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Le Joker - John Burdett (Presses de la Cité)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 5:30 pm    Sujet du message: Le Joker - John Burdett (Presses de la Cité) Répondre en citant

Le grand John Burdett est enfin de retour, avec son univers absolument unique et décapant et ses personnages fabuleux !
Quatre ans après Le Pic du vautour (en poche chez 10-18 ), on retrouve l'irrésistible inspecteur bouddhiste Sonchaï Jitpleecheep, certainement le seul flic incorruptible de toute la Thaïlande, fils d'une ex-prostituée thaï et d'un mystérieux G.I. américain, dans Le Joker, qui vient de paraître aux Presses de la Cité dans la collection Sang d'encre, traduit par Thierry Piélat.






Le livre :

« Burdett, c'est comme les gâteaux chinois à la noix de coco : impossible d'arrêter d'en manger avant de les avoir finis. » Patrick Besson - Le Point

L'inspecteur Jitpleecheep se rend sur la scène d'un crime perpétré à deux pas du commissariat.
La surprise qui l'attend est de taille : la victime, une adolescente, a été décapitée... à mains nues.
Une inscription en lettres de sang a été laissée à son attention.

Quelques jours plus tard, il est dépêché sur les rives d'un fleuve à l'extérieur de Bangkok, où il assiste à un double meurtre aussi révoltant qu'inexplicable.
Les deux affaires l'entraînent au coeur de la jungle cambodgienne, à la recherche du Joker, un homme capable d'exploits physiques extraordinaires.
Aidé par une nouvelle coéquipière aux méthodes très différentes des siennes, le célèbre flic bouddhiste remonte aux sources d'un complot mêlant la CIA et les gouvernements thaï et chinois, prêts à tout pour protéger leurs secrets.



« Dans les polars thaïlandais enfiévrés de John Burdett, les enquêtes policières ont tout d'un peep show psychédélique. Il écrit avec une maîtrise telle qu'on ne peut que saluer les multiples facettes de son univers. »
The New Yorker

« Un roman noir ébouriffant mêlant crime, transhumanisme et géopolitique dans une Thaïlande au bord de l'explosion. [...] Il est quasiment impossible de résister à ce mélange d'intelligence, d'humour, de reportage, d'épices, d'exotisme et d'esprit critique brodé sur un fil narratif impeccablement tendu. »
Le Figaro Littéraire

« Au total, bien plus qu'un thriller d'anticipation survitaminée, une méditation sucrée-salée sur le "progrès" et la tentation technologique avec leurs risques de dérapages collatéraux, notamment par instrumentalisation politique. »
Libération

« Aux côtés d'une nouvelle coéquipière vénéneuse, l'incorruptible flic se lance dans une quête qui le mène au Cambodge, sur les traces d'un programme militaire américain ultra secret, à la rencontre de transhumains. John Burdett ne cache ici rien de son plaisir, évoquant en passant « le battage médiatique et l'hypocrisie, mamelles du monde moderne », ou encore le regard que l'homme de Néandertal porterait sur l'homme moderne, « un psychopathe doté de gadgets ». Et son héros semble tellement pris dans ce thriller si sombre qu'il en oublierait (presque) son passe-temps habituel au pays du Bouddha. »
L'Alsace

« Plonger dans les enquêtes de l'inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, au coeur de Bangkok, demande à modifier son système de pensée pour l'adapter à un monde bouddhiste, traditionaliste et aussi corrompu que peut l'être le patron de Sonchaï, milliardaire lié à bien trop de monde. »
24 Heures

« Ce n'est pas rasant, au contraire ; diabolique et toujours haletant. Quiconque entame Burdett aura envie de lire l'oeuvre entière. »
Challenges





>> Lire un extrait



>> Le site de l'auteur : http://www.john-burdett.com/

>> Sa page Facebook : https://www.facebook.com/johnburdettauthor





L'auteur :

