elle doit même se battre pour être soumise à des tests gynéco…
Elle est coincée, piégée, c’était prémédité ?
Les violeurs vont-ils revenir pour achever le travail ?
On vit tout avec elle : son désarroi, son angoisse, sa rage, son impuissance.
Elle revit toute son histoire remontant de plus en plus loin comme si elle prenait son élan pour fracasser ce mur noir qui enserre ses souvenirs.
Anna se débat, mais c’est une femme forte, elle a de la ressource et elle va en user.
Il faut qu’elle sache alors elle va enquêter elle-même.
Mais pour une femme comme elle, qui se révolte, combien se sont tues ? Combien sont restées à jamais dans les ténèbres où on les a poussées ?
Tout au long de ce livre, on voit bien tout ce qui peut pousser une femme à passer son viol sous silence : le regard suspicieux des autres, la honte, la terreur des représailles… de quoi devenir folle !
Et les bourreaux sont tranquilles !
Tant qu’ils ne laissent pas de marques de cet acte barbare, ils restent incognito.
Les victimes ne peuvent rien raconter, même à elles-mêmes : elles restent hantées par le peut-être, se noient dans l’incertitude…
Eux, impunis, intouchables peuvent recommencer…
Anna est journaliste, elle n’est pas prude, elle sait s’exprimer, se défendre. On assiste à sa bataille pour revivre, pour émerger de ce cauchemar et c’est dur mais sans apitoiement !
On assiste à ses efforts pour s’en dépêtrer, on la suit dans son enquête, car c’est bien une véritable enquête qu’elle va mener, jusqu’au dénouement… noir, très noir on s’en doute !
On est dans un polar, un vrai, qui se passe dans une petite ville de province à l’atmosphère étouffante.
Un livre coup de poing !
Il a toute sa place dans la Série Noire qui nous en a offert cette année une belle série pour ses 70 ans !
Un coup de poing utile, car encore maintenant le viol est un crime à part.
Il entraîne bien souvent des soupçons à l’égard de la victime (homme ou femme)…
Certains ne peuvent s’empêcher de juger entre celles qui l’ont bien cherché (sic ! sic ! et re-sic ! en 2015 !!!) et les autres, de glisser une morale au relent fétide dans les commentaires, comme si le viol d’une femme assumant sa sexualité était moins grave que celui d’une jeune pucelle. Comme si la sexualité des femmes faisait d’elles des êtres un peu méprisables et que finalement leur consentement n’était qu’optionnel.
On trouve encore ce genre de pensées en filigrane un peu partout.
Une fille qui a des plans culs est une salope… j’en passe et des meilleures !
Merci à Brigitte Gauthier pour ce livre âpre, fort et magnifique !
|
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Lun Oct 12, 2015 5:22 am Sujet du message: |
|
|
>> La chronique de Claude Le Nocher sur son blog Action-Suspense :
Citation: |
[...]
Le thème de ce roman, c'est le viol.
Aussi, soyons clairs : toute forme de viol est un crime inacceptable, catégoriquement impardonnable.
Que ces abus sexuels se produisent par pression psychologique ou avec l'utilisation de drogues, rien n'excuse ces méfaits.
Il existe des degrés d'acceptation sexuelle (telle l'exhibition, voire davantage), mais la limite est qu'un “Non” signifie “Non”.
Si la séduction est un jeu, l'agression même avec une mise en scène qualifiée de libertine est fermement condamnable.
L'héroïne de cette mésaventure, entraînant une blessure profonde, n'est ni une sainte-nitouche, ni une oie blanche.
Femme active d'un niveau socio-culturel avéré, il y a chez elle une ambivalence quant à ses rapports amoureux.
D'un mari dominateur auquel elle fut effectivement soumise avant de s'en éloigner, jusqu'à un amant parfait mais à éclipses, difficile d'y voir une vie privée équilibrée.
Elle montre un fort goût pour la fête, et une curiosité pour ce club échangiste.
Quelle que soit la part d'attirance ou de "provocation" (un terme utilisé par les violeurs en guise de défense), comme toute femme, Anna n'en mérite pas moins d'être respectée.
Ce qui n'est pas le cas.
Évitant le pathos, cette fiction réaliste apparaît tel un rappel nécessaire, le viol restant trop fréquent et gravissime.
|
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
norbert Serial killer : Hannibal Lecter
Age: 47 Inscrit le: 18 Avr 2007 Messages: 11680 Localisation: Rhône-Alpes
|
Posté le: Mer Oct 28, 2015 3:36 am Sujet du message: |
|
|
>> La chronique de Tasha sur son blog Tasha's books :
Citation: |
Décidément, la Série Noire ne cesse de me surprendre, et pour le meilleur.
N'attendez pas de Personne ne le saura une action trépidante ou une aimable intrigue réconfortante.
Aurélien Masson creuse le sillon du roman noir le plus exigeant, le plus troublant, celui qui pose des questions au lieu d'asséner des réponses.
Personne ne le saura est un roman sur le viol, le viol sous substance.
La violence inouïe est là, puissamment évoquée, sans voyeurisme.
A la violence de savoir qu'elle a été violée s'ajoute pour Anna la violence de ne se souvenir de rien, ou de quelques images.
La perversion ultime de ses violeurs est d'essayer, vieille antienne, de la convaincre qu'il n'y a pas eu viol, qu'elle était consentante, quand tout crie le contraire.
Mais le sujet est plus vaste, me semble-t-il.
La force de Brigitte Gauthier est de poser un personnage dont d'aucuns diraient, les imbéciles, "elle ne l'a pas volé".
Car Anna est une femme qui dispose de son corps comme elle l'entend, jusqu'à ce soir où précisément, d'autres en disposent pour elle, sans se soucier d'elle autrement que comme un corps manipulable.
Anna est une femme qui aime un homme, Amar, et qui aime le sexe, avec Amar ou avec d'autres.
Elle déroge à nombre de représentations stéréotypées des femmes et de la sexualité féminine, celles qui voudraient que les femmes associent nécessairement sexe et sentiments amoureux, celles qui voudraient que les femmes soient, substantiellement, monogames, etc. En cela, Anna nous bouscule, nous lecteurs.
Plus encore, Personne ne le saura est un roman sur la manipulation; manipulation d'Anna par Jules et ses complices; manipulation des corps désirés et asservis par d'autres, plus puissants.
A cet égard, la relation d'Anna avec Amar n'a rien de périphérique. Amar reste dans un premier temps en lisière du récit, il est l'absent dont on se dit pour commencer qu'il a fui, dégoûté par le corps violé d'Anna et la violence qu'elle a subie.
Et puis tout prend sens : la manipulation du corps, Amar connaît.
Ce n'est pas Anna qu'il a fuie mais sa propre histoire.
Le tour de force, c'est de parvenir à mener cette histoire sans qu'il y ait rien de voyeur ou de glauque.
On peut ne pas aimer le voyage, mais moi j'ai aimé le personnage d'Anna, son histoire, ses questions.
Brigitte Gauthier est un auteur à suivre.
|
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy |
|
Revenir en haut de page |
|
|
|
|
|
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum
|
|