John Burdett est né à Londres en 1952.
Diplômé de Lettres et de Droit à l'Université de Warwick, il devient avocat.
Travaillant ensuite dans l'administration judiciaire, il s'expatrie à Hong Kong, où il a dirigé son propre cabinet d'avocats.
Il abandonnera ses responsabilités pour se consacrer pleinement à sa passion : l'écriture.
Il écrit en faisant le tour du monde.
Grand bourlingueur, il a vécu successivement en France et en Espagne avant de s'installer en Asie.
Il vit désormais entre Bangkok et le sud-ouest de la France.
Il est le père de plume du policier thaïlandais et bouddhiste Sonchaï Jitpleecheep.
Après Bangkok 8, Bangkok Tattoo, Bangkok Psycho, Le Parrain de Katmandou et Le Pic du vautour, Le Joker est le sixième roman mettant en scène l'inspecteur Sonchaï Jitpleecheep publié aux Presses de la Cité.





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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Sam Avr 15, 2017 6:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> Le coup de coeur de Benoît Minville :

Citation:

Enorme coup de coeur, auteur très talentueux !

Burdett est l'un des auteurs de polar les plus sous-estimés !
Son inspecteur Sonchaï est une magnifique invention et sa connaissance de l'Asie du Sud Est vaut tous les Routards du Monde.
Dans cette nouvelle enquête, Burdett repousse les limites de son talent et de nos nerfs.
On pourra débuter par celui-là sans peine.






>> La chronique de Michel Abescat et Christine Ferniot du Cercle Polar :


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MessagePosté le: Mar Avr 18, 2017 4:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yann Plougastel, journaliste au Monde, sur son blog Quelques nuances de Noir :

Citation:

Les stupéfiantes enquêtes de l’inspecteur Jitpleecheep racontées par le tout aussi stupéfiant John Burdett



En ce moment, le mot à la mode dans le monde de la communication est stupéfiant.
Tout est stupéfiant.
Le chaos du monde. Les candidats à la présidentielle. Les bourdes lors de la remise des Oscars. La victoire du Barça contre le PSG. Le nouveau film de Jim Jarmush. L’adaptation par Christine Angot d’un de ses romans au théâtre. Le retour d’IAM.
Les chroniques de Patrick Besson au Point.
Donc, aujourd’hui, amies lectrices, amis lecteurs, nous allons vous parler d’un auteur stupéfiant de polars, que, justement, le camarade Besson dans un de ses billets tout aussi stupéfiants que bolcheviques, nous fit découvrir voici quelques années.


Les romans de John Burdett sont stupéfiants à deux titres.
D’abord au sens littéral, car leur héros, l’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, a recours à force dose de stupéfiants pour mener à bien ses enquêtes et consomme l’herbe comme Philip Marlowe le whisky ou la clope.
Il arpente donc les rues de Bangkok, les yeux exorbités, comme en extase, perpétuellement perché et en position de décollage.
Ce qui pour un flic, même thaïlandais, ne manque pas d’un cachet certain.
Surtout quand on aura précisé, amies lectrices, amis lecteurs, que sa mère tient, d’une main de fer, un des meilleurs bordels de Soi Cowboy, un des quartiers chauds de la ville, et que Chanya, sa compagne, ancienne péripatéticienne de haut vol, écrit des thèses de sociologie sur le féminisme.


Ensuite, et deuxième raison, parce que tout est stupéfiant, au sens métaphorique du terme, dans cette affaire.
À commencer par John Burdett lui-même.
Britannique en rupture de ban, qui, à partir de 1973, vécut une vie fort trépidante d’avocat d’affaires à Hong Kong, avant de s’installer en 1996 en Thaïlande pour écrire des nouvelles érotiques et des polars bouddhistes.
[Cinq] épisodes des aventures de l’incorruptible (rassurez-vous, il est le seul à l’être dans son commissariat dirigé par un certain Vikorn, chef de la police et aussi parrain de la mafia locale) inspecteur Jitpleecheep existent déjà (Bangkok 8, Bankogk Tatoo, Bangkok Psycho, Le Parrain de Katmandou, Le Pic du vautour).
Il y est beaucoup question de géopolitique (les rapports Chine-Etats-Unis influent énormément sur le moral des malfaisants ou trafiquants de tout poil), de sexe en tout genre, d’argent, de politique, mais avec une pincée d’humour tout aussi nécessaire qu’élégante pour mettre de son côté des lectrices-lecteurs pas dupes de l’affliction dans laquelle nous évoluons.
Le [sixième], Le Joker, vient de paraître en France, patrie d’adoption de Burdett, qui possède une maison dans le Lot.
Il est encore plus stupéfiant que les autres.


Ne serait-ce que par l’utilisation d’une huile de cannabis particulièrement puissante qui propulse dans ce nouveau roman notre inspecteur dans des états nirvaniques…
Ce qui l’entraîne dans des trips assez spéciaux, où des fulgurances le conduisent à s’interroger sur le boson de Higgs, par exemple :
« Es-tu prêt L. à te lancer dans l’expérience du boson de Higgs ? Tu sais tous ces types qui ont passé des décennies à scruter les profondeurs de l’univers et ont finalement découvert la loi de la symétrie ? S’ils avaient demandé à un bouddhiste comme moi, ça leur aurait évité de dépenser les quatorze milliards d’euros qu’a coûté le grand Collisionneur de hadrons. Eh oui, l’esprit fonctionne par symétrie. Quand nous croyons jeter un coup d’œil sur les premières nanosecondes du Big Band, nous voyons en fait comment fonctionne notre propre esprit car c’est la seule chose que l’esprit est à même de découvrir : lui-même. Résultat, le cosmos est l’expression d’un tendre amour, mais même la symétrie est soumise à la loi de la symétrie. Elle ne peut exister sans son opposé. C’est la loi des opposés qui s’applique à tout ce côté-ci de la conscience cosmique. Une fois que tu connais le principe, tu n’es plus surpris par les astuces qu’invente ton mental dans la quête sans fin d’une vie peinarde, sans trop d’effort ni de dépense. »


Rassurez-vous, Le Joker n’est pas pour autant un livre de métaphysique psychédélique.
Il est au contraire d’une rationalité à toute épreuve, puisqu’il se penche sur le transhumanisme et tourne autour de ces hommes « augmentés », dont les capacités physiques ou intellectuelles totalement stupéfiantes sont le fruit des avancées de l’électronique, des neurosciences et des muscles artificiels.
Pour notre inspecteur qui passe sa vie à tenter de percer le mystère de l’origine de son père (un soldat américain pendant la guerre du Vietnam ?), tout démarre par la décapitation à main nue d’une jeune fille et un double meurtre révoltant le long du Mékong…
En enquêtant sur ces faits-divers, il va se découvrir un frère, comprendre ses origines, mais surtout mettre le doigt sur les implications que la guerre du Vietnam, le LSD et les vapeurs de l’opium ont pu avoir sur la transformation de l’humanité.
Aussi bien en Chine qu’aux Etats-Unis, des sortes de scientifiques allumés ont tenté (et réussi) la mutation d’un certain nombre d’individus en des Superman aux pouvoirs colossaux…


Bref, ce truc est une dinguerie totale.
Une sorte de peep-show philosophique avec tentative de réflexion sur la science sans conscience et ses dérapages technologiques.
Mais aussi une grande claque joyeuse au politiquement correct occidental, avec pied de nez au point de vue moralisant sur la prostitution et regard affligé sur les véritables moteurs de la marche du monde, la paranoïa et l’arrogance.


Avec Le Joker, c’est comme si le colonel Kurtz interprété par Marlon Brando dans Apocalypse Now se muait en un Frankenstein bouddhiste et psychédélique.
C’est proprement stupéfiant.



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MessagePosté le: Sam Avr 29, 2017 6:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Sabrina Champenois dans Libération :

Citation:

Trip à la mode de Bangkok : un polar de John Burdett



John Burdett est dans la galaxie polar un astéroïde qui croise tous les trois ans environ l’orbite de la Terre, avec pour nous la promesse d’une réjouissante collision.
Car Burdett est bien perché.
65 ans, des airs de JR (impavide à regard bleu laser et petit rictus), le Londonien installé en Asie depuis 1973 (Hongkong, pour commencer) vit à Bangkok depuis 1996.
Au départ avocat (en droit de la propriété et de la construction), ce fils d’un policier et d’une couturière a lâché les affaires pour l’écriture, qu’il tricote d’une manière toute personnelle.


Ses polars qui ont la Thaïlande pour épicentre sont un alliage troublant d’Asie et d’Occident, de bouddhisme et de cynisme, de géopolitique et d’humour.
Dépaysants et distrayants à souhait, et dans le même temps pleins de la noirceur constitutive du genre, avec en sous-main un regard sur la société passablement affligé quoique non dénué de compassion.
Une sorte de sagesse en émane, hybride, entre fatalisme et fantaisie.
On serait curieux de lire ses nouvelles érotiques, son autre veine.


Le sexe est déjà omniprésent dans ses thrillers : son héros récurrent et narrateur, l’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, a pour mère une maquerelle, elle-même ex-prostituée, qui tient son business d’une main de fer (les femmes ne sont pas de petites choses chez Burdett).
Sonchaï en est notoirement très proche, se rend souvent à son bar-bordel.
Son épouse Chanya a, elle, été « escort » avant de se reconvertir en sociologue spécialisée dans le féminisme.
Sonchaï : « Sa nouvelle grande idée est que le féminisme occidental a depuis longtemps été détourné ou récupéré par les forces du marché, le journalisme de bas étage, le narcissisme militant et les jugements petits-bourgeois catégoriques, sans parler d’une obsession malsaine pour la clitoridectomie telle qu’elle est pratiquée par les Ashantis du Ghana méridional (j’ignore selon quels critères elle trouve ses "amis" sur Facebook). »


Sonchaï et Chanya forment un couple fort sympathique, avec ses incompréhensions genrées réciproques qui n’entament pas une grande solidarité.
Chanya sait par exemple rassurer Sonchaï quand des bouffées d’angoisse existentielle de fils de père inconnu le submergent : leuk kreung (métis), il voudrait connaître l’identité de son père farang (occidental) mais sa mère n’est guère loquace, et cette quête est source de flips réguliers.
Or, dans ce nouvel épisode, tout porte à croire qu’il touche au but.
Le voilà sens dessus dessous et Chanya vient à sa rescousse.
« Elle prend soudain une expression style "attention et souci de l’autre" (yeux grand ouverts, regard préoccupé, sourcils froncés, mots au goût du jour parmi les travailleurs sociaux, contact physique pour donner l’illusion de la chaleur humaine, patience écœurante). »



Décollage immédiat


Heureusement, il y a la fumette pour détendre tout le monde, un calumet de la paix auquel Sonchaï et Chanya recourent volontiers.
Là, ils testent une huile fournie par une nouvelle collègue de Sonchaï, avec décollage immédiat : « Et nous sommes restés ainsi couchés sur le dos pendant plusieurs heures, nos corps se touchant, nos esprits séparés par des années-lumière. De temps à autre au cours de la nuit, je redescendais sur terre pour jeter un coup d’œil à Chanya, toujours rigide, les yeux exorbités, en extase à mon côté. »


Dans le sillage de Sonchaï Jitpleecheep, les polars de Burdett vont ainsi : tour à tour concrets, précis, méthodiques, et planants, cotonneux, sensitifs.


Le lecteur, « L », auquel Sonchaï s’adresse régulièrement, est un partenaire de trip, un compagnon de route qu’il prend aimablement par le bras pour des tangentes parfois surprenantes, aussi hypnotiques que des spirales, à se demander s’il n’écrit pas sous substance.
« Es-tu prêt, L, à te lancer dans l’expérience du boson de Higgs ? Tu sais, tous ces types qui ont passé des décennies à scruter les profondeurs de l’univers et ont finalement découvert la loi de la symétrie ? S’ils avaient demandé à un bouddhiste comme moi, ça leur aurait évité de dépenser les quatorze milliards d’euros qu’a coûté le Grand Collisionneur de hadrons. Eh oui, l’esprit fonctionne par symétrie. Quand nous croyons jeter un coup d’œil sur les premières nanosecondes du Big Bang, nous voyons en fait comment fonctionne notre propre esprit car c’est la seule chose que l’esprit est à même de découvrir : lui-même. Résultat, le cosmos est l’expression d’un tendre amour, mais même la symétrie est soumise à la loi de la symétrie. Elle ne peut exister sans son opposé : l’asymétrie. C’est la loi des opposés, qui s’applique à tout ce côté-ci de la conscience cosmique. Une fois que tu connais le principe, tu n’es plus surpris par les astuces qu’invente ton mental dans la quête sans fin d’une vie peinarde, sans trop d’effort ni de dépense. »


Dans le travail en revanche, Sonchaï Jitpleecheep parle peu et beaucoup plus prosaïquement.
Il est réputé pour son impassibilité et son incorruptibilité, tout le contraire de son chef Vikorn, excellent personnage, despote fan du Parrain de Coppola avec lequel il forme un tandem contre-nature mais productif.
Quitte à actionner en parallèle des leviers illégaux, Vikorn lui confie les dossiers les plus sensibles, dans lesquels le limier risque à tous les coups de se faire graisser la patte, dans une Thaïlande fascinante mais véreuse jusqu’à l’os - Burdett ne souhaite pas y être traduit, on comprend sa prudence.


Le Joker confirme son appétence pour les sciences et les dilemmes.
Après un meurtre sidérant (une jeune fille retrouvée décapitée à mains nues, ce qui suppose une force surnaturelle, surhumaine), Sonchaï va pister un « transhumain » alias le Joker.
Occidental, blond, « grand, le ventre plat, les épaules larges, beau », l’homme est doté de facultés d’apprentissage décuplées qui lui permettent de tout assimiler en un temps record.
Mémoire absolue, lecture rapide, fulgurance en calcul, mais aussi capacité à rester éveillé cinq jours d’affilée, pourcentage de globules rouges porté à 60 %, puissance musculaire hors normes…
Il est « augmenté » tous azimuts.
Et ce Superman du XXIe siècle est à vendre : son maître-entraîneur est venu à Bangkok pour le proposer à la Chine, démonstrations vidéos à l’appui.
Mais il se murmure qu’entre le maître et sa chose, qui se comporte parfois comme un adolescent boudeur, le lien se détériorerait, avec des pulsions d’autonomie dangereuses de la part du Joker.



Jungle cambodgienne


Quel lien avec MKUltra, le projet illégal de la CIA qui visait à développer les techniques de manipulation mentale par les psychotropes, notamment le LSD, et qui va mener Sonchaï au cœur de la jungle cambodgienne ?
Et quid de ces trois vieux Américains à passeport cambodgien grièvement blessés par une explosion dans leur bicoque d’un bidonville de Bangkok ?
Dans le portable de l’un d’eux, la police a retrouvé des tas de photos de Sonchaï…
Et si l’un d’eux était son père biologique ?
Seul recours : faire parler l’ADN.


Au total, bien plus qu’un thriller d’anticipation survitaminé, une méditation sucrée-salée sur le « progrès » et la tentation technologique avec leurs risques de dérapages collatéraux, notamment par instrumentalisation politique.
Elle se conclut sur cette question à la fois zen et d’un absolu pessimisme : « As-tu déjà atteint ce moment, L, où tu prends une profonde inspiration et avales ta salive avant de boire la coupe jusqu’à la lie ? »



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